ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"370"> fig. 76. le bras droit, qui est le plus près de la position, agit le premier.

Explication des cinq premieres mesures du Pas de deux lutteurs, dansé par MM. Dupré & Javiliers dans l'opéra des fêtes Greques & Romaines, représentées dans la derniere Planche de Chorégraphie.

On a observé dans cet exemple la valeur des tems que les pas tiennent; cette valeur est marquée par les têtes des mêmes pas, ainsi qu'il est expliqué ci - dessus: on y a joint la tablature de l'air sur lequel ce pas de deux a été exécuté: on a marqué les mesures par les chiffres 1, 2, 3, &c. afin de pouvoir les désigner plus facilement. Celles de la Chorégraphie sont de même marquées par des chiffres placés vis - à - vis des lignes qui séparent les mesures; ainsi depuis o jusqu'au chiffre 1, c'est la premiere mesure; depuis le chiffre 1 jusqu'au chiffre 2, c'est la seconde; ainsi des autres.

Il faut aussi observer que, dans l'exemple proposé, les chemins des deux danseurs font symmétrie dans plusieurs parties; ainsi ayant expliqué pour un, ce sera dans les parties comme si on l'avoit fait pour tous les deux. Dans les autres parties où les chemins des deux danseurs ne font point symmétrie, & où leurs mouvemens ne sont point semblables & coexistans, nous les expliquerons séparément, désignant l'un des danseurs par la lettre A, & l'autre par la lettre B.

Avant toute chose il faut expliquer par un exemple ce que nous entendons par des chemins symmétriques. Soient donc les deux lettres p p, elles sont semblables, mais elles ne font point symmétrie; retournons une de ces lettres en cette sorte q p ou p q, elles feront symmétrie: ainsi la symmétrie est une ressemblance de figure & une dissemblance de position. B „ est semblable à B „ , mais symmétrique avec ; il suffit de les mettre vis - à - vis l'un de l'autre B „ pour s'en appercevoir. Enfin, si on souhaite un autre exemple, la contre - épreuve d'une estampe, ou la planche qui a servi à l'imprimer, font symmétrie ensemble; ainsi que la forme de caracteres qui a servi à imprimer cette feuille, faisoit symmétrie avec la feuille que le lecteur a présentement sous les yeux. Ceci bien entendu, il est facile de comprendre que si le danseur A, Planc. II. fig. prem. placé vis - à - vis de celui qui est en B, part du pié gauche, ce dernier doit partir du pié droit: c'est en effet ce que l'on observe dans cet exemple. Ainsi comme nous n'expliquerons pour les parties symmétriques que la tablature du danseur A, il faudra pour avoir celle du danseur B changer les mots droit en gauche & gauche en droit.

Les deux danseurs commencent par la quatrieme position; le danseur A fait du pié gauche un pas droit en avant: ce pas doit durer une noire ou quart de mesure; il est suivi d'un semblable pas fait par le pié droit, qui vaut aussi une noire, comme on le connoît par sa tête qui est noire; le troisieme pas est du pié gauche, & dure seulement une croche, ainsi qu'on le connoît par sa tête crochue: il est chargé de deux signes, le plié au commencement du pas, & l'élevé à la fin; le quatrieme qui est du pié droit, vaut aussi une croche, & le suivant une noire: ce qui fait en tout quatre noires, & épuise la premiere mesure de l'air à deux tems notés au - dessus. Tous les pas de cette mesure sont des pas droits en avant.

La seconde mesure 1, 2, est occupée dans l'air par les notes re fa sol; la premiere est une blanche pointée, & les deux dernieres des croches; & dans la danse elle est occupée par des positions & des pas. La premiere position où on arrive à la fin de la premiere mesure, est la troisieme; elle est affectée des signes plié & cabriolé, & de celui de tourner un quart de tour, ce qui met la présence du corps vis - à - vis le haut de la salle de cette position qui vaut une noire: on retombe à la quatrieme, le pié droit en l'air; ce pié fait ensuite un pas ouvert de côté qui dure aussi une noire: le pas suivant qui est du pié gauche, dure une croche; il est affecté du signe plié au commencement, & du signe en l'air, suivi de celui de tourner un quart de tour à gauche, qui remet la présence du corps comme elle étoit au commencement; & ensuite du sauté, à la fin duquel on retombe à la quatrieme position, le pié droit en l'air, qui fait un pas ouvert de côté, lequel n'est point compté dans la mesure, parce que sa tête se confond avec celle de la position, & qu'il n'est qu'une suite du sauté. Le pié restant en l'air ainsi, le corps est porté sur l'autre jambe: elle ne pourra marcher que le premier ne soit posé à terre en tout ou en partie, c'est - à - dire seulement sur le talon ou la pointe du pié; dans la figure, c'est la pointe du pié qui porte à terre. Le pié gauche fait un pas droit en avant, lequel vaut une croche; il est suivi du signe de repos ou quart de soûpir, qui avec les pas que nous avons expliqués, acheve de remplir la mesure.

La mesure suivante 2, 3, est remplie par trois pas qui valent chacun une noire.Le premier qui est du pié droit, a le signe en l'air au commencement; il est suivi de la premiere position affectée du signe plié & sauté sur le pié gauche, pour marquer que le saut se fait sur cette jambe, l'autre étant en l'air; ensuite est un soûpir qui vaut une noire de repos, après lequel est un pas ouvert de côté fait par le pié gauche: ce pas est chargé de deux signes qui marquent, le premier qu'il faut plier au commencement du pas, & le second qu'il faut élever à la fin. Le pas suivant qui est du pié droit, est un pas droit du même sens, qui ramene la jambe droite près de la gauche.

Il faut remarquer qu'après le soûpir de cette mesure, les chemins des danseurs cessent de faire symmétrie; car l'un avance vers le haut de la salle, & l'autre s'en éloigne: cette diversité de mouvement continue jusqu'au troisieme tems de la mesure suivante.

Le premier pas de la mesure 3, 4, est un pas ouvert de côté du pié droit, avec les signes plié & élevé, le premier au commencement du pas, & le second à la fin; il est suivi d'un pas ouvert de côté fait par le pié gauche, à la fin duquel le pié reste en l'air pendant un quart de mesure. Le pas suivant qui est un pas ouvert de côté, est affecté du signe de tourner un quart de tour: on voit auprès de ce pas la main droite que le danseur A donne à la main gauche de l'autre danseur, faisant l'effort simulé que deux lutteurs font pour renverser leur adversaire.

Au commencement de la mesure suivante, les danseurs sont revenus à la premiere position, où ils restent pendant une demi - mesure; ce que l'on connoît par la tête noire de la position, & le soûpir qui la suit. Le premier pas suivant est un pas ouvert en - dedans, qui dure une noire: on voit au commencement de ce pas le signe en l'air, suivi de celui de tourner un quart de tour; ce qui fait connoître que ce pas doit être fait sans que le pié pose à terre: il est fait par le pié droit, qui revient se placer à la po sition. Le pas suivant est encore affecté du signe de tourner un quart de tour, ce qui remet les danseurs vis - à - vis l'un de l'autre: on y trouve aussi le signe des mains tranché, ce qui fait connoître qu'à la fin de ce pas les danseurs doivent se quitter.

Ce que nous avons dit jusqu'à présent, suffit pour entendre comment on déchiffre les danses écrites. Nous laissons au lecteur muni des principes établis ci - devant, les cinq dernieres mesures de l'exemple pour s'exercer, en l'avertissant cependant d'une chose essentielle à savoir, c'est que lorsque l'on [p. 371] trouve plusieurs positions de suite, comme dans la mesure 7, 8, les mouvemens que les positions représentent se font tous en la même place; il n'y a que les pas qui transportent le corps du danseur d'un lieu en un autre, & que la durée de la somme de ces mouvemens qui doit être renfermée dans celle du pas précédent.

Si la tête d'une position est noire, ou si elle est blanche, & qu'il sorte de sa tête un pas, alors on compte le tems qu'elle marque. Il y a un exemple de l'un & de l'autre dans la mesure 7, 8: le reste est sans difficulté.

Un manuserit du sieur Favier m'étant tombé entre les mains, j'ai cru faire plaisir au public de lui expliquer le système de cet auteur, d'autant plus que son livre ne sera probablement jamais imprimé. Mais avant toutes choses, je vais rapporter son jugement sur les méthodes de Chorégraphie, sur lesquelles il prétend que la sienne doit prévaloir: ce que nous discuterons dans la suite.

« Les uns, dit - il, prétendent écrire la danse en se servant des lettres de l'alphabet, ayant réduit, à ce qu'ils disent, tous les pas qui se peuvent faire au nombre de vingt - quatre, qui est le même que celui des lettres: d'autres ont ajoûté des chiffres à cette invention littérale, & donnent pour marque à chaque pas la premiere lettre du nom qu'il porte, comme à celui de bourrée un B, à celui de menuet un M, à celui de gaillarde un G, &c. Ces deux manieres sont à la vérité très - frivoles; mais il y en a une troisieme (celle du sieur Feuillet que nous avons suivie ci - devant en y faisant quelques améliorations) qui paroît avoir plus de solidité: elle se fait par des lignes qui montrent la figure ou le chemin que suit celui qui danse, sur lesquelles lignes on ajoûte tout ce que les deux piés peuvent figurer, &c. mais quelque succès qu'elle puisse avoir, je ne laisserai pas de proposer ce que j'ai trouvé sur le même sujet, & peut - être que mon travail sera aussi favorablement reçù que le sien, sans pourtant rien diminuer de la gloire que ce famoux génie s'est acquise par les belles choses qu'il nous a données ».

Cet auteur représente la salle où l'cn danse par des divisions faites sur les cinq lignes d'une portée de musique (Voyez la fig. 3.) les côtés portent le même nom que dans la fig. 1. Pl. I. de Chorégr. qui représente le théatre; chaque séparation de ces cinq portées représente la salle, quelque largeur qu'elle ait: c'est dans ces salles que l'on place les caracteres qui représentent tout ce que l'on peut faire dans la danse, soit du corps, des genoux, ou des piés.

Le caractere de présence du corps est le même dans les deux Chorégraphies (Voyez la fig. 4.); mais celle - ci marque sur les presences du corps le côté où il doit tourner: ainsi la fig. 5. fait voir que le corps doit tourner du côté droit, & la suivante qu'il doit tourner du côté gauche. Par ces deux sortes de mouvement le corps ayant divers aspects, c'est - à - dire étant tourné vers les différens côtés de la salle, on peut les marquer par les fig. 4. 7. 8. 9. la premiere (4.) représente le corps tourné du côté des spectateurs, ou vers le haut de la salle; la seconde (7) represente le corps tourné ensorte que le côté gauche est vers les spectateurs; la troisieme (8), que le dos est tourné vers les spectateurs; & la quatrieme (9), que le côté droit les regarde. Mais comme la salle a quatre angles, & que le corps peut être tourné vers les quatre coins, on en marque la position en cette maniere (Voyez la fig. 10.); le coin 1 à gauche des spectateurs s'appelle le premier coin; les second, troisieme, quatrieme, sont où l'on a placé les nombres 2, 3, 4.

Outre ces huit aspects, on en peut encore imaginer huit autres entre ceux - ci, comme la fig. 11. le fait voir.

Ces seize aspects sont les principales marques dont on se sert; elles se rapportent toutes au corps: mais comme il faut marquer tous les mouvemens que l'on peut faire dans une entrée de ballet composée de plusieurs danseurs, soit qu'elle fût de belle danse ou de posture, comme sont les entrées de gladiateurs, de devins, d'arlequin, soit que les mouvemens soient semblables ou différens, soit que quelques - uns des danseurs demeurent en une même place pendant que les autres avancent; ces différens états seront marqués par les caracteres suivans: la fig. 4. représente le corps droit & debout; la fig. 12. le corps panché en avant comme dans la révérence à la maniere de l'homme, ce que l'on connoît par la ligne qui représente le devant du corps qui est concave; la suivante (13.) représente le corps panché du côté droit, ce que l'on connoît par la ligne de ce côté qui est concave; la fig. 14. fait voir que le corps panche en arriere, ce que l'on connoît par la ligne du dos qui est concave; enfin la fig. 15. fait voir que le corps panche du côté gauche.

L'idée de marquer les tems des pas par la forme ou couleur de leur tête étoit venue à cet auteur; mais elle nous avoit été communiquée par M. Dupré, & nous l'avons introduite dans la Chorégraphie du sieur Feuillet où elle manque: la différence principale de ces deux manieres, est que dans celle - ci on marque la valeur des pas sur les caracteres des présences. Voyez la fig. 16. qui fait voir les différentes formes du caractere de présence, & leur valeur au - dessus marquée par des notes de musique.

Ces marques à la vérité seroient d'une grande utilité; mais cependant l'auteur ne conseille pas de s'en servir qu'on ne soit très - habile dans la Chorégraphie & la Musique.

La fig. 17. qui est une ligne inclinée de gauche à droite, marque qu'il faut plier les genoux.

La fig. 18. marque au contraire qu'il faut les élever.

La ligne horisontale (fig. 19.) marque qu'il faut marcher.

La fig. 20. qui est une ligne courbe convexe en - dessus, marque qu'il faut marcher en avançant d'abord le pié dans le commencement du pas, & continuer en ligne courbe jusqu'à la fin de son action.

La fig. 21. qui est la même ligne courbe convexe en - dessous, marque qu'il faut marcher en reculant d'abord le pié dans le commencement du pas, & continuer en ligne courbe jusqu'à la fin de son action.

La fig. 22. marque le mouvement qu'on appelle tour de jambe en - dehors.

La fig. 23. marque le mouvement qu'on appelle tour de jambe en - dedans.

La fig. 24. qui est une ligne ponctuée en cette sorte . . . . . . . marque que le pié fait quelque mouvement, sans sortir cependant du lieu qu'il occupe.

La fig. 25. qui est un d, indique le pié droit.

La suivante (26.), qui est un g, indique le pié gauche.

Ces deux mêmes lettres (fig. 27.) dont la queue est un peu courbe, signifient qu'il faut poser la pointe des piés, & laisser ensuite tomber le talon à terre.

Les deux mêmes lettres d g (fig. 28.), dont la queue est ponctuée, signifient qu'il faut poser les piés sur la pointe sans appuyer le talon.

Les deux mêmes lettres (fig. 29.), dont la queue est séparée de la tête, signifient qu'il faut poser le talon, & appuyer ensuite la pointe du pié à terre.

Les deux mêmes lettres (fig. 30.), dont la queue est discontinuée dans le milieu, marquent qu'il faut

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