ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"305"> les hommes au même point: elles descendent plus bas aux uns qu'aux autres; cela dépend de la conformation; l'exercice peut aussi y contribuer: il ne faut point les forcer; on ne le pourroit sans déranger l'assiette du corps.

Pour les jambes, auxquelles il ne faut passer qu'après l'arrangement du tronc & des cuisses, il faut les laisser descendre naturellement suivant leur propre poids. Lorsqu'on dit qu'il saut qu'elles soient sur la ligne du corps, on ne veut pas dire qu'elles doivent faire partie de la ligne du corps, cela est impossible en conservant l'assiette du corps telle qu'on l'a prescrite; ce qu'il faut entendre, c'est qu'en les laissant descendre sans conserver aucune roideur dans le genou, elles doivent former deux lignes paralleles à la ligne du tronc.

C'est à l'extrémité de ces paralleles qu'il faut fixer les étriers, qui ne doivent que supporter simplement les piés à plat, & dans la situation où ils se trouvent, sans les tourner, sans peser sur les ctriers: ces actions mettroient de la roideur dans le genou & dans la jambe, fatigueroient & empêcheroient le liant qui doit être dans les différens mouvemens qu'on est obligé de faire des jambes pour conduire le cheval.

En général, quand on est obligé de serrer les cuisses, il faut que ce soit sans déranger l'assiette du corps, & sans mettre de roideur dans les jambes; & quand on est obligé d'approcher les jambes, il faut que ce soit doucement, sans déranger ni les cuisses ni le corps en aucune façon.

Faire partir le cheval. Pour faire partir le cheval, il faut employer les jambes & la main en même tems. Si c'est pour aller droit devant soi, on approche également les deux jambes, & on rend un peu la main; s'il faut tourner, on tire un peu la rene du côté qu'on vent tourner, afin d'y porter la tête du cheval, & on approche les deux jambes en même tems, observant d'approcher plus ferme celle du côté qu'on veut tourner le cheval: si on n'en approchoit qu'une, le derriere du cheval se rangeroit trop à coup du côté opposé. La main en dirigeant la tête du cheval, en conduit les épaules, & les deux jambes en conduisent les hanches & le derriere. Quand ces deux actions ne sont pas d'accord, le corps du cheval se met en contorsion, & n'est pas ensemble. Quand il s'agit de reculer, on leve doucement la main, & on tient les deux jambes à égale distance, ceperdant assez pres du cheval pour qu'il ne dérange pas ses hanches, & ne recule pas de travers.

Voilà les principaux mouvemens, les plus essentiels: nous ne finirions jamais si nous entrions dans le détail de tout ce qu'on exige du cheval & du cavalier dans un manege; on le trouvera distribué aux différens articles de ce Dictionnaire. Voyez les articles Manege, Volte, Passeger, &c. Nous allons seulement exposer des allures du cheval, les premieres, les moins composées, & les plus naturelles, telles que le pas, le trot, le galop; nous ajoûterons un mot de l'amble, de l'entrepas, & de l'aubin. Le cheval prend ces différentes allures, selon la vitesse avec laquelle on le fait partir.

Des allures du cheval. Du pas. Le pas est la plus lente; cependant il doit être assez prompt; il ne le faut ni allongé ni raccourci. La légereté de la démarche du cheval dépend de la liberté des épaules, & se reconnoît au port de la tête: s'il la tient haute & ferme, il est vigoureux & léger; si le mouvement des épaules n'est pas libre, la jambe ne se leve pas assez, & le cheval est sujet à heurter du pié contre le terrein: si les épaules sont encore plus serrées, & que le mouvement des jambes en paroisse indépendant, le cheval se fatigue, fait des chûtes, & n'est capable d'aucun service, Le cheval doit être sur la han<cb-> che, c'est - à - dire hausser les épaules & baisser la hanche en marchant.

Quand le cheval leve la jambe de devant pour marcher, il faut que ce mouvement soit facile & hardi, & que le genou soit assez plié: la jambe pliée doit paroître comme soûtenue en l'air, mais peu; sans quoi elle retomberoit trop lentement, & le cheval ne seroit pas leger. Quand la jambe retombe, le pié doit être ferme, & appuyer également sur la terre, sans que la tête soit ébranlée: si la tête baisse quand la jambe retombe, c'est ordinairement afin de soulager l'autre jambe qui n'est pas assez forte pour soûtenir le poids du corps; défaut considérable, aussi bien que celui de porter le pié en - dehors ou en - dedans. Quand le pié appuie sur le talon, c'est inarque de soiblesse; s'il pose sur la pince, l'attitude est forcée & fatigante pour le cheval.

Mais il ne suffit pas que les mouvemens du cheval soient fermes & legers, il faut qu'ils soient égaux & uniformes dans le train de devant & celui de derriere. Le cavalier sentira des secousses si la croupe balance, tandis que les épaules se soûtiennent; il en arrivera de même s'il porte le pié de derriere au - delà de l'endroit où le pié de devant a posé. Les chevaux qur ont le corps court sont sujets à ce défaut: ceux dont les jambes se croisent ou s'atteignent, n'ont pas la démarche sûre: en général ceux dont le corps est long sont plus commodes pour le cavalier, parce qu'il se trouve plus eloigné des centres du mouvement.

Les quadrupedes marchent ordinairement en portant à la fois en avant une jambe de devant & une jambe de derriere: lortque la jambe droite de devant a parti, la jambe gauche de derriere suit & avance: ce pas étant fait, la jambe gauche de devant part à sen tour, puis la jambe droite de derriere, & ainsi le suite. Comme leur corps porte sur quatre points d'appui qui seroient aux angles d'un quarré long, la maniere la plus commode de se mouvoir est d'en changer deux en diagonale, de façon que le centre de gravité du corps de l'animal ne fasse qu'un petit mouvement, & reste toûjours àpeu - près dans la direction des deux points d'appui qui ne sont pas en mouvement.

Cette regle s'observe dans les trois allures naturelles du cheval, le pas, le trot, & le galop: dans le pas, le mouvement est à quatro tems & à trois intervalles, dont le premier & le dernier sont plus courts que celui du milieu; si la jambe droite de devant a parti la premiere, l'instant suivant partira la jambe gauche de derriere, le troisieme instant la jambe gauche de devant, & le quatrieme instant la jambe droite de derriere: ainsi le pié droit de devant posera à terre le premier; le pié gauche de derriere le second; le pié gauche de devant le troisieme; & le pié droit de derriere le quatrieme & le dernier.

Du trot. Dans le trot il n'y a que deux tems & qu'un intervalle: si la jambe droite de devant part, la jambe gauche de derriere part en même tems, sans aucun intervalle; ensuite la jambe gauche de devant, & la jambe droite de derriere en même tems: ainsi le pié droit de devant & le pié gauche de derriere posent à terre ensemble, & le pié gauche de devant avec le pié droit de derriere en même tems.

Du gaiop. Dans le galop il y a ordinairement trois tems & deux intervalles: comme c'est une espece de saut où les parties antérieures du cheval sont chassées par les parties postérieures, si des deux jambes de devant la droite doit avancer plus que la gauche, le pié gauche de derriere posera à terre pour servir de point d'appui à l'élancement: ce fera le pié gauche de derriere qui fera le premier tems du mouvement, [p. 306] & qui posera à terre le premier; ensuite la jambe droite de derriere se levera conjointement avec la jambe gauche de devant, & elles retomberont à terre en même tems; & enfin la jambe droite de devant qui s'est levée un instant après la gauche de devant & la droite de derriere, se posera à terre la derniere, ce qui fera le troisieme tems. Dans le premier des intervalles, quand le mouvement est vîte, il y a un instant où les quatre jambes sont en l'air en même tems, & où l'on voit les quatre fers du cheval à la fois. Si la cadence de ce pas est bien reglée, le cheval appuiera le pié gauche de derriere au premier tems; le pié droit de derriere retombera le premier, & fera le second tems; le pié gauche de devant retombera ensuite, & marquera le troisieme tems; & enfin le pié droit de devant retombera le dernier, & fera un quatrieme tems. Mais il n'est pas ordinaire que cette cadence soit aussi réguliere, & soit à quatre tems & à trois intervalles, au lieu d'être, comme nous l'avons dit d'abord, à deux intervalles & à trois tems.

Les chevaux galopent ordinairement sur le pié droit, de la même maniere qu'ils partent de la jambe droite de devant pour marcher & pour troter: ils entament aussi le chemin en galopant par la jambe droite de devant; cette jambe de devant est plus avancée que la gauche; de même la jambe droite de derriere qui suit immédiatement la droite de devant, est aussi plus avancée que la gauche de derriere, & cela constamment tant que le galop dure: d'où il résulte que la jambe gauche qui porte tout le poids, & qui pousse les autres en avant, est la plus fatiguée. Il seroit donc à propos d'exercer les chevaux à galoper indifféremment des deux piés de derriere, & c'est aussi ce que l'on fait au manege.

Les jambes du cheval s'élevent peu dans le pas; au trot elles s'élevent davantage; elles sont encore plus élevées dans le galop. Le pas pour être bon doit être prompt, leger, & sûr; le trot, prompt, ferme, & soûtenu; le galop, prompt, sûr, & doux.

De l'amble. On donne le nom d'allures non naturelles aux suivantes, dont la premiere est l'amble. Dans cette allure, les deux jambes du même côté partent en même tems pour faire un pas, & les deux jambes de l'autre côté en même tems, pour faire un second pas; mouvement progressif, qui revient à - peu - près à celui des bipedes. Deux jambes d'un côté manquent alternativement d'appui, & la jambe de derriere d'un côté avance à un pié ou un pié & demi au - delà de la jambe du devant du même côté. Plus cet espace, dont le pié de derriere d'un côté gagne sur celui de devant du même côté, est grand, meilleur est l'amble. Il n'y a dans l'amble que deux tems & un intervalle. Cette allure est très fatiguante pour le cheval, & très - douce pour le cavalier. Les poulains qui sont trop foibles pour galoper la prennent naturellement, de même que les chevaux usés, quand on les force à un mouvement plus prompt que le pas. Elle peut donc être regardée comme défectueuse.

De l'entrepas & de l'aubin. Ces deux allures sont mauvaises; on les appelle trains rompus ou desunis. L'entrepas tient du pas & de l'amble, & l'aubin du trot & du galop. L'un & l'autre viennent d'excès de fatigue ou de foiblesse des reins. Les chevaux de messagerie prennent l'entrepas au lieu du trot; & les chevaux de poste, l'aubin au lieu du galop, à mesure qu'ils se ruinent.

Quelques observations sur la connoissance des chevaux; âge, accroissement, vie, &c. On juge assez bien du naturel & de l'état actuel d'un cheval par le mouvement des oreilles. Il doit, quand il marche, avoir la pointe des oreilles en avant; est fatigué, il a l'oreille basse; s'il est en colere & malin, il porte alternativement l'une en - avant, l'autre en - arriere, Celui qui a les yeux enfoncés, ou un oeil plus petit que l'autre, a ordinairement la vûe mauvaise: celui qui a la bouche seche n'est pas d'un si bon tempérament que celui qui l'a fraîche & écumeuse. Le cheval de selle doit avoir les épaules plates, mobiles, & peu chargées; le cheval de trait doit les avoir grosses, rondes & charnues. Si les épaules d'un cheval de selle sont trop seches, & que les os paroissent trop avancer sous la peau, ses épaules ne seront pas libres, & il ne pourra supporter la fatigue. Il ne faut pas qu'il ait le poitrail trop avancé, ni les jambes de devant retirées en - arriere; car alors il sera sujet à se peser sur la main en galopant, même à broncher & à tomber. La longueur des jambes doit être proportionnée à la taille; si celles de devant sont trop longues, il ne sera pas assûré sur ses piés; si elles sont trop courtes, il sera pesant à la main. Les jumens sont plus sujettes que les chevaux à être basses de devant, & les chevaux entiers ont le cou plus gros que les jumens & les hongres. Les vieux chevaux ont les salieres creuses; mais cet indice de vieillesse est équivoque: c'est aux dents qu'il faut recourir. Le cheval a quarante dents, vingt - quatre machelieres, quatre canines, douze incisives. Les jumens ou n'en ont point de canines, ou les ont courtes. Les machelieres ne servent point à désigner l'âge; c'est par les dents de devant, & ensuite par les canines qu'on en juge. Les douze de devant commencent à pousser quinze jours après la naissance; elles sont rondes, courtes, peu solides, tombent en différens tems, & sont remplacées par d'autres. A deux ans & demi, les quatre de devant du milieu tombent les premieres, deux enhaut & deux en - bas; un an après il en tombe quatre autres, une de chaque côté des premieres remplacées; à quatre ans & demi il en tombe quatre autres, toûjours à côté de celles qui sont tombées & qui ont été remplacées. Ces quatre dernieres dents sont remplacées par quatre qui ne croissent pas à beaucoup près aussi vîte que celles qui ont remplacé les huit premieres. Ce sont ces quatre dernieres dents qu'on appelle les coins, qui remplacent les quatre dernieres dents de lait, & qui marquent l'âge du cheval. Elles sont aisées à reconnoître, puisqu'elles sont les troisiemes tant en - haut qu'en - bas, à compter depuis le milieu de la machoire. Elles sont creuses, & ont une marque noire dans leur concavité. A quatre ans & demi ou cinq ans, elles ne débordent presque plus au - dessus de la gencive; & le creux est fort sensible. A six ans & demi il commence à se remplir; la marque commence aussi à diminuer & à se retrécir, & toûjours de plus en plus jusqu'à sept ans & demi ou huit ans, que le creux est tout - à - fait rempli, & la marque noire effacée. A huit ans passés, comme ces dents ne marquent plus l'âge, on cherche à en juger par les dents canines ou crochets; ces quatre dents sont à côté de celles - ci. Les canines, non plus que les machelieres, ne sont pas précédées par d'autres dents qui tombent; les deux de la machoire inférieure poussent ordinairement les premieres à trois ans & demi, & les deux de la machoire supérieure à quatre ans; & jusqu'à l'âge de six ans, ces dents sont fort pointues. A dix ans, celles d'enhaut paroissent déjà émoussées, usées, & longues, parce qu'elles sont déchaussées; & plus elles le sont, plus le cheval est vieux. Depuis dix jusqu'à treize ou quatorze ans, il n'y a plus d'indice. Seulement les poils des sourcils commencent à devenir blances; mais ce signe est équivoque. Il y a des chevaux dont les dents ne s'usent point, & où la marque noire reste toûjours; on les appelle béguts; mais le creux de la dent est absolument rempli. On les reconnoit encore à la longueur des dents canines. Il y a plus de jumens

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