ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"307"> que de chevaux béguts. L'âge efface aussi les sillons du palais.

La durée de la vie des chevaux, ainsi que des autres animaux, est proportionnée à la durée de l'accroissement. Le cheval, dont l'accroissement se fait en quatre ans, peut vivre six ou sept fois autant, vingt - cinq ou trente ans. Les gros chevaux vivent moins que les fins, aussi s'accroissent - ils plus vîte.

Les chevaux, de quelque poil qu'ils soient, muent une sois l'an, ordinairement au printems, quelquefois en automne. Il faut alors les ménager; il y en a qui muent de corne.

On appelle hennissement le cri du cheval, & l'on reconnoit assez distinctement cinq sortes de hennissemens, relatifs à cinq passions différentes.

Le cheval leche, mais rarement; il dort moins que l'homme. Quand il se porte bien, il ne demeurc guere que trois heures de suite couché sans se relever; il y en a qui ne se couchent point. En général, les chevaux ne dorment que trois ou quatre heures sur vingt - quatre. Ils boivent par le seul mouvement de déglutition, en ensonçant profondément le nez dans l'eau. Il y a des auteurs qui pensent que la morve, qui a son siége dans la membrane pituitaire, est la suite d'un rhûme occasionné par la fraîcheur de l'eau.

De toutes les matieres tirées du cheval, & célebrées par les anciens comme ayant de grandes vertus médicinales, il n'y en a pas une qui soit en usage dans la medecine moderne, excepté le lait de jument. Voyez Lait.

Les principales marchandises que le cheval fournit après sa mort, sont le crin, le poil, la corne, & le cuir. On fait du crin, des boutons, des tamis, des toiles, & des archets d'instrumens à corde; on en rembourie les selles & les meubles, & on le commet en cordes. Les Tabletiers - Peigners font quelques ouvrages de corne de cheval. Le cuir passe chez les Tanneurs & les Selliers - Bourreliers.

Le cheval, chez les anciens, étoit consacré à Mars; c'étoit un signe de guerre. Les Poëtes suppòsent quatre chevaux au soleil, qu'ils ont appellés Eoüs, Pyroïs, Aëton & Phlegon. Le cheval est le symbo'e de Carthage dans les médailles Puniques. On désigne la paix par des chevaux paissans en liberté. Le cheval bondissant sert d'emblème à l'Espagne. Le coursier étoit celle des victorieux aux jeux olympiques. Bucéphale servoit de symbole aux rois de Macédoine. Le cheval étoit l'empreinte presque ordinaire des monnoies Gauloises. Les Germains avoient des chevaux sacrés qui rendoient des oracles par le hennissement; ils étoient entretenus aux dépens du public, & il n'y avoit que les prêtres & le roi qui en approchassent.

Il y a peu d'animaux qu'on ait autant étudié que le cheval. La Maréchallerie, qui pourroit très - bien faire une science d'observations & de connoissances utiles relatives à cet animal, sans avoir sa nomenclature particuliere, n'a pas négligé cette petite charlatannerie. Il n'y a presque pas une partie du cheval qui n'ait un nom particulier, quoiqu'il n'y ait presque pas une de ces parties qui n'ait sa correspondante dans l'homme, & qui ne pût être nommée du même nom dans ces deux animaux. On trouvera aux différens articles de ce Dictionnaire l'explication de ces noms. Voyez Avives, Larmiers, Chanfrein, Ganache, &c.

La différence des poils a considérablement augmenté cette nomenclature; chaque couleur & chaque teinte a son nom. Un cheval est ou aubere, ou alzan ou zain, &c. Voyez ces articles.

Il en est de même des exercices du manege, relatifs soit à l'homme, soit au cheval. On trouvera ces exercices à leurs mots.

Après l'homme, il n'y a point d'animal à qui l'on reconnoisse tant de maladies qu'au cheval. Voyez ces maladies à leurs différens articles. Voyez aussi, pour une connoissance plus entiere de l'animal, Aldrovand. de quadrup. & soliped. Le nouveau parfait Maréchal, par M. de Garsault. L'école & les élémens de cavalerie, de M. de la Gueriniere. Le Neucaslle. Le véritable & parfait Maréchal, par M. de Solleysel; & sur - tout le troisieme volume de l'histoire naturelle de MM. de Buffon & d'Aubenton. C'est dans cette derniere source que nous avons puisé la meilleure partie de cet article.

Cheval de rencontre, (Page 3:307)

Cheval de rencontre, (Jurisprud.) Dans la coútume de Poitou, art. 187. est la prestation d'un cheval de service, qui est due par le vassal au seigneur, lorsque dans une mêmè année il y a eu deux ouvertures pour ce droit; une par mutation de vassal, une par mutation de seigneur. Il n'est dû en ce cas qu'un seul cheval, dit la coûtume, pourvú que les deux chevaux se rencontrent dans un arc; & le cheval qui est fourni est nommé dans ce cas cheval de rencontre, parce que la rencontre de ce cheval abolit l'autre qui auroit été dû pour la mutation. Voyez Cheval de service, & Rachat rencontré. (A)

Cheval de service, (Page 3:307)

Cheval de service, (Jurisprud.) c'est un cheval qui est dû par le vassal au seigneur féodal. L'origine de ce devoir est fort ancienne: on voit dans une constitution de Conrard II. de beneficiis, qui est rapportée au liv. V. des fiefs, que les grands vassaux faisoient des présens de chevaux & d'armes à leur seigneur: majores valvassores dominis suis, quos seniores appellant, solemnia munera offerunt, arma scilicet & equos. Il y est dit aussi qu'à la mort du vassal c'étoit la coûtume que ses enfans & successeurs donnoient au seigneur ses clevaux & ses armes; & encore actuellement, en plusieurs lieux de l'Allemagne, après le décès du pere de famille, son meilleur cheval ou habit est dû au seigneur. L'ancienne coûtume de Normandie, chap. xxxjv. parle du service de cheval qui est dú par les valvasseurs; mais il ne faut pas confondre, comme font plusieurs auteurs, le service de cheval avec le cheval de service; le premier est le service militaire que le vassal doit faire à cheval pour son seigneur; le second est la prestation d'un cheval, dûe par le vassal au seigneur, pour être quitte du service militaire sa vie durant; c'est ce que l'on voit dans Beaumanoir, ch. xxviij. p. 142. & dans une charte de Philippe Auguste de l'an 1222, où le fief qui doit le cheval de service est appellé fief franc, ou liberum feodum per servitium unius runcini. Voyez Service de cheval.

Il est parlé du cheval de service dans plusieurs coûtumes, telles que Montargis, Orléans, Poitou, grand Perche, Meaux, Anjou, Maine, Châteauneuf, Chartres, Dreux, Dunois, Hainaut. Quelques - unes l'appellent roucin de service. V. Roucin.

Le cheval de service est dû en nature, ou du moins l'estimation; c'est ce que Bouthillier entend dans sa somme rurale, lorsqu'il dit qu'aucuns fiefs doivent cheval par prix.

Dans les coûtumes d'Orléans & de Montargis, il est estimé à 60 sols, & est levé par le seigneur une fois en sa vie; & n'est pas dû, si le fief ne vaut par an au moins dix livres tournois de revenu.

La coûtume de Hainaut, ch. lxxjx. dit que quand le vassal qui tenoit un fief - lige, est décédé, le seigneur ou son bailli prend le meilleur cheval à son choix, dont le défunt s'aidoit, & quelques armures; & qu'au défaut de cheval le seigneur doit avoir 60 sols.

Dans les coûtumes d'Anjou & du Maine il est dû à toute mutation de seigneur & de vassal, & est estimé cent sols.

Dans celle du grand Perche, il est dû à chaque mutation d'homme; le vassal n'est tenu de le payer qu'après la foi & hommage, & il est estimé à 60 sols [p. 308] & un denier tournois. Il n'est pas dû pour simple renouvellement de foi.

Erifin, par les coûtumes de Château - neuf, Chartres, & Dreux, le cheval de service se leve à proportion de la valeur du fief. Quand le fief est entier, c'est - à - dire quand il vaut 60 sols de rachat, le cheval est dû; & le cheval entier vaut 60 sols. Si le fief vaut moins de 60 s. de revenu, le cheval se paye à proportion; il se demande par action, & ne peut se lever qu'une seule fois en la vic du vassal, lorsqu'il doit rachat & profit de fief.

Anciennement le cheval de service devoit être essayé avec le hautbert en croupe, qui étoit l'armure des chevaliers; il falloit qu'il fût ferré des quatre piés; & si le cheval étoit en état de faire douze lieues en un jour, & autant le lendemain, le seigneur ne pouvoit pas le refuser sous prétexte qu'il etoit trop foible. Voyez le chap. 129. des établissemens de France. Voy. aussi la Bibliot. du droit Fr. par Bouchel; & le gloss. de M. de Lauriere, au mot cheval de service. (A)

Cheval traversant, (Page 3:308)

Cheval traversant, (Jurisp.) est le cheval de service que le vassal qui tient à hommage plein, doit par la mutation du seigneur féodal en certains endroits du Poitou; savoir, dans le pays de Gastine, Fontenay, Douvant & Mervant. Il ne faut pas confondre ce cheval avec celui qui est dû par la mutation du vassal. On appelle le premier, cheval traversant, parce que étant dû pour la mutation du seigneur, & devant être payé par le vassal dès le commencement de la mutation, ce cheval passe & traverse toûjours au sujet médiat & suserain qui leve le rachat du fieflige du seigneur féodal & immédiat du vassal; au lieu que le cheval qui est dû par la mutation du vassal ne devant être payé qu'a la fin de l'année de la mutation, ce cheval ne passe ou ne traverse pas toûjours au seigneur suserain & médiat, mais seulement lorsque la mutation de la part du vassal qui tient par hommage plein, précede celle qui arrive de la part du seigneur féodal immédiat qui tient par hommage lige du seigneur suserain. Il en est parlé dans l'article 168 & 183 de la coûtume de Poitou.

Lorsque la mutation arrive de la part du vassal dont le fief est tenu par hommage plein, l'héritier du vassal, suivant l'article 165 de la même coûtume, doit dans les mêmes endroits du Poitou, au seigneur féodal immédiat, à la fin de l'année de la mutation, un cheval de service, si dans l'an de la mutation du vassal qui tient par hommage plein, le seigneur féodal immédiat vient à déceder; & si son fief tenu à hommage lige court en rachat, l'héritier du vassal dont le fief est tenu à hommage plein, par l'article 168. de la coûtume de Poitou, est obligé de payer ce cheval de service non à l'héritier du seigneur féodal décedé, mais au seigneur suserain & médiat qui leve le rachat du fief - lige; & ce cheval passant ainsi au seigneur médiat à l'exclusion de l'héritier du seigneur immédiat, il semble qu'on pourroit l'appeller aussi cheval traversant comme le premier dont on a parlé; cependant on n'appelle proprement cheval traversant que celui qui est dû pour la mutation du seigneur féodal par le vassal qui tient à hommage plein. Voy. le glossaire de M. de Lauriere, au mot cheval traversant. (A)

Cheval marin, (Page 3:308)

Cheval marin, s. m. hippocampus, (His. nat. Ichthiolog.) poisson de mer: selon Arthedi, on l'avoit mis ou nombre des insectes. Il est d'une figure si singuliere, qu'on a prétendu qu'il ressembloit à une chenille par la queue, & à un cheval par le reste du corps; c'est pourquoi on l'a nommé cheval marin: ce qui a donné lieu à ces comparaisons, c'est que la queue de cet insecte se contourne en différens sens comme les chenilles, & que le reste du corps a quelque rapport à la tête, à l'encolure & au poitrail d'un cheval pour la figure. Cet insecte a des entailles sur tout le corps; sa longueur est de neuf pouces au plus; il n'est pas plus gros que le pouce; il a un bec allongé en forme de tuyau creux qui se ferme & s'ouvre par le moyen d'une sorte de couvercle qui est dans le bas; ses yeux sont ronds & saillans; il a sur le sommet de la tête des poils hérissés & d'autres poils sur le corps; ils sont tous si fins qu'on ne peut les voir que lorsque l'insecte est dans l'eau; la tête & le cou sont fort menus & le ventre fort gros à proportion; il a deux petites nageoires qui ressemblent à des oreilles, & qui sont placées à l'endroit où se trouvent les oüies des poissons; il y a deux trous plus haut que les nageoires, & deux autres sous le ventre. Les excrémens sortent par l'un de ceux - ci, & les oeufs par l'autre. La queue est plus mince que le corps; elle est quarrée & garnie de piquans, de même que le corps qui est composé d'anneaux cartilagineux joints les uns aux autres par des membranes. Le cheval marin est brun & parsemé de points blancs; le ventre est de couleur blanchâtre, Rondelet. Il y a sur le dos une nageoire composée de trente - quatre piquans. Voyez Arthedi, Ichthiolog. gen. pisc. pag. 1. Voyez Insecte. (I)

Cheval marin, (Page 3:308)

Cheval marin, voyez Hippopotame.

Cheval, petit Cheval, (Page 3:308)

Cheval, petit Cheval, ou equuleus, (Astron.) nom que donnent les Astronomes à une constellation de l'hémisphere du nord. Les étoiles de cette constellation sont au nombre de quatre dans le catalogue de Ptolomée & dans celui de Tycho, & elles sont au nombre de dix dans celui de Flamsteed. (O)

Cheval de bois, (Page 3:308)

Cheval de bois, (Art. milit.) est une espece de cheval formé de deux planches élevées sur des treteaux, sur lequel on met les soldats & les cavaliers pour les punir de quelques fautes legeres. Voy. Chatimens militaires. (Q)

Cheval de frise, (Page 3:308)

Cheval de frise, (Art milit.) c'est dans la guerre des sieges & dans celle de campagne, une grosse piece de bois percée & traversée par d'autres pieces de bois plus petites & taillées en pointe. On s'en sert pour boucher les passages étroits, les breches, &c. Ils servent aussi d'une espece de retranchement, derriere lequel les troupes tirent sur l'ennemi qui se trouve arrêté dans sa marche ou dans son attaque par l'obstacle que ce retranchement lui oppose. On les appelle chevaux de frise, parce qu'on prétend que l'usage en a commencé dans cette partie des Provinces - unies.

Le cheval de frise a ordinairement douze ou quatorze piés de long & six pouces de diametre. Les chevilles ou pointes de bois dont il est hérissé ou garni, ont cinq ou six piés de long; elles sont quelquefois armées de fer. Voyez Pl. XIII. de Fortific. (Q)

Cheval de terre, (Page 3:308)

Cheval de terre, (Marbrier.) c'est ainsi que ces ouvriers appellent les espaces remplis de terre qui se découvrent quelquefois dans le solide des blocs & qui peuvent gâter leurs plus beaux ouvrages.

CHEVALEMENT (Page 3:308)

CHEVALEMENT, s. m. espece d'étai composé d'une ou de plusieurs pieces de bois; c'est avec le chevalement qu'on soûtient les étages supérieurs, quand il s'agit de reprendre un bâtiment sous oeuvre. Il est composé de grosses pieces de bois horisontales qui traversent le bâtiment, qui sont soûtenues en - dessous par des chevalets ou des étais ordinaires, & qui portent en l'air toute la partie du bâtiment qu'il s'agit de conserver, & sous laquelle il faut travailler.

CHEVALER (Page 3:308)

* CHEVALER, verb. en termes de manege, se dit de l'action du cheval à qui quand il passege sur les voltes au pas ou au trot, la jambe de dehors de devant, croise ou enjambe à tous les seconds tems sur l'autre jambe de devant. Voyez Passeger, Volte, &c. (V)

Chevaler, (Page 3:308)

* Chevaler, v. act. qu'on a fait dans presque tous les arts où l'on se sert du chevalet, pour dési<pb->

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