ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"301"> doit être longue & relevée, & cependant proportionnée à la taille du cheval: trop longue & trop menue, le cheval donne des coups de tête; trop courte & trop charnue, il est pesant à la main. La tête sera placée avantageusement, si le front est perpendiculaire à l'horison; elle doit être seche & menue, non trop longue. Les oreilles seront peu distantes, petites, droites, immobiles, étroites, déliées, bien plantées au - haut de la tête. Il faut que le front soit étroit & un peu convexe; que les salieres soient remplies; les paupieres minces; les yeux clairs, vifs, pleins de feu, assez gros, avancés à fleur de téte; la prunelle grande; la ganache décharnée & un peu épaisse; le nez un peu arqué; les naseaux bien ouverts & bien fendus; la cloison du nez mince; les levres déliées; la bouche médiocrement fendue; le garrot élevé & tranchant; les épaules seches, plates, & peu serrées; le dos égal, uni, insensiblement arqué sur la longueur, & relevé des deux côtés de l'épine qui doit paroitre enfoncée; les flancs pleins & courts; la croupe ronde & bien fournie; la hanche bien garnie; le tronçon de la queue épais & ferme; les cuisses & les bras gros & charnus; le genou rond en - devant & large sur les côtés; le nerf bien détaché; le boulet menu; le fanon peu garni; le paturon gros & d'une médiocre longueur; la couronne peu élevée; la corne noire, unie, & luisante; la fourchette menue & maigre, & la sole épaisse & concave.

Chevaux Arabes. Les chevaux Arabes sont de tous ceux qu'on connoisse en Europe, les plus beaux & les plus conformes à ce modele; ils sont plus grands & plus étoffes que les Barbes, & sont aussi bien faits. Si ce que les voyageurs nous racontent est vrai, ces chevaux sont très - chers même dans le pays, & il n'y a aucune sorte de précautions qu'on ne prenne pour en conserver la race également belle.

Chevaux Barbes. Les chevaux Barbes sont plus communs que les Arabes; ils ont l'encolure longue, fine, peu chargée de crins, & bien sortie du garrot; la tête belle, petite, & assez ordinairement moutonnée; l'oreille belle & bien placée; les épaules légeres & plates; le garrot menu & bien relevé; les reins court, & droits; le flanc & les côtes rondes, sans trop de ventre; les hanches bien effacées; la croupe un peu longue; la queue placée un peu haut; la cuisse bien formée & rarement plate; les jambes belles, bien faites & sans poil; le nerf bien détaché; le pié bien fait, mais souvent le paturon long. Il y en a de tous poils, mais communément de gris. Ils ont un peu de négligence dans leurs allures; ils ont besoin d'être recherchés; on leur trouve beaucoup de vîtesse & de nerf; ils sont legers & propres à la course. Ils paroissent être très - bons pour en tirer race; il seroit à souhaiter qu'ils fussent de plus grande taille; les plus grands ont quatre piés huit pouces, très - rarement quatre piés neuf pouces. En France, en Angleterre, &c. ils font plus grands qu'eux. Ceux du royaume de Maroc passent pour les meilleurs.

Chevaux Turcs. Les chevaux Turcs ne sont pas si bien proportionnés que les Barbes; ils ont pour l'ordinaire l'encolure éfilée, le corps long, les jambes trop menues: mais ils sont grands travailleurs, & de longue haleine. Quoiqu'ils ayent le canon plus menu que ceux de ce pays, cependant ils ont plus de force dans les jambes.

Chevaux d'Espagne. Les chevaux d'Espagne qui tiennent le second rang après les Barbes, ont l'encolure longue, épaisse, beaucoup de crins, la tête un peu grosse, quelquefois moutonnée; les oreilles longues, mais bien placées; les yeux pleins de feu; l'air noble & fier; les épaules épaisses; le poitrail large; les reins assez souvent un peu bas; la tête ronde; quelquefois un peu trop de ventre; la croupe ordinairement ronde & large, quelquefois un peu lon<cb-> gue; les jambes belles & sans poil; le nerf bien détaché; la paturon quelquefois un peu long, comme le Barbe; le pié un peu allongé, comme le mulet; souvent le talon trop haut. Ceux de belle race sont épais, bien étoffés, bas de terre, ont beaucoup de mouvement dans la démarche, de la souplesse; leur poil le plus ordinaire est noir ou bai marron, quoiqu'il y en ait de toutes sortes de poil; ils ont rarement les jambes blanches & le nez blanc. Les Espagnols ne tirent point de race de chevaux marqués de ces taches qu'ils ont en aversion; ils ne veulent qu'une etoile au front; ils estiment autant les zains que nous les méprisons. On les marque tous à la cuisse, hors le montoir, de la marque du haras d'où ils sont sortis; ils ne sont pas communément de grande taille; il s'en trouve de quatre piés neuf ou dix pouces. Ceux de la haute Andalousie passent pour les meilleurs; ils sont seulement sujets à avoir la téte un peu trop longue. Les chevaux d'Espagne ont plus de souplesse que les Barbes; on les préfere à tous les chevaux du monde pour la guerre, la pompe, & le manege.

Chevaux Anglois. Les chevaux Anglois, quand ils sont beaux, sont pour la conformation assez semblables aux Arabes & aux Barbes, dont ils sortent en effet; ils ont cependant la tête plus grande, mais bien faite & moutonnée; les oreilles plus longues, mais bien placées: par les oreilles seules, on pourroit distinguer un Anglois d'un Barbe; mais la grande différence est dans la taille. Les Anglois sont bien etoffés & beaucoup plus grands: on en trouve communément de quatre piés dix pouces, & même de cinq piés. Ils sont généralement forts, vigoureux, hardis, capables d'ure grande fatigue, excellens pour la chasse & pour la course; mais il leur manque de la grace & de la souplesse: ils sont durs, & ont peu de liberté dans les épaules.

Chevaux d'Itqlie. Les chevaux d'Italie ne sont plus distingués, si l'on en excepte les Napolitains; on en fait cas sur - tout pour les attelages. Ils ont en général la tête grosse, l'encolure épaisse, sont indociles & difficiles à dresser; mais ils ont la taille riche & les mouvemens beaux: ils sont tiers, excellens pour l'appareil, & ont de la disposition à piaffer.

Chevaux Danois. Les chevaux Danois sont de si beile taille & si étoffés, qu'on les prefere à tous les autres pour l'attelage; il y en a de parfaitement bien moulés: mais ils sont rares, & ont ordinairement la conformation irréguliere, l'encolure épaisse, les épaules grosses, les reins un peu longs & bas, la croupe trop étroite pour l'épaisseur du devant; mais ils ont les mouvemens beaux: ils sont de tous poils, pie, tigre, &c. Ils sont aussi bons pour l'appareil & la guerre.

Chevaux d'Allemagne. Les chevaux d'Allemagne sont en général pesans, & ont peu d'haleine, quoique descendans de chevaux Turcs & Barbes. Ils sont peu propres à la chasse & à la course. Les Transilvains, les Hongrois, &c. sont au contraire bons coureurs. Les Housards & les Hongrois leur fendent les naseaux pour leur donner, dit - on, plus d'haleine & les empêcher de hennir à la guerre. Les Hongrois, Cravates, & Polonois, sont sujets à être beguts.

Chevaux de Hollande. Les chevaux Hollandois sont bons pour le carosse; les meilleurs viennent de la province de Frise: les Flamands leur sont fort inférieurs; ils ont presque tous la taille grosse, les piés plats, & les jambes sujettes aux eaux.

Chevaux de France. Il y a en France des chevaux de toute espece; mais les beaux n'y sont pas communs. Les meilleurs chevaux de selle viennent du Limosin; ils ressemblent assez aux Barbes, sont excellens pour la chasse, mais lents dans leur accroissement: on ne peut guere s'en servir qu'à huit ans. Les Normands ne sont pas si bons coureurs que les Limo<pb-> [p. 302] sins; mais ils sont meilleurs pour la guerre. Il vient du Cotentin de très - beaux & très - bons chevaux de carrosse; du Boulonois & de la Franche - Comté, de bons chevaux de tirage. En général, les chevaux de France ont le défaut contraire aux Barbes; ceux - ci ont les épaules trop serrées; les nôtres les ont trop grosses.

Des haras. La beauté & la bonté des chevaux répondront toûjours aux soins qu'on prendra des haras. S'ils sont négligés, les races s'abâtardiront, & les chevaux cesseront d'être distingués. Quand on a un haras à établir, il faut choisir un bon terrein & un lieu convenable; il faut que ce lieu soit proportionné à la quantité de jumens & d'étalons qu'on veut employer. On le partagera en plusieurs parties, qu'on fermera de palis ou de fossés, avec de bonnes haies; on mettra les jumens pleines & celles qui alaitent leurs poulains, dans la partie où le pâturage sera le plus gras; on séparera celles qui n'ont pas conçu ou qui n'ont pas encore été couvertes; on les mêlera avec les jumens poulines dans un autre parquet où le pâturage soit moins gras, parce que si elles prenoient beaucoup d'embonpoint, elles en seroient moins propres à la génération; on tiendra les jeunes poulains entiers ou hongres dans la partie du terrein la plus seche & la plus inégale, pour les accoûtumer à l'exercice & à la sobriété. Il seroit à désirer que le terrein fût assez étendu, pour que chaque parquet pût être divisé en deux, où l'on enfermeroit alternativement d'année en année des chevaux & des boeufs; le boeuf répareroit le pâturage que le cheval amaigrit. Il faut qu'il y ait des mares dans chaque parquet, les eaux dormantes sont meilleures pour les chevaux que les eaux vives; il faut y laisser quelques arbres, ce sera pour eux une ombre qu'ils aimeront dans les grandes chaleurs. Il faudra faire arracher les troncs & les chicots, & combler les trous: ces pâturages nourriront les chevaux en été. Ils passeront l'hyver dans les écuries, sur - tout les jumens & les poulains. On ne sortira les chevaux que dans les beaux jours seulement. On les nourrira avec le foin; on donnera de la paille & du foin aux étalons; on exercera ceux - ci modérément jusqu'au tems de la monte, qui les fatiguera assez. Alors on les nourrira largement.

Des étalons & des jumens poulinieres. Dès l'âge de deux ans ou deux ans & demi, le cheval peut engendrer. Les jumens, ainsi que toutes les autres femelles, sont encore plus précoces: mais on ne doit permettre au cheval de trait l'usage de la jument, qu'à quatre ans ou quatre ans & demi, & qu'à six ou sept ans aux chevaux fins. Les jumens peuvent avoir un an de moins. Elles sont en chaleur au printems, depuis la fin de Mars jusqu'à la fin de Juin; le tems de la plus forte chaleur ne dure guere que quinze jours ou trois semaines. L'étalon qu'il faut avoir alors à ieur donner, doit être bien choisi, beau, bien fait, relevé du devant, vigoureux, sain par tout le corps, de bon pays.

Si l'on veut avoir des chevaux de selle fins & bien faits, il faut prendre des étalons étrangers, comme Arabes, Turcs, Barbes, chevaux d'Andalousie; ou à leur défaut, chevaux Anglois ou Napolitains: ils donneront des chevaux fins avec des jumens fines, & des chevaux de carrosse avec des jumens étoffées. On pourra prendre encore pour étalons des Danois, des chevaux de Holstein, de Frise: on les choisira de belle taille; il faut qu'ils ayent quatre piés huit, neuf, dix pouces, pour les chevaux de selle, & cinq piés pour le carrosse. Quant au poil, on préférera le noir de jais, le beau gris, le bai, l'alsan, l'isabelle doré, avec la raie de mulet, les crins & les extrémités noires: tous les poils mal teints & d'une couleur lavée doivent être bannis des haras, ainsi que les chevaux à extrémités blanches.

Outre les qualités extérieures, il ne faut pas né<cb-> gliger les autres. L'étalon doit être courageux, docile, ardent, sensible; agile, libre des épaules, sûr des jambes, souple des hanches, &c. car le cheval communique par la génération presque toutes ses bonnes & mauvaises qualités naturelles & acquises.

On prendra les jumens bonnes nourrices; il faut qu'elles ayent du corps & du ventre. On donnera à l'étalon des jumens Italiennes & Espagnoles, pour avoir des chevaux fins; on les lui donnera Normandes ou Angloises, pour avoir des chevaux de carrosse. Il n'est pas inutile de savoir, 1°. que dans les chevaux, on croit que le mâle contribue plus à la génération que la femelle, & que les poulains ressemblent plus au pere qu'à la mere: 2°. que les haras établis dans des terreins secs & legers, donnent des chevaux sobres, legers, vigoureux, à jambe nerveuse, à corne dure; au lieu que dans les pâturages gras & humides, ils ont la tête grosse, le corps épais, les jambes chargées, la corne mauvaise, le pié plat: 3°. que de même qu'on change les graines de terreins pour avoir de belles fleurs, il faut pour avoir de bons chiens & de beaux chevaux, donner aux semelles des mâles étrangers; sans quoi la race s'abatardira. Dans ce croisement des races, il faut corriger les défauts les uns par les autres; quand je dis les defauts, j'entens ceux de la conformation exterieure, ceux du caractere, ceux du climat, & les autres, & donner à la femelle qui peche par un défaut, un étalon qui peche par l'excès. L'usage de croiser les races, même dans l'espece humaine, qu'on ne fonde que sur des vûes politiques, a peut - être une origine beaucoup plus certaine & plus raisonnable. Quand on voit chez les peuples les plus grossiers & les plus sauvages, les mariages entre proches parens si rarement permis, ne seroit - ce pas que, par une expérience dont on a perdu toute mémoire, les hommes auroient connu de très - bonne heure le mauvais effet qui résulteroit nécessairement à la longue de la perpétuité des alliances du même sang? Voyez, dans le 3e volume de l'histoire naturelle de MM. de Buffon & Daubenton, au chapitre du cheval, des conjectures très - profondes sur la cause de cet effet, & une infinité de choses excellentes, qu'il ne nous a pas été possible de faire entrer ni par extrait, ni en entier dans cet article: par extrait, parce que belles également par - tout, il nous étoit impossible de choisir; en entier, parce qu'elles nous auroient mené trop au - delà de notre but. Il faut dans l'accouplement des chevaux, assortir les poils, les tailles, opposer les climats, contraster les figures, & écarter les jumens à queue courte; parce que ne pouvant se défendre des mouches, elles se tourmentent, & ont moins de lait. Il seroit à propos d'en avoir qui eussent toûjours pâturé, & qui n'eussent jamais fatigué.

Quoique la chaleur soit depuis le commencement d'Avril jusqu'à la fin de Juin, cependant il y a des jumens qui avancent & d'autres qui reculent. Il ne faut point exposer le poulain à naître ou dans les grands froids, ou dans les grandes chaleurs.

Lorsque l'étalon & les jumens seront choisies, on aura un autre cheval entier qui ne servira qu'à faire connoître les jumens qui seront en chaleur, ou qui contribuera seulement à les y faire entrer; on sera passer les jumens les unes après les autres devant ce cheval; il voudra les attaquer toutes; celles qui ne seront pas en chaleur, se défendront; les autres se laisseront approcher: alors on lui substituera l'étalon. Cette épreuve est bonne, sur - tout pour connoître la chaleur des jumens qui n'ont pas encore produit.

Quand on menera l'étalon à la jument, on commencera par le panser: il faudra que la jument soit propre & déferrée des piés de derriere, de peur qu'étant chatouilleuse, elle ne rue: un homme la tiendra par un licol; deux autres conduiront l'étalon par des

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