ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"293"> elles rendent ce qu'elles ont dans les intestins, & même la membrane qui double l'estornac & le canal intestinal; leurs couleurs s'affoiblissent ou s'effacent entierement. Lorsque les chenilles ont filé leur coque & qu'on les en retire, on les trouve très - languissantes, & cet état de langueur dure près de deux jours pour les unes, & seulement vingt - quatre heures pour les autres. Ensuite elles se courbent en ramenant la tête sur le ventre; elles s'étendent dans certains instans; elles s'agitent, mais sans se servir de leurs jambes; elles se raccourcissent & se recourbent de plus en plus, à mesure que le moment de la métamorphose approche. Les mouvemens de la queue, les contractions & les allongemens successifs deviennent plus fréquens; les forces semblent renaître; enfin l'insecte commence par dégager du fourreau de chenille les deux dernieres jambes & le derriere, & il les retire vers la tête, de sorte que la partie du fourreau qui est vuide s'affaisse. C'est donc la chrysalide qui est dans le fourreau de chenille, qui se dégage en se portant en avant, tandis que le fourreau est porté en - arricre par la contraction des premiers anneaux & l'extension des derniers. La chrysalide se réduit peu - à - peu à n'occuper que la moitié antérieure du fourreau. Alors elle se gonfle, & le fait fendre vers le troisieme anneau; la fente s'aggrandit bientôt au point que la chrysalide passe au - dehors: il y en a qui commencent à se dégager par la tête, & qui poussent la dépouille en - arriere, où on la trouve plissée en un petit paquet. La chrysalide met tout au plus une minute à se dégager de son fourreau. Il y a des chenilles qui se suspendent par les pattes de derriere, au moyen de leur soie, & dont la chrysalide se dégage dans cette situation, & se trouve ensuite suspendue la tête en - bas dans la place où étoit la chenille. Il y a d'autres chrysalides qui sont posées horisontalement; d'autres sontinclinées. Dans quelques situations qu'elles soient, elles sont attachées par la queue; mais lorsqu'elles sont couchées ou inclinées, elles ont de plus un lien de fil de soie qui passe par - dessous leur dos, car elles ont le ventre en - haut; les deux bouts de cette sorte de courroie sont attachés au - dessus de la chrysalide, à quelque corps solide, de même que le lien par le moyen duquel la queue est suspendue.

La grandeur des coques n'est pas proportionnée à celle des chenilles qui les font; les unes en font de grandes, & les autres de petites, relativement au volume de leur corps. Il y a de grandes différences entre les coques de différentes especes de chenilles. Il y en a qui remplissent seulement un certain espace de fil, qui se croisent en différens sens, mais qui laissent beaucoup de vuide. La plûpart attirent des feuilles pour couvrir leur coque, ou pour suppléer à la soie qui semble y manquer. Celles qui employent une plus grande quantité de soie ne couvrent pas leur coque avec des seuilles; mais il s'en trouve qui mêlent d'autres matieres avec la soie. Il y a des coques de pure soie, qui semblent n'être formées que d'une toile fine, mince, & très - serrée; d'autres sont plus épaisses & plus soyeuses. La ccque du ver - à - soie est de ce genre; d'autres, quoiqu'assez fermes & épaisses, n'ont que l'apparence d'un réseau. On présume que certaines chenilles répandent par l'anus une liqueur gommeuse, qui rend leur coque plus ferme; ou une matiere jaune qui pénetre la coque, & devient ensuite une poudre de couleur de citron. D'autres s'arrachent des poils, & les mêlent avec la soie pour faire les coques. Il y a des chenilles qui lient ensemble des feuilles pour leur tenir lieu de coque; d'autres recouvrent des coques de soie avec de petits grains de sable; d'autres se font une sorte de coque avec des brins de mousse. Il y en a qui employent de petits morceaux d'écorce pour faire des coques, auxquelles elles donnent la forme d'un bateau. On trouve aussi des coques de soie qui ont la même forme, &c.

Il y a peut - être plus de la moitié des chenilles qui font leurs coques dans la terre; les unes s'y enfoncent sans faire de coques; cependant la plûpart en font. Elles ressemblent toutes à une petite motte de terre, arrondie pour l'ordinaire, ou un peu allongée. Les parois de la cavité qui est au - dedans sont lisses, polies, & tapissées de foie. Ces coques sont faites avec des grains de terre bien arrangés les uns contre les autres & liés avec des fils de soie. D'autres chenilles font des coques qui ne font qu'à moitié enfoncées dans la terre, & qui sont faites en partie avec de la terre, & en partie avec des feuilles; d'autres font au - dehors de la terre des coques qui sont entierement de terre, & qui de plus sont polies à l'extérieur. Enfin les chenilles qui vivent en société font un grand nombre de coques réunies en un seul paquet, ou en une sorte de gateau; quelquefois ces coques ont une enveloppe commune, d'autres fois elles n'en ont point.

La plûpart des chenilles restent seules; mais il y en a qui vivent plusieurs ensemble, tant qu'elles sont chenilles, & même leurs chrysalides sont rangées les unes auprès des autres; d'autres chenilles se séparent dans un certain tems. Toutes celles que l'on voit ensemble dans le même nid viennent d'une seule ponte. Il y en a ordinairement deux ou trois cents, & quelquefois jusqu'à six ou sept cents. Celles que l'on appelle chenilles communes, parce qu'il n'y en a que trop de leur espece dans la campagne & dans nos jardins pour gâter les arbres, vivent ensemble jusqu'à ce qu'elles soient parvenues à une certaine grandeur.

Cette chenille est de médiocre grandeur; elle a 16 jambes; elle est chargée de poils roux assez longs; sa peau est brune: on voit de chaque côté du corps des taches blanches rangées sur la même ligne, & formées par des poils courts & de couleur blanche. Il y a sur le dos deux mammelons rouges; l'un sur l'anneau auquel la derniere paire de jambes membraneuse est attachée, & l'autre sur l'anneau suivant. Il y a aussi fur la peau du milieu du dos plusieurs petites taches rougeâtres, &c. Les papillons qui viennent des chenilles de cette espece sont de couleur blanche & du nombre des papillons nocturnes.

Les femelles arrangent leurs oeufs dans une sorte de nid dont elles rembourent l'intérieur, & recouvrent le dessus avec leur poil. On trouve ces nids dans les mois de Juin & de Juillet, sur des feuilles, des branches, & des troncs d'arbres. Ce sont des paquets oblongs, de couleur rousse ou brune, tirant sur le caffé, qui ressemblent assez à une grosse chenille velue. Les oeufs éclosent tous depuis la mi - Juillet jusque vers le commencement d'Août, environ quinze jours après qu'ils ont été pondus. Ils sont toûjours sur le dessus des feuilles: ainsi dès que les chenilles sortent du nid, elles trouvent la nourriture qui leur convient; c'est le parenchime du dessus de la feuille. Elles se rangent sur cette feuille à m sure qu'elles sortent du nid, & forment plusieurs files, dans lesquelles elles sont placées les unes à côté des autres, en aussi grand nombre que la largeur de la feuille le permet, & il y a quelquefois autant de files qu'il en peut tenir dans la longueur; tout est rempli, excepté la partie de la feuille que les chenilles du premier rang ont laissée devant elles, de sorte que chacune des chenilles des autres rangs n'a à manger sur cette feuille que l'espace qui est occupé par la chenille qui est placée devant elle, & qui se découvre à mesure que cette chenille se porte en avant en mangeant elle - même. Dès que les premieres qui sont sorties du nid ont mangé, elles commencent à tendre des fils d'un bord à l'autre de [p. 294] la feuille qui a été rongée, & qui par cette cause est devenue concave. Ces fils sont bientôt multipliés au point de fournir une toile épaisse & blanche, sous laquelle elles se mettent à couvert. Quelques jours après elles travaillent à faire un nid plus spacieux; lorsqu'elles ont rongé un bouquet de feuilles, elles commencent par revêtir de soie blanche une assez longue partie de la tige qui porte ces feuilles, & elles enveloppent d'une toile de la même soie une ou deux des feuilles qui se trouvent au bout de la tige; ensuite elles renferment ces feuilles & la tige dans une toile plus grande qui les rapproche les unes des autres; enfin avec d'autres toiles elles enveloppent d'autres feuilles & grossissent leur nid. Ces différentes toiles sont à quelque distance les unes des autres, & les espaces qui restent vuides sont occupés par les chenilles lorsqu'elles sont retirées dans leur nid. Il y a dans chaque toile de petites ouvertures par lesquelles elles pénetrent jusqu'au centre du nid. Il n'y a personne qui ne connoisse ces nids que l'on voit comme de gros paquets de soie blanche & de feuilles sur les arbres en automne, & sur - tout en hyver, lorsque les feuilles des arbres sont tombées. Ces chenilles mangent quelquefois des fruits verts aussi bien que des feuilles. Elles rentrent dans leur nid pour se mettre à l'abri des grosses pluies & de la trop grande ardeur du soleil; elles y passent une partie de la nuit; elles y restent lorsqu'elles changent de peau; enfin elles y passent l'hyver. C'est avant la fin de Septembre, ou au plus tard dès le commencement d'Octobre qu'elles s'y retirent; elles y restent immobiles tant que le froid dure; mais le froid de nos plus grands hyvers ne peut pas les faire périr. Elles ne sortent du nid que vers la fin de Mars, ou dans les premiers jours d'Avril, lorsque la chaleur de la saison les ranime. Elles sont encore alors fort petites, mais elles prennent bientôt de l'accroissement, & elles sont obligées d'aggrandir leur nid. Après avoir changé plusieurs fois de peau, elles abandonnent leur nid; c'est dans les premiers jours de Mai qu'on les trouve dispersées. Alors différens insectes s'emparent du nid, sur - tout les araignées. Les chenilles n'y reviennent plus; elles filent de la soie dans différens endroits, & y changent de peau pour la derniere fois. Enfin au commencement de Juillet elles font des coques pour se transformer en chrysalides. Ces coques sont de soie brune, d'un tissu fort lâche; elles sont placées sur des feuilles qui les enveloppent presqu'en entier.

Il y a des chenilles qui vivent dans l'eau, & qui s'y transforment en chrysalide; mais le papillon sort de l'eau pour n'y plus rentrer. On a trouvé de ces chenilles aquatiques qui font leur coque sur la plante appellée potamogeton, avec des feuilles de cette plante & leur soie; quoique cette coque soit faite dans l'eau, on n'en trouve cependant pas une goutte dans son intérieur.

Plusieurs especes de chenilles vivent dans les tiges, les branches, & les racines des plantes & des arbres; il y en a dans les poires, les pommes, les prunes, & d'autres fruits. Lorsqu'ils sont gâtés par ces insectes, on les appelle fruits verreux, parce qu'en effet il y a au - dedans des vers ou des chenilles, &c. on n'en trouve pas dans les abricots, les pêches, les grains de raisin, &c. Les oeufs des insectes sont déposés sur le fruit souvent lorsqu'il n'est encore qu'un embryon; ainsi dès que la chenille est éclose, elle perce le fruit, & elle pénetre au - dedans: quelquefois l'ouverture extérieure se referme entierement pendant que le fruit grossit. Il y a une espece de chenille qui se met dans un grain d'orge ou de blé, dès qu'elle est éclose, & qui n'en sort qu'apres qu'elle a été transformée en papillon. Il est difficile de distinguer toutes ces especes de chenilles; mais rien ne prouve mieux que ce sont des chenilles, que le papillon qui en sort.

Il n'y a guere de gens qui n'ayent de l'aversion pour les chenilles: on les regarde comme desinsectes hideux & dégoûtans; cependant si on se permettoit d'examiner les chenilles de près, on en rencontreroit beaucoup sur lesquelles on ne pourroit pas s'empêcher de trouver quelque chosé qui mériteroit d'être vû, pour les couleurs, l'arrangement, &c. D'ailleurs ce n'est que par prévention qu'on les croit plus malpropres qu'un autre insecte. Il n'y a qu'un seul risque à courir en les touchant, c'est de rencontrer certaines chenilles velues dont les poils sont si fins, si roides, si fragiles, & si légers, qu'ils se cassent aisément en petits fragmens qui se répandent tout - autour de la chenille. Ces poils s'attachent sur les mains, sur le visage, sur les paupieres, &c. & causent sur la peau une demangeaison assez cuisante, qui dure quelquefois pendant quatre ou cinq jours, sur - tout lorsqu'on irrite cette demangeaison en frottant les endroits où est la douleur. Souvent il se forme sur la peau des élevûres qui semblent changer de place, parce qu'on répand en différens endroits de nouveaux poils, en y portant la main qui en est chargée. On a éprouve qu'en se frottant avec du persil, on fait cesser la demangeaison en deux ou trois heures. Voilà ce qu'il y a à craindre de quelques chenilles velues, sur - tout lorsqu'elles sont prêtes à changer de peau; celle que l'on appelle la commune est du nombre; & je crois qu'il est à propos de se défier de toutes celles qui ont du poil. Les nids dans lesquels elles font entrer de leur poil avec leur soie sont encore plus à craindre, principalement lorsqu'ils sont desséchés, & lorsqu'on les brise; mais on ne croit pas que les chenilles qui sont entierement rases, puissent faire aucun mal à ceux qui les touchent, pas même à ceux qui les avaleroient. Il est certain qu'il arrive assez souvent qu'on en avale sans le savoir, & sans en ressentir aucun mauvais effet.

Fausses chenilles. On a donné ce nom à tous les insectes qui ressemblent aux chenilles, mais qui ont les jambes plus nombreuses, ou situées ou conformées différemment. Il vient des mouches au lieu de papillons de toutes les fausses chenilles: il n'y a point de crochets dans leurs jambes membraneuses, ce qui peut les faire distinguer des vraies chenilles, indépendamment du nombre des jambes. Ces fausses chenilles n'ont pas deux pieces écailleuses sur la tête; il n'y a qu'une espece de couronne sphérique d'une seule piece, qui embrasse une grande partie du dessus & du dessous de la tête. On n'y voit pas ces petits points noirs que l'on croit être des yeux; mais il paroît qu'elles ont deux autres yeux, dont chacun est beaucoup plus grand que tous ces points ensemble. Mém. pour servir à l'hist. des insectes, tom. I. & II. Voyez Insecte. (I)

Chenille, (Page 3:294)

Chenille, scorpioides, (Hist. nat. botan.) genre de plante à fleur papilionacée. Le pistil sort du calice qui devient dans la suite une silique composée de plusieurs pieces attachées bout - à - bout, & roulée à - peu - près comme certaines coquilles ou comme une chenille. Il y a dans chaque piece une semence ordinairement ovale. Tournefort, Inslitut. rei herb. Voyez Plante. (I)

Chenille, (Page 3:294)

* Chenille, (Ruban.) petit ouvrage en soie dont on se sert pour broder & exécuter des ornemens sur des vestes, des robes, des chasubles, &c. On prendroit la chenille, quand elle est petite & bien serrée, & que par conséquent son poil est court, pour un petit cordon de la nature du velours, & travaillé au métier comme cette étosse, à laquelle elle ressemble parfaitement: cependant cela n'est pas, & rien n'est plus facile que de faire de la che -

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