ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"290"> forme d'onglet; l'anus se trouve dans cette partie, & il est ordinairement recouvert d'un petit chaperon charnu. Le nombre des jambes écailleuses est constant, & elles tiennent aux trois premiers anneaux; c'est pourquoi on les nomme aussi jambes anterieures ou premieres jambes. Toutes les chenilles n'ont pas un égal nombre de jambes membraneuses; il y en a qui n'en ont que deux; d'autres en ont quatre, six, huit, & même jusqu'à seize: lorsqu'il n'y en a que deux, elles sont attachées au dernier anneau; c'est pourquoi on les appelle aussi jambes postérieures. D'autres chenilles ont des jambes membraneuses, placées entre les écailleuses & les postérieures; on leur donne le nom de jambes intermédiaires: c'est sur - tout par leur nombre & par leur arrangement, que l'on a distribué les chenilles en différentes classes.

La premiere comprend celles qui ont huit jambes intermédiaires, quatre de chaque côté, c'est - à - dire seize jambes en tout. Les huit jambes intermédiaires sont attachées à quatre anneaux consécutifs, de sorte qu'il n'y a que quatre anneaux qui n'ont point de jambes; savoir, deux entre la derniere paire de jambes écailleuses & la premiere paire d'intermédiaires, & deux entre la derniere paire de jambes intermédiaires & la paire de jambes postérieures. Les plus grandes especes de chenilles & les plus communes appartiennent à cette premiere classe.

Les chenilles que l'on a mises dans la seconde & la troisieme classe, n'ont que trois jambes intermédiaires de chaque côté, c'est - à - dire quatorze jambes en tout. La dirserence de ces deux classes est dans l'arrangement des jambes. Dans la seconde classe, il y a entre les jambes écailleuses & les intermédiaires, trois anneaux qui n'ont point de jambes, & deux entre les jambes intermédiaires & les postérieures; dans la troisieme classe au contraire, il n'y a entre les jambes écailleuses & les intermédiaires, que deux anneaux qui n'ayent point de jambes, & trois entre les jambes intermédiaires & les postérieures.

La quatrieme classe renferme aussi des chenilles à quatorze jambes, qui ont six jambes écailleuses & huit intermédiaires & membraneuses, placées comme dans les chenilles de la premiere classe; mais les jambes postérieures manquent: & dans la plûpart des especes de cette classe, le derriere est terminé par deux longues cornes qui ont de la solidité, qui sont mobiles, & qui renferment une corne charnue que la chenille peut faire sortir de son étui.

Les chenilles de la cinquieme classe n'ont que quatre jambes intermédiaires, c'est - à - dire douze jambes en tout: il y a entre les jambes écailleuses & les intermédiaires, quatre anneaux qui n'ont point de jambes, & deux entre les jambes intermédiaires & les poslérieures.

Dans la sixieme classe, les chenilles n'ont que deux jambes intermédiaires: il y a entre les jambes écailleuses & les intermédiaires, cinq anneaux sans jambes, & deux entre les jambes intermédiaires & les postérieures.

On a comparé à des arpenteurs les chenilles de ces deux classes à cause de leur démarche, parce qu'elles semblent mesurer le chemin qu'elles parcourent. Lorsqu'elles marchent, elles commencent par courber en haut la partie de leur corps où il n'y a point de jambes, & par ce moyen elles avancent les jambes intermédiaires auprès des écailleuses; ensuite elles élevent la partie antérieure du corps, & la portent en avant à une distance égale à l'espace qu'occupent les anneaux qui n'ont point de jambes, lorsqu'ils se trouvent placés en ligne droite, après que la chenille a fait la démarche que l'on pourroit appeller le premier pas, & ainsi de suite. Il y a beaucoup de ces chenilles, sur - tout de celles de la sixieme classe, qui semblent être roides comme des brins de bois, & qui en ont aussi la couleur, de sorte qu'à les voir on les prendroit pour du bois sec; elles se tiennent pendant des heures entieres dans des attitudes fort bilarres, en soûtenant leur corps dans une position verticale ou inclinée, quelquefois en ligne droite; d'autres fois elles restent courbées en différens sens. Elles sont fort petites pour la plupart.

Enfin toutes les jambes intermédiaires manquent aux chenilles de la septieme classe; elles n'en ont que huit en tout, six écailleuses & deux postérieures.

Chacune de ces classes comprend des chenilles de différens genres, & chaque genre a ses especes qui different par des caracteres que l'insecte présente à l'extérieur, ou qui ont rapport à sa façon de vivre.

On peut distinguer dans les chenilles de chaque classe trois différens degrés de grandeur; celles qui ont douze à treize lignes de longueur, lorsqu'elles ne s'étendent que médiocrement, & un peu moins de trois lignes de diametre, sont de grandeur moyenne; celles qui sont sensiblement plus grandes, doivent passer pour des chenilles de la premiere grandeur; enfin celles qui sont sensiblement plus petites, doivent être regardées comme des chenilles du dernier degré de grandeur, ou de petites chenilles.

Les chenilles rases sont aisées à distinguer de celles qui sont couvertes de poils, ou de corps analogues aux poils. Il y en a dont la peau est mince & si transparente, qu'on voit à travers dans l'intérieur du corps; d'autres ont une peau plus épaisse, & opaque; quelques - unes de celles - ci ont la peau lisse, luisante, comme si elle étoit vernie; d'autres l'ont matte. Il y a des chenilles qui passent pour être rases, quoiqu'elles ayent des poils en petit nombre ou peu sensibles; elles sont imparfaitement rases: on peut les distinguer de celles qui sont parfaitement rases. Il y en a qui ont la peau parsemée d'une infinité de petits grains comme du chagrin, c'est pourquoi on peut les appeller chenilles chagrinées. Plusieurs de ces chenilles ont sur le onzieme anneau une corne qui est ordinairement dirigée vers le derriere, & un peu courbée en arc. Il y a aussi des chenilles rases qui ont cette corne sans être chagrinées. Ordinairement toutes ces chenilles à corne ont le corps ferme. Ces cornes semblent être de vraie matiere de corne, & même de matiere osseuse. On regarde comme des chenilles rases, celles qui ont des tubercules arrondis ordinairement en portion de sphere, & distribués régulierement sur chaque anneau les uns au - dessous des autres, ou disposés en différens rangs sur des lignes paralleles à la longueur du corps. Quoiqu'il y ait des poils sur ces tubercules, comme ils sont en petit nombre, gros & assez courts, les chenilles qui les portent ne doivent pas pour cela être séparées des chenilles imparfaitement rases. Ce genre comprend plusieurs des plus grosses especes de chenilles, & de celles dont viennent les plus beaux papillons; par exemple celui que l'on appelle le grand paon.

Il y a des chenilles rases & des chenilles de quelques autres classes, qui ont sur la partie supérieure de leurs anneaux des contours moins simples que ceux des autres chenilles, & des inflexions différentes de la circulaire ou de l'ovale. Il y a d'autres chenilles dont le milieu du dessus de chaque anneau forme une espece de languette qui va recouvrir l'anneau qui le précede, & d'autres anneaux sont entaillés dans cet endroit.

Les chenilles qui ont sur la partie antérieure de la tête deux petites cornes ou antennes, sont faciles à reconnoître.

Celles qui sont hérissées de poils si gros & si durs qu'ils ressemblent en quelque façon à des épines, page n="291"> sont bien différentes des chenilles rases, puisqu'on pourroit leur donner le nom de chenilles épineuses. Il y a de ces épines qui sont simples & terminées en pointe, d'autres servent de tiges à des poils longs & fins qui en sortent, d'autres sont branchues ou fourchues; enfin elles different les unes des autres par la figure, la couleur, la grandeur, l'arrangement, & le nombre. On en voit de brunes, de noires, de jaunâtres, de violettes, &c. Ces épines sont arrangées avec ordre selon la longueur du corps, & selon son contour. Il y a des chenilles qui en ont quatre sur chaque anneau; d'autres cinq, six, sept, ou huit: c'est sur les anneaux qui sont après ceux des jambes écailleuses, & sur les premiers anneaux des jambes intermédiaires, qu'il faut compter les épines, de méme que les tubercules & les houppes dont on parlera dans la suite. Les épines n'empêchent pas de voir la couleur de la peau.

Les chenilles velues sont les plus communes: il y en a de plusieurs genres; les unes ont quelques parties du corps velues, tandis que le reste est presque entierement ras: on les a appellées demi - velues; celles qui sont entíerement velues, c'est - à - dire qui ont au moins quelques touffes de poils sur chacun de leurs anneaux, different les unes des autres par la longueur du poil: il y en a de velues à poils courts, & de velues à poils ras; quelques - unes de celles - ci ont le corps court & applati, de sorte qu'elles ressemblent à des cloportes: aussi les a - t - on nommées chenilles cloportes. On a appellé chenilles veloutées, celles qui ont les poils doux & serrés comme ceux d'un velours; & on nomme veloutées à poils longs, celles dont la peau est entierement cachée par les poils, quoiqu'ils soient d'une longueur inégale. Le poil de quantité de chenilles est disposé par bouquets, par houpes, par aigrettes. les touffes de poils partent de tubercules arrondis & hémisphériques, qui servent de base aux poils, & qui sont allignés suivant la longueur ou corps, & suivant la courbure de la partie supérieure de chaque anneau. Il y a des chenilles qui ont douze de ces tubercules ou de ces touffes de poils sur chacun de leurs anneaux; d'aut'es n'en n'ont que dix, huit, sept, six, ou même que quatre. Il est difficile de compter le nombre des touffes de poils; mais il est aisé de reconnoître ces chenilles par la maniere dont les poils sont implartés sur ces tubercules: dans les unes, ces poils sont perpendiculaires au tubercule; dans d'autres, ils sont inclinés. Il y en a qui forment des especes d'aigrettes; quelquefois ils sont tous dirigés vers la queue, d'autres fois ceux des anneaux postérieurs sont inclinés vers la tête, tandis que les autres le sont du côté opposé. On voit aussi sur certaines chenilles, que la moitié & plus des poils de chaque tubercule tendent en bas, & que les autres s'élevent: ceux - ci sont si petits dans d'autres especes, qu'ils n'ont pas la septieme ou huitieme partie des autres qui sont très - longs. Il y a des chenilles dont les poils sont presque tous dirigés en bas, de sorte qu'elles sont très - velues autour des jambes, & qu'elles ne le sont point sur le dos. Enfin, on trouve des chenilles dont les touffes de poils ne sortent pas de tubercules sensibles, & ne s'épanouissent pas en s'élevant, mais au contraire se resserrent dans le haut, comme les poils des pinceaux.

Les tubercules dont il a été question jusqu'ici, sont arrondis; mais il y en a qui sont charnus & faits en pyramide conique, élevée & garnie de poils sur toute sa surface. Certaines chenilles ont sur le dos une pyramide charnue & couverte de poils.

Il y a des chenilles velues qui ont sur le dos des houpes de poils qui ressemblent parfaitement à des brosses, & qui sont au nombre de trois, quatre, ou cinq, placées sur différens anneaux. On voit de ces chenilles qui ont sur le premier anneau deux aigret<cb-> tes, dirigées comme les antennes de plusieurs insectes: ces aigrettes sont compósées de poils qui ont des barbes comme les plumes. Ces mêmes chenilles ont une troisieme aigrette sur l'onzieme anneau, qui est dirigéo comme les cornes de quelques autres chenilles.

Il y a des chenilles velues qui ont des mammelons qui s'élevent & qui s'assaissent; on en voit sur d'autres qui ont une forme fixe, qui sont plus ou moins élevés, ras ou velus, placés en différens endroits, &c. Une belle chenille rase qui vit sur le fenouil, a une corne charnue en forme d'y, qui est placée à la jonction du premier anneau avec le cou: eette corne rentre en - dedans & sort au - dehors comme celles du limaçon.

Le corps des chenilles les plus commune, a un diametre à - peu - près égal dans toute son étendue; mais il y en a qui ont la partie antérieure plus déliée que la postérieure: dans d'autres, au contraire, cette partie est la plus petite, & elle est fourchue à l'extrémité.

Les couleurs des chenilles ne peuvent guere servir que de caracteres spécifiques; & il ne faut s'arréter qu'à celles qui paroissent lorsque la chenille a pris àpeu - près son accroissement, car les couleurs varient dans les autres tems, sur - tout lorsque celui de la metamorphose approche. Les poils sont aussi sujets à des variétés, ils paroissent & disparoissent dans certains tems; leurs couleurs varient aussi comme celles de la peau.

Les chenilles sont d'une seule ou de plusieurs couleurs très - vives, très - tranchées, distribuées par raies ou par bandes longitudinales ou transversales, par ondes ou par taches régulieres ou irrégulieres, &c.

Il y a des chenilles qui vivent seules sans aucun commerce avec les autres. Il y en a qui au contraire sont plusieurs ensemble jusqu au tems de leur premiere transformation: d'autres enfin ne se quittent pas même lorsqu'elles se changent en chrysalides.

On pourroit distinguer certaines chenilles par les plantes sur lesquelles elles vivent, & par les tems auxquels elles mangent: les unes ne prennent de nourriture que pendant la nuit, d'autres mangent à toutes les heures du jour, d'autres le soir & le matin. Il y a des chenilles qui se cachent dans la terre pendant le jour, & qu'on ne trouve sur les plantes que pendant la nuit; d'autres ne sortent jamais de la terre, & mangent des racines. On rencontre des chenilles qui se roulent en anneau des qu'on les touche; d'autres tombent à terre des qu'on ébranle les feuilles sur lesquelles elles sont posées; d'autres fuient avec plus ou moins de vîtesse lorsqu'on veut les prendre: il s'en trouve qui se fixent sur la partie antérieure de leur corps ou sur la posterieure, & qui agitent l'autre; enfin il y en a d'autres qui se contournent en différens sens, & avec beaucoup de promptitude & d'agilité.

Il y a dans les insectes une matiere écailleuse, analogue à la corne ou à l'écaille, qui leur tient lieu d'os. Cette matiere recouvre la tête des chenilles, & forme autour des jambes écailleuses une sorte d'étui qui renferme les museles; ces jambes sont terminées par un seul crochet dans la plûpart des chenilles. Il y a deux crochets dans quelques especes; ç'a été sans doute à cause de ces crochets que l'on a quelquefois donné le nom de crochet à la jambe entiere. Les jambes membraneuses s'allongent & se raccourcissent au point que dans certaines chenilles elles semblent rentrer entierement dans le corps; ces jambes sont terminées par une sorte de pié qui prend différentes formes, & qui est termine par une file de crochets de consistence de corne ou d'écaille, & de couleur brune; ils sont recourbés en - dedans, & rangés en demi-couronne sur le bout du pié. On en a compte plus [p. 292] de quarante & prês de soinante dans certaines chenilles. D'autres chenilles ont le bout du pié entouré par une corne entiere de ces petits crochets. C'est au moyen de tous ces crochets que les chenilles se cramponnent sur différens corps; & comme elles peuvent varier la forme de leur pié, elles peuvent aussi embrasser & saisu de petits corps de différentes figures, & faire plusieurs petites manoeuvres asiez singulieres.

La premiere classe des chenilles, qui est très - nombreuse, peut être divisée en trois autres classes par les différences qui se trouvent dans les jambes intermédiaires. La premiere de ces classes comprendra toutes les chenilles à seize jambes, dont les huit jambes intermédiaires sont plissées, & n'ont qu'une demi-couronne de crochets. On rangera dans la seconde classe les chenilles dont les jambes sont encore assez mal façonnées, mais entourées d'une couronne complete ou presque complete de crochets; & on mettra dans la troisieme classe celles qui ont les jambes bien tendues & sans plis, quoique terminées par une couronne complete de crochets.

La tête des chenilles semble tenir au premier anneau; cependant il y a un cou, mais il est trop court & trop replié pour être vû. La tête est principalement composée de deux grandes pieces écailleuses posées de côté & d'autre en forme de calote. Il y a une troisieme piece sur le devant de la tête qui est beaucoup plus petite que les deux autres, & de figure triangulaire. Il reste entre les deux grandes pieces en - dessous & au - devant de la tête, une ouverture dans laquelle est la bouche de l'insecte. Cette bouche a deux levres; une en - haut & l'autre en - bas; & deux dents larges & épaisses, une de chaque côté. La levre de dessus est échancrée par le milieu; celle du dessous est refendue en trois parties, jusqu'auprès de sabase. C'est au moyen de ces deux dents, qui sont aux côtés de la bouche, que les chenilles coupent par petits morceaux les feuilles dont elles se nourrissent. Ces insectes ont dans l'intérieur de la bouche une convexité charnue & rougeâtre, qui s'éleve du bas de la bouche jusqu'à la hauteur du milieu des dents, & qui paroît tenir lieu de langue. Il y en a qui détachent seulement le parenchime des feuilles, sans prendre les fibres; mais la plûpart prennent les feuilles dans toute leur épaisseur. On a observé qu'une chenille de l'espece connue sous le nom de ver - à - soie, mange en un jour autant pesant de feuilles de murier, qu'elle pese elle - même. Il y en a d'autres qui prennent chaque jour une quantité d'alimens pesant plus de deux fois autant que leur corps: ces chenilles croissent à proportion, & parviennent en peu de tems au dernier degré d'accroissement. Il y a une pyramide charnue qui occupe le milieu de la levre inférieure, & il se trouve près de la sommité de cette pyramide une filiere d'où sort la soie que filent les chenilles.

On voit sur la tête, près de l'origine des dents, deux petites cornes mobiles; & sur le devant de la tête, & un peu sur le côté, six petits grains noirs posés sur un arc de cercle, convexes & transparens: on présume que ce sont les yeux de la chenille. Il y a sur tous les anneaux des chenilles, à l'exception du second, du troisieme, & du dernier, deux taches ovales, une de chaque côté, placées plus près du ventre que du dos; le grand diametre de l'ovale suit la courbure de l'anneau, & il est transversal par rapport à la longueur du corps de la chenille. La figure de cette ovale est imprimée en creux sur la peau; c'est pourquoi on a donné à ces cavités le nom de stigmates: ce sont des ouvertures par lesquelles l'air entre dans les poumons de l'insecte. Voyez Stigmates.

Les chenilles changent plusieurs fois de peau avant de se transformer en chrysalide: on a observé que le ver - à - soie se défait quatre fois de la sienne; il se dépouille pour la premiere fois le 10, 11, ou 12e jour après qu'il est éclos. Cinq jours & demi ou six jours après qu'il s'est dépouillé de la premiere peau, il quitte la seconde; fi la troisieme dure plus que la seconde, ce n'est que d'un demi - jour, & la quatrieme tombe six jours & demi, on sept jours & demi après qu'elle a paru. Les chenilles quittent non - seulement leur peau, mais aussi tout ce qui paroît à l'extérieur; les poils, les fourreaux des jambes, les ongles des piés, les parties dures de la tête, les dents, &c. de sorte qu'à voir la dépouille d'une chenille, on la prendroit pour une chenille entiere. Ce dépouillement doit être pénible pour l'infecte; aussi cesse - til de manger un jour ou deux auparavant; il devient languissant, ses couleurs s'affoiblissent, sa peau se desseche; il s'agite, il gonsle quelques - uns de ses anneaux, & c'est ordinairement par l'effort de cette dilatation que - la peau commence à se fendre sur le second ou le troisieme anneau. La fente s'étend depuis le premier anneau jusqu'au - de - là du quatrierne; alors la chenille se courbe en - haut pour tirer sa têto de l'étui dont elle doit sortir, & ensuite elle se porte en avant pour débarrasser la partie postérieure de son corps. La dépouille reste en place, parce qu'elle est accrochée à une toile de soie. On a remarqué que les chenilles qui n'ont pas toûjours des nids de soie, en font avant que de se dépouiller. Enfin la chenille, au sortir de sa dépouille, paroît avec une peau nouvelle, & des couleurs toutes fraîches. La durée de ce travail n'égale pas celle d'une minute. Si on enleve la peau d'une chenille velue, lorsqu'elle est sur le point de la quitter elle - même, on trouve tous les poils de la nouvelle peau couchés sous la peau extérieure. Lorsque la chenille s'est dépouillée naturellement, on la trouve considérablement plus grosse qu'elle n'étoit avec la dépouille, sur - tout le crâne, c'est - à - dire les pieces écailleuses de la tête. On a observé que la grandeur du vieux crâne qu'un ver - à - soie a quitté, n'est quelquefois que le tiers ou le quart de celle du nouveau.

Lorsque les chenilles quittent leur derniere peau, elles en sortent métamorphosées en chrysalides; on ne voit plus la figure d'une chenille. Celle de la plûpart des chrysalides approche du cone, on n'y voit ni jambes ni aîles, le seul mouvement qu'elles se donnent est dans les anneaux dont la partie postérieure est composée; c'est la seule qui paroisse animée. Au reste, la chrysalide semble n'être qu'une masse brute, & elle ne prend aucune nourriture, voyez Chrysalide. Cependant c'est de cette chrysalide que sortira le papillon: il est déjà formé dans la chrysalide, il l'est même dans la chenille; car si on enleve la peau à une chenille un jour ou deux avant celui de la métamorphose, on met le papillon à découvert, & on distingue toutes ses parties, même ses oeust. Pour cela, il faut avoir gardé la chenille pendant quelques jours dans du vinaigre ou de l'esprit de vin, afin de rendre ses parties assez fermes pour être dissequées. Il y a des chenilles qui filent des coques de soie dans lesquelles elles se transforment. Tout le monde connoît celles des vers - à - soie; mais les coques des différentes especes de chenilles different beaucoup les unes des autres pour la figure, la structure, la façon d'être suspendues, attachées, travaillées, &c. Il y a des chenilles qui font leur coque avec de la terre & de la soie, ou de la terre seule; elles se métamorphosent sous terre. Il y en a d'autres qui ne font point de coques, & qui ne se cachent pas dans la terre; elles se retirent seulement dans des trous de murs, dans des creux d'arbres, &c. On rencontre souvent de ces chrysalides dans différentes positions, &c. Quelques jours avant la métamorphose, on ne voit plus manger les chenilles;

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