ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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on décora le même lieu; cinq furent placés au midi,
& cinq au septentrion. Les pincettes & les mouchettes
qui accompagnoient les chandeliers de Moyse
& de Salomon étoient d'or. Au retour de la captivité
on restitua dans le temple un chandelier d'or,
qu'on fit sur le modele du chandelier de Moyse. Le
second fut emporté par les Romains avec d'autres
richesses qu'ils trouverent dans le temple. Ils le placerent
avec la table d'or dans le temple que Vespasien fit élever sous le titre de la paix; & l'on voit
encore aujourd'hui sur l'arc de cet empereur, ce
chandelier parmi les dépouilles qui ornerent son triomphe.
Le chandelier de la vision du prophete Zacharie
étoit aussi à sept branches; il ne différoit de ceux
de Moyse & de Salomon, qu'en ce que l'huile passoit
dans les lampes par sept canaux qui sortoient
du fond d'une boule élevée à leur hauteur, & qu'elle
descendoit dans cette boule par le petit bout de
deux conques qui la recevoient latéralement par
leurs grandes ouvertures, degouttante des feuilles
de deux oliviers placés à chacun de ses côtés.
Chandeliers, (les)
(Page 3:124)
Chandeliers, (les) Art milie. dans la guerre
des siéges sont composés de deux pieces de bois paralleles,
sur lesquelles sont élevées perpendiculairement
deux autres pieces, ensorte qu'il forme ainsi
une espece de coffre qu'on remplit de fascines. Voyez
la figure, Pl. XIII. de fortific.
On se sert quelquefois du chandelier pour se couvrir
plus promptement du feu de l'ennemi. Le chevalier
de Saint - Julien rapporte dans son livre de la
forge de Vulcain, qu'un officier Vénitien voyant un
sergent qui demandoit des chandeliers pour se couvrir
dans un poste avancé, s'écria devant tout le
monde: che diavolo vuol cy li far de chandelieri, che fa
tanta lace?
« que diable veut - il faire de chandeliers,
qu'il fait si clair »;
car c'étoit en plein midi. Ces
sotises qui font rire toute une armée, ajoûte cet auteur,
font voir aux jeunes officiers qu'ils ne doivent
rien négliger pour être instruits des termes de leur
profession. (Q)
Chandeliers,
(Page 3:124)
Chandeliers, en terme de Marine, sont des pieces
de bois ou de fer faites en forme de fourches,
ou percées seulement pour recevoir & soûtenir différentes
choses: elles varient suivant l'usage auquel
on les destine. Voici les divers chandeliers:
Chandeliers de pierriers, ce sont des pieces de bois
attachées ensemble & percées en long, sur lesquelles
on pose le pivot de fer sur lequel le pierrier
tourne.
Chandelier de fer de pierrier, est une fourche de fer
avec deux anneaux qui soûtiennent les deux tourillons
du pierrier; cette fourche de fer tourne sur un
pivot dans un chandelier de bois.
Chandeliers de chaloupe, sont deux fourches de fer
qui servent à soûtenir le mât, lorsqu'on ne s'en sert
pas, & que la chaloupe va à la rame.
Chandeliers de petits bâtimens, ce sont des appuis
de bois qu'on voit sur le pont de quelques petits bâtimens,
& qui servent à appuyer & soûtenir le mât
lorsqu'il est amené sur le pont.
Chandeliers d'échelles, ce sont des chandeliers de
fer à têtes rondes, qu'on met des deux côtés de l'échelle;
on y attache des cordes qu'on laisse traîner
jusqu'à l'eau, & quiservent à soulager ceux qui montent
dans le vaisseau ou qui en descendent.
Chandeliers de fanal, c'est un grand fer avec un pivot
sur lequel on pose un fanal à la poupe. (Z)
Chandelier,
(Page 3:124)
Chandelier, en Hydraulique, differe d'un champignon
en ce qu'il ne fait point nappe, & que son.
eau va former un autre chandelier plus bas. Le jet
d'un chandelier est ordinairement plus élevé que celui
d'un bouillon, à moins que pour le faire paroî<cb->
tre plus gros on ne le noye, & alors l'eau retombe
en nappe. Voyez Noyer. (K)
Chandelier,
(Page 3:124)
Chandelier, (mettre en) Agricult. Jardinage.
maniere de tailler les arbres, qu'on prétend être
pernicieuse, & qui consiste à n'y laisser que cinq ou
six grosses branches nues, & à couper tous les ans
les branches nouvelles qui croissent sur les précédentes,
sous prétexte qu'elles ôtent de la force à l'arbre,
& qu'elles empêchent les fruits d'être gros.
Voyez Taille.
Chandelier,
(Page 3:124)
* Chandelier, s. m. Marchand ou ouvrier autorisé
à faire & vendre de la chandelle, en qualité
de membre de la communauté des chandeliers. Cette
communauté est ancienne: ses premiers statuts sont
de l'année 1061. L'apprentissage à Paris est de six
ans, après lesquels il y a deux années de compagnonage.
Quatre jurés, dont deux se renouvellent
tous les ans, font les affaires de la communauté.
Outre les maîtres de cette communauté, il y a douze
chandeliers privilégiés. Voyez l'art. Chandelle.
CHANDELLE
(Page 3:124)
* CHANDELLE, s. f. (Art méchaniq.) petit cylindre
de suif, dont une meche de fil de coton occupe
le centre d'un bout à l'autre, qu'on allume, &
qui sert à éclairer.
On fabrique deux sortes de chandelles; les unes
qu'on appelle chandelles plongées, les autres chandelles moulées. Nous en allons expliquer le travail séparément,
après avoir fait précéder les opérations
qui leur sont communes.
Quelle que soit la sorte de chandelle qu'on veuille
fabriquer, on commence par préparer la quantité
de meches dont on a besoin, relativement à la quantité
de suif qu'on veut employer. Le Chandelier achete
le coton en écheveaux; il le dévide & le met en pelotons
sur des tournettes. Voyez l'artic. Tournette. Il porte son coton en pelotons dans un panier,
appellé panier aux pelotes, vers le couteau à meches ou
le banc à couper les meches, car le même instrument a
ces deux noms. Il est composé d'un dessus a b, monté
sur deux piés c d; ce dessus est divisé en deux parties
dont l'une e porte une broche perpendiculaire
de fer f, & se meut à coulisse dans l'entaille g h de
l'autre partie, sur le bout de laquelle on a placé
verticalement le couteau large, tranchant & arrondi
par l'extrémité k. Le Chandelier s'assied devant ce
banc; il en prend la coulisse par le bouton qu'on
appelle naud l; il éloigne la broche f du couteau k,
de tel intervalle qu'il le desire; cet intervalle doit
être déterminé par la longueur des chandelles qu'il se
propose de fabriquer. Il fixe la coulisse à cette distance
du couteau, par le moyen d'une vis placés
sous le banc. Cela fait, il prend ensemble les bouts
de deux, trois, ou quatre pelotons, selon le nombre
de brins dont il veut que ses meches soient formées;
& ce nombre dépend du poids & de la grosseur
qu'il veut donner à sa meche & à sa chandelle.
La meche ne doit être ni trop menue ni trop grosse:
trop menue, la flamme ne consumant pas assez de
suif, la meche pour ainsi dire étouffée ne donne
pas assez de lumiere; trop grosse, la flamme consumant
le suif qui l'entoure avec trop de vîtesse, bientôt
la meche n'est plus nourrie, & l'on est mal éclairé.
Il est donc important à la qualité de la chandelle de
bien proportionner la grosseur de la meche à la grosseur
de la chandelle. On tire tous les brins des pelotons
en même tems; les pelotons se dévident; on
passe une des portions de la longueur dévidée d'un
côté de la broche, & l'autre portion de l'autre côté,
ensorte que la broche en soit embrassée; on porte
ces deux portions réunies au buteau; on coupe
celle qui est continue aux pelotes, précisément au
ras de l'autre, sans lâcher les brins; on prend les
deux portions qui embrassent la broche par leurs extrémités;
on les place entre les paumes des deux
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mains, & en glissant ces paumes en sens contraire,
on roule les deux portions de la meche l'une sur
l'autre, & il se forme à son ext>mité une boule
qu'on appelle le cellet, dans laquelle la broche est
co>rise. Voilà une meche faite; on en fait de la
même maniere tant que la broche en peut contenir,
& elle en contient plus ou moins, selon qu'elles sont
plus ou moins grosses: il est évident qu'elles sont
toutes de la même grosseur & de la même longueur,
puisqu'elles sont toutes du même nombre de brins,
& coupées toutes sur la même distance de la broche
au couteau. Quand la broche est pleine de meches,
on prend une de ces baguettes minces qu'on appelle
broches à chandelles, & on les passe de dessus la broche du banc sur la broche à chandelle. Il y a des couteaux
à couper les meches sans piés; on les pose
sur les genoux, & on s'en sert comme nous venons
de dire: il est clair que par la commodité qu'on a
de fixer la piece à coulisse du banc à telle distance
du couteau qu'on le souhaite, le même banc peut
servir à faire des meches de telle grosseur & longueur
qu'on voudra.
Lorsqu'on a des baguettes chargées de meches
convenablement, je dis convenablement, car on en
met plus ou moins sur une baguette, selon le nombre
de chandelles qu'on veut à la livre: il y a sur une
baguette seize meches des huit à la livre, dix - huit
meches des douze à la livre, & ainsi du reste; alors
on met fondre le suif. Le Chandelier reçoit le suif
du boucher en gros pains qu'on nomme jatte. (Voyez
à l'article Suif comment le suif se met en jatte.) Il
suffit de remarquer ici qu'il y en a de deux sortes,
l'un de brebis & de mouton, & l'autre de bocuf &
de vache; qu'il n'est pas permis au chandelier d'en
employer d'autres, & que la proportion prescrite
par les réglemens & exigée pour la bonne qualité
de la chandelle, entre ces deux suifs, est de moitié
par moitié. Comme la masse d'une jatte est trop considérable
pour fondre facilement, & que le suif en
restant trop sur le feu pourroit se noircir & se brûler,
la premiere opération du Chandelier est de dépecer
son suif, ce qu'il exécute sur la table qu'on
voit fig. >. du Chandelier; elle est montée à l'ordinaire
sur des piés 1,2,3,4. Ces piés soûtiennent le dessus 5;
ce dessus est bordé de tout côté par des planches assemblées
entr'elles & avec le dessus, & hautes de sept
à huit pouces, 6,7,8,9; ces planches servent à contenir
les morceaux de suif quand on dépece. La planche
ou le rebord de devant est coupé dans le milieu
pour la commodité de celui qui travaille. Au fond
de la table, sur le dessus, en - dedans, contre le rebord
du fond, est cloué un petit linteau de bois 11,
12, sur le milieu duquel il y a un crochet 13 qui s'insere
dans un anneau pratiqué à l'extrémité de la
branche d'un grand couteau, qu'on appelle couteau
à dépecer ou dépeçoir; l'ouvrier prend ce couteau par
son manche & hache le suif en morceaux. Quand il
est haché, il le jette dans une grande chaudiere de
cuivre posée sur un trepier; il met le feu sous cette
chaudiere; le suif fond; il l'écume; & quand il est
fondu, pour le clarifier, il y lâche une petite quantité
d'eau qu'on appelle le filet. Il survuide le suif de
cette chaudiere à - travers un tamis dans une cuve;
cette cuve a une canelle à trois ou quatre doigts du
fond; le suif peut s'y tenir chaud de lui - même pendant
vingt - quatre heures en été, & pendant seize
en hyver. Il faut l'entretenir fluide par le moyen du
feu, quand on ne peut l'employer tout dans cet intervalle.
On l'y laisse reposer trois heures avant que
de s'en servir, mais au bout de ce tems on en tire
par la canelle dans l'abysme pour les chandelles plongées,
dans la burette pour les chandelles moulées.
Travail des chandelles plongées. L'abysme, qu'on
appelle aussi moule, est un prisme triangulaire creux,
fixé, comme on voit fig. 3. par un de ses c>és, sur
une table g h e i, de maniere qu'uns des faces de ce
prisme est parallele à cette table; cette face parallele,
qui a son couvercle mobile, sert d'ouverture
à l'abysme dont le côté a b, est d'environ dix pouces,
& le côté a s d'environ qui>e: il y a à chaque
bout une anse. La table sur laquelle l'abysme est
sixé a des rebords qui forment tout aut our, excepté
au côté g h, une rigole qui reçoit le suif fluide qui
découle des chandelles tandis qu'on les fabrique, &
le renvoye dans un vaisseau placé sous g h. L'ouvrier peut s'asseoir devant ce vaisseau.
Lorsque l'abysme est presque rempli de suif, l'ouvrier
prend entre ses doigts deux baguettes chargées
de meches; il tient l'une entre l'index & le
doigt du milieu des deux mains, & l'autre entre
l'annulaire & le petit doigt. Il en couche les meches
sur le suif deux ou trois fois; les relevant à
chaque fois, & les tenant un instant verticales sur
l'abysme pour leur donner le tems de prendre suif
& d'égoutter. Cette premiere façon s'appelle pli><->
gure; & la maniere de la donner, plinger. Il porte
les meches plingées sur son établi, qu'on voit fig. 4.
Ce n'est autre chose qu'une grande & forte table
sans dessus, de dix à douze piés de long, de cinq à
six de hant, & de deux à deux & demi de large;
les quatre piliers des coins 1, 2, 3, 4, en sont entaillés
à la partie supérieure; les entailles 1, 2, 3, 4,
sont toutes quatre dans la même direction, & selon
la longueur de la table: elles sont destinées à recevoir
les bouts des deux barres qu'on y voit placées,
& qu'elles contiennent. C'est sur ces barres que l'ouvrier
pose ses brochées de chandelles pour s'essuyer.
Il y a sous cette table une espece d'auge de la grandeur
de la table même, mais dont la profondeur est
à peine de trois ou quatre pouces; il reçoit les gouttes
de suif qui tombent du bout des chandelles qui
viennent d'être plingées. Le Chandelier plinge tout
de suite toutes ses brochées; observant à mesure
qu'il travaille de rasraîchir son abysme avec du suif
tiré de la cuve, de l'entretenir à - peu - près plein,
de remuer le fond de son abysme avec un bâton
qu'on appelle un mouvoir, & d'enlever de ses bords
supérieurs, mais sur - tout de celui de devant où il
frotte sans cesse l'extrémité de ses chandelles à mesure
qu'il travaille, le suif qui s'y fige en assez grande
quantité: ce qu'il exécute avec sa truelle.
Lorsque ses brochées sont suffisamment essorées,
il les remet; remettre, c'est donner la seconde façon
qui s'appelle remise; à la remise, les chandelles ne se
plongent que deux fois: toutes les autres trempées
ou couches suivantes se donnent à trois; mais il n'y
a que les dernieres qui ayent des noms. Lorsqu'on
les a multipliées au point que les chandelles ont presque
la grosseur qu'on leur desire, & qu'il n'en reste
plus que trois à donner, on dit de l'antépénultieme
qu'elle les met prêtes, de la pénultieme qu'elle les racheve, & de la derniere qu'elle les collete. Colleter,
c'est enfoncer la chandelle dans l'abysme jusqu'à ce
que le suif soit monté entre les deux portions de la
boucle appellée collet, que la meche forme à l'extrémité
de la chandelle, & tienne ces deux portions séparées
en s'y figeant.
Lorsque les chandelles sont colletées &c froides, on
les coupe. Cette opération se fait sur une plaque de
cuivre qu'on tient élevée sur un feu modéré, & contre
laquelle on applique, quand elle est chaude, le
cul d'un grand nombre de chandelles à la fois. Cette
partie se fond, s'applatit, & les chandelles sont coupées.
Il ne reste plus apre>s cela qu'à les mettre en
livres, si on les veut vendre en détail; ou en caisse,
si on veut les envoyer ou les garder.
Il y a des chandelles plongées de quatre, de six,
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