ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"190"> le plus ordinairement, lorsqu'il veut le faire passer dans une combinaison nouvelle; car il est toûjours forcé à enlever ce principe à un corps auquel il étoit uni déjà, lorsqu'il veut le fixer par des liens nouveaux; le feu libre & en masse ne sauroit être forcé à subir ces mixtions, du moins par les opérations connues & vulgaires; nous n'opérons donc jaais en Chimie que sur le feu lié ou fixé que nous appellons aujourd'hui phlogistique avec Sthal; mais nous ne sommes pas en droit de prononcer pour cela, comme quelques Chimistes, que ce feu fixe, ce phlogistique, differe essentiellement du feu fluide, de celui qui se meut librement dans tous les corps; les regles de la bonne induction ne permettent pas même de soupçonner cette différence essentielle. Voyez Feu.

C'est comme fournissant le principe inflammable que le charbon est employé dans les réductions, soit en grand, soit en petit (Voyez Réduction & Fonte à travers les charbons ) dans la composition des phosphores, de plusieurs pyrophores, d soufre artificiel, dans la fixation du nitre, &c.

Les funestes effets de la vapeur du charbon, stagnante dans un lieu fermé ou peu aëré, ne sont connus que par trop d'accidens. La nature de cette vapeur n'est point du tout déterminée; elle ne s'éleve que du charbon brûlant à l'air libre, ou se détruisant actuellement; le charbon embrasé dans les vaisseaux fermés ne la laisse point échapper. La considération de cette circonstance ne doit pas être négligée. Les vertus médicinales du charbon (car on lui en a donné, comme à l'éponge brûlée dans les écrouelles commençantes, au charbon de tilleul dans les convulsions, au spode des modernes ou ivoire calciné des boutiques, au spode des Arabes ou charbon de roseaux, &c.) ces vertus médicinales, dis - je, ne sont pas confirmées par l'observation; & la Médecine rationelle, qu'on peut écouter lorsque l'observation ne lui est pas contraire, n'est pas plus favorable à ces prétendues vertus. (b)

Charbon Minéral, (Page 3:190)

Charbon Minéral, (Hist. nat. Minéral.) c'est une substance inflammable composée d'un mêlange de terre, de pierre, de bitume, & de soufre: elle est d'un noir foncé, formée par un assemblage de feuillets ou de lames minces étroitement unies les unes aux autres, dont la consistence, les propriétés, les effets, & les accidens, varient suivant les différens endroits d'où elle est tirée. Quand cette matiere est allumée, elle conserve le feu plus long - tems, & produit une chaleur plus vive qu'aucune autre substance inflammable: l'action du feu la réduit ou en cendres, ou en une masse poreuse & spongieuse qui ressemble à des scories ou à de la pierre ponce.

On distingue ordinairement deux especes de charbon minéral: la premiere est grasse, dure, & compacte; sa couleur est d'un noir luisant, comme celle du jayet: il est vrai qu'elle ne s'enflamme pas trop aisement; mais quand elle est une fois allumée, elle donne une flamme claire & brillante, accompagnée d'une fumée fort épaisse: c'est la meilleure espece.

Les charbons de la seconde espece sont tendres, friables, & sujets à se décomposer à l'air; ils s'allument assez aisément, mais ils ne donnent qu'une flamme passagere & de peu de durée; ils sont inférieurs à ceux de la premiere espece: c'est la différence qui se trouve entre ces deux especes de charbons fossiles, qui semble avoir donné lieu à la distinction que quelques auteurs font du charbon de terre & du charbon de pierre. Les charbons fossiles de la premiere espece se trouvent profondément en terre, & ils contiennent une portion de bitume plus considérable que ceux de la seconde: en effet ces derniers se trouvent plus près de la surface de la terre; ils sont mêlés & confondus avec elle, & avec beaucoup de matieres étrangeres, & leur situation est vrais<cb-> semblablement cause qu'ils ont perdu la partie la plus subtile du bitume qui entre dans leur composition.

Les sentimens des Naturalistes sont partagés sur la formation & sur la nature du charbon minéral, aussi - bien que sur celle du succin & du jayet: il y en a qui croyent que Dieu les a créés dès le commencement, comme toutes les autres substances minérales; d'autres veulent qu'ils n'ayent pris la forme que mous y remarquons que par la suite des tems, & sur - tout en conséquence du déluge universel: ils croyent que le charbon mineral n'est autre chose que du bois décomposé & changé en limon, qui a été imprégné de parties vitrioliques & sulphureuses.

Scheuchzer, sans avoir recours au déluge universel pour expliquer la formation du charbon de terre, ne le regarde que comme un assemblage de limon, de bitume, de pétrole, de soufre, de vitriol, & de bois, qui après s'être mêlés, se sont durcis avec le tems, & n'ont plus formé qu'une seule & même masse.

Il y a d'autres Naturalistes qui regardent cette substance comme du bitume mêle avec de la terre, qui a été cuit & durci par l'action du feu soûterrain.

Le sentiment de M. Wallerius, savant minéralogiste Suédois, est que les charbons fossiles sont produits par une huile de pétrole ou par du naphte, qui après s'être joints avec de la marne ou du limon, se sont durcis par la suite des tems, & ont formé des couches de charbon, après qu'une vapeur sulphureuse passagere est venue à s'y joindre.

Quoi qu'il en soit de tous ces sentimens, il paroît très - probable qu'on doit attribuer au charbon minéral, ainsi qu'aux différens bitumes, au jayet & au succin, une origine végétale; & il semble qu'en rapprochant toutes les circonstances, on ne trouvera rien de plus plausible que ce sentiment. Les veines & couches de charbon minéral sont ordinairement couvertes d'une espece de pierres feuilletées & écailleuses, semblables à l'ardoise, sur lesquelles on trouve très - souvent des empreintes de plantes des forêts, & sur - tout de fougere & de capillaire, dont les analogues ne sont point de notre continent: c'est ce qu'on peut voir dans l'excellent mémoire que M. de Jussieu a donné sur les empreintes qui se trouvent dans certaines pierres des environs de S. Chaumont en Lyonnois. Voyez les Mém. de l'Académ. royale des Sciences de Paris, année 1718. Il arrive très - souvent qu'on remarque une texture parfaitement semblable à celle des couches ligneuses, dans les feuilles ou lames dont le charbon minéral est composé; & Stedler rapporte qu'on a trouvé en Franconie, près de Grunsbourg, une espece de charbon de terre qui étoit composé de fibres ou de filamens paralleles les uns aux autres, comme ceux du bois: le même auteur ajoûte que quand on cassoit ce charbon, l'endroit de la fracture étoit lisant comme de la poix. Un autre auteur dit qu'au duché de Wirtemberg, près du couvent de Lorch, dans des lits d'argille vitriolique & grise, on a trouvé du charbon fossile, qui par l'arrangement de ses fibres prouve qu'il doit son origine à du bois de hêtre. Voyez selecta physico - OEconomica, vol. I. p. 442.

Mais ce qui prouve encore d'une maniere plus convaincante que c'est à du bois que le charbon terre doit son origine, c'est le bois fossile qui a été trouvé depuis quelques années en Allemagne, dans le comté de Nassau: il est arrangé dans la terre, & y forme une couche qui a la même direction que celle du charbon minèral, c'est à - dire qui est inclinée à l'horison. A la surface de la terre on rencontre un vrai bois résineux, assez semblable à celui du gayac, & qui n'est certainement point de notre continent: plus on enfonce en terre, plus on trouve ce bois décomposé, c'est - à - dire friable, feuilleté, & d'une [p. 191] consistence terreuse; enfin en fouillant plus bas encore, on trouve un vrai charbon minéral.

Il y a donc tout lieu de croire que par des révolutions arrivées à notre globe dans les tems les plus reculés, des forêts entieres de bois résineux ont été englouties & ensevelies dans le ein de la terre, où peu - à - peu & au bout de plusieurs siecles, le bois, après avoir souffert une décomposition, s'est ou changé en un limon, ou en une pierre, qui ont été pénétrés par la matiere résineuse que le bois lui - même contenoit avant sa décomposition.

On trouve du charbon minéral dans presque toutes les parties de l'Europe, & sur - tout en Angleterre: ceux qui se tirent aux environs de Newcastle sont les plus estimés; aussi font - ils une branche très - considérable du commerce de la grande Bretagne. Il y en a des mines très - abondantes en Ecosse, où l'on en trouve entre autres une espece qui a assez sistence pour prendre le poli à un certain poin Anglois le nomment cannel coal: on en fait des boîtes, des tabatieres, des boutons, &c. La Suede & l'Allemagne n'en manquent point, non plus que la France, où il s'en trouve une très - grande quantité de la meilleure espece. Il y en a des mines en Auvergne, en Normandie, en Hainaut, en Lorraine, dans le Forès, & dans le Lyonnois.

Les mines de charbon se rencontrent ordinairement dans des pays montueux & inégaux: on a pour les reconnoître des signes qui leur sont communs avec les autres especes de mines métalliques. Voyez l'art. Mines. Mais ce qui les caractérise plus particulierement, c'est qu'on trouve dans le voisinage des mines de charbon, des pierres chargées d'empreintes de plantes, telles que sont les fougeres, les capillaires, &c. L'air est souvent rempli de vapeurs & d'exhalaisons sulphureuses & bitumineuses, sur - tout pendant les fortes chaleurs de l'été. Les racines des végétaux qui croissent dans la terre qui couvre une pareille mine, sont imprégnées de bitume, comme on peut remarquer à l'odeur forte qu'elles répandent lorsqu'on les brûle; odeur qui est précisémeut la même que celle du charbon de terre. Les endroits d'où l'on tire de la terre alumineuse, & de l'alun qu'on nomme alun feuilleté, alumen fissile, indiquent aussi le voisinage d'une mine de charbon. M. Triewald, qui a fourni à l'Académie des Sciences de Stockolm des mémoires très - detaillés sur les mines de charbon de terre, donne deux manieres de s'assûrer de leur présence: la premiere consiste à faire l'examen des eaux qui sortent des montagnes, & des endroits où l'on soupçonne qu'il peut y avoir du charbon; si cette eau est fort chargée d'ochre jaune, qui après avoir été séchée & calcinée, ne soit presque point attirable par l'aimant, on aura raison de fouiller dans ces endroits: la seconde maniere, que les mineurs Anglois regardent comme la plus certaine, & dont ils font un très - grand mystere, est fondée sur ce qu'en Angleterre il se trouve très - souvent de la mine de fer mêlée avec le charbon de terre: on prend donc une ou plusieurs pintes de l'eau qui est chargée d'ochre jaune, on la met dans un vaisseau de terre neuf vernissé, & on la fait évaporer peu - à - peu à un feu très - modéré; si le sédiment qui reste au fond du vaisseau après l'évaporation est d'une couleur noire, il y aura toute apparence, suivant M. Triewald, que l'eau vient d'un endroit où il y a une mine de charbon. Outre les différentes manieres que nous venons de dire on se sert encore de la sonde ou tarriere; c'est vraissemblablement la méthode la plus sûre: on la trouvera représentée dans la Pl. I. du charbon minéral, & l'on en donnera la description ou l'explication à l'article Sonde des mines.

Le charbon minéral se trouve ou par couches ou par veines dans le sein de la terre: ces couches v<cb-> rient dans leur épaisseur, qui n'est quelquefois que de deux ou trois pouces; pour lors elles ne valent point la peine d'être exploitées: d'autres au centraire ont une épaisseur très - considérable. On dit qu'en Scanie, près de Helsingbourg, il y a des couches de charbon de terre qui ont jusqu'à 45 piés d'épaisseur. Ces couches ou ces filons suivent toûjours une direction parallele aux différens lits des pierres ou des différentes especes de terre qui les accompagnent: cette direction est toûjours inclinée à l'horison; mais cette inclinaison varie au point de ne pouvoir être déterminée: cependant pour s'en former une idée, le lecteur pourra consulter parmi les Planches de Minéralogie, celles du charbon minéral.

On verra aux figures 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 9, les différentes inclinaisons & directions que l'on a remarquées dans les mines de charbons de terre. La partie qui est plus proche de la surface, se nomme en Anglois the cropping of the coal; le. charbon qui s'y trouve est d'une consistence tendre, friable, & se confond avec la terre: au lieu que plus la mine s'enfonce profondément en terre, plus elle est riche & épaisse, & le charbon qu'on en tire est gras, inflammable, & propre à faire de bon chauffage; aussi arrive - t - il ordinairement qu'on est forcé d'abandonner les mines de charbon lorsqu'elles sont les plus abondantes; parce que quand on est parvenu à une certaine profondeur, les eaux viennent avec tant de force & en si grande quantité, qu'il est impossible de continuer le travail.

Le charbon fossile se rencontre entre plusieurs lits de terres & de pierres de différentes especes; telles que l'ardoise, le grais, des pierres plus dures, que les Anglois nomment whin; des pierres à siguiser, des pi<-> res à chaux, entro - mêlées d'argille, de mare, de sable, &c. Ces diffétens lits ont différentes épaisss que l'on ne peut point déterminer, paroe que cela varie dans tous les pays: ces lits ont la même direction ou la même inclinaison que les couches ou filons de charbon, à moins que quelque obstacle, que les Anglois nomment trouble, embarras, ou dikes, digues, ne vienne à interrompre leur direction ou leur parallélisme; ces obstacles ou digues sont des roches formées après coup, qui viennent couper à angles droits, ou obliquement ou en tout sens, non - seulement les couches de charbon de terre, mais encore tous les lits de terre & de pierre qui sont au - dessus ou en - dessous. On peut voir dans la Planche citée, fig. 8. & 10. les différentes directions que ces digues ou roches font prendre aux couches ou filons; c'est donc un des plus grands obstacles qui s'oppose à l'exploitation des mines de charbon; ces roches ne suivent aucun cours déterminé, & sont souvent si dures qu'elles résistent aux outils des ouvriers qui sont obligés de renoncer à vouloir les percer: le plus court est de chercher de l'autre côté de la digue ce que le filon & la couche de charbon peuvent être devenus, souvent on ne les retrouve qu'à cinq cents pas au - delà: cette recherche demande beaucoup d'habitude & d'expérience. Quelquefois la digue sans couper la couche de charbon, lui fait prendre la forme d'un chevron. Voyez la figure 10.

M. Triewald nous apprend qu'on connoît la proximité d'une pareille digue ou roche sauvage, lorsque le charbon est d'une couleur de gorge de pigeon, ou rné des différentes couletirs de l'arc - en - ciel.

Par ce qui précede on voit que rien n'est plus avantageux pour les propriétaires d'une mine de charbon derrs, que lorsqu'elle suit une pente douce, & n'est que peu inclinée par rapport à l'horison; c'est ce que les Anglois nomment flat broad oal: pour lo on n'est point obligé de faire des

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