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Quand on s'est assûré de la présence d'une mine de charbon; pour la travailler, on commence par faire à la surface de la terre une ouverture que l'on nomme puits ou bure; on fait passer ce puits perpendiculairement au - travers de tous les lits de terre ou de pierre qui couvrent le charbon de terre: il est ordinairement entre deux couches de roc ou de pierre, dont celle qui est en - dessus s'appelle le toict de la mine, & celle qui est en - dessous le sol; la roche supérieure est feuilletée comme de l'ardoise & d'une couleur claire, l'inférieure est d'une couleur plus foncée. La profondeur des bures varie à proportion du plus ou du moins d'inclinaison de la mine: ordinairement on en perce deux, l'une sert à enlever les eaux, & l'autre le charbon; elles servent aussi à donner de l'air aux ouvriers, & à fournir une issue aux vapeurs & exhalaisons dangereuses qui ont coûtume d'infecter ces sortes de mines. La bure qui sert à tirer le charbon se nomme bure à charbon, l'autre se nomme bure à pompe: cette derniere est ordinairement étayée depuis le haut jusqu'en bas de poutres ou de madriers qui empêchent les terres de s'ébouler: on peut quelquefois suppléer à cette derniere espece de bure d'une façon moins coûteuse & beaucoup plus avantageuse; c'est en conduisant une galerie soûterraine qui aille en pente depuis l'endroit le plus bas de la couche de charbon, c'est ce qu'on appelle un percement; on lui donne pour lors une issue au pié de la montagne où l'on a creusé. Cette galerie est garnie en maçonnerie, c'est par - là que les eaux ont la facilité de s'écouler; cela épargne les pompes, le travail des hommes, beaucoup de machines; l'on peut en voir un exemple dans la figure; mais souvent les circonstances rendent la chose impraticable, & alors on est obligé d'avoir recours aux pompes dont les tuyaux doivent être de plomb, ou ce qui vaut encore mieux de bois d'aune, que l'on a soin de bien goudronner ou d'enduire avec de l'huile cuite, sans quoi les eaux qui sont très - corrosives & très - vitrioliques, les détruiroient en très - peu de tems.
Le principal inconvénient auquel les mines de charbon sont sujettes, est celui qui est causé par des vapeurs & exhalaisons pernicieuses & suffocantes qui y regnent très - fréquemment, sur - tout pendant les grandes chaleurs de l'été; elles sont pour lors si abondantes, qu'elles obligent quelquefois les ouvriers de cesser entierement leurs travaux. Ces vapeurs sont de deux especes; la premiere que les Anglois nomment bad air, mauvais air, & qui en Francois s'appelle pousse ou moufette, ressemble à un brouillard épais; elle a la propriété d'éteindre peu - à - peu
M. Triewald conjecture que les funestes effets de cette vapeur, viennent des particules acides sulphureuses dont elle est composee, qui détruisent l'élasticité de l'air, qui d'ailleurs est dans un état de stagnation au fond des mines, faute d'une circulation suffisante: aussi remarque - t - on que ces vapeurs s'y amassent en plus grande abondance, lorsqu'on a été quelques jours sans y travailler; pour lors les ouvriers ne se hasardent point d'y entrer sans avoir fait descendre par une des bures une chandelle allumée jusqu'au fond du puits; si elle demeure allumée, ils vont se mettre au travail sans crainte; si elle s'éteint, il y auroit de la témérité à s'y exposer: ils sont donc obligés d'attendre que cette vapeur soit dissipée.
Outre la vapeur que nous venons de décrire, il y en a encore une autre qui présente des effets aussi terribles & des phénomenes encore plus singuliers que la précédente. Les Anglois la nomment wild fire, feu sauvage; peut - être à cause qu'elle ressemble à ce qu'on appelle feux follets. Dans les mines qui sont entre Mons, Namur, & Charleroi, on la nomme terou, & feu brisou dans quelques autres provinces. Cette vapeur sort avec bruit & avec une espece de sifflement par les fentes des soûterrains où l'on travaille, elle se rend même sensible & se montre sous la forme de toiles d'araignées ou de ces fils blancs qu'on voit voltiger vers la fin de l'été, & que vulgairement on appelle cheveux de la Vierge. Lorsque l'air circule librement dans les soûterrains & qu'il a assez de jeu, on n'y fait point beaucoup d'attention; mais lorsque cette vapeur ou matiere n'est point assez divisée par l'air, elle s'allume aux lampes des ouvriers, & produit des effets semblables à ceux du tonnerre ou de la poudre à canon. Quand les mines de charbon sont sujettes à des vapeurs de cette espece, il est très - dangereux pour les ouvriers [p. 193]
Les transactions philosophiques, n°. 318. nous fournissent un exemple des effets terribles, causés en 1708 par une vapeur inflammable de la nature de celle dont nous parlons. Un homme appartenant aux mines de charbon, s'étant imprudemment approché avec sa lumiere de l'ouverture d'un des puits pendant que cette vapeur en sortoit, elle s'enflamma sur le champ; il se fit par trois ouvertures différentes une irruption de feu, accompagnée d'un bruit effroyable: il périt soixante - neuf personnes dans cette occasion. Deux hommes & une femme qui étoient au fond d'un puits de cinquante - sept brasses de profondeur, furent poussés dehors & jettés à une distance considérable; & la secousse de la terre fut si violente, que l'on trouva un grand nombre de poissons morts qui flottoient à la surface des eauxd'un petit ruisseau, qui étoit à quelque distance de l'ouverture de la mine.
Nous trouvons encore dans les mêmes transactions, n°. 429. la relation de plusieurs phénomenes singuliers, opérés par une vapeur inflammable sortie d'une mine de charbon. Le chevalier J. Lowther fit ouvrir un puits pour parvenir à une veine de charbon minéral: quand on eut creusé jusqu'à quarante - deux brasses de profondeur, on arriva sur un lit de pierre noire qui avoit un demi - pié d'épaisseur, & qui étoit rempli de petites crevasses dont les bords étoient garnis de soufre. Quand les ouvriers commencerent a percer ce lit de pierre, il en sortit beaucoup moins d'eau qu'on n'avoit lieu de s'y attendre; mais il s'échappa une grande quantité d'air infect & corrompu, qui passa en bouillonnant au - travers de l'eau qui s'étoit amassée au fond du puits qu'on creusoit: cet air fit un bruit & un sifflement qui surprit les ouvriers; ils y présenterent une lumiere qui alluma sur le champ la vapeur, & produisit une flamme très<cb->
Par tout ce qui vient d'être dit, on voit de quelle
importance il est de faire ensorte que l'air soit renouvellé,
& puisse avoir un libre cours dans les soûterrains
des mines de charbon de terre. De tous les moyens
qu'on a imaginés pour produire cet effet, il n'y en a
point dont on se soit mieux trouvé que du ventilateur
ou de la machine de M. Sutton: on en verra la description
à l'article
Ce que nous avons dit de la vapeur inflammable qui sort des mines de charbon, est très - propre à faire connoître pourquoi il arrive quelquefois qu'elles s'embrasent au point qu'il est tres - difficile & même impossible de les éteindre: c'est ce qu'on peut voir en plusieurs endroits d'Angleterre, où il y a des mines de charbon qui brûlent depuis un très - grand nombre d'années. L'Allemagne en fournit encore un exemple très - remarquable, dans une mine qui est aux environs de Zwickau en Misnie; elle prit feu au commencement du siecle passé, & depuis ce tems elle n'a point cessé de brûler: on remarquera cependant que ces embrasemens ne sont point toûjours causés par l'approche d'une flamme, ou par les lampes des ouvriers qui travaillent dans les mines. En effet, il y a des charbons de terre qui s'enflamment au bout d'un certain tems, lorsqu'on les a humectés. Urbanus Hioerne, savant Chimiste Suédois, parle d'un incendie arrivé à Stokholm; il fut occasionné par des charbons de terre qui, après avoir été mouillés dans le vaisseau qui les avoit apportés, furent entassés dans un grenier, & penserent brûler la maison où on les avoit placés.
Si on se rappelle que nous avons dit dans le cours
de cet article, qu>ouve toûjours de l'alun dans
le voisinage du ch>on minéral, on devinera aisément
la raison de cette inflammation spontanée, à
quoi nous joindrons ce que Henckel dit dans sa Pyrithologie. Ce savant naturaliste dit que
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