ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"188"> partie du contour inférieur qui pourroit être restée découverte. Cette opération étouffera le feu, bouchera toutes les petites ouvertures ou crevasses, & empêchera le charbon de se consumer.

Quand le fourneau sera poli, il ne se fera presque plus de fumée, & le travail se suspendra jusqu'au moment de le rafraîchir. Cette opération se fera dans la journée; pour rafraîchir, on tournera le rabot dú côté circulaire; on l'appuiera un peu sur la surface du fourneau, & l'on tirera de haut - en - bas le plus de terre ou de frasin qu'on pourra; après quoi on reprendra cette terre ou ce frasin avec la pelle, & on le répandra par - tout sur le fourneau, y en ajoûtant même un peu de nouveau; par ce renouvellement d'enduit ou de chemise, on achevera d'interrompre toute communication à l'air extérieur avec l'intérieur du fourneau, & à érouffer entierement le charbon. On rafraîchira jusqu'à deux à trois fois; mais une fois suffira, quand on aura bien fait.

Le quatrieme jour, le charbon sera censé fait & prêt à être tiré Il suit de ce qui précéde, 1°. qu'en supposant que le Bûcheron mette le feu à son fourneau au point du jour, ce feu durera deux jours & deux nuits toûjours en augmentant; que le troisieme jour, lorsque le grand feu aura paru, le feu étouffé par l'opération qu'ils appellent polir & rafraîchir, commencera à diminuer, & que le quatrieme jour de grand matin on pourra ouvrir le fourneau; ce qui s'exécutera avec l'instrument appellé crochet. On n'ouvrira le fourneau que d'un côté; si le charbon n'est que chaud, on le tirera; s'il paroît embrasé, on le recouvrira bien avec la terre ou le frasin, & l'on remettra l'ouverture du fourneau au soir du même jour, ou au matin du lendemain.

2°. Qu'on pourra faire du charbon en tout tems & en toute saison; mais que le tems calme sera le plus propre; que les grands vents seront nuifibles; qu'il en sera de même des pluies d'orage; mais qu'il n'en sera pas ainsi du brouillard ou d'une petite pluie; que l'humidité légere achevera la cuisson; que cette cause réduira quelquefois les planchers en charbon; ce qui n'arrivera jamais dans les tems orageux.

3°. Que le feu s'étendant du'centre à la circonférence, il sera à propos, quand on construira les planchers & les étages, de placer le plus gros bois vers le centre de l'aire, des planchers, & des étages, & le menu bois à la circonférence.

Le charbon se fait en Bourgogne un pen diversement; après avoir préparé l'aire à la bêche & au rateau, comme on le voit faire au Bûcheron de la Planche I. des Ferges, figure 1. on plante au centre de l'aire a b une longue perche c e; on arrange au pié de cette perche quelques bûches c d d, de maniere qu'il y ait un peu d'intervalle entre la perche & les bûches; on remplit une partie de cet intervalle, que forment les bûches c d d par leur inclinaison, de bois sec & de menu branchage; on continue d'incliner des bûches sur les bûches c d d; on forme en grande partie l'étage f fig. 2. on ménage à - travers les buche de cet étage, un passage k qui va de la circonférence de cet étage jusqu'au centre, & on le tient ouvert par le moyen de la perche k. On va chercher du bois; on forme l'étage g en grande partie; on acheve l'étage f, dontl'extrémité des bûches est contenue par les rebords de l'aire; on acheve l'étage g; on forme l'étage h en entier; on éleve sur cet étage l'étage i; on termine le fourneau par de menu bois, & on le met en état d'être couvert de sa chemise. C'est ce qu'exécute le Bûcheron de la fig. 3. avec sa pelle; il commence par rempr les premiers interstices extérieurs avec de l'herbe; puis avec de la terre titée d'un chemin qu'il pratiquera autour de son fourmeau, s'il manque de , ou avec le frasin qu'il aura recueilli sut l'aire d'un fourneau, quand il en aura tiré le charbon, il formera à son fourneau l chemise m, l. Pour cet effet, il prendra avec la partie concave de sa pelle le frasin, & le jettera sur le bois, & avec la partie convexe il l'unira. Lorsqu'en conduisant son travail sur toute la surface du fourneau, il l'aura entierement couverte, il y mettra le feu, non par en - haut, comme dans la premiere maniere de faire le fourneau; mais par en - bas. On voit, fig. 5. le fourneau en feu; on laisse la couche de frasin légere en P P, pour que la fumée puisse s'échapper. On voit, fig. 5. un fourneau tout percé de vents; fig. 6. un Bûcheron qui découvre un endroit élevé du fourneau, & lui donne de l'air, afin qu'il aille plus vîte. Les autres Bûcherons polissent & rafraîchissent.

Nous n'entrons dans aucun détail sur la maniere de conduire le feu de ces fourneaux; la maniere différente dont ils sont construits n'influe en rien sur celle d'en mettre le bois en charbon; ce sont les mêmes principes & les mêmes précautions. On voit, fig. 9. un ouvrier qui prépare du bois ou une perche; fig. 10. le bois coupé & en tas; en Q NO, la voiture à charbon; en R S T V X X Y Y, son développement; en K K L L M M I I, la broüette; en G, le crochet; en F, la pelle; en C D, le rateau. Le crochet est de fer.

On construit encore ailleurs les fourneaux de la maniere suivante: on fait au milieu de l'aire un plancher quarré de gros bâtons de bois blanc; on répand sur ce plancher du bois de chemise; sur ce plancher on en forme un second, de maniere que les bûches de ce second traversent & fassent grille sur celles du premier; on jonche ce second plancher de bois de chemise; on en forme un troisieme, un quatrieme, un cinquieme, &c. les uns sur les autres, & de la même maniere. On pratique au centre de ces planchers une ouverture d'une demi - pié en quarré; on en fortifie la construction par quatre perches qu'on plante à chaque angle. On incline ensuite des bûches debout contre cet édifice; on forme un premier étage de ces bûches; sur cet étage, on en forme un second, un troisieme, &c. Ces étages vont toûjours en diminuant, ensorte que le fourneau entier a l'air d'une pyramide à quatre faces; on observe de placer les plus gros bois au centre de chaque étage. On couvre cette pyramide de gason, de terre, ou de frasin; on y met le feu, soit par enhaut, soit par en - bas, & on conduit le feu comme nous avons dit plus haut. Ce feu se répand fort vîte, parce qu'à mesure qu'on élevoit la pyramide, on remplissoit de matieres faciles à enflammer, le trou quarré des planchers faits les uns sur les autres au centre de cette pyramide, & selon toute sa hauteur, & les interstices des bois qui formoient les planchers.

Le bois neuf est le meilleur pour le charbon; celui de vieux bois n'a point de corps & ne donne point de chaleur. On en fait avec toutes fortes de bois; mais il n'est pas également bon à toutes sortes d'usages. On dit que celui de chêne, de saule, de chataignier, d'érable, de frêne, & de charme, est excellent pour les ouvriers en fer ou en acier; celui de hêtre, pour les Poudriers; celui de bois blanc, pour les Orfévres; celui de bouleau, pour les Fondeurs; celui de saule & de troene, pour les Salpétriers; en un mot, il est évident que le charbon doit avoir différentes qualités, selon les bois dont on l'a fait; & que ses qualités ne sont pas indifférentes aux artistes, selon qu'ils se proposent, ou d'avoir de l'éclat, ou d'avoir de la chaleur, ou d'avoir du moelleux & de la douceur. On employera les premiers dans les artifices; les seconds dans les cuisines, forges, & autres atteliers semblables; & on polira avec les derniers. [p. 189]

On appelle tue - vents ou brise - vents, les claies dont on entoure les fourneaux dans les tems venteux.

Nous avons dit que le charbon de bois étoit trois jours entiers à se faire; c'est que nous avons supposé le fourneau construit de bois vert; il ne faut que deux jours & demi au bois sec.

Il est de la derniere importance de bien établir les courans de fumée, avant & pendant la cuisson (ce qui s'exécute avec la pointe d'un fourgon, ou avec la corne du rabot) & de bien polir & rafraîchir après la cuisson.

Le charbon de bois se mesure & se vend au boisseau comble. On appelle charbon en banne celui qui vient par charroi; & banne, la charrette dans laquelle on le voiture. Voyez l'article Banne.

Il est aisé d'être trompé à la qualité du charbon. Il est bon d'y faire attention quand on l'achete, & l'acheter plûtôt au boisseau qu'en sacs.

Il est défendu de faire du charbon hors les forêts; il n'est pas permis d'en faire chez soi, quand même on demeureroit dans les forêts.

On n'établit pas de charbonnieres par - tout où l'on veut; c'est aux officiers des eaux & forêts d'en marquer les places, qu'ils choisissent les plus vuides & les plus éloignées des arbres. Ils en fixent communément le nombre à une par chaque arpent de bois à couper; & ils peuvent obliger à repeupler les places ravagées par les charbonnieres.

Lorsque le fourneau est découvert, si le propriétaire ne l'enleve pas, mais le laisse sur l'aire, on dit qu'il reste en. meule.

Charbon. (Page 3:189)

Charbon. (Chimie.) Le charbon en général est formé par la combinaison d'une terre & du principe inflammable, ou du feu; le mixte qui résulte de cette union est mêlé dans la plûpart des charbons avec quelques parties salines, soit alkalines, soit neutres, qu'il enveloppe ou masque d'une façon singuliere; car les menstrues naturels de ces sels ne les attaquent pas dans ce mêlange: au moins la prétention de Borrichius, qui assúre en avoir retiré une substance saline par une très - longue décoction avec l'eau distillée, la prétention de ce célebre Chimiste, dis - je, n'est pas encore confirmée. L'huile de charbon est aujourd'hui un être dont l'existence est aussi peu soûtenable, que celle de l'acide du feu, du soufre, des métaux, du nitre aërien, &c. C'est parce que l'ivoire ordinaire des boutiques n'est porté que jusqu'à l'état charbonneux, que l'eau - forte ne l'attaque point, & non pas parce qu'un certain gluten particulier empêche l'action de ce menstrue, raison qu'en donne le célebre M. Pott, dans le premier ch. de sa Lithogeognosie. (Trad. Franç. p. 15.) ni « parce que ses parties calcaires sont pour ain dire enduites d'une terre charbonneuse ». Nouvelle explication du même auteur. (cont. de la Lithogeognosie p. 236.) Il est essentiel d'observer pour l'exactitude logique, dont l'exposition la plus nue des expériences ne peut même se passer, que cette insolubilité de l'ivoite calciné ordinaire ne peut pas être regardée comme distinguant spécisiquement cette substance des autres matieres alkalines; car de la comparaison d'un charbon à des chaux, ou à des cendres animales, on ne peut rien inférer pour l'analogie ou la différence des matieres comparées. Ce que M. Pott avance, du noir ou du charbon d'ivoire, est également vrai de toutes les terres animales combinées avec le phlogistique sous la forme de charbon; & au contraire, l'ivoire calciné au blanc, ou réduit en vraie chaux, est dissout assez promptement par l'acide, selon M. Pott lui - même, dans le dernier endroit cité. Nous observerons sur la derniere explication, qu'un Chimiste ne se représente que fort difficilement des parties calcaires enduites d'une terre charbonneuse; qu'il ne connoît même pas assez ce dernier être, une terte char - bonneuse; & que la bonne doctrine des combinaisons le conduit au contraire très - naturellement à considérer tout charbon comme un vrai mixte formé par l'union (& non pas par l'enduit) du phlogistique (& non pas d'une terre charbonneuse) à la terre même du corps changé en charbon, ou à celle du débris de fes principes salins ou huileux. M. Pott rapporte à l'endroit déjà cité, de la cont. de sa Lithogeognosie, un fait très - remarquable, & qui a un rapport intime avec la considération qui vient de nous occuper. « Il y a plusieurs substances pierteuses & calcaires, dit ce Chimiste, qui après avoir été calcinées, surtout dans un creuset fermé, ne font plus une effervescence aussi marquée, qu'elles faisoient avant la calcination ». Entre autres causes qui peuvent concourir à ce phénomene, ne peut - on pas très - raisonnablement soupçonner que la principale confiste en ce que la terre calcaire de ces substances, simplement confondue avant la calcination avec quelques matieres inflammables, subit en tout, ou en partie, avec le phlogistique de ces matieres, une combinaison charbonneuse ou presque - charbonneuse?

Il est très - vraissemblable que l'air entre aussi dans la mixtion charbonneuse; mais comme on n'a trouvé jusqu'à présent d'autres moyens de détruire cette mixtion dans les vaisseaux fermés, que celui que fournit sa détonation avec le nitre, il seroit fort difficile de vérifier ce soupçon par tous les procédés connus; il ne paroît pourtant pas impossible de les retourner de façon à pouvoir satisfaire à cet égard la curiosité des Physiciens.

Le charbon parfait brûle sans donner de flamme sensible, a moins qu'on ne l'excite par le vent d'un soufflet, ou qu'il ne soit exposé à un courant rapide d'air dans nos fourneaux à grille. Le sel marin jetté sur des charbons à demi - éteints les ranime. Voyez Flamme & Calcination.

Le charbon détruit par la combustion à l'air libre, ou par la flamme, fournit la cendre dans laquelle on retrouve là plus grande partie de ses principes fixes, sa terre & ses parties salines. Voyez Cendres.

C'est par ces principes fixes, ou par la nature de leurs cendres respectives, que les charbons des trois regnes sont spécifiés; l'autre principe de la mixtion charbonneuse, le phlogistique, est exactement le même dans les trois regnes.

Le charbon est le corps le plus durable de la nature, le seul sur lequel un seul agent ait prise, savoir le feu, & encore ce destructeur unique a - t - il besoin d'être secondé par l'eau de l'atmosphere, comme nous l'avons déjà remarqué. Les menstrues aqueux, salins, huileux, simples, ou composés, ne peuvent rien sur ce mixte; cette incorruptibilité absolue a été observée il y a long - tems. C'est sans doute d'après cee observation que les Architectes qui bâtirent le fameux temple d'Ephese, en poserent les fondement sur une couche de charbon de bois, fait historique que les Chimistes n'ont pas manqué de noter; & qu'au rapport de Maillet, les pauvres Egyptiens qui n'étoient pas en état de faire embaumer leurs corps, de la durée desquels ils étoient si jaloux, les faisoient enterrer dans une couche de charbon. Voyez Embaumement.

Les usages chimiques du charbon sont très - étendus; d'abord il fournit au Chimiste l'aliment le plus ordinaire & le plus commode du feu qu'il employe dans la plûpart de ses opérations. Ce charbon doit être choisi dur, compact, sonnant, & sec; il doit être aussi tout charbon parfait, ou ce qui est la même chose, n'être pas mêlé de fumerons; ce choix importe principalement à la commodité de l'artiste.

Secondement, comme mixte inflammable fixe, il fournit au Chime le principe du feu, ou le phlogistique: c'est dans ce mixte qu'il prend ce principe

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