ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"16"> L'impériale 21 est posée sur ces montans. L'impériale est une espece de toit ou carcasse de menuiserie couverte de cuir, & ornée de clous & de pomettes dorées, selon le goût de l'ouvrier. Elle est un peu convexe pour rejetter les eaux de la pluie. Elle est composée d'un chassis qui assemble tous les montans, & de plusieurs barreaux courbes de bois de hêtre, qui se réunissent à son centre, où ils sont assemblés sur un disque de bois qui en occupe le milieu & qu'on appelle l'ovale. Ces barreaux sont recouverts de voliches fort menues & bien collées de colleforte; ensorte que le tout ne forme, pour ainsi dire, qu'une seule piece. C'est sur cet appareil que le cuir est tendu.

La hauteur de ce coffre est comme divisée en deux par des traverses 22, 22, 22, qui en font tout le tour, excepté par - devant. On appelle ces traverses, ceintures. Elles sont assemblées avec les montans à tenons & à mortoises, & sont ornées de diverses moulures. La partie inférieure de la chaise est fermée par des panneaux 23, 23, enrichis de peintures ou chargés des armes du propriétaire. Ces panneaux sont de bois de noyer, & ont deux lignes d'épaisseur au plus. Il faut qu'ils soient d'une seule piece pour être solides. On les garnit intérieurement de nerfs ou ligamens de boeufs, battus, peignés, & appliqués avec de la bonne colle - forte, de maniere que les filets de ligamens traversent le fil du bois. On unit cet apprêt par le moyen d'une lissette. Voyez l'art. Lissette. On se sert de la lissette pendant que la colle est encore chaude; le tout est ensuite couvert avec de bonne toile forre, neuve, & pareillement lissée & collée. Les bandes de toile qu'on employe à cet usage, ont quatre à cinq pouces de large; on les trempe dans la colle chaude, & on les applique sur les panneaux, de maniere que les fils de la chaîne soient perpendiculaires aux fils du bois. Ces bandes sont écartées les unes des autres de deux pouces ou environ. Mais les panneaux ne sont pas les seules parties qu'on fortifie de cette maniere. On couvre de pareilles bandes tous les assemblages en général, & on en étend dans tous les endroits qui doivent être garnis de clous. Cette opération faite, & la colle sechée, on fait imprimer la caisse de la chaise d'une couleur à l'huile; ensuite on la fait ferrer; c'est - à - dire garnir de plaques de taule, fortes & capables d'assermir les assemblages. On y place encore différentes pieces de fer dont nous parlerons dans la suite.

Le dessus des panneaux de côtés est quelquefois tout d'une piece, & d'autres fois il est divisé en deux parties par un montant qui s'assemble dans la ceinture & dans le chassis de l'impériale: si le côté n'est pas divisé en deux panneaux, la chaise en sera plus solide. La partie du côté de devant qu'on appelle fenêtre 24, est occupée par une glace qui se leve & se baisse dans des coulisses pratiquées aux montans; ensorte que quand la glace est baissée, elle est entierement renfermée dans un espace pratiqué derriere le panneau qu'on appelle la coulisse. Il y a à ces glaces, ainsi qu'à celle de devant, en - dedans de la chaise, un store de taffetas, & en - dehors un store de toile cirée 25, 25 placés sous la gouttiere de la corniche de l'impériale. Le store du dedans garantit du soleil; celui de dehors, de la pluie, de la grêle, & autres injures du tems. La partie 26 de la chaise au - dessus de la ceinture & à côté de la fenêtre s'appelle custode. Elle est fermée à demeure, ainsi que le dossier, & couverte de cuir tendu sur les montans & entouré de clous de cuivre doré; il n'y a point là de panneaux. Le cuir bien tendu est seulement matelassé de crin, & les matelas soutenus par des sangles qui empêchent que le cuir ne soit enfoncé. Les sangles sont placées en travers & fixées sur les montans.

Le siege est appuyé au dossier, un peu au - dessous de la ceinture. C'est un véritable coffret dont le couvercle se leve à charniere, & est recouvert d'un coussin, sur lequel on s'assied. Tout l'intérieur de la chaise est matelassé de crin, & tendu de quelque étoffe précieuse, mais de résistance, comme velours, damas, &c.

La porte 27 est sur le devant. Cette porte qu'on appelle porte à la Toulouse, a ses couplets à charniere dans une ligne horisontale, & s'ouvre par le haut en se renversant du côté du cheval de brancard sur la courroie qu'on appelle support de porte, & qui est tendue au - travers du brancard, à un pié environ au - dessus de la traverse des soupentes. Cette porte differe principalement des portes ordinaires, en ce que celles - ci ont leurs gonds & sont mobiles dans une ligne verticale.

Les panneaux 28 du côté de cette porte sont des especes de triangles séparés en deux parties par un joint. La partie inférieure qui est adhérente au brancard de chaise s'appelle gousset. C'est vis - à - vis un de ces goussets que le brancard dérobe dans notre figure, que doit être le marche - pié 29. Ce marchepié est de cuir; il est fixé sur le brancard qu'il entoure. C'est là, ainsi que le mot l'indique assez, que le propriétaire met le pié pour entrer dans sa chaise.

La porte à la Toulouse ne monte guere plus haut que la ceinture de la chaise. Elle s'applique contre les montans de devant. Ces montans sont renforcés au - dessus de la porte, d'une piece de bois où l'on a pratiqué une rainure appellée apsiché, dans laquelle la glace du devant peut glisser: lorsque cette glace est baissée, elle est entierement renfermée dans la porte. La porte est composée extérieurement d'un panneau semblable à ceux de côté & de derriere, & intérieurement d'une planche matelassée de crin & recouverte de la même étoffe que le reste du dedans de la chaise. On voit évidemment qu'il n'est pas possible d'entrer dans la chaise, sans avoir abaissé la glace dans la portiere. Il y a encore à la portiere sur le milieu, une serrure à deux pêles, avec un bouton à olive; ces deux pêles vont se cacher dans un des montans. On peut aussi remarquer au - dessus de la ceinture, dans le montant de devant, contre lequel la porte s'applique en se fermant, une poignée M, que celui qui veut entrer dans la chaise saisit, & qui l'aide à s'élever sur le brancard.

Le dessus de l'impériale, outre les clous dorés dont il est enrichi, & qui attachent sur la carcasse de menuiserie dont nous avons parlé, le cuir qui la couvre, est encore orné de quatre ou six pommettes 30, 30, 30, de cuivre ciselées & dorées. Ces pommettes sont fixées à plomb au - dessus des montans des angles, quand il n'y en a que quatre. Quand il y en a six, les deux autres sont au - dessus des montans qui séparent les glaces des côtés, des custodes: mais dans ce cas la corniche de l'impériale est cintrée au - dessus des glaces.

Le fond ou le dessous de la chaise est occupé par un coffre qu'on appelle cave. Ce coffre 31 a environ six pouces de profondeur; il est fortement uni au chassis de la chaise par plusieurs bandes de fer; il est revêtu extérieurement de cuir cloué avec des clous dorés, & intérieurement d'une peau blanche; il s'ouvre en - dedans de la chaise; & c'est sur son couvercle pareillement revêtu de cuir que sont posés les pieds du voyageur.

Il ne nous reste plus maintenant qu'à expliquer comment la chaise est suspendue dans le brancard du train, & comment elle y est tenue dans une liberté telle qu'elle ne se ressent presque pas des chocs ou cahos que les roues pèuvent éprouver dans les chemins pierreux. [p. 17]

On commence par placer deux ressorts sous le devant de la chaise; ils y sont fixés par des boulons qui traversent le brancard de chaise; ces ressorts ont aussi 12, 13, 14 feuilles; ils s'appellent ressorts de devant; ils ont leurs boîtes. Nous pouvons remarquer ici, à propos de ces ressorts & des ressorts de derriere, qu'il y a d'autant plus de feuilles, que chaque feuille a été forgée mince, & qu'ils sont d'autant meilleurs & plus doux, tout étant égal d'ailleurs, qu'il y a plus de feuilles.

Ces boulons dont la queue est applatie sont arrêtés par plusieurs clous - à - vis sur la face extérieure des montans de devant, ensorte qu'ils soient bien affermis de ce côté; l'autre extrémité en est terminée par une fourchette appellée menotte, qui contient un rouleau. Les courroies sans fin appellées soupentes, passent sur ce rouleau & sur la traverse de soupente.

A l'arriere de la chaise, depuis les extrémités des ressorts dont nous venons de parler, jusqu'à environ trois pieds au - delà de la chaise, sont des pieces de bois fortement arrêtées au - dessous du brancard de chaise par plusieurs boulons - à - vis & écrous. Ces pieces de bois qu'on nomme apremonts, sont aussi terminées par des menottes qui contiennent un rouleau un peu conique. C'est sous ces rouleaux que passent les courroies ou soupentes de derriere, qui vont s'accrocher aux extrémités supérieures des ressorts de derriere, que nous avons décrits ci - dessus; elles s'y accrochent tout simplement par un trou qu'on a pratiqué sur la largeur de la soupente; le crochet du ressort est reçû dans ce trou.

Il est à propos de remarquer que les soupentes sont de deux pieces réunies par une forte boucle vis - à - vis du panneau de derriere de la chaise, & qu'elles embrassent la planche des ressorts, afin que l'effort qu'ils font soit perpendiculaire à leur point d'appui; c'est aussi par la même raison que la planche des ressorts est inclinée, ensorte que son plan soit perpendiculaire aux courroies.

Il est évident par cette disposition que la chaise est suspendue par les quatre coins: mais comme les points de suspension, loin d'être solides & immobiles, sont au contraire souples, lians, é'astiques, & rendent la chaise capable d'un mouvement d'oscillation fort doux dans la direction de l'inflexion des ressorts, c'est - à - dire de haut en - bas & de bas enhaut, & en même tems d'un autre mouvement d'oscillation non moins doux, selon la longueur de la voiture, dans la direction des brancards, ou de l'avant à l'arriere & de l'arriere à l'avant, les chocs que les roües éprouvent sur les chemins sont amortis par défaut de résistance, & ne se font presque point sentir à celui qui est dans la chaise.

Mais comme le centre de gravité de toutes les parties de la chaise est au - dessus des bandes ou liens qui l'embrassent par - dessous, & qui la tiennent suspendue, il pourroit arriver par l'inégalité perpétuelle des cahos qui se font tant à droite qu'à gauche, qu'elle fût renversée de l'un ou de l'autre côté. C'est pour remédier à cet inconvénient, qu'on a placé de part & d'autre les deux courroies de guindage, 9, 14, fixées d'un bout sur les brancards vers le marche - pié, passant dans les cramailleres de la chaise, ou guides de fer placés sur les faces latérales des montans de derriere, à la hauteur de la ceinture, & se rendant de l'autre bout sur les rouleaux de la tête des consoles, d'où elles vont s'envelopper sur les axes ou rouleaux des crics 19, qu'on voit aux extrémités, en - dessus de la traverse de ferriere 18, & qui servent à bander ou à relâcher à discrétion ces courroies.

La chaise ainsi assûrée contre les renversemens, soit en - devant, soit en - arriere, soit à droite, soit à gauche, n'étoit pas encore à couvert d'un certain balotage, dans lequel les faces extérieures des brancards du train auroient été frappées par les côtés du brancard de la chaise. On a remédié à cet inconvénient par le moyen d'une courroie de cuir attachée aux faces latérales intérieures des brancards de train 32, 32, & au milieu de la planche de malle, à laquelle on a mis pour cet effet deux rouleaux sur lesquels cette courroie va passer: cette corroie 32, 32, s'appelle courroie de ceinture.

La chaise ainsi construite, il ne reste plus pour en faire usage, que d'y atteler un ou plusieurs chevaux. Le cheval de brancard se place devant la chaise entre les brancards, comme le limonier entre les limons d'une charrette. Voyez Charrette. Les extrémités des brancards ou limons sont pour cet effet garnis de ferrures où l'on assujettit les harnois du cheval, 32, 32: comme par exemple, d'un anneau de reculement, 34, 34; d'un crampon pour passer le dossier, 35, 35; d'un crochet, 37, 37, pour un troisieme cheval qu'on est quelquefois forcé de mettre à la chaise, soit pour la tirer des mauvais pas, soit pour l'empêcher d'y rester arrêtée. Mais il y a cette différence entre les traits du cheval de poste & du cheval de charrette, que pour les premiers, les traits de tirage r, s, t, q, sont attachés à un anneau pratiqué à un des boulons qui assujettissent l'echantignole au brancard le long de la face inférieure duquel les traits s'étendent, & vont saisir par une forte boucle r, le harnois du cheval vers le milieu, à - peu - près où correspond la cuisse; au lieu que pour l'ordinaire les traits des limonniers sont attachés aux limons mêmes, & sont par conséquent beaucoup plus courts que ceux des chevaux de poste. Les traits de tirage r, s, t, q, sont tenus appliqués à la face insérieure du bras de brancard par des morceaux de cuir q, au nombre de deux ou trois, appellés de leurs fonctions trousse - traits.

Au côté gauche du cheval de brancard, on en attelle un autre qu'on nomme palonnier, parce qu'il est attelé à un palonnier 34, semblable à ceux des carrosses, avec cette différence qu'il est de deux pouces plus long du côté de la courroie qui l'embrasse, que de l'autre côté; le côté long du palonnier, st en - dehors du brancard. Cet excès est occasionné par la facilité qu'il donne au cheval pour tirer. Le palonnier est, comme on voit dans la figure, fixé au brancard du côté du montoir par une courroie qui prend le palonnier à - peu - près dans le milieu, & passe dans une menotte 35 fixée à la face inférieure du brancard; ou bien il y a deux courroies qui vont se rendre aux échantignoles de chaque côté de la voiture, où elles sont arrêtées de la même maniere que les traits du cheval de brancard. On doit préférer cette derniere construction, parce que le palonnier tire également sur les deux brancards.

Au derriere de la chaise, à la derniere des quatre traverses qu'on appelle la gueule de loup, il y a un marche - pié de cuir placé sur le côté de cette traverse; il sert au domestique à monter derriere la chaise; & les extrémités antérieures des bras des brancards sont garnis de côté d'un morceau de cuir rembourré de crin, & attachés avec des clous dorés. Cette espece de petir matelas s'appelle feuture de brancard, & sert à garantir la jambe du postillon d'un choc contre le bras du brancard dont il seroit blessé, si l'endroit de ce bras où il choqueroit étoit nud.

Cette chaise de poste, que nous venons de décrire, s'appelle chaise à ressorts en écrevisse, pour la distinguer d'une autre espece de chaise de poste appellée chaise à la Dalaine; la chaise de poste à ressorts en écrevisse est la plus ordinaire: les ressorts appellés à la Dalaine, apparement du nom de leur inventeur, s'appliquent plus souvent aux carrosses qu'aux chaises de poste.

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.