ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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11°. Déterminer méchaniquement le centre de gravité
d'un corps; placez le corps donné H I (fig. 20.) sur
une corde tendue ou sur le bord d'un prisme triangulaire
F G, & avancez - le plus ou moins, jusqu'à
ce que les parties des deux côtés soient en équilibre:
le plan vertical passant par K L, passera par le
centre de gravité: changez la situation du corps &
avancez - le encore plus on moins sur la corde ou sur
le bord du prisme, jusqu'à ce qu'il reste en équilibre
sur quelque ligne M N; & l'intersection des deux
lignes M N & K L déterminera sur la base du corps
le point O correspondant au centre de gravité.
On peut faire la même chose en plaçant le corps
sur une table horifontale, & le faisant déborder
hors de la table le plus qu'il sera possible sans qu'il
tombe, & cela dans deux positions différentes en
longueur & en largeur: la commune intersection des
lignes, qui dans les deux situations correspondront
au bord de la table, déterminera le centre de gravité: on peut aussi en venir à bout, en plaçant le
corps sur la pointe d'un style, jusqu'à ce qu'il reste
en équilibre. On a trouvé dans le corps humain que
le centre de gravité est situé entre les fesses & le
pubis, de façon que la gravité du corps est ramassée
en entier dans l'endroit où la nature a placé les parties
de la génération; d'où M. Wolf prend occasion
d'admirer la sagesse du Créateur, qui a placé le membre
viril dans l'endroit qui est le plus propre de tous
à la copulation; réflexion aussi fausse qu'indécente,
puisque certe loi n'a point lieu dans la plûpart des
animaux.
12°. Toute figure superficielle ou solide, produite
par le mouvement d'une ligne ou d'une surface, est
égale au produit de la quantité qui l'engendre, par
la ligne que décrit son centre de gravité. Voyez l'art.
Centrobarique.
Ce théorème est regardé comme une des plus belles
découvertes qu'on ait faites dans les derniers
tems, & il est le fondement de la méthode centrobarique; Pappus en a eu, à la vérité, la premiere idée:
mais c'est le P. Guldin, Jésuite, qui l'a portée à sa
perfection. Leibnitz a prouvé que cette proposition a
encore lieu, si l'axe ou le centre changeoient continuellement
durant le mouvement. On en tire trop
de corollaires, pour qu'il soit possible de les rapporter
tous ici en détail. Voyez dans les Mémoires de l'Académie de 1714, un écrit de M. Varignon sur ce sujet.
Lorsque plusieurs corps se meuvent uniformément
en ligne droite, soit dans un même plan, soit dans des
plans différens, leur centre de gravité commun se
meut toûjours uniformément en ligne droite, ou demeure
en repos; & cet état de mouvement ou de repos
du centre de gravité, n'est point changé par l'action
mutuelle que ces corps exercent les uns sur les
autres. On peut voir la démonstration de cette proposition
dans le traité de Dynamique, à Paris 1743,
part. II. ch. ij. L'auteur de cet ouvrage paroît être le
premier qui ait donné cette démonstration d'une maniere
générale & rigoureuse. Jusqu'alors on ne connoissoit
cette vérité que par une espece d'induction;
c'est principalement dans le cas où les corps agissent
les uns sur les autres, & décrivent des courbes, que
la proposition est difficile à démontrer: car quand ils
se meuvent uniformément en ligne droite dans un
même plan, ce cas a été démontré par M. Newton,
dans le premier livre de ses principes; & quand ils
se meuvent uniformément en ligne droite dans des
plans différens, ce cas a été démontré par les peres
le Seur & Jacquier dans leur Commentaire sur les
principes de Newton. Au reste la démonstration donnée
dans le traité de Dynamique déjà cité, est générale
pour tous ces cas, ou peut très - facilement y
être appliquée.
Centre
(Page 2:826)
Centre de mouvement, c'est un point autour du<cb->
quel tournent un ou plusieurs corps pesans, qui ont
un même centre de gravité. Par exemple, si les poids
p & q (Table de Méchan. fig. 21.), tournent autour
du point N, de façon que quand p descend, q monte,
N sera dit alors le centre du mouvement. Voyez Mouvement.
Centre
(Page 2:826)
Centre d'oscillation; c'est un point dans la ligne
de suspension d'un pendule composé, tel que si toute
la gravité du pendule s'y trouvoit ramassée, les oscillations
s'y feroient dans le même tems qu'auparavant.
Voyez Oscillation.
Sa distance du point de suspension est donc égale
à la longueur d'un pendule simple, dont les oscillations
seroient isochrones à celles du pendule composé.
Voyez
Pendule & Iso chrone
Lois du centre d'oscillation. Si plusieurs poids B, F,
H, D (Planche de Méchan. fig. 22.), dont la gravité
est supposée ramassée aux points D, F, H, B, conservent
constamment la même distance entr'eux &
la même distance du point de suspension A, & que le
pendule ainsi composé fasse ses oscillations autour du
point A, la distance O A du centre d'oscillation O au
point de suspension, se trouvera en multipliant les
différens poids par les quarrés des distances, & divisant
la somme par la somme des momens des poids.
Pour déterminer le centre d'oscillation dans une
droite A B (fig. 23.), soit A B = a, A D = x, la
particule infiniment petite D P sera égale dx, & le
moment de son poids xdx, par conséquent la distance
du centre d'oscillation dans la partie A D au
point de suspension A, sera = [omission: formula; to see, consult fac-similé version]
qu'on substitue maintenant a au lieu de x, & la distance
du centre d'oscillation dans la droite totale A B
sera = 2/3 a; c'est ainsi qu'on trouve le centre d'oscillation d'un fil de métal qui oscille sur l'une de ses extrémités.
Pour le centre d'oscillation dans un triangle équilatéral C A B (fig. 18.) qui oscille autour d'un axe
parallele à sa base C B, sa distance du sommet A se
trouve égale au 3/4 A D, hauteur du triangle.
Pour celui d'un triangle équilatéral C A B, oscillant
autour de sa base C B, sa distance du sommet A
se trouve = 1/2 A D, hauteur du triangle.
Dans les Mém. de l'Acad. 1735. M. de Mairan remarque
que plusieurs auteurs se sont mépris dans les
formules des centres d'oscillation, entr'autres M. Carré, dans son livre sur le calcul intégral. Voyez Oscillation.
Centre
(Page 2:826)
Centre de percussion dans un mobile, est le point
dans lequel la percussion est la plus grande, ou bien
dans lequel toute la force de percussion du corps est
supposée ramassée. Voyez Percussion. En voici les
principales lois.
Lois du centre de percussion. 1°. Lorsque le corps
frappant tourne autour d'un point fixe, le centre de
percussion est alors le même que celui d'oscillation, &
il se détermine de la même maniere, en considérant
les efforts des parties comme autant de poids appliqués
à une droite inflexible, destituée de gravité,
c'est - à - dire, en prenant la somme des produits des
momens des parties, par leur distance du point de
suspension, & divisant cette somme par celle des
momens, de sorte que tout ce que nous avons démontré
sur les centres d'oscillation, a lieu aussi pour
les centres de percussion, lorsque le corps frappant
tourne autour d'un point fixe. 2°. Lorsque toutes les
parties du corps frappant se meuvent parallelement,
& avec une égale vîtesse, le centre de percussion est
alors le même que celui de gravité.
Centre
(Page 2:826)
Centre de conversion, en Méchanique, est le centre
ou point autour duquel un corps tourne ou tend à
tourner lorsqu'il est poussé inégalement dans ses différens
points, ou par une puissance dont la direction
[p. 827]
ne passe pas par le centre de gravité de ce corps. Si
par exemple on frappe un bâton par ses deux extrémités
avec des forces égales, & en sens contraire,
ce bâton tournera sur son centre ou point de milieu,
qui sera alors le centre de conversion. Voyez Centre
spontanée de rotation, qui suit.
Centre spontanée
(Page 2:827)
Centre spontanée de rotation, est le nom que
M. Jean Bernoulli donne au point autour duquel
tourne un corps qui a été en liberté, & qui a été
frappé suivant une direction qui ne passe pas par
son centre de gravité. Ce terme est employé par
M. Bernoulli dans le tome IV. du recucil de ses auvres, imprimé en 1743 à Lausanne.
Pour faire entendre bien clairement ce que c'est
que le centre spontanée de rotation, imaginons un corps
G A D F, (fig. 43. Méchan.) dont le centre de gravité
foit C, & qui soit poussé par une force quelconque
suivant une direction A B qui ne passe pas
par son centre de gravité. On démontre dans la Dynamique que le centre de gravité C doit en vertu de
cette impulsion se mouvoir suivant C O, parallele à
A B, avec la même vîtesse que si la direction A B
de la force impulsive eût passé par le centre de gravité
C; & on démontre de plus, qu'en même tems que
le centre de gravité C avance en ligne droite suivant
C O, tous les autres points du corps G A D F doivent
tourner autour du centre C, avec la même vîtesse
& dans le même sens qu'ils tourneroient autour
de ce centre, si ce centre étoit fixement attaché, &
que la puissance ou force impulsive conservât la même
valeur & la même direction A B. La démonstration
de ces propositions seroit trop longue & trop
difficile, pour être insérée dans un ouvrage tel que
celui - ci: ceux qui en seront curieux pourront la trouver
dans le Traité de Dynamique, imprimé à Paris en
1743, art. 138. & dans les Recherches sur la précession
des équinoxes du même auteur, Paris 1749. Cela posé,
il est certain que tandis que le centre C avancera suivant
C O, les différens points H, I, &c. du corps
G A D F, décriront autour du centre C des arcs de
cercle H h, I i, d'autant plus grands, que ces points
H, I, &c. seront plus loin du centre; ensorte que le
mouvement de chaque point du corps sera composé
de son mouvement circulaire autour de C, & d'un
mouvement égal & parallele à celui d> centre C suivant
C O; car le centre C en se mouvant suivant C O,
emporte dans cette direction tous les autres points,
& les force, pour ainsi dire, de le suivre: donc le
point I, par exemple, tend à se mouvoir suivant IM
avec une vîtesse égale & parallele à celle du centre
C suivant C O; & ce même point I tend en même
tems à décrire l'arc circulaire I i avec une certaine
vîtesse plus ou moins grande, selon que ce point I
est plus ou moins près du centre C: d'où il s'ensuit
qu'il y a un point I dont la vîtesse pour tourner dans
le sens I i, est égale & contraire à celle de ce même
point pour aller suivant I M. Ce point restera donc
en repos, & par conséquent il sera le centre de rotation du corps G A D F. M. Bernoulli l'appelle spontanée, comme qui diroit centre volontaire de rotation,
pour le distinguer du centre de rotation forcé. Le point
de suspension d'un pendule, par exemple, est un centre de rotation forcé, parce que toutes les parties du
pendule sont forcées de tourner autour de ce point,
autour duquel elles ne tourneroient pas, si ce point
n'étoit pas fixe & immobile. Au contraire le centre de
rotation I est un centre spontanée, parce que le corps
tourne autour de ce point quoiqu'il n'y soit point attaché.
Au reste il est bon de remarquer que le centre
spontanée de rotation change à chaque instant: car ce
point est toûjours celui qui se trouve, 1°. sur la ligne
G D perpendiculaire à A B; 2°. à la distance C I du
centre C; c'est pourquoi le centre spontanée de rotation
se trouve successivement sur tous les points de la cir<cb->
conférence d'un cercle décrit du centre C, & du rayon
C I.
Il n'y a qu'un cas où le centre spontanée de rotation
ne change point: c'est celui où ce centre est le même
que le centre de gravité du corps: par exemple, une
ligne inflexible chargée de deux poids inégaux, à
qui on imprime en sens contraire des vîtesses en raison
inverse de leurs masses, doit tourner autour de
son centre de gravité, qui demeurera toûjours sans
mouvement.
On peut remarquer aussi qu'il y a des cas où le
centre I de rotation doit se trouver hors du corps G A
D F; cela arrivera lorsque le point I, dont la vîtesse
suivant I i doit être égale à la vîtesse suivant I M,
se trouvera à une distance du point C plus grande
que C G; en ce cas le corps G A D F tournera autour
d'un point placé hors de lui.
Centre
(Page 2:827)
Centre des corps pesans, est dans notre globe le
même que le centre de la terre, vers lequel tous les
corps graves ont une espece de tendance. Il est cependant
bon de remarquer que les corps graves ne
tendroient véritablement vers un centre, que dans le
cas où la terre seroit parfaitement sphérique: mais
comme elle est un sphéroïde applati vers les poles,
ainsi que la théorie & les observations le démontrent,
les corps pesans ne sauroient tendre vers un
même point à la rigueur; il n'y a donc point à la
rigueur de centre des corps pesans: cependant comme
la terre differe peu de la figure sphérique, il s'en faut
peu que les corps pesans ne tendent tous vers un même
point; & on prend dans le discours ordinaire le
centre de la terre, pour le centre commun de tendance
des graves. Voyez Antipodes & Terre.
Centre
(Page 2:827)
Centre d'équilibre, dans un système de corps, est
le point autour duquel ces corps seroient en équilibre; ou, ce qui est la même chose, un point tel que si
le système étoit suspendu ou soûtenu par ce seul point,
il resteroit en équilibre. Le point d'appui d'un levier
est son centre d'équilibre. Voyez Appui & Levier.
A cette occasion nous croyons devoir annoncer
ici un principe d'équilibre trouvé par M. le marquis
de Courtivron, de l'Académie des Sciences, & dont
la démonstration a été lûe à l'Académie le 13 Juin
1750. Voici ce principe. De toutes les situations que
prend successivement un système de corps animés
par des forces quelconques, & liés les uns aux autres
par des fils, des leviers, ou par tel autre moyen
qu'on voudra supposer; la situation où le système a
la plus grande somme de produits des masses par le
quarré des vîtesses, est la même que celle où il auroit
fallu d'abord le placer pour qu'il restât en équilibre. En effet, une quantité variable devient la plus
grande, lorsque son accroissement, & par conséquent
la cause de son accroissement = o: or un système
de corps dont la force augmente continuellement,
parce que le résultat des pressions agissantes
fait accélération, aura atteint son maximum de forces
lorsque la somme des pressions sera nulle; & c'est
ce qui arrive lorsqu'il a pris la situation que demande
l'équilibre.
L'auteur ne s'est pas borné à cette démonstration,
qui quoique vraie & exacte, est un peu métaphysique,
& pourroit être chicanée par les adversaires des
forces vives. V. Force. Il en donne une autre plus
géométrique, & absolument rigoureuse: mais il faut
renvoyer ce détail important à son mémoire même,
qui nous paroît digne de l'attention des Géometres.
Centre
(Page 2:827)
Centre de l'équant, dans l'Astronomie ancienne, est
un point dans la ligne de l'aphélie, qui est aussi loin
du centre de l'excentrique vers l'aphélie, que le soleil
l'est du centre de l'excentrique vers le périhélie. Ce
terme est presque oublié depuis que les excentriques,
les équans, & tous ces fatras de cercles différens,
sont bannis de l'Astronomie.
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