ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
Previous page
"808">
faite à la peau, la boursoufflent dans toute l'étendue
du corps; l'emphysème par lequel l'air s'introduit par
les crevasses de la peau, & après s'y être arrêté,
occasionne un boursoufflement général dans toute
la circonférence du corps, & enfin les maladies dans
lesquelles tout ce tissu cellulaire est rempli d'eau; le
hasard, qui nous a fait voir que l'air s'est introduit
dans l'humeur vitiée, même à la suite d'un emphysème.
La maladie dans laquelle l'humeur gélatineuse de
l'hydropisie s'est répandue dans les corps caverneux
de la verge, démontre qu'aucune partie de ce tissu
n'en est exceptée. On reconnoîtra l'importance de ce
tissu, si l'on fait attention que c'est de lur que dépend
la fermeté & la solidité naturelle de toutes les arteres,
des nerfs, des fibres musculaires, & par conséquent
celles des chairs & des visceres qui en sont
composés; & de plus la configuration des parties
& les plis, les cellules, les courbures, viennent du
seul tissu cellulaire, plus lâche dans certaines parties,
& plus serré dans d'autres; il compose tous les visceres,
tous les muscles, les glandes, les ligamens
& les capsules de concert avec les vaisseaux, les
nerfs, les fibres musculaires & tendineuses, dans la
composition desquelles ils entre néanmoins en grande
partie, puisqu'il est certain que c'est à lui seul,
c'est - à - dire, à sa différente longueur, à son plus ou
moins de tension, à sa plus ou moins grande quantité
& à sa proportion, qu'on doit rapporter la diversité
des glandes & des visceres: enfin la plus grande
partie du corps en émane; car le corps n'est pas
entierement composé de filamens cellulaires. La graisse
a différens usages; elle facilite le mouvement des
muscles, en diminue le frottement, les empêche de
devenir roides; elle remplit l'espace qui se trouve
entre les muscles, & les parties voisines des visceres,
de sorte qu'elle cede lorsqu'ils sont en mouvement,
& qu'elle soûtient les parties qui sont dans l'inaction;
elle accompagn> les vaisseaux & les garantit; elle
étend également la peau, lui sert de coussin, & pare
sa beauté; peut - être même se mêle - t - elle avec les autres
liqueurs pour tempérer leur acrimonie; elle est
la principale matiere de la bile; elle suinte des os
au - travers les couches cartilagineuses, & se mêle
avec la sinovie; elle s'exhale du mésentere, du mesocolon,
de l'épiploon, autour des reins; elle enduit
pendant la vie la superficie des visceres d'une
vapeur molle; & enfin, se plaçant entre les parties,
elle s'oppose à leur concrétion. Haller, Physiol. Voyez
Graisse. (L)
CELLULE
(Page 2:808)
CELLULE, s. f. (Hist. écclés.) petite maison,
chambre ou appartement qu'habitent les moines &
les religieux: ce mot ne se dit proprement que des
chambres des monasteres.
Quelques auteurs le dérivent du mot Hébreu>,
prison, ou lieu destiné a renfermer quelque chose.
On dit qu'un dortoir est divisé en vingt, trente,
quarante cellules. Voyez Dortoir.
Les chartreux ont pour cellule chacun une maison
séparée, composée de plusieurs pieces, & accompagné
d'un jardin. Voyez Chartreux.
La salle où se tient le conclave est divisée par des
cloisons en plusieurs cellules occupées par les cardinaux.
Voyez Conclave. (G)
Cellules
(Page 2:808)
Cellules adipeuses, terme d'Anatomie, sont les
petites loges ou capsules qui contiennent la graisse
dans un corps qui a de l'embompoint. Voyez Graisse & Adipeux.
Elles s'observent dans toutes les parties du corps,
dans ceux qui sont amaigris; ces cellules, n'étant
point remplies de graisse, ressemblent à une membrane
flasque & transparente. V. Graisse & Cellulaire. (L)
CELOCES
(Page 2:808)
* CELOCES, s. m. (Hist. anc.) vaisseaux sans
pont, ou plûtôt petites barques qui n'ont point à la
proue ces éperons appellés rostra, dont on frappoit
dans le combat les vaisseaux ennemis pour les percer,
& les couler à fond. Elles alloient à deux rames
ou plus. On apperçut, dit Tite - Live, xxxvij. 27. que
c'étoient des bâtimens propres à la piraterie, des
celoces & des lembes, voyez Lembe, qui voyant de
loin la flotte, prirent la fuite. Ils la surpasserent en
vîtesse, parce qu'ils étoient légers, & faits exprès
pour la course. Le celoce passe pour être de l'invention
des Rhodiens.
CELORICO ou SELERICO
(Page 2:808)
CELORICO ou SELERICO, (Géog.) petite ville
du royaume de Portugal, dans la province de
Beira, sur le Mondego.
CELTES
(Page 2:808)
CELTES (Philosophie des). Sous ce nom il faut
comprendre non - feulement les philosophes Gaulois,
mais encore tous ceux qui ont anciennement fleuri
en Europe, soit dans les îles Britanniques, soit parmi
les Germains & les Iberes, soit dans l'Italie. Burnet, dans ses Origines philosophiques, dit qu'il est fort
vraissemblable que les Germains & les Bretons insulaires,
ont eu des druides, moins savans peut - être,
& moins respectés que ceux des Gaulois, mais au
fond imbus de la même doctrine, & se servant de
la même méthode pour la faire connoître.
L'histoire de la philosophie des Celtes ne nous offre
rien de certain; & cette obscurité qui la couvre,
n'a rien de surprenant; tant les tems où elle se cache
sont éloignés de notre âge, & de celui même
des anciens Romains. Nous ne trouvons rien, soit
dans nos moeurs & nos usages, soit dans le témoignage
des auteurs Latins, qui puisse fixer nos doutes
sur ce qui regarde ces peuples. Ce qui pourroit
nous procurer des connoissances certaines, & nous
instruire de leur religion, ce seroit les écrits, ou autres
monumens domestiques qu'ils nous auroient
laissés: mais tout cela nous manque, soit que le tems
les ait détruits entierement, soit qu'ils ayent voulu
les dérober à ceux qui n'étoient pas initiés dans leurs
mysteres, soit enfin, ce qui est le plus vraissemblable,
qu'ils n'écrivissent point leurs dogmes, & qu'ils
fussent dans l'usage de les transmettre par le canal
de la tradition orale & vivante. Les fables qui défigurent
leur histoire, & qui ont été compilées par Solin, Pline, Pomponius Mela, Aulu - gelle, Hérodote,
& Strabon, montrent assez quel fond nous devons
faire sur les écrivains, tant Grecs que Latins, qui
se sont mêlés de l'écrire. César lui - même, vainqueur
des Gaules, tout curieux observateur qu'il étoit des
moeurs & des usages des nations qu'il avoit vaincues,
ne nous dit que très - peu de chose des Celtes; & encore
le peu qu'il en dit est - il noyé dans un amas de
fables. D'ailleurs, ce qui a contribué beaucoup à
répandre de l'obscurité sur cette histoire, c'est le mêlange
de tous ces peuples, auxquels on donnoit le
nom de Celtes, avec les différentes nations qu'ils
étoient à portée de connoître; par - là s'introduisit nécessairement
dans leurs moeurs, & dans leurs dogmes,
une variété étonnante. Par exemple, du tems de
César & de Tacite, les Gaulois différoient beaucoup
des Germains, quoiqu'ils eussent une même
origine. Les Germains étoient extrèmement grossiers
en comparaison des Gaulois, qui, au rapport de Justin, avoient adouci leurs moeurs par le commerce
des Grecs, qui étoient venus s'établir à Marseille,
& avoient puisé chez eux quelque teinture de cette
politesse qui leur étoit comme naturelle. Les Grecs
& les Latins n'ont bien connu que les derniers tems
de l'histoire des Celtes; & l'on peut dire que les premiers
ont été pour eux couverts de nuages.
Quand nous parlons des Celtes, il ne faut pas se
représenter des peuples polis à la maniere des Grecs,
& des Romains, & cultivant avec le même soin les
Arts & les Sciences. Cette nation étoit plus guerriere
que savante, & plus exercée à chasser dans ses
[p. 809]
vastes forêts, qu'à disserter avec subtilité sur des
questions métaphysiques. Ce qui caractérise principalement
cette nation, c'est qu'elle avoit une excellente
morale, & que par - là du moins, elle étoit
préférable aux Grecs & aux Latins, dont le talent
dangereux étoit d'obscurcir les choses les plus claires
à force de subtilités. Son mépris pour les Sciences n'étoit pourtant pas si exclusif, qu'elle n'eût aussi
des savans & des sages, qui étoient jaloux de répandre
au loin leur Philosophie, quoique sous une forme
différente de celle des Grecs & des Romains.
Ces savans & ces sages s'appelloient druides, nom
fameux dans l'antiquité, mais très - obscur quant à
son origine. L'opinion la plus probable dérive ce
nom du mot chêne; parce que, selon la tradition
constante, les druides tenoient leurs assemblées dans
un lieu planté de chênes, & qu'ils avoient beaucoup
de vénération pour cette espece d'arbre qu'ils regardoient
comme sacré. La conformité de leur doctrine
avec celle des Mages & des Perses, des Chaldéens
de Babylone, des Gymnosophistes des Indes, prouve
qu'ils ont été en relation avec ces Philosophes.
On ne peut mieux connoître quelles étoient les
fonctions, l'autorité, & la maniere d'enseigner des
druides, que par ce qu'on en lit dans les commentaires
de Jules César.
« Les druides, nous dit ce général
instruit, président aux choses divines, reglent
les sacrifices tant publics que particuliers, interpretent
les augures & les aruspices. Le concours
des jeunes gens qui se rendent auprès d'eux pour
s'instruire, est prodigieux; rien n'égale le respect
qu'ils ont pour leurs maîtres. Ils se rendent arbitres
dans presque toutes les affaires, soit publiques,
soit privées; & si quelque meurtre a été commis,
s'il s'éleve quelque dispute sur un héritage, sur les
bornes des terres, ce sont eux qui reglent tout; ils
décernent les peines & les récompenses. Ils interdisent
les sacrifices, tant aux particuliers qu'aux
personnes publiques, lorsqu'ils ont la témérité de
s'élever contre leurs decrets: cette interdiction
passe chez ces peuples pour une peine très - grave;
ceux sur qui elle tombe sont mis au nombre des impies
& des scélérats. Tout le monde les fuit & évite
leur rencontre avec autant de soin que s'ils étoient
des pestiférés. Tout accès aux honneurs leur est
fermé, & ils sont dépouillés de tous les droits de
citoyens. Tous les druides reconnoissent un chef,
qui exerce sur eux une grande autorité. Si après sa
mort il se trouve quelqu'un parmi eux qui ait un
mérite éminent, il lui succede: mais s'il y a plusieurs
contendans, c'est le suffrage des Druides qui
décide de l'élection; il arrive même que les brigues
sont quelquefois si violentes & si impétueuses,
qu'on a recours à la voie des armes. Dans un certain
tems de l'année, ils s'assemblent près des confins
du pays Chartrain situé au milieu de la Gaule,
dans un lieu consacré, où se rendent de toutes
parts ceux qui sont en litige; & là leurs décisions
sont écoutées avec respect. Les druides sont
exempts d'aller à la guerre; de payer aucun tribut: en un mot ils joüissent de tous les droits du
peuple sans partager avec lui les charges de l'état.
Ce sont ces priviléges qui engagent un grand nombre
de personnes à se mettre sous leur discipline,
& les parens à y soûmettre leurs enfans. On dit qu'on
charge leur mémoire d'un grand nombre de vers
qu'ils sont obligés d'apprendre avant d'être incorporés
au corps des druides: c'est ce qui fait que
quelques - uns, avant que d'être initiés, demeurent
vingt ans sous la discipline. Quoiqu'ils soient dans
l'usage de se servir de l'écriture qu'ils ont apprise
des Grecs, tant dans les affaires civiles que politiques,
ils croiroient faire un grand crime s'il l'employoient
dans les choses de religion ».
On voit
par ce long morceau que je viens de transcrire, que
les druides avoient une grande influence dans toutes
les délibérations de l'état; qu'ils avoient trouvé
le moyen d'attirer à eux la plus grande partie du
gouvernement, laissant au prince qui vivoit sous leur
tutele, le seul droit de commander à la guerre. La
tyrannie de ces prêtres ne pouvoit être que funeste
à la puissance royale: car je suppose qu'un roi s'échappant
de leur tutele, eût eu assez de force dans
l'esprit pour gouverner par lui - même sans daigner
les consulter, il est évident qu'ils pouvoient lui interdire
les sacrifices, lancer contre lui l'anathème de
la religion, soûlever l'esprit de leurs disciples aveuglément
dociles à leurs leçons, & les menacer du
courroux de leurs dieux, s'ils ne respectoient pas
l'excommunication dont ils l'avoient frappé. Dans
les druides je ne vois pas des philosophes, mais des
imposteurs, qui uniquement occupés de leur intérêt,
de leur gloire, & de leur réputation, travailloient
à asservir leur imbécille nation sous le joug
d'une honteuse ignorance. Si l'on en croit les anciens
écrivains, ces prétendus philosophes étoient vêtus
magnifiquement, & portoient des colliers d'or. Le
luxe dans lequel ils vivoient faisoient tout leur mérite,
& leur avoit acquis parmi les Gaulois une grande
autorité.
Les druides étoient partagés en plusieurs classes:
il y avoit parmi eux, selon Ammien Marcellin, les
Bardes, les Eubages, & ceux qui retenoient proprement
le nom de druides. Les Bardes s'occupoient à
mettre en vers les grandes actions de leurs héros,
& les chantoient sur des instrumens de musique.
Les Eubages abysmés dans la contemplation de la
nature, s'occupoient à en découvrir les secrets.
Mais ceux qu'on appelloit druides par excellence,
joignoient à l'étude de la nature la science de la
morale, & l'art de gouverner les hommes. Ils
avoient une double doctrine; l'une pour le peuple,
& qui étoit par conséquent publique; l'autre
pour ceux qu'ils instruisoient en particulier, & qui
étoit secrette. Dans la premiere, ils exposoient au
peuple ce qui concernoit les sacrifices, le culte de
la religion, les augures, & toutes les especes de divinations: ils avoient soin de ne publier de leur doctrine
que ce qui pouvoit exciter à la vertu, & fortifier
contre la crainte de la mort. Pour la doctrine
qu'ils enseignoient à ceux qu'ils initioient dans leurs
mysteres, il n'est pas possible de la deviner: c'eût
été la profaner que de la rendre intelligible à ceux
qui n'avoient pas l'honneur d'être adeptes; & pour
inspirer à leurs disciples je ne sai quelle horreur sacrée
pour leurs dogmes, ce n'étoit pas dans les villes
ni en pleine campagne qu'ils tenoient leurs assemblées
savantes, mais dans le silence de la solitude,
& dans l'endroit le plus caché de leurs sombres forêts: aussi leurs dogmes étoient - ils des mysteres impénétrables
pour tous ceux qui n'y étoient pas admis.
C'est ce que Lucain a exprimé d'une maniere
si énergique par ces vers:
Solis nosse deos, & coeli numina vobis,
Aut solis nescire datum: nemora alta remotis
Incolitis lucis.
Après cela est - il surprenant que les Grecs & les
Romains ayent avoüé leur ignorance profonde sur les
dogmes cachés des druides? Le seul de ces dogmes
qui ait transpiré, & qui ait percé les sombres voiles
sous lesquels ils enveloppoient leur doctrine, c'est
celui de l'immortalité de l'ame. On savoit bien en
général que leurs instructions secrettes rouloient sur
l'origine & la grandeur du monde, sur la nature des
choses, sur l'immortalité & la puissance des dieux:
mais ce qu'ils pensoient sur tous ces points, étoit absolument
ignoré. En divulgant le dogme de l'immortalité
des esprits, leur intention étoit, selon Pom<pb->
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the
French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et
Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the
Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division
of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic
Text Services (ETS) of the University of Chicago.
PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.