ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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CEINTURIER (Page 2:800)

CEINTURIER, s. m. (Art méchanique.) on appelle ainsi celui qui fait ou qui vend des ceintures.

La communauté des marchands Ceinturiers de la ville de Paris est d'un très - ancien établissement, & étoit autrefois une des plus considérables de cette capitale.

Le nom de Ceinturiers que les maîtres prennent aujourd'hui, est assez moderne. Avant le milieu du xv. siecle, ils se nommoient maîtres Courroyers, du mot courroie; parce qu'on faisoit alors les ceintures avec du cuir, à la reserve de ceux de mouton & de bazane, qu'il étoit défendu d'y employer.

Cette communauté s'est soûtenue tant que les robbes & les habillemens longs ont été en usage en France: mais la mode des habits courts que les hommes prirent après le regne de Henri III. ne la fit pas pourtant tout - à - fait tomber. Cet étalage assez bisarre de demi - ceints chargés de tant de bourses, demis, & d'autres bagatelles, dont les femmes, sur - tout parmi la bourgeoisie, se sont parées jusque assez avant dans le xvi. siecle, suffit assez long - tems pour occuper près de deux cents maîtres de cette communauté.

Toutes ces modes étant à la fin passées, les baudriers & les ceinturons de toutes sortes, soit de velours ou d'autres étoffes, soit de diverses especes de cuirs piqués d'or, d'argent, & de soie, les ceintures & gibecieres pour les grenadiers, les porte - carabines pour la cavalerie, les fournimens & les pendans à bayonnette pour l'infanterie, enfin les ceintures d'étoffe ou de cuir brodées, sont restés le partage des maîtres de cette communauté.

Chaque maître ne peut avoir qu'une boutique & qu'un apprenti, obligé au moins pour quatre ans.

Les enfans de maîtres font apprentissage chez leur pere, & ne tiennent point lieu d'apprentis.

Aucun n'est reçû à la maîtrise qu'il n'ait fait chef d'oeuvre, qui anciennement étoit une ceinture de velours à deux pendans, à huit boucles par le bas des pendans; la ferrure de fer à crochet, limée & percée à jour, à feuillages encloüés, & reparée dessus & dessous, les clous avec leur contre - rivet, le tout bien poli. Mais depuis que ces ceintures ne sont plus d'usage, le chef - d'oeuvre est de quelqu'un des ouvrages que font les Ceinturiers modernes. Voyez le Dict. du Commerce.

CEINTURON (Page 2:800)

CEINTURON, s. m. (Art milit.) ceinture de bufle avec une boucle, des barres, & des pendans. Le soldat se l'attache sur les reins, & l'épée est suspendue aux barres & aux pendans. La partie des pendans dans laquelle elle passe, s'appelle le baudrier. On a pratiqué au baudrier une espece de boutonniere, dans laquelle entre le crochet du fourreau de l'épée. Il y a des ceinturons de soie; il y en a de maroquin, de veau, &c. pour les officiers & autres personnes qui portent l'épée. Les Ceinturiers font les ceinturons de bufle, de maroquin, & de veau: mais ils font faire ceux de soie, qui ne peuvent être vendus que par eux. Voyez Ceinturier.

CELADON (Page 2:800)

* CELADON, adj. qu'on prend quelquefois subtantivement, (Teinture.) couleur verte tirant sur le blanc. Il est ordonné par les reglemens de la Teinture & les statuts des Teinturiers, que les soies teintes en celadon seront alunées, voyez Aluner; puis gaudées, voyez Gauder; ensuite passées sur la cuve d'inde: que les laines de cette couleur seront gaudées & passées en cuve, sans être brunies avec le bois d'inde, voyez Brunir; & que les fils celadons seront d'abord teints bleus; puis rabattus avec le bois de campeche & le verdet, & achevés avec la gaude. Voyez l'article Teinture.

CELAMA (Page 2:800)

CELAMA, (Géog.) ville d'Asie aux Indes, dans l'île de Banda, l'une des Molucques.

CELANO (Page 2:800)

CELANO, (Géog.) petite ville d'Italie au royau<cb-> me de Naples, dans l'Abruzze ultérieure. Long. 31 30. lat. 42.

CELEBES (Page 2:800)

CELEBES, (isle des) grande île d'Asie dans la mer des Indes, sous l'équateur au midi des Philippines, & à l'orient de celle de Bornéo: on la nomme Macassar. La capitale se nomme Celebes. On prétend que le hasard seul a décidé de la religion que professent les Celebes: ennuyés d'être idolatres, ils envoyerent des députés aux Chrétiens qui demeuroient dans leur voisinage, & ils en envoyerent en même tems d'autres au roi d'Achem qui étoit Mahométan, dans la résolution de prendre la religion de ceux qui leur envoyeroient les premiers des apôtres. Les Chrétiens furent prévenus par les Mahométans, dont en conséquence ils embrasserent la secte.

CELEBRE, ILLUSTRE, FAMEUX, RENOMMÉ (Page 2:800)

* CELEBRE, ILLUSTRE, FAMEUX, RENOMMÉ, synonymes, (Gramm.) termes relatifs à l'opinion que les hommes ont conçûe de nous, sur ce qu'ils en ont entendu raconter d'extraordinaire. Fameux ne désigne que l'étendue de la réputation, soit que cette réputation soit fondée sur de bonnes ou de mauvaises actions; & se prend en bonne & en mauvaise part: on dit un fameux capitaine, & un fameux voleur. Illustre marque une réputation fondée sur un mérite accompagné de dignité & d'éclat: on dit les hommes illustres de la France; & l'on comprend sous cette dénomination & les grands capitaines, & les magistrats distingués, & les auteurs qui joignent des dignités au mérite littéraire. Célebre offre l'idée d'une réputation acquise par des talens littéraires, réels ou supposés, & n'emporte point celle de dignité. Renommé seroit tout - à - fait synonyme à fameux, s'il se prenoit en bonne & en mauvaise part: mais il ne se prend qu'en bonne, & n'est relatif qu'à l'étendue de la réputation. Peut - être marque - t - il une réputation un peu moins étendue que fameux. Fameux, célebre, renommé, se disent des personnes & des choses. Illustre ne se dit que des personnes. Erostrate & Alexandre se sont rendus fameux, l'un par l'incendie du temple d'Ephese, l'autre par le ravage de l'Asie. La bataille de Canne illustra les Carthaginois. Horace est célebre entre les auteurs Latins. La pourpre de Sidon étoit aussi renommée chez les anciens, que la teinture des Gobelins parmi nous. Voyez les Synonymes de M. l'abbé Girard.

CELEF (Page 2:800)

CELEF, (Géog.) riviere d'Afrique au royaume d'Alger, qui tombe dans la mer à trois lieues d'Alger.

CELENO (Page 2:800)

* CELENO, (Mytholog.) c'est le nom d'une des Pleyades; voyez Pleyades: c'est aussi celui de la principale des harpies. Elle prédit aux Troyens dans les îles Strophades, qu'en punition du mauvais traitement qu'elle en avoit reçû, ils ne s'établiroient en Italie qu'après que la faim les auroit contraints à manger leurs tables. Qu'on me permette d'observer en passant, que quelqu'intéressant que pût être pour les Romains l'épisode des harpies, il est assez ridicule, & que la prédiction des tables mangées est une puérilité sans esprit, sans agrément, & fort au - dessous même du cheval de Troie. Quelle différence entre cette partie de la machine de l'Enéide, & l'amour substitué au petit Ascagne, entre les bras de Didon!

CELERES (Page 2:800)

CELERES, s. m. pl. (Hist. anc.) c'étoit chez les Romains une troupe choisie, ou régiment destiné à la garde du roi. Romulus institua ce corps, composé de trois cents jeunes gens tirés des plus illustres familles de Rome, & approuvés par les suffrages des curies de Rome, dont chacune en fournissoit dix. Leur nom vient de celer, prompt, actif; parce que cette troupe exécutoit avec promptitude les ordres du prince: d'autres prétendent qu'ils le tiennent de leur premier tribun nommé Celer, qui fut d'un grand secours à Romulus dans le combat contre son frere Remus, tué, dit - on, par ce même Celer. On con<pb-> [p. 801] fond encore les celeres avec les soldats nommés trossuli, parce qu'ils emporterent d'emblée la ville de Trossulum en Etrurie.

Outre l'honneur de garder à Rome la personne du roi quand on étoit en campagne, les celeres faisoient l'avant - garde de l'armée, chargeoient les premiers, & formoient l'arriere - garde dans les retraites. Ils ressembloient à nos dragons, puisqu'ils combattoient quelquefois à pié, quoiqu'ils fussent d'ailleurs montés & compris dans la cavalerie. Ils étoient divisés en trois escadrons de cent maîtres chacun, sous un capitaine ou centurion; & leur commandant en chef se nommoit tribunus ou prafoectus celerum. On le regardoit comme la seconde personne de l'état.

Plutarque assûre que Numa supprima ce corps: mais il fut rétabli sous les rois ses successeurs; puisqu'il est certain que le fameux Brutus qui chassa de Rome Tarquin le superbe, avoit été tribun des celeres. (G)

CÉLERI (Page 2:801)

CÉLERI, s. m. apium dulce, (Jard.) est une espece d'ache, dont les feuilles sont déchiquetées, dentelées, & d'un verd luisant, mais dont les tiges sont d'un goût moins fort, & plus agréable que l'ache des marais. Ces tiges se blanchissent, & deviennent tendres en les buttant de terre & de fumier jusqu'au haut des feuilles, dont on coupe l'extrémité. Le céleri se mange en salade, & sert à plusieurs ragoûts. Cette plante se multiplie de graine qui est fort menue, & que l'on seme sur couche au mois d'Avril. On la replante ensuite en pleine terre au mois de Juin sur une planche terrotée de quatre piés de large, & à trois pouces l'une de l'autre sur cinq rayons, ayant soin de l'arroser souvent, & toûjours de la butter. Voyez Ache. (K)

CELERIN (Page 2:801)

CELERIN, s. m. membradas, (Hist. nat. Ichth.) poisson de mer du genre des aphyes. Il a le corps blanc & la tête de couleur d'or, & il ressemble aux sardines.

Célerin erica, poisson qui se trouve souvent dans les lacs de Savoie. On lui a donné le nom de célerin, parce qu'il ressemble beaucoup aux célerin; de mer. Il est aussi fort ressemblant à la sardine: c'est pourquoi on l'appelle en Italie sardanella. Ses écailles sont fort menues & luisantes comme de l'argent: elles tombent aisément. La bouche est grande; les ouvertures des ouies sont découpées. Ce poisson est fort gras. On en prend une grande quantité au printems. On sale les petits, parce qu'ils se gardent mieux que les grands. Rondelet. Voyez Poisson. (I)

CEIERITÉ (Page 2:801)

CEIERITÉ, s. f. (Méchanique.) est proprement la vîtesse d'un corps en mouvement, ou cette affection du corps en mouvement, par laquelle il est mis en état de parcourir un certain espace dans un certain tems. Voyez Vîtesse, Espace; voyez aussi Mouvement.

Ce mot s'employe presque toûjours dans un sens figuré. On se sert rarement du mot de célérité pour exprimer la vîtesse d'un corps en mouvement: mais on s'en sert souvent dans l'usage ordinaire; lorsqu'on dit, par exemple, qu'une telle affaire demande expédition & célérité, &c. Ce mot vient du latin celeritas, qui signifie la même chose. (O)

CELESTE (Page 2:801)

* CELESTE, s. f. (Myth.) déesse adorée à Carthage & dans toutes les contrées septentrionales de l'Afrique. Elle étoit représentée assise sur un lion, & surnommée la reine du ciel. Eliogabale qui avoit pris le titre de prêtre du soleil, enleva l'idole de Céleste de Carthage, avec toutes les richesses de son temple; la maria avec son dieu, & contraignit les sujets de l'empire à célébrer ses noces, & à lui faire des présens. Constantin détruisit le temple que Céleste avoit à Carthage.

CELESTINS (Page 2:801)

CELESTINS, s. m. pl. (Hist. ecclés.) ordre religieux, ainsi nommés du pape Célestin V. qui avant que d'être élevé sur la chaire de saint Pierre, & ne portant encore que le nom de Pierre de Moron; établit une congrégation de religieux réformés de l'ordre de Saint - Bernard. Il commença en 1244; fut approuvé par Urbain IV. en 1264, & confirmé dix ans après par Grégoire X. au II. concile général de Lyon. D'Italie il passa en France l'an 1300, sous le regne de Philippe - le - Bel; & en 1318, selon du Breuil dans ses Antiquités de Paris, fut fondée la maison qu'ont en cette capitale les Célestins. Elle est en France le chef de l'ordre, qui consiste en vingt - trois monasteres; ils sont gouvernés par un provincial, qui a pouvoir de général en France, & qui est élû tous les trois ans. (G)

CÉLEUSME (Page 2:801)

* CÉLEUSME, s. m. (Hist. anc.) c'est le nom du cri par lequel on exhortoit chez les Grecs les rameurs à redoubler leurs efforts. Ce cri étoit, selon Aristophane, rhippapé ou oop. Voyez Cri. Le celeusme étoit aussi à l'usage des gens de mer, chez les Romains. Les commandans avec leurs celeusmes, dit Arrien, ordonnoient aux rameurs de commencer ou de cesser; & les rameurs répondant par un cri, plongeoient tous à la fois leurs rames dans le fleuve.

CELEUSTE (Page 2:801)

* CELEUSTE, s. f. (Hist. anc.) nom d'une des danses boufonnes des Grecs. On n'en sait rien de plus.

CÉLIBAT (Page 2:801)

* CÉLIBAT, s. m. (Hist. anc. & mod. & Morale.) est l'état d'une personne qui vit sans s'engager dans le mariage. Cet état peut être considéré en lui - même sous trois aspects différens: 1°. eu égard à l'espece humaine; 2°. à la société; 3°. à la société chrétienne. Mais avant que de considérer le célibat en lui - même, nous allons exposer en peu de mots sa fortune, & ses révolutions parmi les hommes. M. Morin, de l'académie des Belles - lettres, en réduit l'histoire aux propositions suivantes. Le célibat est aussi ancien que le monde; il est aussi étendu que le monde: il durera autant & infiniment plus que le monde.

Histoire abrégée du célibat. Le célibat est aussi ancien que le monde, s'il est vrai, ainsi que le prétendent quelques auteurs de l'ancienne & de la nouvelle loi, que nos premiers parens ne perdirent leur innocence qu'en cessant de garder le célibat; & qu'ils n'auroient jamais été chassés du paradis, s'ils n'eussent mangé le fruit défendu; action qui dans le style modeste & figuré de l'Ecriture, ne désigne autre chose, selon eux, que l'infraction du célibat. Ils tirent les preuves de cette interprétation grammaticale, du sentiment de nudité qui suivit immédiatement le péché d'Eve & d'Adam; de l'idée d'irrégularité attachée presque par toute la terre à l'acte charnel; de la honte qui l'accompagne; du remors qu'il cause; du péché originel qui se communique par cette voie: enfin de l'état où nous retournerons au sortir de cette vie, où il ne sera question ni de maris ni de femmes, & qui sera un célibat éternel.

Il ne m'appartient pas, dit M. Morin, de donner à cette opinion les qualifications qui lui conviennent; elle est singuliere: elle paroît opposée à la lettre de l'Ecriture; c'en est assez pour la rejetter. L'Ecriture nous apprend qu'Adam & Eve vécurent dans le paradis, comme frere & soeur; comme les anges vivent dans le ciel; comme nous y vivrons un jour: cela suffit; & voilà le premier & le parfait célibat. Savoir combien il dura, c'est une question purement curieuse. Les uns disent quelques heures; d'autres quelques jours: il y en a qui, fondés sur des raisons mystiques, sur je ne sai quelles traditions de l'église Greque, sur l'époque de la naissance de Caïn, poussent cet intervàlle jusqu'à trente ans.

A ce premier célibat, les docteurs Juifs en font succéder un autre qui dura bien davantage; car ils prétendent qu'Adam & Eve, confus de leur crime, en firent pénitence pendant cent ans, sans avoir aucun

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