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Feu M. de la Peyronie, premier Chirurgien du Roi, pensoit qu'il pouvoit y avoir des cataractes membraneuses; il croyoit que la membrane qui couvre la partie antérieure du crystallin, & qui forme en partie la capsule de ce corps, pouvoit perdre sa transparence, se séparer peu à peu du crystallin, & devenir adhérente au cercle de l'iris; dans ce cas, on pourroit abattre le crystallin, sans pour cela détruire la cataracte.
On dit qu'on ne doit faire l'opération que lorsque la cataracte est bien mûre: les signes de maturité sont 1°. que la couleur en soit égale en toutes ses parties; car les cataractes marbrées sont ordinairement caséeuses; elles n'ont pas une consistance égale dans tous leurs points, ce qui est indiqué par la couleur variée; ces sortes de cataractes ne sont point assez fermes pour soûtenir l'action de l'aiguille, & se partagent en différentes parties, ce qui rend fort souvent l'opération infructueuse: 2°. que les malades n'apperçoivent plus qu'une foible lueur; qu'ils ne fassent qu'appercevoir les ombres des corps opaques que l'on passe devant leurs yeux, & qu'ils soient affectés par le grand jour.
Lorsque dans cet état l'iris ou cercle de la prunelle se dilate à l'obscurité, & se resserre au grand jour; on peut entreprendre l'opération après avoir préparé le malade par les remedes généraux.
Pour faire l'opération, on fait mettre le malade
sur une chaise posée vis - à - vis des fenêtres, à une
distance convenable & un peu de biais, afin que la
lumiere ne frappe point à plomb le visage du malade.
On choisit pour cela un jour bien serein: mais
il faut prendre garde qu'un rayon de soleil ne puisse
venir frapper les yeux du malade. Le Chirurgien
s'assied sur une chaise un peu plus haute, afin d'opérer
commodément étant plus élevé que le malade.
S'il n'y a qu'un oeil d'incommodé, on applique sur
le sain une compresse en plusieurs doubles avec une
bande posée obliquement; un aide qui est debout
derriere le malade, lui appuie fermement la tête
sur sa poitrine. Voyez
L'opérateur prend alors une aiguille convenable,
voyez
Lorsque l'opération est faite, on ferme les paupieres, & on applique sur tout l'oeil une compresse en plusieurs doubles, trempée dans un collyre fait avec l'eau de rose, l'eau de plantain, & un blanc d'oeuf, battus ensemble: on bande l'oeil sain de même que le malade; parce que les mouvemens des yeux étant réciproques, l'oeil malade seroit fatigué par l'action du sain. Le bandage se nomme ail - double. Voyez ce mot.
On saigne le malade, s'il survient inflammation: il est toûjours prudent de le faire pour la prévenir. Cette opération présente beaucoup de difficulté, dont il faut s'instruire dans les livres des maîtres de l'art; & en les suivant dans la pratique, la réussite peut dépendre des précautions avec lesquelles on s'expose aux impressions de la lumiere. Une femme de soixante ans, aveugle depuis six, me pria de voir ses yeux: je reconnus deux cataractes, dont je lui fis l'opération aux deux yeux de suite avec succès. Il n'y survint point d'accidens Je lui permis le dixieme jour d'avoir les yeux ouverts une heure le matin & autant le soir. Je ne voulois lui accorder l'usage de ses yeux que par degrés. La satisfaction de voir lui fit négliger mes avis. Le dix - septieme jour, après avoir été examinée par plusieurs Chirurgiens de Paris qui avoient assisté à l'opération, & qui en jagerent fort avantageusement, cette femme fatigua beaucoup sa vûe, & devint aveugle l'après - dînée en regardant quelqu'un à une lumiere fort vive. L'iris qui se contractoit & se dilatoit fort bien lorsque l'oeil étoit plus ou moins exposé à la lumiere, est actuellement immobile & fort dilatée, comme dans la goutte - sereine. Cette grande dilatation laisse appercevoir à un des yeux une portion de la cataracte, qui déborde la partie inférieure du cercle de la prunelle.
Une personne à qui on a abattu la cataracte, ressemble à ces hommes qui sortant tout - à - coup d'une caverne obscure, ne peuvent supporter l'éclat du grand jour: il faut que des gradations insensibles de lumiere préparent la vûe à en recevoir les rayons; faute de ce ménagement, on risque de perdre tout - à - fait l'organe. (Y)
CATARRHE (Page 2:771)
CATARRHE, s. m. (Med.) fluxion ou distillation qui, selon Hippocrate, se fait de la tête dans la bouche, & delà sur la trachée - artere & le poumon. Le siége de cette maladie est dans les finus de la base du crâne, & les glandes de la membrane pituitaire qui tapisse ces sinus. Cette humeur étant en plus grande quantité qu'elle ne doit être, & devenant acre, occasionne les symptomes suivans: une chaleur & une sécheresse insupportables dans le gosier & le nez, dans la bouche & la gorge; l'engorgement des vaisseaux de ces parties, d'où naissent la roideur dans les muscles du cou, la tension des tégumens, l'enchifrenement, l'écoulement involontaire d'une hu<pb-> [p. 772]
Lorsque cette humeur ne se fixe pas sur ces parties, & qu'elle occupe les glandes du poumon, elle irrite les parties nerveuses des bronches, & occasionne l'enrouement & la toux: lorsque ces parties par l'irritation qu'elles ont essuyée se trouvent engorgées, il s'ensuit oppression, râllement, & autres accidens funestes: lorsque l'humeur bronchiale est retenue long - tems dans ces glandes par le resserrement qui y a été occasionné, on doit craindre l'inflammation du poumon & la fievre. Un rhûme léger d'abord peut devenir en le négligeant très - dangereux pour le malade; car alors les vaisseaux capillaires du poumon cedent à la force de la toux, se rompent, d'où suit le crachement de sang; accident que Hippocrate a regardé comme décisif pour le malade, puisqu'il s'est expliqué ainsi à ce sujet: à sanguinis sputo, puris sputum; à puris sputo tabes; à tabe mors.
Les causes éloignées du catarrhe sont tout ce qui peut occasionner la surabondance de l'humeur des glandes dont j'ai parlé ci - dessus; comme la suppression ou la diminution de la transpiration; en sortant d'un endroit chaud & passant subitement dans un lieu froid; en s'exposant à un vent violent, soit à pié, soit à cheval; en chantant ou en criant dans un lieu exposé au grand air.
Le traitement de cette maladie consiste dans le rétablissement de la transpiration, par les boissons abondantes d'infusions ou de décoctions de plantes légerement sudorifiques. La boisson abondante d'eau tiede suffit quelquefois pour parvenir à ce but: on y mêle cependant quelques cuillerées de sirop, comme celui de capillaire, de guimauve, & autres de cette espece.
Lorsqu'il y a fievre & inflammation considérable,
la saignée est très - bien indiquée; car par ce moyen
l'on vient à bout de faire cesser l'engorgement actuel
& d'en prévenir un plus grand; & c'est très - mal - à - propos que la plûpart des gens enrhûmés, & qui sont
dans le cas dont il est question ici, craignent la saignée,
dans l'idée que le rhûme leur tomberoit sur la
poitrine: ils penseroient autrement, s'ils savoient
d'où vient la toux; & que c'est le seul moyen de la
diminuer & d'en prevenir les mauvais effets. Voyez
Il y a encore une espece de catarrhe que l'on appelle suffoquant; parce que tout - à - coup la maladie se jette sur le larynx & l'épiglotte, & que le malade est en danger de suffoquer, s'il n'est promptement secouru. Ces parties sont dans un si grand resserrement, que l'air a très - grande peine à entrer & sortir. Il est donc question de procurer à l'instant même, par les saignées copieuses & réitérées, quelque relâchement; de détourner par les lavemens, les vésicatoires, & autres remedes de cette espece l'humeur qui est la cause de ce mal, auquel le malade succomberoit en très - peu de tems. (N)
CATARTHIQUE (Page 2:772)
CATARTHIQUE, adj. (Medecine.) médicament
qui a la vertu d'évacuer les humeurs par les selles: il
est tiré du mot Grec
Quoique ce terme semble signifier généralement
toute sorte d'évacuations, soit naturelles soit artificielles,
par quelque voie que ce soit, comme la bouche,
l'anus, la matrice, le passage des urines ou les
pores de la peau; cependant on a donné le nom de
catarthiques seulement à ceux qui agissant sur la membrane
interne des intestins, occasionnent par - bas une
évacuation copieuse d'humeurs: on a nommé ces remedes
purgatifs. Voyez
CATASTASE (Page 2:772)
CATASTASE, s. f. en Poésie; c'est, selon quelques - uns, la troisieme partie du poëme dramatique
Ce mot est originairement Grec,
CATASTE (Page 2:772)
* CATASTE, s. f. (Hist. anc.) ce terme a, dans
les anciens auteurs, différentes acceptions: il signifie
ou un échafsaud à degrés où l'on faisoit les exécutions;
ou les entraves qu'on mettoit aux esclaves, de peur
qu'ils ne s'enfuissent quand on les exposoit en vente;
ou un instrument de torture, dont la forme est inconnue.
Il y avoit une sorte de cataste qu'on appelloit encore
cyphon. Voyez
CATASTROPHE (Page 2:772)
CATASTROPHE, s. f. en Poésie; c'est le changement
ou la révolution qui arrive à la fin de l'action
d'un poëme dramatique, & qui la termine. Voyez
Selon Scaliger, la catastrophe étoit la quatrieme &
derniere partie des tragédies anciennes, où elle succédoit
à la catastase; mais ceux qui retranchant celle - ci,
ne comptent que la protase, l'épitase, & la catastrophe, appellent cette derniere la troisieme. Voyez
La catastrophe est ou simple ou compliquée: ce qui
fait donner aussi à l'action l'une ou l'autre de ces dénominations.
Voyez
Dans la premiere, on ne suppose ni changement dans l'état des principaux personnages, ni reconnoissance, ni dénouement proprement dit; l'intrigue qui y regne n'étant qu'un simple passage du trouble & de l'agitation à la tranquillité. Cette espece de catastrophe convient plus au poëme épique qu'à la tragédie, quoiqu'on en trouve quelques exemples dans les anciens tragiques: mais les modernes ne l'ont pas crue assez frappante, & l'ont abandonnée. Dans la seconde, le principal personnage éprouve un changement de fortune, quelquefois au moyen d'une reconnoissance, & quelquefois sans que le poëte ait recours à cette situation.
Ce changement s'appelle autrement péripétie; & les qualités qu'il doit avoir, sont d'être probable & nécessaire. Pour être probable, il faut qu'il résulte de tous les effets précédens; qu'il naisse du fonds même du sujet, ou prenne sa source dans les incidens, & ne paroisse pas mené ou introduit à dessein, encore moins forcément. La reconnoissance sur laquelle une catastrophe est fondée, doit avoir les mêmes qualités que la catastrophe; & par conséquent pour être probable, il faut qu'elle naisse du sujet même; qu'elle ne soit point produite par des marques équivoques, comme bagues, brasselets, &c. ou par une simple réflexion, comme on en voit plusieurs exemples dans les anciens & dans les modernes.
La catastrophe, pour être nécessaire, ne doit jamais
laisser les personnages introduits dans les mêmes
sentimens, mais les faire passer à des sentimens
contraires; comme de l'amour à la haine, de la colere
à la clémence, &c. Quelquefois toute la catastrophe ou révolution consiste dans une reconnoissance: tantôt elle en est une suite un peu éloignée, &
tantôt l'effet le plus immédiat & le plus prochain;
& c'est, dit - on, là la plus belle espece de catastrophe,
telle qu'est celle d'OEdipe. Voyez
Dryden pense qu'une catastrophe qui résulteroit du
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