ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"763"> rature, ne se borne pas comme dans nos écoles, au seul gouvernement de l'église Catholique, elle embrasse toutes les lois & tous les reglemens faits pour gouverner les sociétés fondées sur les liens de culte & de religion, & peut se diviser en discipline chrétienne, & en discipline héteronome.

La discipline chrétienne varie selon les différentes communions qui partagent l'Eglise universelle: mais toutes ces diversités peuvent être réduites sous les communions Romaine, Greque & Protestante.

La discipline héteronome renferme tout ce qui concerne le gouvernement des églises non Chrétiennes, telles que celles des Juifs, des Musulmans, & des Gentils idolatres.

Le Droit civil: de tout tems les hommes se sont réunis pour se fortifier contre leurs ennemis, & veiller avec plus de sûreté à leur mutuelle conservation, ce qui a formé des patries d'où le Droit civil a pris naissance. Il se partage assez naturellement en deux especes, Politique & Jurisprudence.

La Politique a pour objet le Droit public; c'est - à - dire, qu'elle regarde les intérêts, la gloire, la puissance, la forme & l'administration des états; d'où les actes conventionnels, les manifestes, les mémoires de négociations, &c.

La Jurisprudence veille aux intérêts des particuliers, décide leurs différends, &c. d'où les lois, les jugemens rendus, les Jurisconsultes, les Praticiens, &c.

Corporologie (Page 2:763)

Corporologie: au milieu des sociétés générales que forme l'église ou la patrie, il s'en éleve de particulieres qui peuvent se diviser en cénobitiques & associations.

La cênobitique comprend les regles claustrales & les autres écrits qui concernent le gouvernement des communautés religieuses.

Les associations renferment toutes les sociétés auxquelles la conformité de profession, d'emploi ou d'occupations, donne naissance dans le corps civil de l'état. Telles sont les académies, les ordres de chevalerie, les compagnies, les corps & métiers, &c. leurs statuts, leurs reglemens, & leurs usages particuliers.

L'Éthicologie (Page 2:763)

L'Éthicologie: outre les sociétés fondées sur des lois authentiques, il en est une libre & naturelle que l'humanité inspire, & que la raison approuve; c'est ce qu'on nomme commerce ordinaire de la vie. Les moeurs en sont le lien, & font l'objet de l'éthicologie. Les livres qui appartiennent à cette classe sont distingués par la forme que les auteurs ont donnée à leurs ouvrages; ce sont ou des traités ou des caracteres.

Les Traités de morale sont ou des discours suivis ou méthodiques, adressés au public ou à quelques personnes particulieres, par forme de leçons.

Les Caracteres ne font précisément que mettre les moeurs en tableau par des descriptions, qui sans attaquer les personnes, tracent néantmoins tous les traits personnels.

La Thesmologie comprend les livres qui traitent des usages reçus dans les sociétés; ces usages se distinguent par le cérémonial & les modes.

La Praxéonomie traite des sociétés particulieres & momentanées, de leurs regles, de leurs formes, &c. & se divise en aetiologie & ludicrologie.

L'aetiologie embrasse les pratiques familieres & domestiques.

La ludicrologie comprend les jeux de hasard, d'adresse ou de conduite.

HISTORIOGRAP HIE, Notices, Histoires, Personologies, Litterologie, Fictions, Collections.

Les Notices sont des ouvrages purement énu<cb-> mératifs, ou des listes méthodiques, tantôt municipales, tantôt nominales.

Les Notices municipales ont pour objet les offices; charges, emplois, siéges & tribunaux; elles servent à faire connoître la puissance, ainsi que la forme des états & des corps civils.

Les notices nominales exposent les noms des personnes, soit des membres qui composent les différentes sociétés, soit des têtes qui étendent & soûtiennent les familles, soit de ceux qui forment l'ordre & la durée des successions sur les thrones & dans les places distinguées.

Les Histoires narrent les évenemens qui touchent le corps général de quelque société, soit que cette société forme une patrie, ou une simple congrégation; ce qui divise cette clafie en histoires nationales & congrégationales.

Les histoires nationales ont pour objet toutes les sociétés politiques d'état & de nation.

Les congrégationales ont les autres sociétés particulieres, telles que celles de religion.

Les Personologies sont, ainsi que l'étymologie de la dénomination le fait entendre, une sorte d'historiographie qui a pour objet les personnes en particulier. Cette forme, comme les autres, a deux ordres sous les noms de vies & de voyages. Sous le nom de vies est compris tout ce qui porte le titre de mémoires.

La Littérologie a pour objet les faits & les évenemens littéraires, & se divise en doctrinologie, bibliographie.

La doctrinologie fait l'histoire des Sciences & des Arts; c'est - à - dire, qu'on y prend soin de faire connoître le tems & les circonstances de leur origine, ainsi que le cours de leurs progrés.

La bibliographie instruit des écrits, que la plume; conduite par le talent de l'esprit, a donnés au public; ce qui se fait ou par des extraits & des analyses, ou par des catalogues.

Les Fictions, enfans de la seule imagination, & faites pour amuser, se masquent d'un faux air d'histoire par une narration suivie, & se divisent en romans & en contes.

Les Collections comprennent tous les ouvrages historiographiques faits de diverses pieces d'assemblage sans aucun enchaînement d'évenemens & de circonstances; elles peuvent se réduire à deux objets différens, les antiquités & les compilations.

Les antiquités rassemblent ce qui regarde les monumens que la main des hommes a fabriqués, & que les tems n'ont pas détruits, tels que les bâtimens, les inscriptions, les médailles, les chartres, & autres choses pareilles.

Les compilations ramassent les différens faits indépendans les uns des autres, tels que les mémoriaux & les dictionnaires historiques.

PHILOSOPHIE, Mathématiques, Cosmographie, Physiographie, Physique, Medecine, Spiritologie.

La nature présente une multitude d'êtres contenus dans un espace, d'où naît l'envie de calculer les uns, & de mesurer l'autre; de façon que le nombre & la grandeur deviennent une occupation d'esprit, & sont véritablement des connoissances préliminaires & nécessaires à l'étude de la nature.

Un regard ensuite plus attentif fait qu'on regarde le monde comme un vaste pays où l'on voudroit voyager, & dont la totalité se distribue en deux parties, le ciel & la terre. Ce sont deux objets nouveaux à traiter.

A l'idée générale des régions doit naturellement succéder celle d'habitation; on y rencontre une multitude d'êtres successivement produits & renouvel<pb-> [p. 764] lés, ou par voie de génération, ou par voie de végétation. Leur description fait le travail des Naturalistes.

Le travail constant & infatigable de la nature la fait envisager dans un état d'action, dont la connoissance devient intéressante par le desir de dévoiler ses mysteres; de - là l'étude de la Physique.

L'étude de la nature en action conduit nécessairement à celle de l'état de vie. Une curiosité bien placée par l'intérêt qu'on prend & qu'on doit prendre à sa conservation, détermine l'homme studieux à approfondir la machine animale, pour savoir en quoi consiste la vie; quels en sont les ressorts; ce qui en fait la bonne oeconomie & la santé, & pour decouvrir aussi les causes & les regles de sa destruction ou de sa langueur; d'où la Medecine.

Après avoir considéré la nature sous ses différentes faces, il n'étoit pas naturel d'oublier le plus dmirable de ses aspects; celui où s'appliquant & cherchant à connoître, elle paroît toute spirituelle. L'esprit humain se repliant souvent sur lui - même & sur ses opérations, s'étudie & travaille sur son propre fonds, non - seulement pour se comprendre ainsi que tout ce qu'il imagine être comme lui au - dessus de la sphere corporelle, mais encore pour se faire une méthode de penser & de raisonner, qui serve à le conduire au vrai & au bon. Voilà les raisons sur lesquelles sont fondées les divisions de la Philosophie, dont nous allons rendre compte en particulier.

Les Mathématiques ayant pour objet le nombre & la grandeur, se divisent en Arithmétique & Géométrie; sous le nom d'Arithmétique est compris l'Algebre.

La Cosmographie se divise en Astronomie & Géographie.

La Physiographie s'attache à faire connoître les productions de la nature, & se divise en Psycologie & Végétologie.

La Psycologie considere les êtres produits par voie de génération, & doüés de vie; c'est - à - dire, des animaux de toute espece.

La Végétologie comprend tout ce qui est produit par l'action continuelle de la nature, tels que sont les plantes, les fruits, les métaux, les minéraux, les coquillages, &c.

La Physique est ou spéculative ou pratique.

La spéculative renferme les systèmes, & la pratique les expériences.

La Medecine a pour but ce qui concerne la vie & la santé de l'animal: ses deux branches sont la Physiologie & Pathologie.

La Physiologie considere la constitution, les fonctions, & toute l'oeconomie des parties qui composent le corps animé.

La Pathologie étudie les altérations qui peuvent troubler cette machine vivante; comment on peut prévenir ces accidens, & y remédier: ce qu'on nomme diete & thérapeutique qui, ainsi que la Chirurgie & la Pharmacopée, appartiennent à ce dernier ordre.

La Spiritologie se divise en Métaphysique & Logique.

La Métaphysique cherche à connoître ce que c'est que l'esprit & la pensée, les propriétés & les opérations de l'ame raisonnable. Elle pousse même ses recherches jusqu'à la divinité.

La Logique s'applique à conduire l'esprit humain dans les routes de la vérité par des regles sûres & lumineuses. C'est à elle qu'appartient tout ce qui regarde la direction du raisonnement, soit dans la position des principes, soit dans la déduction des conséquences.

PHILOLOGIE. Lexicologie, Éloquence, Poemes, Theatres, Lettres, Critique.

Les avantages que procurent les graces du discours, à ceux qui les possedent, font que les hommes se portent avec ardeur à ce qui peut perfectionner leur langage, & leur valoir la téputation de bel esprit. De - là une foule d'ouvrages caractérisés par un goût particulier pour l'art de la parole, & par les tournures & les idées singulieres d'une imagination ingénieuse. Le mot de Philologie caractérise parfaitement ce genre de littérature, qui se divise comme les autres en six classes.

La Lexicologie embrasse tout ce qui concerne les langues, soit pour en donner l'intelligence, en conserver la pureté, en faire connoître le génie. Les auteurs de cette classe sont ou grammairiens ou vocabulistes.

Les grammairiens établissent des regles & des principes, discutent la nature des mots pour en connoître les divers accidens, &c. ils traitent aussi de l'orthographe & de la ponctuation.

Les vocabulistes font des observations sur la pureté du langage, en distinguent le bon usage du mauvais. Ils travaillent enfin à bien représenter la valeur ou la signification des mots, & font ce qu'on nomme dictionnaire.

L'Éloquence (Page 2:764)

L'Éloquence a pour objet les embellissemens du discours: tantôt elle enseigne les regles de son art, tantôt elle les met en oeuvre; ce qui distingue ses écrivains en rhéteurs & en orateurs.

Les rhéteurs donnent des préceptes sur les figures du langage, la construction des périodes, &c.

Les orateurs sont uniquement appliqués à l'exécution. Les oraisons funebres, les discours académiques, les éloges des hommes illustres, &c. composent cet ordre.

Les Poemes, par leur grande diversité, ne sont pas d'une division aussi facile dans l'arrangement d'une bibliotheque, que dans un traité de poësie. Il faut donc chercher dans le génie même de la poësie quelque différence assez grande pour que les poëtes qui se sont attachés à une espece se soient rarement attachés à l'autre, & que par conséquent on puisse fonder là - dessus un partage convenable au système bibliographique. Mr l'abbé Girard trouve dans la verve poëtique deux ames qui vont peu ensemble: l'une élevée & sérieuse, qui frappe vivement l'imagination par la force des images; l'autre voluptueuse, qui flate ou amuse par l'agrément ou la douceur de la mélodie: de façon qu'il distingue les poëmes en épimétriques & lyriques.

Les épimétriques s'adressent à l'esprit; ils narrent, peignent, raisonnent ou font parler; tels sont les poëmes épiques ou héroïques, les odes, les élegies, les satyres, les éclogues, les idylles, les madrigaux, les épigrammes, &c.

Les lyriques sont faits pour les organes de la voix & des oreilles; ce sont les chansons.

Le Theatre. M. l'abbé Girard en fait une classe à part & distinguée des poëmes, parce qu'il n'y regarde la versification que comme un accessoire qui ne sert point à caractériser cette sorte d'ouvrages, étant manifestement marqués à un coin très - différent de celui de la cadence & de la mesure des expressions. Ceux qui ont consacré leurs talens aux pieces de théatre se distinguent en tragiques & en comiques.

Les Lettres. Il n'est ici question que des lettres amusantes: celles qui traitent de dévotion ou de politique appartiennent à d'autres classes. Dans celle - ci on les divise en ingénieuses & galantes, selon que l'esprit & le coeur y ont part.

La Critique examine, juge & met au creuset

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