ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"755"> la maison d'Autriche vers l'an 1566, ce peuple qui ne pouvoit par lui - même opposer des armées égales à celles que l'Espagne étoit en état d'employer pour le réduire, chercha à suppléer au nombre des soldats par l'excellence de la discipline militaire: les princes d'Orange s'y appliquerent avec le plus grand succès; & il paroît assez constant qu'on leur doit l rétablissement de cette discipline en Europe. Les camps furent un des principaux objets de Maurice de Nassau; il voulut y faire renaître l'ordre & la police des Romains. Son camp, tel que le décrit Stevin dans sa Castramétation, étoit une espece de quarré ou de quarré - long distribué en différentes parties appellées quartiers. Celui de ce prince en occupoit à - peu - près le milieu; l'artillerie & les vivres avoient aussi le leur, de même que les différentes troupes ou régimens dont l'armée étoit composée. L'étendue ou le front de ces quartiers se proportionnoit au nombre des troupes qui devoient les occuper; pour leur profondeur, elle étoit toûjours de 300 piés.

Une compagnie de 100 soldats occupoit deux files de huttes ou petites baraques. Chaque file avoit 200 piés de longueur & huit de largeur; elles étoient séparées par une rue aussi de huit piés. Le capitaine campoit à la tête de sa compagnie, & les vivandiers à la queue, comme ils le font encore aujourd'hui. Le colonel avoit pour logement un espace de 64 piés de front, au milieu du rang des tentes des capitaines. Derriere cet espace régnoit une rue de pareille largeur, qui séparoit le régiment en deux parties égales. La partie qui en restoit après l'emplacement des tentes du colonel & de son équipage, servoit à camper le ministre, le chirurgien, &c.

La cavalerie campoit à - peu - près dans le même ordre que l'infanterie. Une compagnie de 100 chevaux avoit deux files de huttes de 200 piés de profondeur & de 10 de largeur, lesquelles étoient séparées par un espace de 50 piés. Les chevaux formoient deux files dans cet espace, placées chacune parallelement & à la distance de cinq piés des huttes. Le capitaine campoit à la tête de sa compagnie, & le colonel au milieu de ses capitaines, comme dans l'infanterie. Le camp étoit entouré, ainsi que celui des Romains, d'un fossé & d'un parapet. Cet ouvrage se distribuoit à toutes les troupes de l'armée, & chaque régiment en faisoit une partie proportionnée au nombre d'hommes dont il étoit composé. On observoit de laisser un espace vuide de 200 piés de largeur entre le retranchement du camp & ses différens quartiers, afin d'y placer les troupes en bataille dans le besoin.

Cette disposition ou formation de camp passa ensuite dans la plûpart des autres états de l'Europe; elle a sans doute été observée en France, car on la trouve - décrite dans plusieus auteurs, notamment dans le livre de la Doctrine militaire donné en 1667 par le sieur de la Fontaine, ingénieur du Roi, & dans les Travaux de Mars par Allain Manesson Malet.

Il paroît cependant par plusieurs mémoires du regne de Loüis XIII. & de la minorité de Loüis XIV. que nos armées ne campoient pas toûjours ensemble, comme ces auteurs le prescrivent, mais en différens quartiers séparés, qui portoient chacun le nom de l'officier qui les commandoit. Il y a un grand nombre d'exemples de ces sortes de camps dans la Vie de M. de Turenne, les Mémoires de M. de Puysegur, &c. Il en résulte que si les regles dont on vient de parler avoient d'abord été observées, on les avoit ensuite négligées. Cette conjecture se trouve fortifiée par ce que le P. Daniel rapporte dans son Histoire de la milice Françoise, au sujet de l'arrangement régulier de nos camps. Il y dit, que dans un mémoire qui lui a été fourni sur le régiment du Roi, « on trouve que le sieur Martinet, qui fut lieutenant colonel, puis colonel du régiment, commença à établir ou réta<cb-> blir la maniere réguliere de camper ». Ce qui semble indiquer assez clairement qu'on avoit précédemment observé une méthode réguliere qui n'étoit plus d'usage. Quoi qu'il en soit, cet officier faisoit diviser le camp de son régiment par des rues tirées au cordeau. Il le fit ainsi camper aux Pays - Bas à la campagne de 1667, & mettre en faisceaux toutes les armes à la tête des bataillons. Le Roi ayant trouvé cette méthode fort belle, la fit, dit - on, pratiquer aux autres troupes. Il est vraissemblable que c'est - là l'origine de la disposition actuelle de nos camps, & que comme elle ne s'est apparemment établie qu'insensiblement dans les différens corps des troupes du Roi, l'auteur des Travaux de Mars n'en étoit pas encore instruit lors de la seconde édition de son livre en 1684, quoiqu'elle fût alors généralement suivie; c'est ce qui est évident par le Traité de l'Art de la Guerre de M. de Gaya, capitaine au régiment de Champagne, imprimé pour la premiere fois en 1679. On y trouve à - peu - près les mêmes regles qu'on observe encore aujourd'hui dans le campement des armées: mais alors les soldats & les cavaliers n'avoient point de tentes ou canonieres. Cet auteur marque précisément qu'ils se baraquoient, & il ne parle de tentes que pour les officiers: ainsi l'usage des canonieres pour les soldats & les cavaliers est postérieur à 1679. Il y a apparence qu'il ne s'est entierement établi que dans la guerre terminée par le traité de Riswick en 1697.

Nos camps different particulierement de ceux des princes d'Orange, en ce que les troupes y sont campées sur deux ou trois lignes, l'infanterie au centre & la cavalerie sur les ailes, & que la tête ou le front du camp est entierement libre, pour que l'armée puisse s'y mettre en bataille en sortant du camp. Les officiers sont placés à la queue de leur troupe; l'artillerie est assez ordinairement un peu en avant du centre de la premiere ligne, & les vivres, entre la premiere & la seconde ligne vers le milieu de l'armée. Nos officiers généraux ne campent plus comme le faisoient ces princes. Ils occupent les villages qui se trouvent renfermés dans le camp, ou qui en sont fort proches; ce qui est regardé comme un inconvénient par bien des gens, en ce que par là ils se trouvent quelquefois éloignés des corps qu'ils doivent commander, & qu'ils augmentent le nombre des gardes de l'armée.

Pour le camp, il n'est défendu ou fortifié que par une espece d'enceinte formée de différentes troupes de cavalerie & d'infanterie, qu'on a substituée aux retranchemens des anciens, quoique leur usage en cela, suivant les plus habiles militaires, fût infiniment supérieur au nôtre, non - seulement pour la sûreté du camp, mais encore pour diminuer la fatigue des troupes, dont il faut toûjours avoir une grande partie sous les armes pour être à l'abri des entreprises de l'ennemi. Préface des essais sur la Castramétation, par M. le Blond. (Q)

CASTRATION (Page 2:755)

CASTRATION, s. f. terme de Chirurgie, est l'action de châtrer, ou l'opération par laquelle on ampute & retranche les testicules d'un animal mâle, qui devient par - là incapable d'engendrer. Voyez Testicules.

La castration se pratique communément en Asie, spécialement chez les Turcs, qui châtrent tous ceux de leurs esclaves qu'ils employent à la garde de leurs femmes, & à qui ils coupent non - seulement les testicules, mais souvent même la verge. La castration se pratique aussi en Italie sur les musiciens dont on veut que la voix se conserve. Cette castration n'est point une opération de Chirurgie, puisqu'elle n'a pas le rétablissement de la santé pour objet. Voyez Eunuque & Castrati.

La castration est aussi une opération medicinale, [p. 756] nécessaire en certains cas, comme dans la mortification ou autres maladies des testicules, & singulierement dans la sarcocele & la varicocele. On l'a quelquefois faite aussi à des maniaques. Voyez Sarcocele, &c.

La castration peut aussi se pratiquer sur les femmes. Athenée dit que le roi Andramiris fut le premier qui fit châtrer des femmes. Hesychius & Suidas rapportent que Gyges fit la même chose. Galien observe qu'on ne les peut châtrer sans les mettre en danger de la vie. Dalechamp, sur le passage d'Athenée que nous venons de citer, dit qu'il ne faut pas entendre là châtrer à la lettre, que ce n'étoit que boucler.

Pour faire l'opération de la castration dans les maladies du testicule, qui n'ont pû se guérir par les différens secours qu'elles indiquoient, on fait coucher le malade sur le dos; on lui fait assujettir les jambes & les mains par des aides. Le Chirurgien pince la peau du scrotum sur la tumeur à l'endroit de l'anneau, avec les pouces & les doigts indicateurs de ses deux mains; un aide prend le pli de peau que tenoient les doigts de la main droite; l'opérateur prend alors un bistouri droit avec lequel il fend ce pli. Il continue l'incision jusqu'à la partie inférieure au moyen d'une sonde cannelée & du bistouri. Il sépare tout le tissu cellulaire qui entoure le testicule, soit en le coupant, soit en le déchirant. On fend le muscle cremaster suivant sa longueur, pour mettre le cordon spermatique à nud. On passe par - dessous une aiguille courbe, enfilée de quelques brins de fil ciré, afin d'en faire la ligature. Voyez Ligature. Quelques praticiens veulent qu'on ne lie que l'artere. Si le cordon spermatique est gonflé jusqu'au - dessus de l'anneau, il faut débrider cette ouverture, & ne point faire de ligature. On coupe le cordon; & si l'artere donnoit du sang, on mettroit sur son embouchûre un peu de charpie imbibée d'eau de rabêl.

L'artere de la cloison du scrotum donne quelquefois du sang: dans ce cas, on peut en faire la ligature, ou appliquer sur l'embouchûre un petit bourdonnet trempé dans l'essence de rabel.

Après avoir extirpé le testicule, on retranche avec le bistouri les levres de la poche que forme le scrotum. On panse la plaie avec de la charpie seche, soûtenue d'une compresse en fer à cheval, & le tout contenu par un suspensoire. Voyez Suspensoire.

Il ne faut lever l'appareil qu'au bout de trois ou quatre jours, lorsque la suppuration le détache: on peut seulement dès le lendemain humecter la charpie avec l'huile d'hypericum.

Les pansemens doivent être simples, & ne demandent pas d'autres attentions que la cure des ulceres. Voyez Ulcere.

Il est à propos de faire saigner le malade, & de lui faire sur le bas - ventre des embrocations avec les huiles émollientes, pour relâcher le tissu de toutes les parties, & prévenir l'inflammation. (Y)

CASTRATI (Page 2:756)

CASTRATI, s. m. (Hist. mod.) ce nom qui est purement Italien, se donne à ceux qu'on a fait eunuques dans leur enfance pour leur procurer une voix plus nette & plus aiguë. Les Castrati chantent dans les concerts la même partie que les femmes, ou dessus. Voyez Dessus, Chanteur. A l'égard de la cause physique pour laquelle les Castrati ont la voix grêle & aiguë; il ne paroît pas plus facile de la trouver, que d'expliquer pourquoi ils n'ont point de barbe. Mais le fait est certain, & cela suffit. (O)

CASTRES (Page 2:756)

CASTRES, (Géog.) ville de France en Languedoc. Long. 19. 55. lat. 43d. 37'. 10".

CASTRO (Page 2:756)

CASTRO, (Géog.) petite ville maritime d'Italie au royaume de Naples, dans la terre d'Otrante. Long. 36. lat. 40. 18.

Castro (Page 2:756)

Castro, (Géog.) petite ville d'Italie dans la Campagne de Rome, sur le Garigliano, à deux milles de Fondi, avec titre de duché. Long. 29. 15. lat. 42. 33.

Castro d'Airo (Page 2:756)

Castro d'Airo, (Géog.) ville du Portugal dans la province de Beira, entre les rivieres de Duero & de Vouga.

Castro - Buon (Page 2:756)

Castro - Buon, (Géog.) ville de Portugal dans la province de Beira, sur la riviere de Coa.

Castro - Caltado (Page 2:756)

Castro - Caltado, (Géog.) petite ville d'Italie dans le grand duché de Toscane, au territoire de Sienne.

Castro - Franco (Page 2:756)

Castro - Franco, (Géog.) petite ville d'Italie dans la marche Trévisane, aux Vénitiens.

Castro - Geritz (Page 2:756)

Castro - Geritz, (Géog.) ville d'Espagne dans la vieille Castille, au comté de Mendoza.

Castro - Marino (Page 2:756)

Castro - Marino, (Géog.) ville forte, & port de mer du Portugal dans les Algarves.

Castro - Mento (Page 2:756)

Castro - Mento, (Géog.) ville de Portugal dans la province de Beira, sur la riviere de Coa.

Castro - Novo (Page 2:756)

Castro - Novo, (Géog.) ville d'Italie en Sicile, dans la vallée de Mazare, à la source du Platani. Long. 31. 30. lat. 37. 40.

Castro - Reale (Page 2:756)

Castro - Reale, (Géog.) petite ville de Sicile dans le val de Demona, à la source du Razzolino.

Castro - del - Rey (Page 2:756)

Castro - del - Rey, (Géog.) ville forte d'Espagne, dans le royaume de Galice.

Castro - Verreyna (Page 2:756)

Castro - Verreyna, (Géog.) ville de l'Amérique méridionale au Pérou, fameuse par les mines d'argent qui se trouvent dans son voisinage. Long. 305. lat. mérid. 13.

Castro - Villare (Page 2:756)

Castro - Villare, (Géog.) petite ville d'Italie au royaume de Naples, sur les frontieres de la Basilicate, avec titre de duché.

Castro - de - Urdiales (Page 2:756)

Castro - de - Urdiales, (Géog.) petite ville d'Espagne dans la Biscaye, avec un port sur l'Océan.

CASTROMA (Page 2:756)

CASTROMA, (Géog.) riviere de l'empire Russien, qui prend sa source dans la contrée de Kneesma, & se perd dans le Wolga.

Castroma (Page 2:756)

Castroma, ou Kastrom, (Géog.) ville de l'empire Russien dans le duché de Susdal, sur les bords du Wolga, & à l'embouchure de la riviere de Castroma.

CASUALITÉ (Page 2:756)

CASUALITÉ, s. f. revenu casuel. Voyez ci - dessous Casuel.

CASUEL (Page 2:756)

CASUEL, Voyez Casoar.

CASUEL (Page 2:756)

CASUEL, adj. (Jurisprudence.) se dit de ce qui échet fortuitement. Ainsi un revenu casuel est celui qui dépend d'évenemens incertains qui arrivent ou n'arrivent pas; ou qui arrivent tantôt plus souvent, tantôt plus rarement. Telle est la portion des revenus du roi, qui consiste en aubaines, consiscations, paulette, &c. Telle est encore celle des revenus des seigneurs, qui résulte des mutations des fiefs & terres qui relevent d'eux, comme quints, requints, reliefs, lods & ventes, desherences, amendes, &c. Voyez chacun de ces termes à leur rang.

On appelle casuel simplement, en sous - entendant le terme de revenu, les profits d'une cure qui ne sont point fixes, comme sont le baise - mains, les baptêmes, & enterremens. (H)

CASUISTE (Page 2:756)

* CASUISTE, s. m. (Morale.) Qu'est - ce qu'un Casuiste? c'est un Théologien qui s'est mis en état par une longue étude des devoirs de l'homme & du Chrétien, de lever les doutes que les fideles peuvent avoir sur leur conduite passée, présente & future; d'apprécier la griéveté devant Dieu & devant les hommes, des fautes qu'ils ont commises, & d'en fixer la juste réparation.

D'où l'on voit que la fonction de Casuiste est une des plus difficiles par l'étendue des lumieres qu'elle suppose, & une des plus importantes & des plus dangereuses par la nature de son objet. Le Casuiste tient, pour ainsi dire, la balance entre Dieu & la

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.