ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"753"> elle est grande à proportion, ou il y en a plusieurs les unes contre les autres. On dit qu'on a trouvé jusqu'à quatre cents castors dans différentes cabanes qui communiquoient les unes avec les autres. Les femelles rentrent dans leurs cabanes pour y faire leurs petits, lorsque les grandes inondations sont passées: mais les mâles ne quittent la campagne qu'au mois de Juin ou de Juillet, lorsque les eaux sont tout - à - fait basses; alors ils réparent leurs cabanes, ou ils en font de nouvelles; & ils en changent lorsqu'ils ont consommé les alimens qui étoient à portée, lorsque leur nombre devient trop grand, & lorsqu'ils sont trop inquiétés par les chasseurs.

Il y a des castors qui se logent dans des cavernes pratiquées dans un terrein élevé sur le bord de l'eau: on les nomme castors terriers. Ils commencent leur logement par une ouverture, qui va plus ou moins avant dans l'eau, selon que les glaces sont plus ou moins épaisses, & ils la continuent de cinq ou six piés de longueur, sur une largeur suffisante pour qu'ils puissent passer; ensuite ils font un réservoir d'eau de trois ou quatre piés en tout sens pour s'y baigner; ils coupent un autre boyau dans la terre, qui s'éleve par étages, où ils se tiennent à sec successivement lorsque l'eau change de hauteur. Il y a de ces boyaux qui ont plus de mille piés de longueur. Les castors terriers couvrent les endroits où ils couchent, avec de l'herbe, & en hyver ils font des copeaux qui leur servent de matelas.

Tous les ouvrages sont achevés au mois d'Août ou de Septembre, sur - tout dans les pays froids; alors les castors font des provisions pour l'hyver; ils coupent du bois par morceaux, dont les uns ont deux ou trois piés de longueur, & d'autres ont jusqu'à huit ou dix piés. Ces morceaux sont traînés par un ou plusieurs castors, selon leur pesanteur: ils rassemblent une certaine quantité de bois qui flotte sur l'eau, & ensuite ils empilent d'autres morceaux sur les premiers, jusqu'à ce qu'il y en ait assez pour suffire aux castors qui vivent ensemble. Par exemple, la provision de huit ou dix, est de vingt - cinq ou trente piés en quarré, sur huit ou dix piés de profondeur. Ces piles sont faites de façon qu'ils peuvent en tirer les morceaux de bois à leur choix, & ils ne mangent que ceux qui trempent dans l'eau.

On fait la chasse des castors depuis le commencement de Novembre jusqu'au mois de Mars & d'Avril, parce que c'est dans ce tems qu'ils sont bien fournis de poil. On les tue à l'affût, on leur tend des piéges, & on les prend à la tranche.

Les piéges sont semblables aux quatre de chiffre avec lesquels on prend des rats. On plante fort avant dans la terre plusieurs piquets de trois ou quatre piés de longueur, entre lesquels il y a une traverse fort pesante, élevée d'environ un pié & demi: on met dessous une branche de peuplier longue de cinq ou six piés, qui conduit à une autre branche fort petite, placée de façon que dès que le castor la coupe, la traverse tombe & le tue. Ces animaux ne manquent pas de donner dans ces piéges, en allant de tems en tems dans les bois chercher de nouvelles nourritures, quoiqu'ils ayent fait leurs provisions, parce qu'ils aiment mieux le bois frais que le bois flotté.

Prendre les castors à la tranche, c'est faire des ouvertures à la glace avec des instrumens tranchans, lorsqu'elle n'a qu'environ un pié d'épaisseur; ces animaux viennent à ces ouvertures pour respirer, & on les assomme à coups de hache. Il y a des chasseurs qui remplissent ces trous avec la bourre de l'épi de typha, pour n'être pas vûs par les castors, & alors ils les prennent par un pié de derriere. S'il y a quelque ruisseau près des cabanes, on en coupe la glace en travers; on y tend un filet bien fort, ensuite on détruit la cabane: les castors en sortent, & se réfu<cb-> gient dans le ruisseau où ils rencontrent le filet.

On donne le nom de bievre au castor d'Europe. On en a dissequé un à Metz qui avoit la queue beaucoup plus petite, à proportion, que le castor de Canada, dont on vient de donner la description. Ses piés de devant n'étoient pas faits comme des mains: mais il avoit les doigts joints par des membranes comme la loutre. Cependant Rondelet dit expressément que le bievre a les piés de devant semblables aux piés d'un singe. Mém. de l'Acad. roy. des Sc. tom. III. part. I. & année 1704. Rondelet, Hist. des poissons. Voyez Quadrupede. (I)

Le castor fournit plusieurs remedes à la Medecine; la peau de cet animal appliquée sur les parties affligées de goutte, les défend contre le froid.

On se sert avec succès de l'axonge du castor pour amollir les duretés; elle est très - efficace dans les tremblemens & les maladies des nerfs, la paralysie, &c. on en oint les parties affligées.

Le castoreum attenue les humeurs visqueuses, fortifie le cerveau, excite les regles, & pousse par la transpiration; on l'employe dans l'épilepsie, la paralysie, l'apoplexie, & la surdité.

On brule du castoreum, & on en fait respirer l'odeur fétide aux femmes hystériques dans le tems des accès. La teinture du castoreum se fait comme il suit.

Prenez une demi - once de castoreum & une demi-livre d'esprit - de - vin; mettez - les en digestion pendant quelques jours; décantez ensuite la liqueur, & la gardez pour l'usage.

On ajoûte quelquefois le sel de tartre à la dose de deux gros, dans le dessein de diviser le tissu résineux du castoreum; la dose de cette teinture est depuis six jusqu'à douze gouttes dans les cas où on employe le castoreum en substance. Le castoreum entre dans plusieurs compositions de la Pharmacopée de Paris. (N)

Il se fait un grand commerce de peaux de castor; les marchands, dit M. Savary, les distinguent en castors neufs, castors secs, & castors gras. Les castors neufs sont les peaux des castors qui ont été tués à la chasse pendant l'hyver & avant la mue. Ce sont les meilleures & les plus propres à faire de belles fourrures.

Les castors secs, qu'on nomme aussi castors maigres, sont les peaux de castors, provenant de la chasse d'été, tems auquel l'animal est en mue, & a perdu une partie de son poil. Les castors secs peuvent aussi être employés en fourrures, quoique bien inférieures aux premieres. Leur plus grand usage est pour les chapeaux.

Les castors gras sont des peaux de castor, que les sauvages ont portées sur leurs corps, & qui sont imbibées de leur sueur: le castor gras vaut mieux que le sec; on ne s'en sert cependant que pour la fabrique des chapeaux.

Outre les chapeaux & les fourrures auxquels on employe le poil & les peaux de castor, on a tenté d'en faire des draps. Cette entreprise méritoit bien d'être tentée, & avoit pour but de rendre le poil de castor d'une utilité plus étendue; mais les draps ordinaires sont préférables à ceux de castor. L'expérience a fait voir que les étoffes fabriquées avec le poil de castor, quoique mêlé avec la laine de Segovie, ne gardoient pas bien la teinture, & qu'elles devenoient seches & dures comme du feutre.

Castor (Page 2:753)

Castor signifie aussi un chapeau fait avec du poil de castor seul. Un chapeau demi - castor est celui dans lequel on a mêlé une partie de poil de castor avec une partie d'autre poil. Voyez Chapeau.

Castor (Page 2:753)

Castor, en Astronomie, est le nom de la moitié de la constellation des gemeaux. Voyez Gemeaux.

Castor & Pollux (Page 2:753)

Castor & Pollux, en Météorologie, est un météore igné, qui paroît quelquefois en mer s'attacher à un des côtés du vaisseau, sous la forme d'une, de deux, ou même de trois ou quatre boules de feu. Lorsqu'on n'en voit qu'une, on l'appelle plus proprement H<pb-> [p. 754] lene; & lorsqu'on en voit deux, on les nomme Castor & Pollux. Mussch. Ess. de Phys. Voyez Feu Saint - Elme, & l'article qui suit.

* Castor & Pollux, (Myth.) fils de Jupiter & de Léda; ils furent élevés à Pallene, où Mercure les porta aussi - tôt qu'îls surent nés. Ils s'illustrerent dans l'expédition de la toison d'or: à leur retour ils nettoyerent l'Archipel des corsaires qui l'infestoient. Ce service, l'apparition de deux feux qui voltigerent autour de leur tête, & le calme qui succéda, les firent placer après leur mort, au nombre des dieux tutélaires des nautoniers. Ces feux continuerent d'être règardés comme des signes de la présence de Castor & Pollux. Si l'on n'en voyoit qu'un, il annonçoit la tempête; s'il s'en montroit deux, on espéroit le beau tems. Nos Marins sont encore aujourd'hui dans la même opinion ou dans le même préjugé; & ils appellent feux S. Elme & S. Nicolas, ce que les payens appelloient feux de Castor & Pollux. Les deux freres invités aux noces de leurs parentes Hilaire & Phébé, les enleverent. Ce rapt coûta la vie à Castor, qui périt quelque tems après de la main d'un des époux. Pollux, qui aimoit tendrement son frere, demanda à Jupiter la résurection de Castor, & le partage entr'eux de l'immortalité qu'il devoit à sa naissance. Jupiter l'exauça; & l'un fut habitant des enfers, pendant que l'autre fut citoyen des cieux. Cette fable est fondée sur ce que l'apothéose de ces héros les a placés dans le signe des Gemeaux, dont l'une des étoiles descend sous l'horison quand l'autre y paroît. Pour célébrer leurs fêtes, les Romains envoyoient tous les ans vers leur temple, un homme couvert d'un bonnet comme le leur, monté sur un cheval, & en conduisant un autre à vuide. La Grece les compta parmi ses grands dieux: ils eurent des autels à Sparte & dans Athenes. Les Romains leur éleverent un temple par lequel on juroit: le serment des hommes étoit oedepol, par le temple de Pollux; & celui des femmes oecastor, par le temple de Castor. Les deux dieux parurent plusieurs fois au milîeu des combats sur des chevaux blancs. On les représentoit sous la figure de jeunes hommes, avec un bonnet surmonté d'une étoile, à cheval, ou en ayant près d'eux. Ils sont connus dans les Poetes sous le nom de Dioscures, ou fils de Jupiter, & de Tyndarides, parce que leur mere étoit femme de Tyndare roi de Sparte. Ils se distinguerent dans les jeux de la Grece: Castor, par l'art de dompter & de conduire des chevaux, ce qui le fit appeller dompteur de chevaux; Pollux, par l'art de lutter, ce qui le fit regarder comme le patron des athletes. V. M. l'ab. de Claustre.

CASTOREA (Page 2:754)

CASTOREA, s. f. (Hist. nat. bot.) genre de plante, dont le nom a été dérivé de celui de Castor Durantes Medecin de Rome. La fleur des plantes de ce genre est monopétale, & faite en forme de masque, dont la levre supérieure est relevée, & l'inférieure divisée en trois parties: la partie moyenne est divisée en deux pieces. Le calice devient un fruit charnu, arrondi, composé d'une seule capsule qui renferme quatre semences anguleuses. Plumier, nova plant. Amer. gener. Voyez Plante. (I)

CASTOREUM (Page 2:754)

CASTOREUM. Voyez Castor.

CASTOS (Page 2:754)

CASTOS, (Commerce.) nom qu'on donne dans le Japon aux droits d'entrée & de sortie que l'on paye pour les marchandises qu'on y porte ou qu'on en tire: ou plûtôt ce sont les présens que les Européens avoient coûtume de faire tous les ans pour y être reçûs, avant que les Hollandois se fussent emparés de tout le commerce de ces îles; ce qui leur tenoit lieu de droits, & alloit beaucoup au - delà de ceux qu'ils auroient pû payer. Diction. du Commerce. (G)

CASTRAMETATION (Page 2:754)

CASTRAMETATION, s. f. c'est proprem ent l'art de marquer le camp & d'en déterminer toutes les dif<cb-> férentes proportions. Ce mot vient du latin castrum, camp, & de metiri, mesurer. Voyez Camp.

La Castramétation, est une partie si importante de l'Art militaire, qu'il doit paroître assez étonnant qu'elle ait été absolument négligée dans les auteurs modernes qui ont écrit sur la guerre.

Polybe & Végece sont entrés dans un grand détail sur celle des Romains; & leurs écrits ont beaucoup servi à l'établissement de l'ordre & de l'arrangement de nos camps, quoiqu'ils different à plusieurs égards de ceux des Romains.

Du tems de Polybe les camps des Romains étoient toûjours quarrés: mais du tems de Végece, qui a écrit plusieurs siecles après, ils avoient différentes figures relatives à celles des terrains que les armées devoient occuper.

Le général se campoit dans l'endroit du camp le plus avantageux, pour découvrir tout ce qui s'y passoit & pour envoyer ses ordres. Les troupes Romaines & celles des alliés étoient distribuées en différentes parties de cavalerie & d'infanterie, de maniere qu'elles avoient, pour ainsi - dire, chacune une espece de quartier séparé; ces camps étoient toûjours entourés d'un retranchement formé d'un fossé & d'un parapet dont la terre étoit soûtenue par des pieux ou palissades que les soldats portoient avec eux pour cet effet dans les marches.

Cette police des Romains étoit oubliée en Europe, lorsque le fameux Maurice, Prince d'Orange, songea à la rétablir, ou plûtôt à l'imiter vers la fin du xvi. & le commencement du xviie siecle. On ne peut douter que les troupes n'ayent toûjours eu une sorte de camp pour se mettre à l'abri du mauvais tems, & se reposer des fatigues militaires: mais le silence des Historiens sur ce sujet, nous laisse ignorer absolument l'ordre qu'on pouvoit y observer.

Le Pere Daniel, qui a fait de savantes recherches sur tout ce qui concerne notre milice ancienne & moderne, croit que ce fut dans les guerres d'Italie sous Charles VIII. & Louis XII. que nos généraux apprirent à se retrancher en campagne de maniere à rendre le camp inaccessible à l'ennemi.

Le plus célebre & le plus ancien que nous connoissions est celui du Maréchal Anne de Montmorency à Avignon. « Il le fit de telle sorte, dit l'auteur qu'on vient de nommer, que l'empereur Charles V. étant descendu en Provence, n'osa jamais l'attaquer, nonobstant la grande envie qu'il avoit d'en venir à une action décisive; & ce fut cette conduite du Maréchal qui sauva le royaume ».

Dans les guerres civiles qui s'éleverent en France après la mort d'Henri II. on n'observoit, suivant la Nouc dans ses Discours politiques & miaires, aucune regle dans le campement des armées. On distribuoit les troupes dans les villages ou les petites villes les plus voisines du lieu où l'armée se trouvoit; ou bien on campoit en pleine campagne avec quelques tentes qu'on plaçoit sans arrangement régulier. On se fortifioit avec les chariots de l'armée dont on faisoit une espece de retranchement: mais les troupes n'étoient pas dans cette sorte de camp à portée de se mouvoir avec ordre pour s'opposer aux attaques imprévûes de l'ennemi; elles y manquoient d'ailleurs de la plûpart des commodités & des subsistances nécessaires: aussi ne campoient - elles de cette façon que rarement & pour très - peu de tems. L'attention des généraux étoit de pouvoir occuper différens villages assez proches les uns des autres, pour se soûtenir réciproquement: mais comme il n'étoit pas aisé d'en trouver ainsi lorsque les armées étoient nombreuses, il arrivoit souvent que l'ennemi enlevoit ou détruisoit plusieurs de ces quartiers avant qu'ils pussent être secourus des autres plus éloignés.

Les Hollandois s'étant soustraits à l'obéissance de

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