RECHERCHE | Accueil | Mises en garde | Documentation | ATILF | ARTFL | Courriel |
"753">
Il y a des castors qui se logent dans des cavernes pratiquées dans un terrein élevé sur le bord de l'eau: on les nomme castors terriers. Ils commencent leur logement par une ouverture, qui va plus ou moins avant dans l'eau, selon que les glaces sont plus ou moins épaisses, & ils la continuent de cinq ou six piés de longueur, sur une largeur suffisante pour qu'ils puissent passer; ensuite ils font un réservoir d'eau de trois ou quatre piés en tout sens pour s'y baigner; ils coupent un autre boyau dans la terre, qui s'éleve par étages, où ils se tiennent à sec successivement lorsque l'eau change de hauteur. Il y a de ces boyaux qui ont plus de mille piés de longueur. Les castors terriers couvrent les endroits où ils couchent, avec de l'herbe, & en hyver ils font des copeaux qui leur servent de matelas.
Tous les ouvrages sont achevés au mois d'Août ou de Septembre, sur - tout dans les pays froids; alors les castors font des provisions pour l'hyver; ils coupent du bois par morceaux, dont les uns ont deux ou trois piés de longueur, & d'autres ont jusqu'à huit ou dix piés. Ces morceaux sont traînés par un ou plusieurs castors, selon leur pesanteur: ils rassemblent une certaine quantité de bois qui flotte sur l'eau, & ensuite ils empilent d'autres morceaux sur les premiers, jusqu'à ce qu'il y en ait assez pour suffire aux castors qui vivent ensemble. Par exemple, la provision de huit ou dix, est de vingt - cinq ou trente piés en quarré, sur huit ou dix piés de profondeur. Ces piles sont faites de façon qu'ils peuvent en tirer les morceaux de bois à leur choix, & ils ne mangent que ceux qui trempent dans l'eau.
On fait la chasse des castors depuis le commencement de Novembre jusqu'au mois de Mars & d'Avril, parce que c'est dans ce tems qu'ils sont bien fournis de poil. On les tue à l'affût, on leur tend des piéges, & on les prend à la tranche.
Les piéges sont semblables aux quatre de chiffre avec lesquels on prend des rats. On plante fort avant dans la terre plusieurs piquets de trois ou quatre piés de longueur, entre lesquels il y a une traverse fort pesante, élevée d'environ un pié & demi: on met dessous une branche de peuplier longue de cinq ou six piés, qui conduit à une autre branche fort petite, placée de façon que dès que le castor la coupe, la traverse tombe & le tue. Ces animaux ne manquent pas de donner dans ces piéges, en allant de tems en tems dans les bois chercher de nouvelles nourritures, quoiqu'ils ayent fait leurs provisions, parce qu'ils aiment mieux le bois frais que le bois flotté.
Prendre les castors à la tranche, c'est faire des ouvertures à la glace avec des instrumens tranchans, lorsqu'elle n'a qu'environ un pié d'épaisseur; ces animaux viennent à ces ouvertures pour respirer, & on les assomme à coups de hache. Il y a des chasseurs qui remplissent ces trous avec la bourre de l'épi de typha, pour n'être pas vûs par les castors, & alors ils les prennent par un pié de derriere. S'il y a quelque ruisseau près des cabanes, on en coupe la glace en travers; on y tend un filet bien fort, ensuite on détruit la cabane: les castors en sortent, & se réfu<cb->
On donne le nom de bievre au castor d'Europe. On
en a dissequé un à Metz qui avoit la queue beaucoup
plus petite, à proportion, que le castor de Canada,
dont on vient de donner la description. Ses piés de
devant n'étoient pas faits comme des mains: mais il
avoit les doigts joints par des membranes comme la
loutre. Cependant Rondelet dit expressément que le
bievre a les piés de devant semblables aux piés d'un
singe. Mém. de l'Acad. roy. des Sc. tom. III. part. I.
& année 1704. Rondelet, Hist. des poissons. Voyez
Le castor fournit plusieurs remedes à la Medecine; la peau de cet animal appliquée sur les parties affligées de goutte, les défend contre le froid.
On se sert avec succès de l'axonge du castor pour amollir les duretés; elle est très - efficace dans les tremblemens & les maladies des nerfs, la paralysie, &c. on en oint les parties affligées.
Le castoreum attenue les humeurs visqueuses, fortifie le cerveau, excite les regles, & pousse par la transpiration; on l'employe dans l'épilepsie, la paralysie, l'apoplexie, & la surdité.
On brule du castoreum, & on en fait respirer l'odeur fétide aux femmes hystériques dans le tems des accès. La teinture du castoreum se fait comme il suit.
Prenez une demi - once de castoreum & une demi-livre d'esprit - de - vin; mettez - les en digestion pendant quelques jours; décantez ensuite la liqueur, & la gardez pour l'usage.
On ajoûte quelquefois le sel de tartre à la dose de deux gros, dans le dessein de diviser le tissu résineux du castoreum; la dose de cette teinture est depuis six jusqu'à douze gouttes dans les cas où on employe le castoreum en substance. Le castoreum entre dans plusieurs compositions de la Pharmacopée de Paris. (N)
Il se fait un grand commerce de peaux de castor; les marchands, dit M. Savary, les distinguent en castors neufs, castors secs, & castors gras. Les castors neufs sont les peaux des castors qui ont été tués à la chasse pendant l'hyver & avant la mue. Ce sont les meilleures & les plus propres à faire de belles fourrures.
Les castors secs, qu'on nomme aussi castors maigres, sont les peaux de castors, provenant de la chasse d'été, tems auquel l'animal est en mue, & a perdu une partie de son poil. Les castors secs peuvent aussi être employés en fourrures, quoique bien inférieures aux premieres. Leur plus grand usage est pour les chapeaux.
Les castors gras sont des peaux de castor, que les sauvages ont portées sur leurs corps, & qui sont imbibées de leur sueur: le castor gras vaut mieux que le sec; on ne s'en sert cependant que pour la fabrique des chapeaux.
Outre les chapeaux & les fourrures auxquels on employe le poil & les peaux de castor, on a tenté d'en faire des draps. Cette entreprise méritoit bien d'être tentée, & avoit pour but de rendre le poil de castor d'une utilité plus étendue; mais les draps ordinaires sont préférables à ceux de castor. L'expérience a fait voir que les étoffes fabriquées avec le poil de castor, quoique mêlé avec la laine de Segovie, ne gardoient pas bien la teinture, & qu'elles devenoient seches & dures comme du feutre.
Castor (Page 2:753)
Castor (Page 2:753)
Castor & Pollux (Page 2:753)
*
CASTOREA (Page 2:754)
CASTOREA, s. f. (Hist. nat. bot.) genre de plante,
dont le nom a été dérivé de celui de Castor Durantes Medecin de Rome. La fleur des plantes de ce
genre est monopétale, & faite en forme de masque,
dont la levre supérieure est relevée, & l'inférieure
divisée en trois parties: la partie moyenne est divisée
en deux pieces. Le calice devient un fruit charnu,
arrondi, composé d'une seule capsule qui renferme
quatre semences anguleuses. Plumier, nova
plant. Amer. gener. Voyez
CASTOREUM (Page 2:754)
CASTOREUM. Voyez
CASTOS (Page 2:754)
CASTOS, (Commerce.) nom qu'on donne dans le Japon aux droits d'entrée & de sortie que l'on paye pour les marchandises qu'on y porte ou qu'on en tire: ou plûtôt ce sont les présens que les Européens avoient coûtume de faire tous les ans pour y être reçûs, avant que les Hollandois se fussent emparés de tout le commerce de ces îles; ce qui leur tenoit lieu de droits, & alloit beaucoup au - delà de ceux qu'ils auroient pû payer. Diction. du Commerce. (G)
CASTRAMETATION (Page 2:754)
CASTRAMETATION, s. f. c'est proprem ent l'art de marquer le camp & d'en déterminer toutes les dif<cb->
La Castramétation, est une partie si importante de l'Art militaire, qu'il doit paroître assez étonnant qu'elle ait été absolument négligée dans les auteurs modernes qui ont écrit sur la guerre.
Polybe & Végece sont entrés dans un grand détail sur celle des Romains; & leurs écrits ont beaucoup servi à l'établissement de l'ordre & de l'arrangement de nos camps, quoiqu'ils different à plusieurs égards de ceux des Romains.
Du tems de Polybe les camps des Romains étoient toûjours quarrés: mais du tems de Végece, qui a écrit plusieurs siecles après, ils avoient différentes figures relatives à celles des terrains que les armées devoient occuper.
Le général se campoit dans l'endroit du camp le plus avantageux, pour découvrir tout ce qui s'y passoit & pour envoyer ses ordres. Les troupes Romaines & celles des alliés étoient distribuées en différentes parties de cavalerie & d'infanterie, de maniere qu'elles avoient, pour ainsi - dire, chacune une espece de quartier séparé; ces camps étoient toûjours entourés d'un retranchement formé d'un fossé & d'un parapet dont la terre étoit soûtenue par des pieux ou palissades que les soldats portoient avec eux pour cet effet dans les marches.
Cette police des Romains étoit oubliée en Europe, lorsque le fameux Maurice, Prince d'Orange,
songea à la rétablir, ou plûtôt à l'imiter vers la fin
du
Le Pere Daniel, qui a fait de savantes recherches sur tout ce qui concerne notre milice ancienne & moderne, croit que ce fut dans les guerres d'Italie sous Charles VIII. & Louis XII. que nos généraux apprirent à se retrancher en campagne de maniere à rendre le camp inaccessible à l'ennemi.
Le plus célebre & le plus ancien que nous connoissions
est celui du Maréchal Anne de Montmorency à Avignon.
Dans les guerres civiles qui s'éleverent en France après la mort d'Henri II. on n'observoit, suivant la Nouc dans ses Discours politiques & mi>aires, aucune regle dans le campement des armées. On distribuoit les troupes dans les villages ou les petites villes les plus voisines du lieu où l'armée se trouvoit; ou bien on campoit en pleine campagne avec quelques tentes qu'on plaçoit sans arrangement régulier. On se fortifioit avec les chariots de l'armée dont on faisoit une espece de retranchement: mais les troupes n'étoient pas dans cette sorte de camp à portée de se mouvoir avec ordre pour s'opposer aux attaques imprévûes de l'ennemi; elles y manquoient d'ailleurs de la plûpart des commodités & des subsistances nécessaires: aussi ne campoient - elles de cette façon que rarement & pour très - peu de tems. L'attention des généraux étoit de pouvoir occuper différens villages assez proches les uns des autres, pour se soûtenir réciproquement: mais comme il n'étoit pas aisé d'en trouver ainsi lorsque les armées étoient nombreuses, il arrivoit souvent que l'ennemi enlevoit ou détruisoit plusieurs de ces quartiers avant qu'ils pussent être secourus des autres plus éloignés.
Les Hollandois s'étant soustraits à l'obéissance de
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.