ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"691"> plus digne de remarque, c'est qu'étant de figure elliptique, ils laissent entr'eux une fente fort étroite, & sont intérieurement incrustés d'une membrane forte, remplie de sillons transversaux, raboteuse, dure, calleuse, presque cartilagineuse; de sorte que cette espece de bouclier est capable de moudre les corps les plus durs: car son action est presque comparable à celle des dents molaires. Willis même prétend que les écrevisses ont de vraies dents dans le ventricule. Les organes qui sont réunis dans l'homme, sont donc séparés dans les oiseaux. Nous avons dans l'estomac la salive qui amollit, & des fibres charnues qui broyent; au lieu que les oiseaux dissolvent dans un ventricule, avant que de broyer dans l'autre; & cette structure leur étoit absolument nécessaire. Sans cette duplicité, qui fait que l'action des fibres charnues n'est point énervée par un velouté & par des humeurs, comment pourroient - ils digérer des alimens aussi durs, que la mastication n'eût pas préparés auparavant. Il n'est donc pas surprenant qu'on trouve si souvent dans les pigeons des matieres friables dans le premier ventricule, & réduites en bouillie dans le second: mais il y a des animaux qui n'ont ni dents, ni d'autre instrument qui leur en tienne lieu. Pourquoi cela? c'est qu'ils ne se nourrissent pas d'alimens durs; d'ailleurs ce qui manque en solide à quelques estomacs, leur a été donné en liquide. Telle est la variété qui s'observe dans les estomacs des granivores & des carnivores. Voyez Carnacier, Granivore, & Estomac . (L)

CARNOSITÉ (Page 2:691)

CARNOSITÉ, s. f. terme de Chirurgie, qui signifie une excroissance charnue & fongueuse formée dans l'urethre ou col de la vessie, ou dans la verge, qui bouche le passage des urines.

Les carnosités sont très - difficiles à guérir: on ne les connoit guere qu'en introduisant la sonde dans le passage, où elle trouve en ce cas de la résistance. Elles viennent ordinairement de maladies vénériennes négligées ou mal guéries.

Les auteurs ne conviennent point unanimement de l'existence des carnosités. Ils reconnoissent tous une maladie dans le canal de l'urethre, qui occasionne une difficulté d'uriner, laquelle consiste en ce que le jet de l'urine est fort délié, fourchu & de travers. Les efforts que font inutilement les malades pour pisser, rendent cette action fort douloureuse, & leur fait rejetter souvent les excrémens en même tems. La vessie, en ne se vuidant qu'imparfaitement, peut s'enflammer & s'ulcérer par l'acrimonie que l'urine contracte en séjournant dans la cavité de ce viscere. Cette maladie est très - fâcheuse; elle peut avoir plusieurs suites funestes, telles que la rétention totale d'urine, & l'impossibilité de pénétrer dans la vessie avec la sonde, ce qui met les malades dans le cas d'une opération. Voyez Rétention d'urine. Il peut aussi se faire des crevasses à l'urethre, & en conséquence une inondation d'urme dans le tissu cellulaire qui entoure la vessie & le rectum: de là des abcès gangréneux, suivis de fistules, &c.

M. Dionis attribue la cause de tous ces accidens à des cicatrices qui se sont faites sur des ulceres durs & calleux de l'intérieur de l'urethre. Il assûre que quelque diligence qu'il ait faite en ouvrant des corps qu'on accusoit d'avoir des carnosités, il n'en a jamais trouvé. Il traite d'erreur commune la persuasion de l'existence des carnosités. Il ajoûte que ceux qui prétendoient avoir des remedes particuliers pour les guérir, avoient intérêt de confirmer cette erreur plûtôt que d'en desabuser; d'autant plus que cette maladie ayant été abandonnée des véritables Chirurgiens, étoit devenue le partage des charlatans ou distributeurs de secrets.

Dionis rapporte à ce sujet l'exemple de Jean - Baptiste Loiseau, maître Chirurgien de Bordeaux, qui dans un recueil d'observutions chirurgicales qu'il a écrites, dit qu'il fut appellé pour traiter le roi Henri IV. d'une carnosieé; qu'il l'avoit pansé & guéri, & qu'il en avoit été récompensé par une charge de Chirurgien de sa Majesté, que le Roi lui donne. Dionis tient cette histoire pour apocryphe: « elle ne prouve point, dit - il, qu'il y ait des carnosités; elle fait voir que ce M. Loiseau fait le mystérieux, & tient du charlatan, en publiant ce qu'il a fait, sans dire ni les moyens, ni les remedes dont il s'est servi. S'il avoit été vrai, continue - t - il, que le Roi eût eu une carnosité; il falloit qu'en écrivant cette histoire, M. Loiseau ne fit point un secret ni de la méthode, ni des drogues qu'il avoit employées à une guérison pour laquelle il avoit été si libéralement gratifié: & puisqu'il se taît sur l'essentiel, ajoûte M. Dionis, je tiens le tout pour apocryphe ». raisonnement est d'un ami du genre humain: mais il il n'est pas concluant contre les carnosités.

Des praticiens postérieurs à M. Dionis onessayé dans la maladie dont est question, de dilater peu - à - peu le canal de l'urethre, en se servant d'abord de sondes de plomb fort déliées, & les augmentant ensuite jusqu'à rétablir le diametre naturel de ce conduit. D'autres, avec des bougies de cordes à boyau qui se gonflent par l'humidité, sont parvenus à mettre en forme le canal de l'urethre; ils ont en conséquence attribué le rétrécissement de l'urethre au gonflement du tissu spongieux de ce canal, en rejettant l'opinion des carnosités & des cicatrices.

Benevole, Chirurgien de Florence, a composé en 1725, un petit traité en langue Italienne, sur les maladies de l'urethre. Il n'est d'aucune des opinions que nous venons d'exposer: il pense que la maladie fâcheuse dont nous parlons, est un effet de la tuméfaction des glandes prostates en conséquence de leur ulcération, puisque l'ulcere de cette glande est toûjours le principe de ce qu'on appelle carnosité.

S'il m'étoit permis d'exposer mon sentiment après celui de tous ces praticiens, je dirois librement qu'ils ont erré en donnant pour cause exclusive le vice que quelques observations leur avoient fait appercevoir; & je pense qu'ils n'ont trouvé cette maladie si rebelle, que pour avoir reglé leur méthode de traiter invariablement sur la cause qu'ils avoient reconnue, & qu'ils croyoient être unique.

Le rétrécissement de l'urethre par la présence des carnosités est indubitable. La maniere avec laquelle M. Daran traite ces maladies, en est une preuve. Il se sert de bougies, qui mettent en suppuration les obstacles de l'urethre. A mesure qu'ils disparoissent, l'urine reprend son cours; & lorsqu'elle sort à plein canal, & que les bougies d'une grosseur convenable passent librement jusque dans la vessie, il cicatrise le canal avec des bougies dessiccatives. On voit que M. Daran traite ces maladies comme on feroit un ulcere à la jambe. On doit rendre justice à la vérité: on ne peut disconvenir des succès de M. Daran; son application à cette sorte de traitement, en lui faisant honneur, en fait beaucoup à la Chirurgie, dont cette maladie étoit presque devenue l'opprobre. Les guérisons qu'il a faites, ne sont point comme quelques personnes le pensent, le fondement d'une nouvelle théorie: elles rétablissent la doctrine des anciens; elles encouragent tous les Chirurgiens à ne pas abandonner le traitement d'une maladie, & à ne pas se rebuter par les difficultés qu'il présente. M. Daran possede un remede pour mettre les obstacles de l'urethre en suppuration: il a apparemment de raisons particulieres pour en garder le secret. Mais il y a tant de personnes qui ont besoin d'un tel secours! ce remede n'auroit - il point de substituts qu'un habile Chirurgien pourroit employer? M. Goulard, célebre Chirurgien de Montpellier, en a découvert [p. 692] un qui produit les meilleurs effets, & qu'il a commuaiqué à la société royale de cette ville dont il est membre. La connoissance de la cause de la maladie fournira toûjours des vûes efficaces à un praticien suffisamment éclairé. J'ai réussi à vaincre quelques obstacles, & à mettre l'urethre en suppuration avec des bougies, couvertes d'un mêlange d'emplâtres de Vigo cum mercurio, & de diachylam cum gummis, parties égales. Lorsque le conduit a été parfaitement libre, j'ai procuré la cicatrice des ulceres avec des bougies couvertes d'emplâtre de pierre calaminaire.

Aquapendente, au chap. xiv. du livre III. des Ulceres & Fistules, décrit la méthode curative des carnosités de l'urethre. Les personnes de l'art ne lisent point ce qu'on en dit sans en tirer quelque fruit.

Les bougies suppuratives ne sont point capables de détruire les cicatrices, & de remédier aux rétrécissemens de l'urethre par le gonflement du tissu spongieux. Dans quelques - uns de ces cas, il faut avoir recours à l'usage des dilatans, & dans d'autres aux cathérétiques; remedes dont l'application demande beaucoup de prudence & de circonspection. On trouve un mémoire de M. Petit, dans le I. volume des Mémoires de l'académie royale de Chirurgie, où l'on voit comment ce grand Chirurgien a guéri des rétrécissemens de l'urethre par l'usage des médicamens, & par opération.

Ambroise Paré, qui a fort bien traité des carnosités dans les chap. xxiij. & suiv. de son XIX. livre, propose des sondes tranchantes pour franchir l'obstacle qu'apportent les cicatrices de l'urethre. M. Foubert vient de rétablir & de perfectionner l'usage de ces sondes, que les modernes avoient méprisées. Une personne qui avoit dans l'urethre un obstacle sur lequel les bougies de M. Daran n'agissoient point, consulta, de concert avec ce Chirurgien, plusieurs maîtres de l'art. On ne put jamais parvenir à la sonder. M. Foubert qui fut appellé ensuite, examina attentivement ce qui se passoit lorsque le malade faisoit des efforts pour uriner: il tenoit l'extrémité de sa sonde sur l'obstacle; & tâtant extérieurement la continuité de l'urethre, il observa que l'urine n'étoit retenue que par une cloison. Il promit de sonder le malade & de le guérir. Il demanda huit jours pour combiner les moyens convenables. Il fit armer une algalie d'une pointe de trocar, qui au moyen d'un stylet, pouvoit être poussée hors de la sonde, ou y rester cachée. M. Foubert introduisit cette sonde dans l'urethre la pointe renfermée; ayant posé l'extrémité de l'algalie sur l'obstacle, il poussa le stylet, fit sortir la pointe du trocar, & perça le diaphragme contre nature, qui bouchoit la plus grande partie du canal. Il retira la pointe du trocar dans l'algalie, qu'il poussa ensuite très - facilement jusque dans la vessie. Le malade est parfaitement guéri par la cicatrice qui s'est formée pendant qu'on tenoit une sonde d'un diametre convenable dans le conduit de l'urine.

Les autres vices de l'urethre exigent des soins & des opérations particulieres. Voyez Rétention d'urine. (Y)

CARNUTES (Page 2:692)

* CARNUTES, s. m. plur. (Hist. anc. & Géog.) anciens peuples des Gaules. On dit qu'ils habitoient le pays Chartrain.

CARO FOSSILIS (Page 2:692)

CARO FOSSILIS, (Hist. nat. & Minéralogie.) M. Henckel, dans ses Opuscules minéralogiques, dit qu'on appelle ainsi une espece d'amiante, qui se trouve près de Dannemore en Norwege, qui a la propriété de rougir au feu & d'en être pénétré; ce qui le diminue: mais il ne perd point pour cela la vertu de faire feu avec l'acier, comme un caillou ou une pierre à fusil. ( - )

CAROCHA (Page 2:692)

CAROCHA, s. f. (Hist. mod.) nom que les Espagnols & les Portugais donnent à une espece de mitre faite de papier ou de carton, sur laquelle on peint des flammes de feu & des figures de démons, & qu'on met sur la tête de ceux qui ont été condamnés à mort par le tribunal de l'inquisition. Voyez Inquisition. (G)

CAROLINE (Page 2:692)

CAROLINE, s. f. (Commerce.) monnoie d'argent de Suede, sans effigie, ni cordon, ni marque sur tranche; ayant pour légende, si Deus pro nobis quis contra: elle vaut, argent de France, dix - neuf sous deux deniers.

Caroline (Page 2:692)

Caroline, (la) Géog. contrée de l'Amérique septentrionale appartenante aux Anglois: on la divise en septentrionale & méridionale: elle contient six provinces. Elle est bornée au nord par la Virginie, au midi par la nouvelle Géorgie, à l'est par la mer, & à l'ouest par les monts Apalathes. Ce pays est très - fertile. La capitale est Charlestown.

CAROLINS (Page 2:692)

CAROLINS, adj. pris s. (Hist. ecclés.) nom qu'on donna à quatre livres composés par l'ordre de Charlemagne en 790, pour réfuter le second concile de Nicée.

Ce concile avoit fait plusieurs decrets contre les Iconoclastes sur le culte des images; decrets très - catholiques, mais qui ayant été envoyés mal traduits aux évêques assemblés à Francfort pour la même cause, & par ordre de Charlemagne, leur parurent contenir une doctrine jusqu'alors inoüie, & qui tendoit à faire rendre aux images un culte fort approchant de celui qu'on rend à Dieu même. Cette erreur de fait engagea Charlemagne à faire composer ces quatre livres, qui contiennent cent vingt chefs d'accusation contre les Grecs. Ces livres furent envoyés au pape Adrien I. à qui ils furent présentés par Angilbert, abbé de Centule. Adrien récrivit à Charlemagne pour soûtenir les décisions du concile de Nicée: mais on persista en France à les rejetter, parce qu'on ne les entendoit pas; opposition qui cessa pourtant lorsqu'on eut démêlé la véritable pensée des Grecs, & réduit à leur juste sens des expressions qui avoient paru outrées, & révolter les esprits. Aussi les prétendus réformés n'ont - ils jamais pû tirer aucun avantage réel, ni des décisions du concile de Francfort, ni des livres carolins.

On a douté de la vérité & de l'antiquité de ces livres, lorsque M. du Tillet, évêque de Meaux, les donna pour la premiere fois en 1549 sous le nom d'Eliaphilyra; parce qu'on crut qu'ils avoient éte supposés par les nouveaux sectaires, dont ils paroissoient favoriser extrèmement les opinions. Quelques - uns les attribuoient à Angilram, évêque de Metz; d'autres à Alicuin; & d'autres enfin à tous les évêques assemblés à Francsort: mais quoiqu'on n'en connoisse pas le véritable auteur, il est certain qu'ils ont été écrits du tems de Charlemagne, comme il paroît par la réponse du pape Adrien, par les conciles de Francfort & de Paris, par le temoignage d'Hincmar, qui les cite, & par les divers manuscrits anciens qu'on en a recouvrés. Dupin, Biblioth. des auteurs ecclésiast. du huitieme siecle. (G)

CAROLUS (Page 2:692)

CAROLUS, s. m. (Com.) ancienne monnoie de billon de France frappée sous différens regnes, à différent titre & valeur. Les premiers carolus furent fabriqués sous le regne de Charles VIII. & valoient dix deniers: ils augmenterent sous les regnes suivans, revinrent à leur premiere valeur, puis cesserent d'avoir cours.

Il y a eu beaucoup de différens carolus dans plusieurs états de l'Europe, mais presque tous ont été de billon tenant argent au plus haut titre de cinq deniers deux grains, & au plus bas de deux deniers, si l'on en excepte le carolus d'Angleterre, &c.

Carolus, ancienne piece d'or assez grosse frappée en Angleterre sous Charles I. dont elle porte l'image & le nom; sa valeur a été de vingt - trois schelins, quoiqu'on dise qu'au tems où elle a été frappée

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