ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"689"> toye parfaitement; mettez la laine, après qu'elle aura bouilli le tems nécessaire, dans un filet, pour la laisser égoutter: prenez pour lors la moitié qui vous reste de votre eau de son, joignez - y vingt - quatre pintes d'eau commune, & faites - les bien bouillir; dans le fort de la cuisson mettez - y la cochenille pulvérisée au plus fin, mêlée avec deux onces de tartre; il faut remuer sans cesse ce mêlange pour l'empêcher de fuir: on y mettra la laine, on l'y fera bouillir pendant une heure & demie, en observant de la remuer, comme il a déjà été dit; lorsqu'elle aura pris couleur, on la remettra dans un filet pour égoutter; elle aura pour lors une belle couleur écarlate.

Voici la maniere de tirer la laque ou le carmin de cette laine ainsi colorée. Prenez environ trente - deux pintes d'eau claire, faites - y fondre assez de potasse pour en faire une lessive fort acre; purisiez cette lessive en la filtrant; faites - y bouillir votre laine jusqu'à ce qu'elle ait perdu toute sa couleur, & soit devenue toute blanche, & que la lessive se soit chargée de toute sa teinture; pressez bien votre laine, & passez la lessive par la chausse; faites fondre deux livres d'alun dans de l'eau, versez cette solution dans la lessive colorée; remuez bien le tout; par cette addition la lessive se caillera & s'épaissira; repassez - la à la chausse, elle sortira toute claire & pure: si elle étoit encore chargée de couleur, il faudroit la remettre bouillir, & y ajoùter encore de l'alun dissous; elle achevera de se cailler, & le carmin ou la laque ne passera point, mais restera dans la chausse. On aura soin de verser à plusieurs reprises de l'eau fraîche par - dessus, pour achever d'en ôter l'alun ou les sels qui pourroient y être restés: on fait sécher ensuite la couleur, qu'on réserve pour l'usage, après l'avoir réduite en une poudre impalpable. Si dans l'opération on trouvoit que l'eau se fût trop diminuée par la cuisson, il faudra bien se garder d'y verser de l'eau froide; mais il faut dans ce cas n'y mettre que de l'eau bouillante ».

Si on vouloit faire du carmin à moins de frais, & sans se donner la peine de commencer par teindre la laine, il n'y auroit qu'à faire bouillir dans la lessive susdite de la bourre tontisse de drap écarlate, & procéder en toutes choses de la maniere qu'on vient de décrire. Kunckel dit avoir souvent fait ces deux opérations & toûjours avec succès. Voyez ses remarques sur l'art de la Verrerie d'Antoine Néri, liv. VII.

On contrefait le carmin avec du bois de Brésil ou de Fernambouc; on les pile pour cet effet dans un mortier, on les met tremper dans du vinaigre blanc; on fait bouillir ces matieres, & l'écume qui en vient donne une espece de carmin: mais il n'approche nullement de la beauté de celui que nous venons d'indiquer. On tire aussi une couleur rouge des grains de kermès & de la garance. Voyez l'art. Rouge. ( - )

CARMINA (Page 2:689)

CARMINA, (Géog.) île de l'Archipel, habitée par des Grecs & des Tures, qui ne s'occupent qu'à la piraterie.

CARMINACH, ou CARMINIAH (Page 2:689)

CARMINACH, ou CARMINIAH, (Géog.) ville d'Asie, dans la grande Tartarie, dans la contrée de Bochara. Long. 88. lat. 39. 30.

CARMINATIF (Page 2:689)

CARMINATIF, adj. (Méd.) nom que l'on a donné à certains médicamens, qui ont la vertu d'expulser les vents retenus dans la cavité de l'estomac & des intestins. Quincy pense que la promptitude avec laquelle ces remedes agissent, les a fait nommer carminatifs, qu'il tire du mot Latin carmen, vers; parce que l'on loüoit en vers tout ce qui paroissoit surprenant, & tenant du charme ou de l'enchantement. On explique leur action par la raréfaction de l'air arrêté par une humeur visqueuse, placée dans l'estomac ou dans les intestins. Lorsque cette espece de digue est rompue par quelque remede atténuant, alors l'air sort avec explosion & occasionne du bruit par haut ou par bas. Rien n'est plus capable de produire cet esset que les semences que l'on employe contre les vents, & que l'on appelle carminatives: telles sont les semences d'anis, de fenouil, de persil, &c. les eaux distillées de ces mêmes plantes, l'infusion de leurs fleurs, auxquelles on peut ajoûter celles de camomille, de mélilot, de matricaire & d'aneth. Leur nature chaude les rend très - propres à raréfier l'air, & à faire sur la membrane de l'estomac & des intestins, une petite irritation, & un petit mouvement capable de broyer ces humeurs visqueuses, & d'en détruire la ténacité. Voyez Vent). (N)

CARMONE (Page 2:689)

CARMONE, (Géog.) ville d'Espagne, dans l'Andalousie. Long. 12. 52. lat. 37. 24.

CARMONS ou CORMONS (Page 2:689)

CARMONS ou CORMONS, (Géog.) petite ville d'Italie, dans le Frioul, près de la riviere d'Indri.

CARNA, CARNE (Page 2:689)

* CARNA, CARNE, ou CARDINEA, s. f. (Myth.) Déesse réverée chez les Romains. Elle présidoit à la conservation de la santé des parties intérieures du corps, & à l'embonpoint des autres. On lui sacrifioit le premier de Juin; l'offrande étoit d'une bouillie de farine & de lard. Il étoit encore de son ministere d'écarter les esprits folets, qui tourmentoient les enfans au berceau. Voyez Esprits.

CARNACIER (Page 2:689)

CARNACIER, adj. (Hist. nat.) épithete qu'on donne aux animaux qui se nourrissent naturellement de chair. Voyez Animal & Nourriture.

Les Physiciens sont en dispute sur la question, si l'homme est ou n'est pas naturellement carnacier: il y en a qui prétendent que les fruits de la terre étoient destinés seuls à le nourrir; & que ç'a été le besoin dans quelques pays, & le luxe dans d'autres, qui les a portés à se nourrir des animaux auxquels ils ont tant de ressemblance. Pythagore & ses sectateurs regardoient cette action comme une grande impiété, & s'en abstenoient rigoureusement d'après l'opinion où ils étoient sur la métempsycose; & les Bramines leurs successeurs continuent encore à en faire autant aujourd'hui. Voyez Abstinence, Brachmanes, &c.

La réflexion sur laquelle Gassendi insiste le plus, pour prouver que les hommes ne sont pas naturellement animaux carnaciers; c'est la conformation de nos dents, dont il y en a plusieurs d'incisives & de molaires; au lieu que nous n'avons de semblables aux animaux carnaciers, & propres à déchirer la chair, que les quatre canines; comme si la nature nous avoit destinés plûtôt à couper des herbes, des racines, &c. Cette raison paroît assez foible. Mais on peut observer, que si nous nous nourrissons de viandes, ce n'est qu'après une préparation par coction, & en la mangeant, soit bouillie, soit rôtie, &c. & qu'alors même, suivant que l'observe le docteur Drake, elle est plus difficile à digérer que toutes les autres nourritures; ce qui fait qu'on la défend dans les fievres & dans d'autres indispositions: enfin que les enfans ont de l'éloignement pour les viandes, jusqu'à ce que leur palais ait été vicié par l'habitude; & que la maladie des vers à la quelle ils sont sujets, ne vient que de ce qu'on leur fait manger trop tôt de la viande.

Le docteur Wallis en apporte encore une autre preuce: c'est que les quadrupedes qui broutent les plantes, ont un long colum avec un coecum à son extrémité inférieure, ou quelque chose d'équivalant, qui porte la nourriture de l'estomac en en - bas par un chemin fort long & fort large, par où la nature paroît avoir eu en vûe de rendre le passage des nourritures dans les intestins plus lent, & de les y faire arrêter plus long - tems; au lieu que dans les animaux carnaciers, on ne trouve point de cacum, mais on trouve en sa place un boyau plus court & plus grêle, par où il est évident que le passage de la nourriture doit se faire plus promptement. Or le coecum [p. 690] est très - visible dans l'homme; ce qui forme une forte présomption, que la nature qui agit toûjours d'une maniere uniforme, ne s'est pas proposé d'en faire un animal carnacier. Il est vrai que le coecun n'est que fort petit dans les adultes, & qu'il semble n'y avoir que fort peu d'usage ou même point du tout: mais il est plus grand à proportion dans le foetus; & il est probable que les changemens que nous faisons dans notre régime à mesure que nous devenons plus âgés, peuvent être la cause de cette diminution. Voyez Carnivore, Colum, & Coecum . (L)

CARNATION (Page 2:690)

CARNATION, s. f. se dit au simple de la couleur des chairs, & au figuré de l'art de les rendre. Il s'étend en Peinture à toutes les figures d'un tableau qui sont nues & sans draperie. Il faut observer que le mot de carnation ne se dit point d'une partie en particulier; ce seroit parler improprement que de dire ce bras est d'une belle carnation; il faut dire, ce bras est de belle chair, & non pas bien de chair, ainsi que quelques auteurs le prétendent; bien de chair exprime les mollesses de chair, & se dit également des mollesses de chair exprimées dans un dessein, quoiqu'il n'y soit pas question de la beauté des carnations. On dit encore, les carnations de ce tableau, sont admirables. (R)

Carnation (Page 2:690)

Carnation, en terme de Blason se dit de toutes les parties du corps humain, particulierement du visage, des mains, & des piés, qui sont représentées u naturel.

La ville de Treves, d'argent à un S. Pierre de carnation, vêtu d'azur, tenant de la main droite deux clés d'or passées en sautoir. (V)

CARNAVAL (Page 2:690)

CARNAVAL, s. m. (Hist. mod.) tems de fête & de réjoüissance qu'on observe avec beaucoup de solennité en Italie, sur - tout à Venise.

Ce mot vient de l'Italien carnavale: mais du Cange le dérive de carn - aval, parce qu'on mange alors beaucoup de viande, pour se dédommager de l'abstinence où l'on doit vivre ensuite; il dit en conséquence que dans la basse latinité on l'a appellé carne levamen, carnis privium; & les Espagnols carnes tollendas.

Le tems du carnaval commence le lendemain des Rois, ou le sept de Janvier, & dure jusqu'au carême. Les bals, les festins, les mariages, se font principalement dans le carnaval. (G)

CARNÉ (Page 2:690)

CARNÉ, adj. (Jardinage) se dit d'un oeillet dont le blanc tire sur la couleur de chair; ce qui est regardé comme un défaut dans un oeillet. (K)

CARNEAU (Page 2:690)

CARNEAU, s. m. (Marine) les matelots donnent ce nom à l'angle de la voile latine, qui est vers la proue. (Z)

CARNET (Page 2:690)

CARNET, s. f. (Commerce) c'est un des noms que les marchands, négocians, & banquiers donnent à une sorte de livre dont ils se servent pour connoître d'un coup d'oeil le tems des échéances de leurs dettes actives & passives; c'est - à - dire, des sommes qu'ils ont à recevoir & de celles qu'ils ont à payer, afin qu'en faisant la balance ou comparaison des payemens à faire, ou à recevoir, ils puissent pourvoir aux fonds nécessaires pour payer à point nommé, & dans le tems des échéances.

Le carnet est du nombre des livres auxiliaires; on le nomme encore bilan. Voyez Bilan, & Livres auxiliaires .

Carnet (Page 2:690)

Carnet, se dit aussi d'une espece de petit livre que les marchands portent dans les foires & marchés, sur lequel ils écrivent, soit la vente, soit l'achat qu'ils y font des marchandises, & même leur recette & dépense journaliere.

On appelle aussi quelquefois carnet, une sorte de petit livre dont se servent les marchands & négocians de Lyon, lorsqu'ils vont sur la place du change, pour faire le virement des parties; mais son nom le plus usité est bilan. Voyez Bilan. (G)

CARNIA (Page 2:690)

CARNIA, (la) (Géog.) province ou despotat de la Turquie en Europe, dans la basse Albanie.

Carnia (Page 2:690)

Carnia, (la) (Géog.) pays d'Italie, dans l'état de la république de Venise, dans la partie septentrionale du Frioul, le long de la riviere de Tajamento.

CARNIEN (Page 2:690)

* CARNIEN, adj. (Hist. & Myth.) surnom d'Apollon, & nom de fêtes instituées en son honneur, sur - tout à Lacédémone, pour expier la mort du devin Carnus. Les prêtres d'Apollon Carnien gouvernerent pendant trente - cinq ans le royaume des Sycioniens, après la mort de leur roi. Carnus, prêtre d'Apollon, fut tué à coups de fleches par les Héraclides, à qui il prédisoit des suites malheureuses de la guerre qu'ils avoient contre les Athéniens; mais la peste ayant succédé dans l'armée presqu'immediatement à la mort de Carnus, on ne manqua pas de la regarder comme un effet de la colere céleste. On éleva un temple à Apollon, & l'on institua les carnées.

CARNIFICATION (Page 2:690)

* CARNIFICATION des os, (Chirurgie & Med.) maladie des os ainsi nommée par M. Petit. Dans cette maladie la substance des os est entierement changée; elle perd sa dureté, ses fibres ne paroissent plus fibres osseuses; les os ont la consistance de chair, & l'on diroit qu'ils sont devenus chair, prenant ce mot dans la signification générale pour toutes les substances de notre corps qui sont saignantes, quand on les coupe, & se laissent couper avec facilité: V. Mémoires de l'Académie, 1722, pag. 229, plusieurs observations de MM. Petit & Morand, qui constatent la certitude de cette maladie.

CARNIOLE (Page 2:690)

CARNIOLE, (Géog.) province d'Allemagne, dans les états de la maison d'Autriche, bornée par la Carinthie & la Stirie, par l'Esclavonie & l'Istrie, la Croatie & le Frioul. Laubach en est la capitale.

CARNIVORE (Page 2:690)

CARNIVORE, adj. (Hist. nat.) se dit des animaux qui vivent de chair. Dans les animaux carnivores, le colon est simple, & les excrémens liquides. C'est ce qu'on a observé dans le chat, dans le chien, dans le lion, dans l'ours. De plus, ils n'ont qu'un estomac membraneux, mou; & il est de même nature dans les lésards, dans les poissons, dans les serpens, dans le veau - marin, &c. mais toutes les especes d'oies, de poules, & d'autres oiseaux granivores, dont le nombre est immense, qui n'ont point de dents & ne se nourrissent que d'une farine végétale, enfermée dans des grains à double écorce, ont une structure différente. Au cou, au - dessus du sternum, l'oesophage se dilate en un bulbe ou sinus, appellé communément jabot, rempli de glandes salivaires, qui versent sur les grains une liqueur propre à les amollir. Ces glandes sont en grand nombre, rondes, oblongues, fistuleuses, divisées suivant leur longuear; elles paroissent caves, & versent un suc blanc un peu visqueux. Dans les oiseaux de proie, on trouve beaucoup de corps glanduleux. Malpighi remarque que dans l'aigle, non - seulement la partie supérieure de l'estomac, mais encore l'oesophage, est parsemé de glandes ovales, & qu'on y voit par - tout de petits tuyaux qui viennent de la tunique nerveuse, & qui fournissent un suc. Le jabot a été exactement décrit par Wepfer dans la cicogne, & par Grew dans le pigeon. C'est donc dans ce jabot ou premier ventricule, que les matieres séjournent, s'amollissent, & deviennent friables; ensuite elles sont poussées au - dessous du diaphragme dans l'abdomen, ou au lieu d'un estomac mou & membraneux, comme celui de l'homme & de tous les carnivores, elles ont à essuyer l'action de deux paires de muscles, après avoir souffert celle des trois tuniques musculeuses du jabot. Ces muscles ont à leur partie supérieure, des glandes rangées en anneaux qui descendent de la membrane musculeuse, & sont percées à leurs pointes; comme on le voit encore dans la poule & dans l'outarde. Mais ce qu'il y a peut - être ici de plus singulier & de

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