ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"657"> barre de fer qui porte un écrou qui reçoit la vis F E, que l'on tourne comme celle d'un étau, par le moyen du manche F G. Tout cet assemblage est fixé à la table du coupoir, ensorte que la jumelle C D tirée ou poussée par la vis F E, peut seule se mouvoir.

Il suit de cette description du coupoir, que si l'on tourne la vis E F, fig. 2. on fera marcher la jumelle mobile A B, vers la jumelle immobile C D, fig. 1. & que par conséquent on fera appliquer les deux regles du justifieur contre la rangée de caracteres qu'elles contiennent. Mais pour serrer les caracteres les uns contre les autres, on fera tourner la vis F f. Cette vis fera couler la seconde regle du justifieur le long de la rangée de caracteres, jusqu'à ce que son épaulement C fig. 4. rencontrant la rangée de caracteres, les pressera & les poussera vers l'épaulement B de la premiere piece fig. 3. jusqu'à ce qu'ils soient tous exactement appliqués les uns contre les autres. Cela fait, il est évident que les caracteres formeront comme un corps solide contenu par ses deux extrémités entre les épaulemens des deux pieces du justifieur, & selon sa longueur entre les mêmes pieces, par l'action des deux jumelles.

Mais avant que de consolider ainsi la rangée de caracteres, on passe un morceau de bois dur sur leurs extrémités saillantes ou sur leurs piés, afin de les enfoncer toutes également, & d'appliquer leur tête, ou la lettre, contre la surface de la regle horisontale du justifieur.

Lorsque tout est ainsi disposé, on coupe les caracteres avec le rabot, de la maniere que nous allons dire.

L'instrument qu'on voit Planche III. de la Fonderie en caracteres, fig. 6. est appellé rabot. Il est composé d'un fût de fer, qu'on voit fig. 10. Sous la partie N O de ce fût, sont arrêtés avec des vis les deux guides Ce, D. Cet assemblage est surmonté d'un bois P Q qu'on voiz fig. 8. ce bois sert de poignée au rabot. Il se fixe sur la partie N O, fig. 10. comme on l'y voit sixé, fig. 6. Le fer A B du rabot se place sur la face inclinée du fût, par les deux vis G H tarandées, & entrant dans les collets que le fer traverse, & qui sont eux - mêmes fixés sur le fût par la vis que l'on voit en R. Toutes ces pieces assemblées forment le rabot de la fig. 6. Les vis se serrent avec le tourne - vis de la fig. 16. même Planche III.

Quand on veut couper les lettres, on place le rabot sur le justifieur, ensorte que les parties saillantes des lettres soient entre les guides du rabot; on hausse ou l'on baisse le fer, qui est un peu arrondi par son tranchant, ensorte qu'il puisse emporter autant de matiere que l'on souhaite.

Les reglemens ont statué sur la hauteur des lettres; il est ordonné que la lettre portera, dopuis sa surface jusqu'à l'extrémité de son pié, dix lignes & demie de pié de roi. Cette hauteur n'est pas la même par - tout; la hauteur de Hollande a près d'une ligne de plus que celle de Paris; celles de Flandre, & même de Lyon, ont plus de dix lignes. Au reste, lorsque des Imprimeurs, sans aucun égard pour les ordonnances, veulent des caracteres au - dessus ou au - dessous de dix lignes & demie, on a de petites pieces qu'on ajuste au moule à fondre les caracteres, entre le jet & les longues pieces.

Ces pieces s'appellent hausses; selon que les hausses sont plus ou moins épaisses, un même moule sert à sondre des caracteres plus ou moins hauts de papier; c'est l'expression dont on se sert pour désigner la dimension dont il s'agit ici.

Le fer du rabot étant convexe, les caracteres coupés auront tous une petite échancrure concave, de maniere qu'étant posés sur leurs piés, ils ne porteront, pour ainsi dire, que sur deux lignes, au lieu de porter sur une surface. On a pratiqué cette con cavité aux piés des caracteres, afin qu'ils s'arrangent mieux sur le marbre de la presse, sur lequel exposant moins de surface, ils sont moins sujets à rencontrer des inégalités.

Mais ce retranchement de matiere n'est pas le seul qui se fasse avec le rabot; on est contraint d'enlever encore de l'étoffe au haut de caractere, comme on peut le voir en B, figure 14. Ce retranchement se fait des deux côtés aux lettres qui n'ont ni tête ni queue, & seulement de côté opposé à la queue, lorsque les caracteres en ont une. Le but de cette opération est de dégager encore mieux l'oeil du caractere. On voit en effet, fig. 14. que le caractere B est plus saillant que le caractere A, quoiqu'ils ayent été fondus l'un & l'autre dans le même moule.

La machine représentée figure 14. & qui contient les deux caracteres A & B dont nous venons de parler, s'appelle justification; elle sert à connoître, par le moyen du petit reglet qu'on voit figure 13. & qu'on appelle jetton, si les traits des lettres se trouvent tous sur une même ligne. Pour cet effet, après avoit justifié les lettres m m, que nous avons dit être la premiere lettre que l'on fabrique, on place un a, par exemple, entre les deux m, en cette sorte mam, & l'on examine si l'arrête du jetton s'applique également sur les trois caracteres.

Le morceau de glace, fig. 12. & son jetton, fig. 1. servent à jauger de la même maniere les épaisseurs, & l'une & l'autre de ces deux machines indique pareillement, par l'application du jetton, si les traits des lettres se trouvent tous exactement dans la même ligne droite, comme nous venons de dire.

On entend par une fonte de caracteres d'Imprimerie, un assortiment complet de toutes les lettres majuscules, minuscules, accents, points, chiffres, &c. nécessaires à imprimer un discours, & fondues sur un seul corps.

Le corps est une épaisseur juste & déterminée, relative à chaque caractere en particulier; c'est cette épaisseur qui fait la distance des lignes dans un livre, & qui donne le nom au caractere, & non l'oeil de la lettre; cependant pour ne rien confondre on dit fondre un Cicero sur un corps de S. Augustin, quand on a pris ce moyen pour jetter plus de blanc entre les lignes.

Mais pour se faire une idée juste de ce qu'on appelle en Fonderie de caracteres ou en Imprimerie, corps, oeil, & blanc, prenez une distance ou ligne quelconque, supposez - la divisée en sept parties égales par des lignes paraileles; supposez écrite entre ces lignes paralleles une des lettres que les Imprimeurs appellent courtes, telles que l'a, le c, l'm, &c. car ils appellent les lettres à queue, telles que le p, le q, le d, lettres longues. Supposez - la tracée entre ces paralleles de maniere qu'elle ait sa base appuyée sur la troisieme parallele en montant, & qu'elle touche de son sommet la troisieme parallele en descendant, ou ce qui revient au même, que des sept intervalles égaux dans lesquelles vous avez divisé la ligne, elle occupe les trois du milieu; il est évident qu'il restera au - dessus de ces trois intervalles occupés, deux espaces vuides, & qu'il en restera aussi deux vuides au - dessous. Cela bien compris, il ne sera pas difficile d'entendre ce que c'est que le l'oeil, le corps, & le blanc. Le corps est représenté par la ligne entiere; l'oeil occupe les trois espaces du milieu, c'est la hauteur même de la lettre: & l'on entend par les blancs, les deux espaces qui restent vuides au - dessous & au - dessus de l'oeil.

Exemple. [omission: other; to see, consult fac-similé version] la ligne A B, représente la hauteur du corps; C D, le blanc d'en - haut; D E, l'oeil; E F, le blanc d'en - bas. C D, forme dans une [p. 658] page imprimée la moitié de l'espace blanc qui est entre une ligne & sa supérieure; & E F, la moitié de l'espace blanc qui est entre la même ligne & son inférieure.

Il y a des lettres qui occupent toute la hauteur du corps, telle est l'j consonne avec son point, comme on voit dans l'exemple, les Q capitales en romain, & les s & f en italique, ainsi que les signes (, §, [, &c.

Dans les lettres longues, telles que le d & le q, il faut distinguer deux parties, le corps & la queue; le corps occupe les trois intervalles du milieu, de même que les lettres courtes, & la queue occupe les deux intervalles blancs, soit d'en - haut, soit d'enbas, selon que cette queue est tournée. Voyez dans l'exemple le d & le q. S'il se trouve dans une ligne un q, & dans la ligne au - dessous un d, qui corresponde exactement au q, il n'y aura point d'intervalle entre les queues: les extrémités de ces queues se toucheront, d'où il s'ensuit que voilà la hauteur relative des corps & celle des caracteres déterminée; que resteroit - il donc à faire pour que la Fonderie & l'Imprimerie fussent assujeties à des regles cenvenables? sinon de déterminer la largeur des lettres ou caracteres, relativement à leur hauteur: c'est ce que personne n'a encore tenté. On est convenu que la hauteur du corps étant divisée en sept parties égales, la hauteur du caractere, de l'm, par exemple, seroit de trois de ces parties; quant à sa largeur, chacun suit son goût & sa fantaisie; les uns donnent au caracteree ou à l'oeil, une forme plus ou moins voisine du quarré que les autres.

Nous invitons M. Fournier, à qui nous devons la table des rapports des corps entr'eux, à nous donner la table des proportions des caracteres entr'eux dans chaque corps. Elle est bien aussi importante pour la perfection de l'art de la gravure en caracteres, que la premiere pour la perfection & commodité de l'art d'imprimer.

Il pourra pour cet effet, consulter les regles que les grands écrivains à la main se sont prescrites, & celles que les plus habiles graveurs ont suivies par goût.

Une observation qui se présente naturellement & qu'on ne sera pas faché de trouver ici, c'est qu'il y a quelque rapport entre l'impression & le genie d'une langue; par exemple, l'Allemand est extraordinairement diffus; aussi n'y a - t - il presque point de blanc entre les lignes, & les caracteres sont - ils extrèmement serrés sur chaque ligne: les Allemands tâchent de regagner par là, l'espace que la prolixité de leur diction exigeroit.

Les expressions oeil, corps, blanc, caractere sondu sur un corps d'un autre caractere, &c. ne doivent plus rien avoir d'obscur.

On disoit corps foible & corps fort, dans le tems qu'on ignoroit la proportion que les yeux des caracteres devoient avoir avec leurs corps, & celle que les corps & les caracteres devoient avoir avec d'autres corps & caracteres. Cette ignorance a duré parmi nous jusqu'en 1742, que M. Fournier le jeune, graveur & fondeur de caracteres, proposa sa table des rapports des différens corps des caracteres d'Imprimerie. Nous ne tarderons pas à en faire mention. Nous observerons en attendant, qu'avant cette table on n'avoit aucune regle sûre pour l'exécution des caracteres; chaque Imprimeur commandoit des caracteres suivant les modeles qu'il en trouvoit chez lui, ou qu'il imaginoit. Aucun n'ayant l'idée soit du corps soit de l'oeil, par exemple, d'un véritable Cicéro, ce caractere avoit autant de hauteurs de corps & d'oeil différentes qu'il y avoit d'Imprimeries, & s'appelloit ici foible, là fort; ici petit oeil, là gros oeil.

On dit une fonte de Cicéro, de Petit - Romain, &c. lorsque ces caracteres ont été fondus sur les corps de leurs noms. Les fontes sont plus ou moins grandes, suivant le besoin ou le moyen de l'Imprimeur qui les commande, par cent pesant ou par feuilles. Quand un Imprimeur demande une fonte de cinq cents, il veut que cette fonte, bien assortie de toutes ses lettres, pese cinq cents. Quand il la demande de dix feuilles, il entend qu'avec cette fonte on puisse composer dix feuilles ou vingt formes, sans être obligé de distribuer. Le Fondeur prend alors ses mesures; il compte cent - vingt livres pesant pour la feuille, y compris les quadrats & espaces, ou soixante pour la forme, qui n'est que la demi - feuille. Ce n'est pas que la feuille pese toûjours cent vingt livres, ni la forme soixante; tout cela dépend de la grandeur de la forme, & on suppose toûjours qu'il en reste dans les cases.

S'il n'entre pas dans toutes les feuilles le même nombre de lettres, ni les mêmes sortes de lettres, il est bon de remarquer que, comme il y a dans une langue des sons plus fréquens que d'autres, & par conséquent des signes qui doivent revenir plus fréquemment que d'autres dans l'usage qu'on en sait en imprimant, une fonte ne contient pas autant d'a que de b, autant de b que de c, & ainsi de suite. La détermination des rapports en nombre, qu'il faut mettre entre les différentes sortes de caracteres qui forment une fonte, s'appelle la police. Il est évident que la police peut varier d'une langue à une autre, mais qu'elle est la même pour toutes sortes de caracteres employés dans la même langue. Pour donner une idée de la police dans notre François, soit, par exemple, demandée une fonte de cent mille lettres. Pour remplir ce nombre de cent mille caracteres, on prendra les nombres suivans de chacun. L'expérience a résolu chez les Fondeurs un probleme, dont on auroit trouvé difficilement ailleurs une solution exacte. J'espere que les Philosophes & les Grammairiens jetteront les yeux, avec quelque satisfaction, sur cette table, & en desireront de semblables du Latin, du Grec, de l'Anglois, de l'Italien, & de la plûpart des langues connues. Pour se les procurer, ils n'ont qu'à s'adresser aux Fondeurs en caracteres des différens pays où ces langues sont en usage.

Police pour cent mille lettres destinées à une impression Françoise ordinaire.

Le lecteur s'appercevra facilement qu'elle ne contient que les signes grammaticaux, & qu'il ne s'agit ici que de ceux - là; & que par conséquent cette police n'est pas particuliere à un livre ou d'algebre, ou d'arithmétique, ou de chimie; mais qu'elle convient seulement à un discours oratoire, à la poësie, &c. [omission: table; to see, consult fac-similé version]

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