ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"601"> quelles ils passoient le fer rougi, de peur qu'il n'offensât les parties circonvoisines. Voyez Cautere.

On ne doit pas se servir sans nécessité des cannules pour le pansement des plaies, parce que ce sont autant de corps étrangers, qui par leur présence rendent les parois des plaies dures & calleuses, & occasionnent des fistules. Il faut savoir s'en servir à propos, & en supprimer l'usage à tems. (Y)

CANO ou ALCANEM (Page 2:601)

CANO ou ALCANEM, (Géog.) royaume d'Afrique dans la Nigritie, avec une ville qui porte le même nom.

CANON (Page 2:601)

* CANON, s. m. ce terme a dans notre langue une infinité d'acceptions différentes, qui n'ont presqu'aucun rapport les unes avec les autres. Il désigne un catalogue, une décision, une arme, & plusieurs instrumens méchaniques de différentes sortes.

Canon (Page 2:601)

* Canon, en Théologie, c'est un catalogue authentique des livres qu'on doit reconnoître pour divins, fait par une autorité légitime, & donné au peuple pour lui apprendre quels sont les textes originaux qui doivent être la regle de sa conduite & de sa foi. Le canon de la Bible n'a pas été le même en tout tems; il n'a pas été uniforme dans toutes les sociétés qui reconnoissent ce recueil pour un livre divin. Les Catholiques Romains sont en contestation sur ce point avec les Protestans. L'Eglise chrétienne, outre les livres du nouveau - Testament qu'elle a admis dans son canon, en a encore ajoûté, dans le canon de l'ancien - Testament qu'elle a reçu de l'église Juive, quelques-uns qui n'étoient point auparavant dans le canon de celle - ci, & qu'elle ne reconnoissoit point pour des livres divins. Ce sont ces différences qui ont donné lieu à la distribution des livres saints en protocanoniques, deutérocanoniques, & apocryphes. Il faut cependant observer qu'elles ne tombent que sur un très - petit nombre de livres. On convient sur le plus grand nombre qui compose le corps de la Bible. On peut former sur le sujet que nous traitons, plusieurs questions importantes. Nous en allons examiner quelquesunes, moins pour les décider, que pour proposer à ceux qui doivent un jour se livrer à la critioue, quelques exemples de la maniere de discuter & d'éclaircir les questions de cette nature.

Y a - t - il eu chez les Juifs un canon des livres sacrés? Premiere question. Le peuple Juif ne reconnoissoit pas toues sortes de livres pour divins; cependant il accordoit ce caractere à quelques - uns: donc il y a eu chez lui un canon de ces livres, fixé & déterminé par l'autorité de la synagogue. Peut - on douter de cette vérité quand on considere que les Juifs donnoient tous le titre de divins aux mêmes livres, & que le consentement étoit entr'eux unanime sur ce point? D'où pouvoit naitre cette unanimité? sinon d'une regle faite & connue qui marquoit à quoi l'on devoit s'en tenir; c'est - à - dire d'un canon ou d'un catalogue authentique qui fixoit le nombre des livres, & en indiquoit les noms. On ne conçoit pas qu'entre plusieurs livres écrits en différens tems & par différens auteurs, il y en ait eu un certain nombre généralement admis pour divins à l'exclusion des autres, sans un catalogue autorisé qui distinguât ceux - ci de ceux pour qui l'on n'a pas eu la même vénération; & ce seroit nous donner une opinion aussi fausse que dangereuse de la nation Juive, que de nous la représenter acceptant indistinctement & sans examen tout ce qu'il plaisoit à chaque particulier de lui proposer comme inspiré: ce qui précede me paroît sans replique. Il ne s'agit plus que de prouver que les Juifs n'ont reconnu pour divins qu'un certain nombre de livres, & qu'ils se sont tous accordés à diviniser les mêmes. Les preuves en sont sous les yeux. La premiere se tire de l'uniformité des catalogues que les anciens peres ont rapportés toutes les fois qu'ils ont eu lieu de faire l'énumération des livres reconnus pour sacrés par les Hébreux. Si les Juifs n'avoient pas eux - mêmes fixé le nombre de leurs livres divins, les peres ne se seroient pas avisés de le faire: ils se seroient contentés de marquer ceux que les Chrétiens devoient regarder comme tels, sans se mettre en peine de la croyance des Juifs là - dessus; ou s'ils avoient osé supposer un canon Juif qui n'eût pas existé, ils ne l'auroient pas tous fabriqué de la même maniere; la vérité ne les dirigeant pas, le caprice les eût fait varier, soit dans le choix, soit dans le nombre; & plusieurs n'auroient pas manqué surtout d'y insérer ceux que nous nommons deutérocanoniques, puisqu'ils les croyoient divins, & les citoient comme tels. Nous devons donc être persuadés de leur bonne foi par l'uniformité de leur langage, & par la sincérité de l'aveu qu'ils ont fait que quelques livres mis par l'Eglise au rang des anciennes écritures canoniques, en étoient exclus par les synagogues. La même raison doit aussi nous convaincre qu'ils ont été suffisamment instruits de ce fait: car s'il y avoit eu de la diversité ou des variations sur ce point entre les Juifs, ils auroient eu au moins autant de facilité pour s'en informer, que pour savoir qu'on y comptoit ces livres par les lettres de l'alphabet, & ils nous auroient transmis l'un comme l'autre. L'accord des peres sur la question dont il s'agit, démontre donc celui des Juifs sur leur canon.

Mais à l'autorité des peres se joint celle de Josephe, qui sur ces matieres, dit M. Huet, en vaut une soule d'autres, unus pro mille. Josephe, de race sacerdotale, & profondément instruit de tout ce qui concernoit sa nation, est du sentiment des peres. On lit dans son premier livre contre Appion, que les Juifs n'ont pas comme les Grecs, une multitude de livres; qu'ils n'en reconnoissent qu'un certain nombre comme divins; que ces livres contiennent tout ce qui s'est passé depuis le commencement du monde jusqu'à Artaxercès; que quoiqu'ils ayent d'autres écrits, ces écrits n'ont pas entr'eux la même autorité que les livres divins, & que chaque Juif est prêt à répandre son sang pour la défense de ceux - ci: donc il y avoit chez les Juifs, selon Josephe, un nombre fixé & dêterminé de livres reconnus pour divins; & c'est - là précisément ce que nous appellons canon.

La tradition constante du peuple Juif est une troisieme preuve qu'on ne peut rejetter. Ils ne comptent encore aujourd'hui entre les livres divins que ceux, disent - ils, dont leurs anciens peres ont dressé le canon dans le tems de la grande synagogue, qui fleurit après le retour de la captivité. C'est même en pare par cette raison qu'elle fut nommée grande. L'auteur du traité Megillah dans la Gémare, nous apprend au ch. iij que ce titre lui fut donné non - seulement pour avoir ajoûté au nom de Dieu l'épithete gadol, grand, magnifique, mais encore pour avoir dressé le canon des livres sacrés: donc, pouvons - nous conclurre pour la troisieme fois, il est certain qu'il y a eu chez les Juifs un canon déterminé & authentique des livres de l'ancien Tesment regardés comme divins.

N'y a - t - il jamais eu chez les Juifs qu'un même & seul canon des saintes Ecritures? Seconde question, pour servir de confirmation aux preuves de la question précédente. Quelques auteurs ont avancé que les Juifs avoient fait en différens tems différens canons de leurs livres sacrés; & qu'outre le premier composé de vingt - deux livres, ils en avoient dressé d'autres où ils avoient inséré comme divins, Tobie, Judith, l'Ecclésiastique, la Sagesse, & les Machabèes.

Genebrard suppose dans sa chronologie trois différens canons faits par les assemblées de la synagogue: le premier au tems d'Esdras, dressé par la grande synagogue, qu'il compte pour le cinquieme synode; il contenoit vingt - deux livres: le second au tems du pontife Eléazar, dans un synode assemblé pour délibérer sur la version que demandoit le roi Ptolémée, [p. 602] & que nous appellons des Septante, où l'on mit au nombre des livres divins Tobie, Judith, la Sagesse, & l'Ecclésiastique: le troisieme au tems d'Hircan, dans le septieme synode assemblé pour confirmer la secte des Pharisiens, dont Hillel & Sammal étoient les chefs, & condamner Sadoc & Barjetos, promoteurs de celle des Saducéens, & où le dernier canon fut augmenté du livre des Machabées, & les deux canons précédens confirmés malgré les Saducéens, qui comme les Samaritains ne vouloient admettre pour divins que les cinq livres de Moyse. entendre Genebrard établir si délibérément toutes ces distinctions, on diroit qu'il a tous les témoignages de l'histoire ancienne des Juifs en sa faveur; cependant on n'y trouve rien de pareil, & l'on peut regarder sa narration comme un des efforts d'imagination les plus extraordinaires, & une des meilleures preuves que l'on ait de la nécessité de vérifier les faits avant que de les admettre en démonstration.

Serrarius, qui est venu après Génébrard, n'a pas jugé à propos d'attribuer aux Juifs trois canons différens. Il a cru que c'étoit assez de deux, l'un de vingt - deux livres fait par Esdras; & le même, augmenté des livres deutérocanoniques, & dressé du tems des Machabées. Pour preuve de ce double canon, il lui a semblé, ainsi qu'à Genebrard, que sa parole suffisoit. Il se propose cependant l'objection du silence des peres sur ces différens canons, & de leur accord unanime à n'en reconnoître qu'un composé de vingt - deux livres divins. Mais sa réponse est moins celle d'un savant qui cherche la vérité, que celle d'un disputant qui défend sa these. Il prétend avec confiance que les peres en parlant du canon des écritures Juives, composées de vingt - deux livres, n'ont fait mention que du premier, sans exclurre les autres. Quoi donc, lorsqu'on examine par une recherche expresse quels sont les livres admis pour divins par une nation, qu'on en marque positivement le nombre, & qu'on en donne les noms en particulier, on n'exclut pas ceux qu'on ne nomme pas? Moyse en disant qu'Abraham prit avec lui trois cents dix - huit de ses serviteurs, pour délivrer Loth son neveu des mains de ses ennemis, n'at - il pas exclu le nombre de quatre cents? & lorsque l'évangéliste dit que Jesus - Christ choisit douze apôtres parmi ses disciples, n'exclud - il pas un plus grand nombre? Les peres pouvoient - ils nous dire plus expressément que le canon des livres de l'ancien Testame n'alloit pas jusqu'à trente, qu'en nous assûrant qu'il étoit de vingt - deux? Quand Meliton dit à Onésime qu'il a voyagé jusques dans l'orient pour découvrir quels étoient les livres canoniques, & qu'il nomme ensuite ceux qu'il a découverts & connus, n'en dit - il pas assez pour nous faire entendre qu'il n'en a pas connu d'autres que ceux qu'il nomme? C'est donc exclurre un livre du rang des livres sacrés, que de ne point le mettre dans le catalogue qu'on en fait exprès pour en désigner le nombre & les titres. Donc, en faisant l'énumération des livres reconnus pour divins par les Juifs, les peres ont nécessairement exclu tous ceux qu'ils n'ont pas nommés; de même que quand nos papiers publics donnent la liste des officiers que le Roi a promus, on est en droit d'assûrer qu'ils excluent de ce nombre tous ceux qui ne se trouvent pas dans leur liste. Mais si ces raisons né suffisent pas, si l'on veut des preuves positives que les peres ont exclu d'une maniere expresse & formelle du canon des Ecritures admises pour divines par les Juifs, tous les livres qu'ils n'ont pas comptés au nombre des vingt - deux, il ne sera pas difficile d'en trouver.

Saint Jérôme, dans son prologue défensif, dit qu'il l'ac omposé afin qu'on sache que tous les livres qui ne sont pas des vingt - deux qu'il a nommés, doivent être regardés comme apocryphes: ut scire valeamus quidquid extra hos est (on verra dans la question suivante quels étoient ces vingt - deux livres) inter apocrypha esse ponendum. Il ajoûte ensuite que la Sagesse, l'Ecclesiastique, Tobie, Judith, ne sont pas dans le canon. Igitur Sapientia, quoe vulgo Salomonis inscribitur, & Jesu filii Sirach liber, & Judith, & Tobias, & Pastor, non sunt in canone. Dans la préface sur Tobie, il dit que les Hébreux excluent ce livre du nombre des Ecritures divines, & le rejettent entre les apocryphes. Il en dit autant à la tête de son commentaire sur le prophete Jonas.

On lit dans la lettre qu'Origene écrit à Asricanus, que les Hébreux ne reconnoissent ni Tobie ni Judith, mais qu'ils les mettent au nombre des livres apocryphes: nos oportet scire quod Hebroei Tobia non utuntur neque Judith; non enim ea habent nisi in apocryphis.

Saint Epiphane dit, nomb. 3 & 4 de son livre des Poids & des mesures, que les livres de la Sagesse & de l'Ecelésiaslique ne sont pas chez les Juifs au rang des Ecritures - saintes.

L'auteur de la Synopse assure que Tobie, Judith, la Sagesse & l'Ecelesiaslique, ne sont point des livres canoniques, quoiqu'on les lise aux catéchumenes.

Y a - t - il rien de plus clair & de plus décisif que ces passages? Sur quoi se retranchera donc Serrarius? Il répetera que les peres ne parlent dans tous ces endroits que du premier canon des Juifs: mais on ne l'en croira pas; on verra qu'ils y disent nettement que Judith, Tobie, & les autres de la même classe, ne sont pas reconnus pour divins par les Juifs, par les Hébreux, par la nation. D'ailleurs, ce second canon imaginaire ne devoit - il pas avoir éte sait par les Juifs ainsi que le premier? Comment donc S. Jérôme & Origene auroient - ils pû avancer que les Juifs regardoient comme apocryphes des livres qu'ils auroient déclarés authentiquement divins & sacrés, quoique par un second canon? Le premier ajoûteroit - il, comme il fait dans sa préface sur Tobie, que les Juifs peuvent lui reprocher d'avoir traduit cet ouvrage comme un livre divin, contre l'autorité de leur canon, s'il y avoit eu parmi eux un second canonTobie eût été mis au rang des livres divins? Méliton n'at - il recherché que les livres du premier canon, ou a - t - il voyagé jusques dans l'orient pour connoître tous les ouvrages reconnus de son tems pour canoniques? en un mot, le dessein des peres en publiant le catalogue des livres admis pour divins chez les Juifs, étoit - il d'exposer la croyance de ce peuple au tems d'Esdras, ou plûtôt celle de leur tems? & s'il y avoit eu lieu à quelque distinction pareille, ne l'auroient - ils pas faite? Laissons donc l'école penser là - dessus ce qu'elle voudra: mais concluons, nous, que les Juifs n'ont eu ni trois, ni deux canons, mais seulement un canon de vingt - deux livres; & persistons dans ce sentiment jusqu'à ce qu'on nous en tire, en nous faisant voir que les peres se sont trompés, ce qui n'est pas possible. Car d'où tireroit - on cette preuve? aucun ancien auteur n'a parlé du double canon. La tradition des Juifs y est formellement contraire. Ils n'ont encore aujourd'hui de livres divins que les vingt - deux qu'ils ont admis de tout tems comme tels. Josephe dit, ainsi qu'on l'a déja vû, & qu'on le verra plus bas encore, que sa nation ne reconnoît que vingt - deux livres divins; & que, si elle en a d'autres, elle ne leur accorde pas la même autorité. Mais, dira - t - on, Josephe a cité l'Ecclésiastique dans son second livre contre Appion. Quand on en conviendroit, s'ensuivroit - il de là qu'il en a fait un livre divin? Nullement Mais il n'est point du tout décidé que Josephe ait cité l'Ecclésiastique. Il se propose de démontrer l'excellence & la supériorité de la législation de Moyse sur celles de Solon, de Lycurgue & des autres. Il rapporte à cette occasion des préceptes & des maximes, & il attribue à Moyse l'opinion que l'homme est supérieur en

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