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CADENCE (Page 2:512)
CADENCE, s. f. (Belles - Lettres) ce mot dans le
discours oratoire & la Poësie, signifie la marche harmonieuse
de la prose & des vers, qu'on appelle autrement
nombre, & que les anciens nommoient
Quant à la prose, Aristote veut que sans être mesurée comme les vers, elle soit cependant nombreuse; & Ciceron exige que l'orateur prenne soin de contenter l'oreille, dont le jugement, dit - il, est si facile à révolter, superbissimum aurium judicium. En effet la plus belle pensée a bien de la peine à plaire, lorsqu'elle est énoncée en termes durs & mal arrangés; si l'oreille est agréablement flattée d'un discours doux & coulant, elle est choquée quand le nombre est trop court, mal soûtenu, la chûte trop rapide; ce qui fait que le style haché si fort à la mode aujourd'hui ne paroît pas être le style convenable aux orateurs: au contraire, s'il est traînant & languissant, il lasse l'oreille & la dégoûte. C'est donc en gardant un juste milieu entre ces deux défauts, qu'on donnera au discours cette harmonie toûjours nécessaire pour plaire, & quelquefois pour persuader; & tel est l'avantage du style périodique & soûtenu, comme on peut s'en convaincre par la lecture de Ciceron.
Quant à la cadence des vers, elle dépend dans la Poësie Greque & Latine, du nombre & de l'entre<pb-> [p. 513]
Outre cela, continue - t - il, il y a de certaines cadences particulieres plus marquées, plus frappantes, & qui se font plus sentir; ces sortes de cadences forment une grande beauté dans la versification, & y répandent beaucoup d'agrément, pourvû qu'elles soient employées avec ménagement & avec prudence, & qu'elles ne se rencontrent pas trop souvent. Elles sauvent l'ennui que des cadences uniformes, & des chûtes reglées sur une même mesure ne manqueroient pas de causer. . . . Ainsi la Poësie Latine a une liberté entiere de couper ses vers où elle veut, de varier ses cesures, & ses cadences à son choix, & de dérober aux oreilles délicates les chûtes uniformes produites par le dactyle & le spondée, qui terminent les vers héroïques ».
Il cite ensuite un grand nombre d'exemples tous tirés de Virgile; nous en rapporterons quelques - uns.
1°. Les grands mots placés à propos forment une cadence pleine & nombreuse, sur - tout quand il entre beaucoup de spondées dans le vers.
Luctantes ventos tempestatesque sonoras,
Imperio premit. AEneid.
Constitit, atque oculis Phrygia agmina circumspexit, Un monosyllabe à la fin du vers lui donne de la force,
Haret pes pede densusque viro vir. AEneid.
Et frustra retinacula tendens,
Fertur equis auriga. Georg.
Extinctum nimpha crudeli funere Daphnim Flebant. Eclog.des dactyles au OEcontraire, à marquer la joie, le plaisir,v .
Saltantes satyros imitabitu - Alphesiboeus, Eclog.
Devenere locos latos & amoena vireta,
Fortunatorum nemorum sedesque beatas. AEneid.
Ergo oegrè rastris terram rimantur. Georg.
Ergo ubi clara dedit sonitum tuba, finibus omnes,
Haud mora, prosiluere suis; ferit oethera clamor.
AEneid.
Illi inter sese magna vi brachia tollunt,
In numerum, versantque tenaci forcipe ferrum.
Georg.
Vox quoque per lucos vulgo exaudita silentes Ingens. Georg.Traité des Etudes, tom. prem. pag. 335. & suiv. (G)i .
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Ce qu'on appelle acte de cadence résulte toûjours de deux sons fondamentaux, dont l'un annonce la cadence, & l'autre la termine.
Comme il n'y a point de dissonance sans cadence, il n'y a point non plus de cadence sans dissonance exprimée ou sous - entendue; car pour faire sentir agréablement le repos, il faut qu'il soit précédé de quelque chose qui le fasse desirer, & ce quelque chose ne peut être que la dissonance: autrement les deux accords étant également parfaits, on pourroit se reposer sur le premier; le second ne s'annonceroit point, & ne seroit pas nécessaire: l'accord formé sur le premier son d'une cadence, doit donc toûjours être dissonant. A l'égard du second, il peut être consonant ou dissonant, selon qu'on veut établir ou éluder le repos. S'il est consonant, la cadence est pleine: s'il est dissonant, c'est une cadence évitée.
On compte ordinairement quatre especes de cadences: savoir, cadence parfaite, cadence interrompue, cadence rompue, & cadence irréguliere. Ce sont les noms que leur a donné M. Rameau.
1. Toutes les fois qu'après un accord de septieme,
la basse fondamentale descend de quinte sur un accerd
parfait, c'est une cadence parfaite pleine, qui procede
toûjours d'une dominante à une tonique: mais
si la cadence est évitée par une dissonance ajoûtée à
la seconde note, elle peut se faire derechef sur cette
seconde note, & se continuer autant qu'on veut en
montant de quarte, ou descendant de quin> sur toutes
les cordes du ton, & cela forme une succession de
cadences parfaites évitées. Dans cette succession qui
est la plus parfaite de toutes, deux sons, savoir la
septieme & la quinte, descendent sur la tierce & sur
l'octave de l'accord suivant, tandis que deux autres
sons, savoir la tierce & l'octave, restent pour faire
la septieme & la quinte, & descendent ensuite alternativement
avec les deux autres: ainsi une telle succession
donne une harmonie descendante: elle ne
doit jamais s'arrêter qu'à une dominante pour tomber
ensuite par cadence pleine sur la tonique. Voyez
2. Si la basse fondamentale descend seulement de tierce, au lieu de descendre de quinte après un accord de septieme, la cadence s'appelle interrompue: celle - ci ne peut jamais être pleine: mais il faut nécessairement que la seconde note de cette cadence porte un autre accord de septieme: on peut de même continuer à descendre par tierces ou monter par sixtes, d'accords de septieme en accords de septieme, ce qui fait une seconde succession de caden es évitées, mais bien moins parfaite que la précédente; car la septieme qui se sauve sur la tierce dans la cadence parfaite, se sauve ici sur l'octave, ce qui fait moins d'>armonie, & fait même sous - entendre deux octaves; de sorte que pour les éviter, on retranche ordinairement la dissonance, ou l'on renverse l'harmonie.
Puisque la cadence interrompue ne peut jamais être pleine, il s'ensuit qu'une phrase ne peut finir par elle, [p. 514]
La cadence interrompue forme encore par sa succession une harmonie descendante: mais il n'y a qu'un seul son qui descende; les trois autres restent en place pour descendre successivement chacun à son tour. (Voyez même fig.) Quelques - uns prennent pour cadence interrompue un renversement de la cadence parfaite, où la basse après un accord de septieme, descend de tierce portant un accord de sixte: mais il est évident qu'une telle marche n'étant point fondamentale, ne sauroit constituer une cadence particuliere.
3. Cadence rompue est celle où la basse fondamentale,
au lieu de monter de quarte après un accord
de septieme, comme dans la cadence parfaite, monte
seulement d'un degré. Cette cadence s'évite le plus
souvent par une septieme sur la seconde note: il est
certain qu'on ne peut la faire pleine que par licence;
car alors il y a nécessairement défaut de liaison. Voyez
Une succession de cadences rompues est encore descendante; trois sons y descendent, & l'octave reste seule pour préparer la dissonance: mais une telle succession est dure, & se pratique très - rarement.
4. Quand la basse descend de quinte de la dominante
sur la tonique, c'est, comme je l'ai dit, un acte
de cadence parfaite: si au contraire, la basse monte de
quinte de la tonique sur la dominante, c'est un acte
de cadence irréguliere, selon M. Rameau, ou de cadence imparfaite, selon la dénomination commune. Pour
l'annoncer on ajoûte une sixte à l'accord de la tonique,
d'où cet accord prend le nom de sixte ajoûtée.
Voyez
Il faut remarquer que la cadence irréguliere forme une opposition presqu'entiere à la cadence parfaite. Dans le premier accord de l'une & de l'autre on divise la quarte qui se trouve entre la quinte & l'octave par une dissonance qui y produit une nouvelle tierce; & cette dissonance doit aller se resoudre sur la tierce de l'accord suivant par une marche fondamentale de quinte. Voilà tout ce que ces deux cadendences ont de commun: voici ce qu'elles ont de contraire.
Dans la cadence parfaite, le son ajoùté se prend au haut de l'intervalle de quarte auprès de l'octave, formant tierce avec la quinte, & produit une dissonance mineure qui se sauve en descendant; tandis que la basse fondamentale monte de quarte, ou descend de quinte de la dominante à la tonique, pour établir un repos parfait. Dans la cadence irréguliere, le son ajoûté se prend au - bas de l'intervalle de quarte auprès de la quinte, & formant tierce avec l'octave, il produit une dissonance majeure qui se sauve en montant, tandis que la basse fondamentale descend de quarte, ou monte de quinte de la tonique à la dominante, pour établir un repos imparfait.
M. Rameau qui a parlé le premier de cette cadenee, & qui en a admis plusieurs renversemens, nous
défend dans son traité de l'Harmonie, pag. 117. d'admettre
celui où le son ajoûté est au grave, portant un
accord de septieme. Il a pris cet accord de septieme
pour fondamental, de sorte qu'il fait sauver une septieme
par une autre septieme, une dissonance par
une autre dissonance, par mouvement semblable sur
la basse fondamentale. Voyez
M. Rameau donne les raisons suivantes des dénominations qu'on a données aux différentes especes de cadence.
La cadence parfaite consiste dans une marche de quinte en descendant, & au contraire l'imparfaite consiste dans une marche de quinte en montant. En voici la raison: quand je dis ut, sol, sol est déjà renfermé dans ut, puisque tout son comme ut, porte avec lui sa douzieme, dont sol est l'octave. Ainsi quand on va d'ut à sol, c'est le son générateur qui passe à son produit, de maniere pourtant que l'oreille desire toûjours de revenir à ce premier générateur; au contraire, quand on dit sol, ut, c'est le produit qui retourne au générateur, l'oreille est satisfaite, & ne desire plus rien. De plus dans cette marche sol, ut, le sol se fait encore entendre dans ut, ainsi l'oreille entend à la fois le générateur & son produit; au lieu que dans la marche ut, sol, l'oreille qui dans le premier son avoit entendu ut & sol, n'entend plus dans le second que sol sans ut. Ainsi le repos ou cadence de sol à ut est plus parfait que le repos ou cadence de ut à sol.
Il semble que dans les principes de M. Rameau,
on peut encore expliquer l'effet de la cadence rompue
& de la cadence interrompue: imaginons pour cet effet
qu'après un accord de septieme sol si re fa, on
monte diatoniquement par une cadence rompue à l'accord
la ut mi sol, il est visible que cet accord est renversé
de l'accord de sous - dominante ut mi sol la; ainsi
la marche de cadence rompue équivaut à celle - ci sol si
te fa, ut mi sol la, qui n'est autre chose qu'une cadence parfaite, dans laquelle ut au lieu d'être traité comme
tonique, est rendue sous - dominante. Or toute tonique
peut toùjours être rendue sous - dominante en
changeant de mode. Voyez
> l'égard de la cadence interrompue, qui consiste à
descendre d'une dominante sur une autre par l'intervalle
de tierce en descendant, en cette sorte sol si re
fa, mi sol si re, il semble qu'on peut encore l'expliquer: en effet le second accord nu sol si re, est renversé
de l'accord de sous - dominante, sol si re mi; ainsi la
cadence interrompue équivaut à cette succession, sol,
si re fa, sol si re mi, où la note sol, après avoir été
traitée comme dominante, est rendue sous - dominante en changeant de mode, ce qui est permis, & dépend
du compositeur. Voyez
La cadence irréguliere se prend aussi de la sous - dominante à la tonique: on peut de cette maniere lui donner une succession de plusieurs notes, dont les accords formeront une harmonie, dans laquelle la sixte & l'octave montent sur la tierce & la quinte de l'accord suivant, tandis que la quinte & la tierce restent pour faire l'octave, & préparer la sixte, &c.
Nul auteur jusques - ici n'a parlé de cette ascension harmonique, & il est vrai qu'on ne pourroit pratiquer une longue suite de pareilles cadences, à cause des sixtes majeures qui éloigneroient la modulation, ni même en remplir sans précaution toute l'harmonie. Mais enfin si les meilleurs ouvrages de Musique, ceux, par exemple, de M. Rameau, sont pleins de pareils passages; si ces passages sont établis sur de [p. 515]
On pourroit au reste, ce me semble, observer que M. Rameau a parlé du moins indirectement de cette sorte de cadence, lorsqu'il dit dans sa Génération harmonique, que toute sous - dominante doit monter de quinte sur la tonique, & que toute tonique peut être rendue à volonté sous - dominante. Car il s'ensuit delà qu'on peut avoir dans une basse fondamentale une suite de sous - dominantes qui vont en montant de quinte, ou en descendant de quarte, ce qui est la même chose. (O)
Il y a encore une autre espece de cadence que les Musiciens ne regardent point comme telle, & qui, selon la définition, en est pourtant une véritable; c'est le passage de l'accord septieme diminuée de la note sensible, à l'accord de la tonique; dans ce passage il ne se trouve aucune liaison harmonique, & c'est le second exemple de ce défaut dans ce qu'on appelle cadence. On pourroit regarder les transitions enharmoniques comme des manieres d'éviter cette même cadence: mais nous nous bornons à expliquer ce qui est établi.
Cadence (Page 2:515)
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Le pié fait tout le contraire de la main. En effet, dans le tems que l'on relove sur la pointe du pié droit, c'est dans ce même - tems que vous frappez; ainsi on doit plier sur la fin de la derniere mesure, pour se trouver à portée de relever dans > tems que l'on frappe.
La cadence s'exprime de deux manieres en dansant: 1°. les pas qui ne sont que pliés & élevés sont relevés en cadence. 2°. Ceux qui sont sautés doivent tomber en cadence. Il faut done toûjours que les mouvemens la préviennent, & plier sur la fin de la derniere mesure, afin de se relever lorsqu'elle se doit marquer.
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