ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"544"> ler l'un & l'autre de la même opération; savoir, de la réverbération, ou de la calcination au grand réverbere, tant vanté par le premier (Isaac le Hollandois.) Voyez le Vitulus aureus igne combustus de Stahl.

Il paroît que l'or & l'argent sont vitrifiables, qu'ils sont dans l'état de verre dans les émaux. (Voyez Vitrification.) Il paroit encore par les expériences faites avec le miroir de Tschirnhausen, ou grande lentille du Palais - royal, (Voyez Mém. de l'Acad. royale des Senc. 1702.) que ces métaux ont été vitrifiés, même sans addition, du moins évidente. Or la vitrification suppose une calcination: calciner l'or & l'argent, est pourtant encore un problème chimique.

Les produits de cette calcination sont des chaux ou des cendres.

Les chaux métalliques sont plus ou moins parfaites, selon que les substances qui les ont fournies ont été plus ou moins exactement calcinées: elles sont des chaux absolues, si le phlogistique en a été entierement séparé.

Lorsque ces chaux sont volatiles, elles s'appellent fleurs. Voyez Fleurs & Sublimation.

Ma derniere espece de calcination ne differe pas réellement de la précédente, considérée comme détruisant un mixte inflammable. Le caractere générique & essentiel de l'une & de l'autre, ou de la calcination proprement dite, c'est de ne pouvoir être exécutée dans les vaisseaux fermés; car les mixtes inflammables volatils ne peuvent être qu'élevés dans les vaisseaux fermés, quelque feu qu'on employe; & les mixtes fixes, tels que sont les sujets de la derniere espece de calcination, peuvent y être actuellement ignés ou embrasés, sans y éprouver aucune espece d'altération, pas même un changement de lieu, dimotionem à loco.

Ces faits n'ont été qu'énoncés jusqu'à présent, surtout l'inaltérabilité du charbon parfait, & celle des métaux dans les vaisseaux fermés. Cette propriété singuliere peut se déduire pourtant par une analogie toute simple de plusieurs phénomenes connus, & très - bien expliqués par les Chimistes, entr'autres par Stahl. C'est par la théorie de la flamme en un mot qu'il faut expliquer les phénomenes de la calcination: car nous ne connoissons que deux especes d'ignition réelle, la flamme & l'embrasement simple: or les corps propres à la calcination restent embrasés dans les vaisseaux fermés sans s'y calciner; donc ce n'est pas dans l'embrasement simple qu'il faut chercher le méchanisme de cette opération.

Ce méchanisme est sensible dans la destruction des mixtes inflammables humides ou aqueux: l'huile, le soufre, l'esprit - de - vin, le phosphore de Kunckel, ne se décomposent que par l'inflammation: mais les mixtes inflammables secs ou terreux, tels que sont les sujets propres de ma 2e espece de calcination, ne paroissent pas capables de donner une vraie flamme; on a même fait entrer dans la détermination de leur caractere la propriété de n'en point donner, même à l'air libre, du moins par eux - mêmes: le zinc seul est excepté.

Voici par quelle chaîne de considérations je me crois autorisé à généraliser cette théorie, à l'étendre à tous les sujets de la calcination.

Les charbons qui flambent (je demande grace pour cette expression), lorsqu'ils sont exposés à un courant rapide d'air, sont infiniment plûtôt consumés ou détruits, que lorsqu'ils brûlent sans flamber dans un lieu où l'air n'est point renouvellé, comme dans un fourneau dont le cendrier est fermé, ou dans la casse d'une forge dont le soufflet ne joue point. On ne sauroit attribuer cette différence à la simple augmentation de la vivacité du feu; c'est la flamme, comme telle, qui la constitue; car des charbons exposés dans les vaisseaux fermés à un feu dix fois plus fort que celui qui les consume lentement, lorsqu'on les couvre de cendres par exemple, ne les altere pas.

Le zinc ne se calcine qu'en flambant: les substances métalliques qui ne flambent pas par elles - mêmes, le fer, l'étain, le régule d'arsenic, le régule d'antimoine, détonnent ou flambent avec le nitre: or le nitre seul ne flambe jamais; donc ces substances métalliques contribuent matériellement à la flamme; car d'ailleurs par cette détonnation ou cette inflammation, leur calcination, très - lente sans ce secours, est effectuée sur le champ.

Voilà, si je ne me trompe, l'énergie de l'inflammation ou de la flamme bien constatée pour la calcination: n'est - il donc pas permis de la regarder comme une ustion avec flamme sensible dans la plûpart des sujets; cachée, ou même insensible dans la moindre partie, dans les quatre métaux imparfaits, dont deux même flambent avec le nitre, & dans trois demi - métaux dont un seul, le bismuth, ne flambe point avec le nitre? Voyez Feu.

La calcination des pierres & des terres calcaires, & celle des pierres & des terres gypseuses, sera plus ou moins analogue à l'opération dont je viens de restraindre l'idée, à raison du plus ou du moins de combustibilité des parties qu'on dissipe dans la préparation des chaux & des plâtres: des inductions très bien fondées rangent cette opération, du moins pour les matieres calcaires, dans la classe des calcinations les plus proprement dites. Les parties dures des animaux donnent des chaux par la destruction d'une matiere lymphatique, c'est - à - dire, d'une substance inflammable, qui constituoit leur gluten. Or entre le corps d'un animal le moins dégénéré, une corne, un os récent, & la pierre calcaire la plus déguisée, le marbre, il existe tant d'especes intermédiaires dans lesquelles on distingue évidemment l'espece même des matieres animales dont elles sont formées, & où l'on voit ces matieres plus ou moins détruites, depuis la plus grosse corne d'ammon, jusqu'aux fragmens ou aux semences de coquilles imperceptibles sans le secours de la loupe ou du microscope, qu'il est naturel de conclurre de cette ressemblance extérieure, que le gluten des pierres calcaires est en général une matiere animale, qui peut être un peu dégénérée à la vérité, & que leur calcination est par conséquent une vraie destruction d'une substance inflammable: la conformité des qualités intérieures de toutes ces substances, avec celles des parties dures des animaux, confirme cette analogie. Il en est de même de ces qualités intérieures qui démontrent immédiatement du phlogistique dans les pierres & les terres calcaires, comme dans la craie, le marbre, &c. Voyez Terre.

La théorie de la calcination des pierres & des terres gypseuses tient moins immédiatement à celle - ci. Voyez Terre.

Le feu s'applique de différentes façons aux matieres qu'on veut calciner; ou on expose ces matieres immédiatement à un feu de bois ou de charbon. Cette maniere est la plus usitée dans la préparation des chaux & des plâtres. Voyez Chaux & Platre.

Ou on les expose à la flamme d'un réverbere. L'une & l'autre de ces méthodes est en usage dans les travaux des mines. Voyez Grillage.

Ou enfin on les place dans des vaisseaux plats & évasés, appellés têt, écuelles à rotir ou scorificatoires, qu'on met sur un feu de charbon, ou sous la mouffle du fourneau d'essai. Les calcinations pratiquées dans les laboratoires des Chimistes pour des vûes d'analyse, s'exécutent ordinairement dans ces vaisseaux.

Les regles générales du manuel de ces dernieres opérations sont: [p. 545]

1°. De reduire en poudre grossiere le corps à calciner.

2°. De gouverner le feu de sorte que la matiere n'entre point en fusion; du - moins d'éviter la fusion autant qu'il est possible. Cette regle n'est pas absolument générale; car la fusion favorise la calcination du plomb & de l'étain, & elle ne nuit pas à celle du bismuth, pourvû néanmoins que ce ne soit qu'une fusion commençante.

3°. Si on a laissé fondre sa matiere, ou seulement s'empâter, de la laisser refroidir & de la réduire de nouveau en poudre grossiere.

4°. De remuer souvent la matiere.

5°. Enfin de ménager l'accès libre de l'air, autant qu'il est possible.

Quelques substances métalliques éprouvent par la calcination, dans de certaines circonstances, un changement singulier. Leurs chaux se chargent d'une matiere qui augmente le poids absolu du corps calciné. Cette circonstance est sur - tout très - remarquable dans le minium. Voyez Minium.

La calcination vraie peut - être considérablement hâtée par le secours du soufre, par celui du nitre, & par celui de l'un & de l'autre employés en mêmetems.

L'oes ustum, le safran de Mars, communément appellé astringent, &c. sont des chaux préparées par le soufre. Les chaux de cette espece portent le nom générique de safran, crocus. La théorie de cette opération, est précisément la même que celle du grillage des métaux imparfaits & des demi - métaux minéralisés. Voyez Grillage.

Le nitre projetté dans un creuset rougi au feu avec les charbons en poudre, avec la limaille des métaux imparfaits, & avec les demi - métaux solides pulvérisés, ou jetté sur ces substances embrasées, concourt très - efficacement à leur calcination, qui s'opere dans ce cas très - promptement. Lorsque cette calcination se fait avec bruit & flamme manifeste, comme celle du fer, de l'étain, du régule d'antimoine, du zinc, du régule d'arsenic, elle s'appelle détonation. Voyez Détonation.

Les chaux d'antimoine tirées de l'antimoine crud ordinaire par le secours du nitre, comme l'antimoine diaphorétique préparé avec l'antimoine crud, le safran des métaux, &c. sont dûes au concours du nitre & du soufre.

L'esprit de nitre opere aussi des calcinations vraies. Le fer dissous par l'acide nitreux & abandonné par cet acide à mesure qu'il est attaqué, est une vraie chaux de fer; voyez Fer. Cet acide agit de la même façon sur le zinc, & même un peu sur le bismuth. Voyez les articles Zinc, Bismuth, & Menstrue

Mais la chaux de cette espece la plus parfaite, une chaux absolue, c'est le preduit de l'action de l'acide nitreux sur la partie réguline de l'antimoine, soit qu'on l'applique immédiatement à ce régule, soit qu'on l'applique à l'antimoine crud, ou au beurre d'antimoine pour faire le bézoard minéral.

Glauber a fort ingénieusement observé dans la premiere partie de ses sourneaux philosophiques, que le bézoard minéral & l'antimoine diaphorétique étoient exactement la même chose, & qu'il n'importoit pas que ce diaphorétique fût fait avec l'esprìt de nure ou avec le nitre même corporel. Voyez Menstrue, Antimoine & Feu

Il ne faut pas confondre ces chaux avec les précipités métalliques qui portent le même nom, dont on a parlé plus haut. Cet article est de M. Venel.

CALCUL (Page 2:545)

CALCUL, s. m. (Mathém. pures.) supputation de plusieurs sommes ajoûtées, soustraites, multipliées, ou divisées. Voyez Arithmétique.

L'erreur de calcul ne se couvre jamais ni par arrêt ni par transaction, &c. Quand on arrête un compte, on sous - entend toûjours sauf erreur de calcul.

L'art de calculer en général, est proprement l'art de trouver l'expression d'un rapport unique, qui résulte de la combinaison de plusieurs rapports. Les différentes especes de combinaisons, donnent les différentes regles de calcul. Cela est expliqué plus au long à l'article Arithmétique.

Voyez les différentes especes de calcul aux articles Algébre, Différentiel, Exponentiel, Intégral, Addition , &c.

Plusieurs peuples de l'Amérique, de l'Afrique, & de l'Asie calculent avec des cordes, auxquelles ils font des noeuds.

Le calcul aux jettons se fait aisément, en représentant les unités par des jettons, les dixaines par d'autres jettons, les centaines par d'autres. Par exemple, si je veux exprimer 315 avec des jettons, je mets 3 jettons pour marquer les centaines, 1 pour les dixaines, 5 pour les unités. Voyez Dixaine, &c. (E)

Le mot calcul vient du Latin calculus, qui signifie une pierre, parce que les anciens se servoient de petits cailloux plats pour faire leurs supputations, soit des sommes multipliées ou divisées dans les comptes, soit en Astronomie & en Géométrie. De - là vient que nous avons donné le nom de calcul aux Sciences des nombres, à l'Arithmétique, à l'Algebre. Les Romains s'en servoient encore pour donner les suffrages dans les assemblées & dans les jugemens; ils marquoient aussi les jours heureux avec une pierre blanche, dies albo notanda lapillo, dit Horace, & les jours malheureux par une pierre noire. Ils avoient emprunté la premiere de ces coûtumes des Grecs, qui nommoient ces especes de jettons naturels YHFOS2; c'étoient d'abord des coquilles de mer, remplacées depuis par des pieces d'airain de la même figure, appellées spondyles. Deux choses distinguoient les calculs; la forme & la couleur. Ceux qui portoient condamnation étoient noirs & percés par le milieu, les autres étoient entiers & blancs. M. l'abbé de Canaye, dont nous avons déjà parlé à l'article Aréopage, avec l'éloge que méritent la finesse de son esprit & la variété de ses connoissances, dit qu'on pourroit regarder la précaution de percer les noirs comme une preuve que les Aréopagites, qui s'en servoient, jugeoient pendant la nuit; car à quoi bon percer les calculs noirs, si l'on eût pû voir les uns & les autres, & appercevoir, par le secours de la lumiere, la différence de leur couleur; au lieu qu'en jugeant dans les ténebres il est clair qu'on avoit besoin d'une différence autre que celle de la couleur & relative au tact, pour démêler les calculs de condamnation d'avec ceux qui marquoient l'absolution. On comptoit ces calculs, & le nombre des uns ou des autres décidoit pour ou contre l'accusé.

On se servoit aussi de calculs ou bulletins pour tirer les athletes au sort dans les jeux publics, & les apparier. Voici comme la chose se pratiquoit aux jeux olympiques, au rapport de Lucien dans son dialogue intitulé Hermotime ou des Sectes. « On place, dit - il, devant les juges, une urne d'argent consacrée au dieu en l'honneur de qui se célebrent les jeux. On met dans cette urne des ballotes de la grosseur d'une féve, & dont le nombre répond à celui des combattans. Si ce nombre est pair, on ecrit sur deux de ces ballotes la lettre A, sur deux autres la lettre B, sur deux autres la lettre r, & ainsi du reste. Si le nombre est impair, il y a de nécessité une des lettres employées qui ne se trouve inscrite que sur une seule ballote; ensuite les athletes s'approchent l'un après l'autre, & ayant invoqué Jupiter, chacun met la main dans l'urne & en tire une ballote. Mais un des mastigophores ou porteverges lui retenant la main, l'empêche de regar<pb->

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