ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"528"> couleur d'un blanc jaunâtre, & qui contiennent chacune une semence calleuse, pour ainsi - dire ovale, voutée sur son dos, & plate du côté opposé, creusée dans le milieu & dans toute la longueur de ce même côté, d'un sillon assez profond. Son goût est tout - à - fait pareil à celui du caffé qu'on nous apporte d'Arabie: une de ses deux semences venant à avorter, celle qui reste acquiert ordinairement plus de volume, a ses deux côtés plus convexes, & occupe seule le milieu du fruit. Voyez Plan. XXVIII. d'Hist. nat. fig. 3.

On appelle cassé en coque, ce fruit entier & desséché; & caffé mondé, ses semences dépouillées de leurs enveloppes propres & communes.

Par cette description faite d'après nature, il est aisé de juger que l'arbre du caffé, que l'on peut appeller le caffier, ne peut être rangé sous un genre qui lui convienne mieux que sous celui des jasmins, si l'on a égard à la figure de sa fleur, à la structure de son fruit, & à la disposition de ses feuilles.

Cet arbre croît dans son pays natal, & même à Batavia, jusqu'à la hauteur de quarante piés; le diametre de son tronc n'excede pas quatre à cinq pouces: on le cultive avec soin; on y voit en toutes les saisons des fruits, & presque toûjours des fleurs. Il fournit deux ou trois fois l'année une récolte très abondante. Les vieux piés portent moins de fruit que les jeunes, qui commencent à en produire dès la troisieme & quatrieme année après la germination.

Les mots caffé en François, & coffee en Anglois & en Hollandois, tirent l'un & l'autre leur origine de caouhe, nom que les Tures donnent à la boisson qu'on prépare de cette plante.

Quant à sa culture, on peut assûrer que si la semence du caffé n'est pas mise en terre toute récente, comme plusieurs autres semences des plantes, on ne doit pas espérer de la voir germer. Celles de l'arbre qu'on cultivoit depuis une année au Jardin - royal, mises en terre aussi - tôt après avoir été cueillies, ont presque toutes levé six semaines après. Ce fait, dit M. de Jussieu, justifie les habitans du pays où se cultive le caffé, de la malice qu'on leur a imputée de tremper dans l'eau bouillante, ou de faire sécher au feu tout celui qu'ils débitent aux étrangers, dans la crainte que venant à élever comme eux cette plante, ils ne perdissent un revenu des plus considérables.

La germination de ces semences n'a rien que de commun.

A l'égard du lieu où cette plante peut se conserver, comme il doit avoir du rapport avec le pays dans lequel elle naît naturellement, & où l'on ne ressent point d'hyver, on a été obligé jusqu'ici de suppléer au défaut de la température de l'air & du climat par une serre à la maniere de celles de Hollande, sous laquelle on fait un feu modéré, pour y entretenir une chaleur douce; & l'on a observé que pour prevenir la sécheresse de cette plante, il lui falloit de tems en tems un arrosement proportionné.

Soit que ces précautions en rendent la culture difficile, soit que les Turcs, naturellement paresseux, ayent négligé le soin de la multiplier dans les autres pays sujets à leur domination; nous n'avons pas encore appris qu'aucune contrée que celle du royaume d'Yemen en Arabie, ait l'avantage de la voir croitre chez elle abondamment; ce qui paroît être la cause pour laquelle avant le xvi. siecle son usage nous etoit presqu'inconnu.

On laisse à d'autres le soin de rapporter au vrai ce qui y a donné occasion, & d'examiner si l'on en doit la premiere expérience à la vigilance du supérieur d'un monastere d'Arabie, qui voulant tirer ses moines du sommeil qui les tenoit assoupis dans la nuit aux offices du choeur, leur en fit boire l'infusion, sur la relation des effets que ce fruit causoit aux boucs qui en avoient mangé; ou s'il faut en attribuer la découverte à la piété d'un mufti, qui pour faire de plus longues prieres, & pousser les veilles plus loin que les dervis les plus dévots, a passé pour s'en être servi des premiers.

L'usage depuis ce tems en est devenu si familier chez les Turcs, chez les Persans, chez les Arméniens, & même chez les différentes nations de l'Europe, qu'il est inutile de s'étendre sur la préparation, & sur la qualité des vaisseaux & instrumens qu'on y employe.

Il est bon d'observer que des trois manieres d'en prendre l'insusion, savoir, ou du caffé mondé & dans son état naturel, ou du caffé rôti, ou seulement des enveloppes propres & communes de cette substance, auxquelles nos François au retour de Moka ont improprement donné le nom de fieur de caffé; la seconde de ces manieres est préférable à la premiere, & à la troisieme appellée aussi caffé à la sultane.

Qu'entre le gros & le blanchâtre qui nous vient par Moka, & le petit verdâtre qui nous est apporté du Caire par les caravanes de la Meque, cetui - ci doit être choisi comme le plus mûr, le meilleur au goût, & le moins sujet à se gâter.

Que de tous les vaisseaux pour le rôtir, les plus propres sont ceux de terre vernissée, afin d'éviter l'impression que ceux de fer ou d'airain peuvent lui communiquer.

Que la marque qu'il est suffisament brûlé ou rôti est la couleur tirant sur le violet, qu'on ne peut appercevoir qu'en se servant pour le rôtir d'un vaisseau découvert.

Que l'on ne doit en pulvériser qu'autant & qu'au moment que l'on veut l'infuser: on se sert pour cet esset d'un petit moulin portatif, composé de deux ou trois pieces; d'une gorge qui fait la fonction de trémie, dans laquelle on met le caffé grillé, & qu'on bouche d'un couvercle percé d'un trou; d'une noix dont l'arbre est soûtenu & fixé dans le coffre ou le corps du moulin qui la cache, & dans lequel elle se meut sur elle - même: la partie du coffre qui correspond à la noix est de ser, & taillée en dent; il y a au - dessous de la noix un coffret qui reçoit le caffé à mesure qu'il se mond. Voyez Plan. du Tailland. 3 un moulin à caffé, r s tout monté; & dans les fig. 4. m m l, k, o p p, n, un autre moulin & son detail. La fig. 4. est l'arbre séparé du moulin r s: m m l, autre moulin; m, son arbre; k, son embase; n, sa coupe par le milieu; o, sa noix; fig. r s, r est la trémie.

Et qu'étant jetté dans l'eau bouillante, l'infusion en est plus agréable, & souffre moins de dissipation de ses parties volatiles, que lorsqu'il est mis d'abord dans l'eau froide.

Quant à sa maniere d'agir & à ses vertus, la matiere huileuse qui se sépare du caffé, & qui paroît sur sa superficie lorsqu'on le grille, & son odeur particuliere qui le fait distinguer du seigle, de l'orge, des pois, des feves, & autres semences que l'épargne fait substituer au caffé, doivent être les vraies indications de ses effets, si l'on en juge par leur rapport avec les huiles tirées par la cornue, puisqu'elle contient aussi - bien que celles - là, des principes volatils, tant salins que sulphureux.

C'est à la dissolution de ses sels, & au mêlange de ses soufres dans le sang, que l'on doit attribuer la vertu principale de tenir éveillé, que l'on a toûjours remarquée comme l'esset le plus considérable de son insusion. C'est de - là que viennent ses propriétés de faciliter la digestion, de précipiter les alimens, d'empêcher les rapports des viandes, & d'éteindre les aigreurs, lorsqu'il est pris après le repas.

C'est par - là que la fermentation qu'il cause dans [p. 529] le sang, utiles aux personnes grasses, replettes, pituiteuses, & à celles qui sont sujettes aux migraines, devient nuisible aux gens maigres, bilieux, & à ceux qui en usent trop fréquemment.

Et c'est aussi ce qui dans certains sujets rend cette boisson diurétique.

L'expérience a introduit quelques précautions qu'on ne sauroit blâmer, touchant la maniere de prendre cette infusion: telles sont celles de boire un verre d'eau auparavant, afin de la rendre laxative; de corriger par le sucre l'amertume qui pourroit la rendre desagréable, & de la mêler, ou de la faire quelquefois au lait ou à la creme, pour en éteindre les soufres, en embarrasser les principes salins, & la rendre nourrissante.

Enfin l'on peut dire en faveur du caffé, que quand il n'auroit pas des vertus aussi certaines que celles que nous lui connoissons, il a toûjours l'avantage par - dessus le vin de ne laisser dans la bouche aucune odeur desagréable, ni d'exciter aucun trouble dans l'esprit; & que cette boisson au contraire semble l'égayer, le rendre plus propre au travail, le récréer, en dissiper les ennuis avec autant de facilité, que ce fameux Népenthe si vanté dans Homere. Mémoires de l'Académie royale des Sciences, année 1713, page 299.

M. Leaulté pere, docteur en Medecine de la Faculté de Paris, a fait une observation sur l'infusion de caffé, qu'il n'est pas inutile de rapporter ici. Un homme à qui un charlatan avoit conseillé l'usage d'une composition propre, à ce qu'il disoit, à arrêter une toux opiniâtre qui le tourmentoit depuis longtems, prit le remede, sans être instruit des ingrédiens qui y entroient: cet homme fut tout - à - coup saisi d'un assoupissement & d'un étouffement considérable, accompagnés de la suppression de toutes les évacuations ordinaires, plus de crachats, plus d'urine, &c. On appella M. Leaulté, qui informé de la nature des drogues que cet homme avoit prises, lui ordonna sur le champ une saignée: mais le poison avoit figé le sang, de maniere qu'il n'en vint ni des bras ni des piés: le medecin ordonna plusieurs tasses d'une forte infusion de caffé sans suere, ce qui en moins de cinq à six heures restitua au sang un mouvement assez considérable pour sortu par les quatre ouvertures, & le malade guérit.

Simon Pauli, medecin Danois, a prétendu qu'il enivroit les hommes, & les rendoit inhabiles à la génération. Les Turcs lui attribuent le même effet, & pensent que le grand usage qu'ils en font est la cause pour laquelle les provinces qu'ils occupent, autrefois si peuplées, le sont aujourd'hui si peu. Mais Dufour réfute cette opinion, dans son Traité du caffé, du thé, & du chocolat.

Le pere Malebranche assûra à MM. de l'Académie des Sciences, qu'un homme de sa connoissance avoit été guéri d'une apoplexie par le moyen de plusieurs lavemens de caffé: d'autres disent qu'employé de la même maniere, ils en ont été délivrés de maux de tête violens & habituels. (N)

Le commerce du caffé est considérable: on assûre que les seuls habitans du royaume d'Yemen en débitent tous les ans pour plusieurs millions; ce qu'on n'aura pas de peine à croire, si l'on fait attention à la consommation prodigieuse.

Caffé mariné; c'est ainsi qu'on appelle celui qui dans le transport a été mouillé d'eau de mer: on en fait peu de cas, à cause de l'acreté de l'eau de mer, que la torréfaction ne lui ôte pas.

Caffés (Page 2:529)

Caffés: ce sont des lieux à l'établissement desquels l'usage du caffé a donné lieu: on y prend toutes sortes de liqueurs. Ce sont aussi des manufactures d'esprit, tant bonnes que mauvaises.

CAFFETIER (Page 2:529)

CAFFETIER, s. m. (Commerce.) celui qui a le droit de vendre au public du caffé, du thé, du chocolat, & toutes sortes de liqueurs froides & chaudes. Les Caffetiers sont de la communauté des Limonadiers. Voyez Limonadier.

CAFFILA (Page 2:529)

CAFFILA, s. f. (Commerce.) troupe de marchands ou de voyageurs, ou composée des uns & des autres, qui s'assemblent pour traverser avec plus de sûreté les vastes états du Mogol, & autres endroits de la terre ferme des Indes.

Il y a aussi de semblables caffilas qui traversent une partie des deserts d'Afrique, & particulierement ce qu'on appelle la mer de sable, qui est entre Maroc & Tambouctou, capitale du royaume de Gago. Ce voyage, qui est de quatre cents lieues, dure deux mois pour aller, & autant pour le retour, la caffila ne marchant que la nuit à cause des chaleurs excessives du pays.

La caffila est proprement ce qu'on appelle caravane dans l'empire du grand - Seigneur, en Perse, & autres lieux de l'Orient. Voyez Caravane.

Caffila se dit aussi dans les différens ports que les Portugais occupent encore sur les côtes du royaume de Guzarate, des petites flottes marchandes qui vont de ces ports à Surate, ou qui reviennent de Surate sous l'escorte d'un vaisseau de guerre que le roi de Portugal y entretient à cet effet.

CAFFIS (Page 2:529)

CAFFIS, s. m. (Commerce.) mesure de continence dont on se sert pour les grains à Alicante. Le caffis revient à une charge & demie de Marseille, & contient six quillots de Constantinople, c'est - à - dire quatre cents cinquante livres poids de Marseille; ce qui revient à trois cents soixante - quatre livres poids de marc. (G)

CAFICI (Page 2:529)

* CAFICI, (Commerce.) mesure usitée en Afrique, sur les côtes de Barbarie. Vingt guibis font un cafici, & sept cafici font un last d'Amsterdam, ou 262 1/2 livres de Hollande.

CAFRERIE (Page 2:529)

CAFRERIE, (Géog.) grand pays situé dans la partie méridionale de l'Afrique, borné au nord par l'Abyssinie & la Nigritie; à l'occident par la Guinée & le Congo; au sud par le cap de Bonne - Espérance; à l'orient par l'Océan. Les habitans de cette contrée sont negres & idolatres. Ce pays est peu connu des Européens, qui n'ont point encore pû y entrer bien avant: cependant on accuse les peuples qui l'habitent d'être anthropophages.

CAFRI (Page 2:529)

* CAFRI, (Hist. nat. bot.) fruit des Indes qui croît sur de petits arbrisseaux: il est à peu près de la grosseur des noix; lorsqu'il est mûr il est d'un beau rouge, comme la cerise; ses fleurs ressemblent à celles du dictamne de Crete.

CAFSA (Page 2:529)

CAFSA, (Géog.) ville d'Afrique dans le Biledulgerid, tributaire du royaume de Tunis. Long. 40. lat. 27. 10.

CAFTAN (Page 2:529)

CAFTAN, (Hist. mod.) c'est le nom qu'on donne à une espece de manteau chez les Tures & les Persans.

CAGASIAN (Page 2:529)

CAGASIAN, (Géog.) sort d'Afrique sur la côte de Malaguette.

CAGASTRUM (Page 2:529)

* CAGASTRUM, (Medecine.) Paracelse se sert de ce mot pour désigner le germe & le principe de toutes les maladies.

CAGAVEL (Page 2:529)

CAGAVEL, poisson de mer; voyez Merdole.

CAGAYAN (Page 2:529)

CAGAYAN, (Géog.) province & riviere d'Asie dans l'île de Luçon, l'une des Philippines.

CAGE (Page 2:529)

* CAGE, s. f. c'est au propre un assemblage de plusieurs petits bois équarris, emmortoisés les uns avec les autres, & traversés de bas en haut par des fils d'archal, de maniere que le tout renferme un espace dans lequel des oiseaux puissent se mouvoir facilement, sans s'échapper. On place en travers, dans l'intérieur de la cage, quelques petits bâtons ronds, sur lesquels les oiseaux puissent se reposer. On en couvre le fond d'une planche mince qui entre par<pb->

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