ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"488"> & le chemin de la puissance est à celui du poids, comme le levier est au rayon du cylindre. Moins il faut de force pour élever le poids, plus il faut faire de chemin: il ne faut donc point faire les leviers trop longs, afin que la puissance ne fasse pas trop de chemin; ni trop courts, afin qu'elle ne soit pas obligée de faire trop d'effort; car dans l'un & l'autre cas elle seroit trop fatiguée.

On appelle encore en général du nom de cabestan, tout treuil dont l'axe est posé verticalement: tels sont ceux dont on se sert sur les ports à Paris, pour atttirer à terre les fardeaux qui se trouvent sur les gros bateaux, comme pierres, &c.

Un des grands inconvéniens du cabestan, c'est que la corde qui se roule dessus descendant de sa grosseur à chaque tour, il arrive que quand elle est parvenue tout - à - fait au bas du cylindre, le cabestan ne peut plus virer, & l'on est obligé de choquer, c'est - à - dire, de prendre des bosses, de devirer le cabestan, de hausser le cordage, &c. manoeuvre qui fait perdre un tems considérable. C'est pour y remédier que l'Académie des Sciences de Paris proposa pour le sujet du prix de 1739, de trouver un cabestan qui fût exempt de ces inconvéniens. Elle remit ce prix à 1741; & l'on a imprimé en 1745 les quatre pieces qu'elle crut devoir couronner, avec trois accessit. L'Académie dit dans son avertissement, qu'elle n'a trouvé aucun des cabstans proposés exempt d'inconvéniens. Cela n'empêche pas néanmoins, comme l'Académie l'observe, que ces pieces, sur - tout les quatre pieces couronnées, & parmi les accessit, celle de M. l'abbé Fenel, aujourd'hui de l'Académie des belles lettres,. ne contiennent d'excellentes choses, principalement par rapport à la théorie. Nous y renvoyons nos lecteurs. (O)

CABESTERRE (Page 2:488)

* CABESTERRE, (Géog.) on appelle ainsi dans les iles Antilles, la partie de l'île qui regarde le levant, & qui est toûjours rafraîchie par les vents alisés, qui courent depuis le nord jusqu'à l'est - sud - est. La basse terre est la partie opposée; les vents s'y font moins sentir; & par conséquent cette partie est plus chaude, & la mer y étant plus tranquille, elle est plus propre pour le mouillage & le chargement des vaisseaux; joint à ce que les côtes y sont plus basses que dans les cabesterres, où elles sont ordinairement hautes & escarpées, & où la mer est presque toûjours agitée. Voyages du P. Labat.

CABIDOS ou CAVIDOS (Page 2:488)

CABIDOS ou CAVIDOS, s. m. (Commerce.) sorte de mesure de longueur, dont on se sert en Portugal pour mesurer les étoffes, les toiles, &c.

Le cabidos, ainsi que l'aune de Hollande ou de Nuremberg, contient 2 piés 11 lignes, qui font quatre septiemes d'aune de Paris. L'aune de Paris fait un cabidos & trois quarts de cabidos; de sorte que sept cabidos sont quatre aunes de Paris. Voyez Aune. (G)

CABIGIAK ou CAPCHAK (Page 2:488)

* CABIGIAK ou CAPCHAK, s. m. (Hist. mod.) tribu des Turcs Orientaux. Une femme de l'armée d'Oghuz Kan pressée d'accoucher, se retira dans le creux d'un arbre. Oghuz prit soin de l'enfant, l'adopta, & l'appella Cabigiak, écorce de bois; nom qui marquoit la singularité de sa naissance. Cabigiak eut une postérité nombreuse qui s'étendit jusqu'au nord de la mer Caspienne. Il s'en fit un peuple qu'on connoît encore aujourd'hui sous le nom de Descht Kitchak; c'est de ce peuple que sont sorties les armées qui ont ravagé les états que le Mogol possédoit dans la Perse, & ce furent les premieres troupes que Bajazet opposa à Tamerlan.

CABILLE ou CABILAH (Page 2:488)

* CABILLE ou CABILAH, s. m. (Hist. mod.) nom d'une tribu d'Arabes, indépendans & vagabonds, qu'un chef conduit. Ils appellent ce chef cauque. On compte quatre - vingts de ces tribus: aucune ne reconnoît de souverains.

CABILLOTS (Page 2:488)

CABILLOTS, s. m. pl. (Marine.) ce sont de etits bouts de bois, qui sont faits comme les boutons des Récolets, c'est - à - dire taillés longs & étroits, plus épais vers le milieu, & un peu courbes, les deux extrémités étant plus pointues, & se relevant un peu. On met ces morceaux de bois aux bouts de plusieurs herses qui tiennent aux grands haubans, - qui servent à tenir les poulies de pantoquiere.

Cabillots (Page 2:488)

Cabillots; ce sont aussi de petites chevilles de bois qui tiennent aux chouquets avec une ligne, & qui servent à tenir la balancine de la vergue de hune quand les perroquets sont serrés. (Z)

CABIN (Page 2:488)

CABIN, (Géog.) riviere de France, en Gascogne.

CABINET (Page 2:488)

CABINET, s. m. (Architect.) sous ce nom on peut entendre les pieces destinées à l'étude, ou dans lesquelles l'on traite d'affaires particulieres, ou qui contiennent ce que l'on a de plus précieux en tableaux, en bronzes, livres, curiosités, &c. On appelle aussi cabinet, les pieces où les dames font leur toilette, leur oratoire, leur méridienne, ou autres qu'elles destinent à des occupations qui demandent du recueillement & de la solitude. On appelle cabinet d'aisance, le lieu où sont placées les commodités, connues aujourd'hui sous le nom de lieux à soupape.

Les premieres especes de cabinets doivent être pour plus de décence, placés devant les chambres à coucher & non après, n'étant pas convenable que les étrangers passent par la chambre à coucher du maitre pour arriver au cabinet, cette derniere piece chez un homme d'un certain rang, lui servant à conférer d'affaires particulieres avec ceux que son état ou sa dignité amenent chez lui; par ce moyen le maître, au sortir du lit, peut aller recevoir ses visites, parler d'affaires sans être interrompu par les domestiques, qui pendant son absence entrent dans la chambre à coucher par des dégagemens particuliers, & y font leur devoir, sans entrer dans le lieu qu'habitent les maîtres, à moins qu'on ne les y appelle. Je parle ici d'un cabinet faisant partie d'un appartement destiné à un très - grand seigneur, à qui pour lors il faut plusieurs de ces pieces, qui empruntent leur nom de leurs différens usages, ainsi que nous venons de le dire ci - dessus. On a une piece qu'on appelle le grand cabinet de l'appartement du maître; elle est consacrée à l'usage dont nous venons de parler; c'est dans son cabinet paré qu'il rassemble ce qu'il a de tableaux ou de curiosités; son arriere - cabinet contient ses livres, son bureau, & c'est là qu'il peut recevoir en particulier, à la faveur des dégagemens qui l'environnent, les personnes de distinction qui demandent de la préférence: un autre lui sert de serre - papiers, c'est là que sont conservés sous sa main & en sûreté ses titres, ses contracts, son argent: enfin il y en a un destiné à lui servir de garde - robe & à contenir des lieux à soupape, où il entre par sa chambre à coucher, & les domestiques par un dégagement. Ce detail nous a paru nécessaire.

Il y a encore d'autres cabinets; on en a un du côté de l'appartement de société, qui a ses usages particuliers; il peut servir pour un concert vocal; les lieux pour les concerts composés de beaucoup d'instrumens devant être plus spacieux, alors on les appelle salle de concert; dans ce même cabinet on peut tenir jeu, pendant que la salle d'assemblée, qui est à côté, serviroit ainsi que celle de compagnie, à recevoir une plus nombreuse société. Un petit sallon peut aussi servir de cabinet au même usage: mais sa forme elliptique, la maniere dont il est plafonné, & principalement les pieces qui l'environnent, lui ont fait donner le nom de sallon, pendant que la piece qui lui est opposée peut recevoir le nom de cabinet, par rapport à l'appartement dont elle fait partie; cependant il faut avoüer qu'il est, pour ainsi dire, des formes consacrées à l'usage de chaque piece en particulier: [p. 489] par exemple, il semble que les cabinets destinés aux affaires ou à l'étude, doivent être de forme réguliere, à cause de la quantité des meubles qu'ils sont obligés de contenir, au lieu que ceux de concerts, de bijoux, de toilette, & autres de cette espece, peuvent être irréguliers: il faut sur - tout que la décoration des uns & des autres soit relative à leur usage, c'est - à - dire qu'on observe de la gravité dans l'ordonnance des cabinets d'affaires ou d'étude; de la simplicité dans ceux que l'on décore de tableaux; & de la légereté, de l'élegance, & de la richesse, dans ceux destinés à la société, sans que pour cela on use de trop de licence.

Il n'y a personne qui ne sente la nécessité qu'il y a de faire précéder les chambres à coucher par les cabinets, sur - tout dans les appartemens qui ne sont composés que d'un petit nombre de pieces.

On appelle aussi cabinets, certains meubles en forme d'armoire, faits de marqueterie, de pieces de rapport & de bronze, servant à serrer des médailles, des bijoux, &c. Ces cabinets étoient fort en usage dans le dernier siecle: mais comme ils ne laissoient pas d'occuper un espace assez considérable dans l'intérieur des appartemens, on les y a supprimés. Il s'en voit encore cependant quelques - uns dans nos anciens hôtels, exécutés par Boule, ébeniste du roi, ainsi que des bureaux, des secrétaires, serre - papiers, bibliotheques, &c. dont l'exécution est admirable, & d'une beauté fort au - dessus de ceux qu'on fait aujourd'hui.

On appelle aussi cabinets, de petits bâtimens isolés en forme de pavillons, que l'on place à l'extrémité de quelque grande allée, dans un parc, sur une terrasse ou sur un lieu éminent; mais leur forme étant presque toûjours sphérique, elliptique ou à pans couverts, en calotte, & souvent percés à jour, le nom de sallons leur convient davantage; & lorsque ces pieces sont accompagnées de quelques autres, comme de vestibules, d'anti - chambres, garde - robes, &c. on les nomme belvederes. Voyez Belvedere.

On appelle cabinets de treillage, de petits sallons quarrés, ronds, ou à pans, composés de barreaux de fer maillé d'échalats peints en verd, els qu'il s'en voit un à Clagny, d'un dessein & d'une élégance très estimable, & plusieurs à Chantilly, d'une distribution tres - ingénieuse. (P)

Cabinet d'Histoire naturelle (Page 2:489)

Cabinet d'Histoire naturelle. Le mot cabinet doit être pris ici dans une acception bien différente de l'ordinaire, puisqu'un cabinet d'Histoire naturelle est ordinairement composé de plusieurs pieces & ne peut être trop étendu; la plus grande salle ou plutôt le plus grand appartement, ne seroit pas un espace trop grand pour contenir des collections en tout genre des différentes productions de la nature: en effet, quel immense & merveilleux assemblage! comment même se faire une idée juste du spectacle que nous présenteroient toutes les sortes d'animaux, de végétaux, & de minéraux, si elles étoient rassemblées dans un même lieu, & vûes, pour ainsi dire, d'un coup d'oeil? ce tableau varié par des nuances à l'infini, ne peut être rendu par aucune autre expression, que par les objets mêmes dont il est composé: un cabinet d'Histoire naturelle est donc un abregé de la nature entiere.

Nous ne savons pas si les anciens ont fait des cabinets d'Histoire naturelle. S'il y en a jamais eu un seul, il aura été établi chez les Grecs, ordonné par Alexandre, & formé par Aristote. Ce fameux naturaliste voulant traiter son objet avec toutes les vûes d'un grand philosophe, obtint de la magnificence d'Alexandre des sommes très - considérables, & il les employa à rassembler des animaux de toute espece, & à les faire venir de toutes les parties du monde connu. Ses livres sur le regne animal, prouvent qu'il avoit observé presque tous les animaux dans un grand détail, & ne permettent pas de douter qu'il n'eut une ménagerie très - complette à sa disposition, ce qui fait le meilleur cabinet que l'on puisse avoir pour l'histoire des animaux. D'ailleurs les dépouilles de tant d'animaux, & leurs différentes parties disséquées, étoient plus que suffisantes pour faire un très - riche cabinet d'Histoire naturelle dans cette partie; car on ne peut pas douter qu'Aristote n'ait disséqué les animaux avec soin, puisqu'il nous a laissé des résultats d'observations anatomiques, & qu'il a attribué à certaines especes des qualités particulieres, dont elles sont doüées à l'exclusion de toute autre espece. Pour tirer de pareilles conséquences, il faut avoir, pour ainsi dire, tout vû. Si nous sommes quelquefois tentés de les croire hasardées, ce n'est peut - être que parce que les connoissances que l'on a acquises sur les animaux depuis la renaissance des lettres, ne sont pas encore assez étendues, & que les plus grandes collections d'animaux que l'on a faites sont trop imparfaites en comparaison de celles d'Aristote.

La science de l'Histoire naturelle fait des progrès à proportion que les cabinets se completent; l'édifice ne s'éleve que par les matériaux que l'on y employe, & l'on ne peut avoir un tout que lorsqu'on a mis ensemble toutes les parties dont il doit être composé. Ce n'a guere été que dans ce siecle que l'on s'est appliqué à l'étude de l'Histoire naturelle avec assez d'ardeur & de succès pour marcher à grands pas dans cette carriere. C'est aussi à notre siecle que l'on rapportera le commencement des établissemens les plus dignes du nom de cabinet d'Histoire naturelle.

Celui du jardin du Roi est un des plus riches de l'Europe. Pour en donner une idée il suffira de faire ici mention des collections dont il est composé, en suivant l'ordre des regnes.

Regne animal. Il y a au cabinet du Roi différens squeletes humains de tout âge, & une très - nombreuse collection d'os remarquables par des coupes, des fractures, des difformités, & des maladies: des pieces d'anatomie injectées & desséchées; des foetus de différens âges, & d'autres morceaux singuliers conservés dans des liqueurs: de très - belles pieces d'anatomie représentées en cire, en bois, &c. quelques parties de momies & des concrétions pierreuses tirées du corps humain. Voyez la description du cabinet du Roi, Hist. nat. tome III. Quantité de vêtemens, d'armes, d'ustenciles de sauvages, &c. apportés de l'Amérique & d'autres parties du monde.

Par rapport aux quadrupedes, une très - grande suite de squeletes & d'autres pieces d'ostéologie, & quantité d'animaux & de parties d'animaux conservées dans des liqueurs, des peaux empaillées, une collection de toutes les cornes des quadrupedes, des bézoards, des égagropiles, &c.

De très - beaux squeletes des oiseaux les plus gros & les plus rares; des oiseaux entiers conservés dans des liqueurs, & d'autres empaillés, &c.

Une nombreuse collection de poissons de mer & d'eau douce desséchés ou conservés dans des liqueurs.

Un très - grand nombre d'especes différentes de serpens, de lésards, &c. recueillis de toutes les parties du monde.

Une très - grande suite de coquilles, de crustacées, &c.

Enfin quantité d'insectes de terre & d'eau, entr'autres une suite de papillons presque complette, & une très - grande collection de fausses plantes marines de toutes especes.

Regne vêgétal. Des herbiers très - complets faits par M. de Tournefort & par M. Vaillant; de nombreuses suites de racines, d'écorces de bois, de semences & de fruits de plantes; une collection presqu'en<pb->

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