ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"486"> Cabalistes Chrétiens entrent dans le combat avec une bonne foi qui déconcerte, parcé qu'elle fait connoître qu'ils ont dessein de prouver ce qu'ils avancent, & qu'ils sont convaincus que toute la religion chrétienne se trouve dans la Cabale; ils insultent ceux qui s'en moquent, & prétendent que c'est l'ignorance qui enfante ces soûris méprisans. On peut employer cette science contre les rabbins qui en sont entêtés, afin d'ébranler leur incrédulité par les argumens que l'on tire de leur propre sein; & l'usage qu'on fait des armes qu'ils nous prêtent, peut être bon quand on les tourne contre eux - mêmes: mais il faut toûjours garder son bon sens au milieu du combat, & ne se laisser pas ébloüir par l'éclat d'une victoire qu'on remporte facilement, ni la pousser trop loin. Il faut sentir la vanité de ces principes, & n'en pas faire dépendre les vérités solides du Christianisme; autrement on tombe dans deux fautes sensibles.

En effet, le Juif converti par des argumens cabalistiques, ne peut pas avoir une véritable foi. Elle chancera dès le moment que la raison lui découvrira la vanité de cet art; & son christianisme, s'il n'est tiré que du fond de la Cabale, tombera avec la bonne opinion qu'il avoit de sa science. Quand même l'illusion dureroit jusqu'à la mort, en séroit - on plus avancé? On feroit entrer dans l'église chrétienne un homme dont la foi n'est appuyée que sur des roseaux. Une connoissance si peu solide peut - elle produire de véribles vertus? Mais, de plus, le prosélyte, dégagé des préjugés de sa nation, & de l'autorité de ses maîtres, & de leur science, perdra peu à peu l'estime qu'il avoit pour elle. Il commencera à douter: on ne le ramenera pas aisément, parce qu'il se défiera de ses maîtres qui ont commencé par la fraude; & s'il ne rentre pas dans le Judaïsme par intérêt, il demeurera Chrétien sans religion & sans piété. (C)

Voilà bien des chimeres: mais l'histoire de la Philosophie, c'est - à - dire des extravagances d'un grand nombre de savans, entre dans le plan de notre ouvrage; & nous croyons que ce peut être pour les Philosophes même un spectacle assez curieux & assez intéressant, que celui des reveries de leurs semblables. On peut bien dire qu'il n'y a point de folies qui n'ayent passé par la tête des hommes, & même des sages; & Dieu merci, nous ne sommes pas sans doute encore au bout. Ces Cabalistes qui découvrent tant de mysteres en transposant des lettres; cette lumiere qui sort du crâne du grand Anpin; la flamme bleue que les brachmanes se cherchent au bout du nez; la lumiere du Tabor que les ombilicaux croyoient voir à leur nombril; toutes ces visions sont à peu - près sur la même ligne: & après avoir lù cet article & plusieurs autres, on poura dire ce vers des Plaideurs:

Que de fous! je ne fus jamais à telle féte. (O)

CABALIG (Page 2:486)

CABALIG, (Géog.) ville d'Asie dans le Turquestan. Long. 103. lat. 44.

CABALISTE (Page 2:486)

CABALISTE, terme de Commerce usité à Toulouse & dans tout le Languedoc. C'est un marchand qui ne fait pas le commerce sous son nom, mais qui est intéressé dans le négoce d'un marchand en chef. (G)

CABALISTES (Page 2:486)

CABALISTES, s. m. plur. (Hist.) secte des Juifs qui suit & pratique la Cabale, qui interprete l'Ecriture selon les regles de la Cabale prise au second sens que nous avons expliqué. Voyez Cabale.

Les Juifs sont partagés en deux sectes générales; les Karaïtes, qui ne veulent par recevoir les traditions, ni le thalmud, mais le seul texte de l'Ecriture (Voyez Karaïtes.); & les Rabbinistes, ou Thalmudistes, qui outre cela reçoivent encore les traditions, & suivent le Thalmud. Voyez Rabbinistes.

Ceux - ci sont encore divisés en deux partis; sçavoir, Rabbinistes simples, qui expliquent l'Ecriture selon le sens naturel, par la grammaire, l'histoire, ou la tradition; & en Cabalisles, qui pour y découvrir les sens cachés & mysterieux que Dieu y a mis, se servent de la Cabale, & des principes sublimes que nous avons rapportés dans l'article précédent.

Il y a des visionnaires parmi les Juifs, qui disent que ce n'est que par les mysteres de la Cabale, que J. C. a opéré ses miracles. Quelques sçavans ont cru que Pythagore & Platon avoient appris des Juifs en Egypte l'art cabalistique, & ils ont cru en trouver des vestiges bien marqués dans leurs philosophies. D'autres croyent au contraire que c'est la Philosophie de Pythagore & de Platon qui a produit la Cabale. Quoi qu'il en soit, il est certain que dans les premiers siecles de l'Eglise, la plûpart des hérétiques donnerent dans les vaines idées de la Cabale. Les Gnostiques, les Valentiniens, les Basilidiens, y furent surtout très attachés. C'est ce qui produisit l'*A*B*R*A*C*A*S, & tant de talismans, dont il nous reste encore une grande quantité dans les cabinets des antiquaires. Voyez Talisman, &c. (G)

CABAMITEN ou CABAMITAN (Page 2:486)

CABAMITEN ou CABAMITAN, (Geog.) petite contrée d'Asie dans la Tartarie.

CABANE (Page 2:486)

CABANE, s. f. (Architecture.) du Latin apana; c'est aujourd'hui un petit lieu bâti avec de la bauge (espece de terre grasse) & couvert de chaume, pour mettre à la campagne les pauvres gens à l'abri des injures du tems. Anciennement les premiers hommes n'avoient pas d'autres demeures pour habitation: l'Architecture a commencé par les cabanes, & a fini par les palais. Voyez Architecture. (P)

Cabane (Page 2:486)

Cabane, s. m. (en terme de Marine.) c'est un petit logement de planches pratiqué à l'arriere, ou le long des côtés du vaisseau, pour coucher les pilotes ou autres officiers; ce petit réduit est long de six piés, & large de deux & demi; & comme il n'en a que trois de hauteur, on n'y peut être debout.

On donne le même nom à l'appartement pratiqué à l'arriere des bûches qui vont à la pêche du hareng, & qui est destiné pour les officiers qui les conduisent. Voyez Pl. XII. fig. 2.

C'est aussi un bateau couvert de planches de sapin, sous lequel un homme peut se tenir debout & à couvert; il a un fond plat, & on s'en sert sur la Loire.

Les bateliers appellent aussi cabane un bateau couvert du côté de la poupe, d'une toile que l'on nomme banne, soûtenue sur des cerceaux pliés en forme d'arc, pour mettre les passagers à couvert du soleil & de la pluie. Voyez Bateau. (Z)

CABANIA ou KABANIA (Page 2:486)

CABANIA ou KABANIA, (Géog.) ville & forteresse de la Russie septentrionale, dans la province de Burati.

CABARER (Page 2:486)

CABARER, verb. neut. est un terme de brasserie, qui signifie jetter les métiers ou l'eau d'un vaisseau dans un autre, soit avec le jet ou avec le chapelet. Voyez l'article Brasserie.

CABARET (Page 2:486)

CABARET, s. m. (Hist. nat. bot.) asarum. Genre de plante à fleurs sans pétales, composée de cinq ou six étamines qui sortent d'un calice découpé en trois parties. La partie postérieure de ce calice devient dans la suite un fruit qui est pour l'ordinaire anguleux, divisé en six loges, & rempli de quelques semences oblongues. Tournefort Inst. rei herb. Voyez Plante.

L'asarum offic. germ. a la racine purgative & émétique; elle desobstrue le foie, provoque les regles, expulse l'arrierefaix, & même le foetus. On la recommande dans la jaunisse, l'hydropisie, les douleurs des reins, & la goutte: on l'appelle la panacée des fievres quartes. Les paysans en font leur fébrifuge. Une emplâtre de ses feuilles appliquée sur la région [p. 487] lombaire, pousse les urines; extérieurement elle est résolutive, détersive, & vulnéraire. Les femmes enceintes doivent en éviter l'usage, quoi qu'en dise Fernel.

Potion émétique avec le cabaret. Prenez suc d'asarum une once; oxymel de squille demi - once; eau de chardon deux onces: c'est un très - puissant émétique, excellent dans la manie, où il réussit mieux que tous les remedes ordinaires.

Le cabaret pris en décoction purge doucement, & ne fait point vomir. Fernel en faisoit une composition émétique qui convient, selon lui, à tout le monde. Elle se prépare dans les boutiques.

Le cabaret est ainsi nommé, parce que les ivrognes s'en servent pour s'exciter au vomissement. (N)

Cabaret, Taverne (Page 2:487)

Cabaret, Taverne, (Commerce.) ces deux lieux ont eu cela de commun, que l'on y vendoit du vin: mais dans les tavernes on n'y vendoit que du vin, sans y donner à manger; au lieu qu'on donnoit à manger dans les cabarets. Cette distinction est ancienne. Les Grecs nommoient TABERNAI\ les lieux où l'on vendoit du vin, & KAPH\, ceux où l'on donnoit à manger. Les Romains avoient aussi leurs tabernoe & popinoe, dont la distinction étoit la même. Les professions d'Hôteliers, de Cabaretiers, & de Taverniers, sont maintenant confondues: la police leur a prescrit quelques reglest elatives à la religion, aux moeurs, à la santé, & à la sûreté publique, qui sont fort belles, mais de peu d'usage.

CABARETIER (Page 2:487)

CABARETIER, s. m. celui qui est autorisé à donner à boire & à manger dans sa maison à tous ceux qui s'y présentent. Voyez Cabaret.

CABAR - HUD (Page 2:487)

CABAR - HUD, (Géog.) ville de l'Arabie heureuse dans la province de Hadhramuth.

CABARNES (Page 2:487)

* CABARNES, s. m. pl. (Hist. anc.) c'est ainsi qu'on appelloit les prêtres de Cerès dans l'île de Paros. Ce mot vient du Phénicien ou de l'Hébreu carbarnin ou careb, offrir: il étoit en usage dans le même sens parmi les Syriens, ainsi que Josephe le fait voir par Théophraste: d'autrcs prétendent que ce fut le nom du premier de ces prêtres, qui apprit, à ce qu'on dit, à Cerès l'enlevement de sa fille.

CABARRES (Page 2:487)

* CABARRES, s. m. pl. (Marine & Commerce.) on donne ce nom à toutes sortes de petits bâtimens à fonds plats, qui servent à secourir & alléger les gros vaisseaux en mer. Les Suédois & les Danois les appellent clincar.

CABAS (Page 2:487)

CABAS, s. m. (Messagerie.) grand coche dont le corps est d'osier clissé. Cette voiture appartient ordinairement aux messageries.

Cabas (Page 2:487)

Cabas ou Cabat, (Commerce.) panier fait de jonc ou de feuilles de palmier. C'est dans ces sortes de paniers que l'on met les figues de Provence, après les avoir fait sécher. Il y en a de grands & de petits; les uns pour la marchandise d'élite, & les autres pour la commune: on les couvre également avec une toile ordinairement bleue ou violette. Voyez Figue.

Cabat se dit aussi dans quelques provinces de France, d'une mesure à mesurer les grains, particulierement le blé. (G)

CABASET (Page 2:487)

CABASET, s. m. signifioit autrefois, dans l'Art milit. une arme défensive qui couvroit la tête. Ce mot vient, selon Nicod, de l'Hébreu coba, qui signifie un casque ou heaume, ou de l'Espagnol cabeça, tête. (Q)

CABAY (Page 2:487)

* CABAY, s. m. (Hist. mod.) c'est le nom que les Indiens, & les habitans de l'île de Ceylan & d'Aracan, donnent à des habits faits de soie ou de coton ornés d'or, que les seigneurs & principaux du pays ont coûtume de porter.

CABE (Page 2:487)

CABE, (Géog.) petite riviere d'Espagne au royaume de Galice, qui se jette dans le Velezar, & tombe avec lui dans le Minho.

CABEÇA - DE - VIDE (Page 2:487)

CABEÇA - DE - VIDE, (Géog.) petite ville avec château, en Portugal, dans l'Alentéjo, à cinq licues de Port - Alegre. Longitude 10. 48. latitude 39.

CABELA (Page 2:487)

* CABELA, (Hist. nat.) c'est le nom d'un fruit des Indes occidentales, qui ressemble beaucoup à des prunes: l'arbre qui le produit ne differe presqu'en rien du cerisier.

CABENDE (Page 2:487)

CABENDE, (Géog.) ville & port d'Afrique au royaume de Congo, dans la province d'Angoy, où il se fait un grand commerce de Negres.

CABES ou GABES (Page 2:487)

CABES ou GABES, (Géog.) ville d'Afrique au royaume de Tunis, assez près du golfe du même nom. Long. 28. 30. lat. 33. 40.

CABESTAN (Page 2:487)

CABESTAN, s. m. (Mar.) c'est une machine de bois reliée de fer, faite en forme de cylindre, posée perpendiculairement sur le pont du vaïsseau, que des barres passées en travers par le haut de l'essieu font tourner en rond. Ces barres étant conduites à force de bras, font tourner autour du cylindre un cable, au bout duquel sont attachés les gros fardeaux qu'on veut enlever. Voyez Cable.

C'est encore en virant le cabestan qu'on remonte les bateaux, & qu'on tire sur terre les vaisseaux pour les calfater, qu'on les décharge des plus grosses marchandises, qu'on leve les vergues & les voiles, aussi bien que les ancres. Voyez Ancre.

Il y a deux cabestans sur les vaisseaux, qu'on distingue par grand & petit cabestan: le grand cabestan est placé derriere le grand mât sur le premier pont, & s'éleve jusqu'à quatre ou cinq piés de hauteur au - dessus du deuxieme. Voyez Pl. IV. fig. 1. n° 102. On l'appelle aussi cabestan double, à cause qu'il sert à deux étages pour lever les ancres, & qu'on peut doubler sa force en mettant des gens sur les deux ponts pour le faire tourner.

Le petit cabestan est posé sur le second pont, entre le grand mât & le mât de misene. Voyez Plan. IV. fig. 1. n°. 103. il sert principalement à isser les máts de hune & les grandes voiles, & dans les occasions où il faut moins de force que pour lever les ancres.

Les François appellent cabestan Anglois, celui où l'on n'employe que des demi - barres, & qui à cause de cela n'est percé qu'à demi; il est plus renflé que les cabestans ordinaires.

Il y a encore un cabestan olant que l'on peut transporter d'un lieu à un aue. Voyez Vindas.

Virer au cabestan, pousser au cabestan, faire joüer au cabestan, c'est - à - dire, faire tourner le cabestan.

Aller au cabestan, envoyer au cabestan: quand les garçons de l'équipage ou les mousses ont commis quelque faute, le maitre les fait aller au cabestan pour les y châtier: on y envoye aussi les matelots. Tous les châtimens qu'on fait au cabestan chez les François, se font au pié du grand mât chez les Hollandois. (Z)

Le cabestan n'a pas la forme exactement cylindrique; mais est à peu près comme un cone tronqué qui va en diminuant de bas en haut, afin que le cordage qu'on y roule soit plus ferme, & moins sujet à couler ou glisser de haut en bas.

Il est visible par la description de cette machine, que le cabestan n'est autre chose qu'un treuil, dont l'axe au lieu d'être horisontal, est vertical. Voyez à l'article Axe les lois par lesquelles on détermine la force du treuil, appellé en Latin axis in peritrochio, axe dans le tambour, ou essieu dans le tour. Dans le cabestan le tambour, peritrochium, est le cylindre, & l'axe ou l'essieu sont les leviers qu'on adapte aux cylindres, & par le moyen desquels on fait ourner le cabestan.

Le cabestan n'est donc proprement qu'un levier, ou un assemblage de leviers auxquels plusieurs puissances sont appliquées. Donc suivant les lois du levier, & abstraction faite du frottement, la puissance est au poids, comme le rayon du cylindre est à la longueur du levier auquel la puissance est attachée;

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