ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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TRONIERE (Page 16:698)

TRONIERE, s. f. (Artillerie.) c'est une ouverture qu'on fait dans les batteries & attaques de places pour tirer le canon. Les tronieres doivent être larges de trois piés par - dedans, & distantes l'une de l'autre de vingt piés. On les ouvre dans la terre naturelle, quand on fait des batteries de pieces enterrées. Les tronieres & épaules doivent être faites & élevées avant que l'ennemi s'en apperçoive. Il faut que la premiere planche de l'esplanade joignant la barbe de la troniere, soit de neuf piés. (D. J.)

TRONIS (Page 16:698)

TRONIS, (Géog. anc.) petite contrée de la Phocide, au pays des Dauliens. On y voit, dit Pausanias, l. X. c. iv. le tombeau d'un héros que ces peuples regardent comme leur fondateur. Les uns disent que c'est Xantipe, homme de réputation à la guerre; & les autres que c'est Phocus, petit - fils de Sisyphe. Ce héros, quoiqu'il fût, étoit honoré tous les jours par des sacrifices; on faisoit couler le sang des victimes dans son tombeau par une ouverture destinée à cet usage; & les chairs de ces victimes étoient consumées par le feu. (D. J.)

TRONQUÉ (Page 16:698)

TRONQUÉ, adj. (Gram.) voyez Tronquer.

Tronqué (Page 16:698)

Tronqué, adj. (Géom.) on appelle pyramide tronquée une pyramide dont on a retranché la partie supérieure par un plan, soit parallele à la base, soit incliné d'une maniere quelconque. Il en est de même d'un cône tronqué.

Ce mot vient du latin truncare qui signifie ôter une partie du tout. C'est du même mot que sont dérivés tronc, tronçon, &c. Chambers.

Dans la fig. 5, n°. 2 d'arpentage, la partie de la pyramide quadrangulaire comprise entre les plans B, b, & de la hauteur A a, est une pyramide tronquée.

Pour en trouver la solidité, faites usage du théorème suivant: soit B le côté donné de la plus grande base (tab. d'Arpent. fig. 5, n°. 2.), b le côté de la plus petite base, A la hauteur du corps tronqué: supposons enfin que B' & b' représentent les aires de ces deux bases, & que la hauteur totale de la pyramide a + A=H.

1°. Pour trouver a, dites B - b. b :: A ou Maintenant B'H vaut le triple de la pyramide, à cause qu'une pyramide n'est que le tiers d'un prisme de même base & de même hauteur, & b a est le triple de la pyramide supérieure; ainsi [omission: formula; to see, consult fac-similé version] est l'expression de la solidité de la pyramide tronquée. Voici le théorème énoncé en langage ordinaire.

Multipliez la base inférieure par la hauteur totale; ôtez de ce produit la base supérieure multipliée par la hauteur de la pyramide supérieure que l'on a enlevée, & prenez le tiers de ce reste, vous aurez la solidité de la pyramide tronquée.

Vous pouvez suivre la même méthode à l'égard d'un cône tronqué, excepté que vous aurez un peu plus de peine à trouver les bases circulaires dont l'aire demande plus de calcul; encore ne peut - on avoir cette aire que par approximation. Voyez Cone. Chambers. (E)

Tronqué (Page 16:698)

Tronqué, en termes de Blason, se dit des arbres coupés par les deux bouts.

TRONQUER (Page 16:698)

TRONQUER, v. act. (Gram.) c'est ôter à une chose considérée comme un tout une portion qui la défigure, dépare ou rend incomplette. Un morceau de poésie tronqué, un passage tronqué, un livre tronqué, un arbre tronqué.

TRONSOND (Page 16:698)

TRONSOND, (Géog. mod.) nom d'une contrée, d'un cap & d'un détroit de la Norwege.

La contrée de Tronsond est dans la partie septentrionale de la Norwege, au gouvernement de Wardhus. Le cap & le détroit sont aussi situés dans le même lieu; le cap est couvert de plusieurs îles, à l'occident, au nord & à l'orient. (D. J.)

TRONTINO le (Page 16:698)

TRONTINO le, (Géog. mod.) riviere d'Italie, au royaume de Naples, dans l'Abruzze ultérieure. Elle arrose Teramo, & se perd dans le golphe de Venise. On croit que c'est le Juvantius des anciens. (D. J.)

TROPHAEA (Page 16:698)

TROPHAEA, (Géog. anc.) ou ad Tropoea, ville d'Italie, chez les Brutiens, au voisinage du port d'Hercule. Etienne le géographe place cette ville dans la Sicile: cela vient de ce que de son tems les auteurs donnoient à cette partie d'Italie le nom de Sicile. Dans les actes des conciles, cette ville est simplement nommée Tropoea, nom qu'elle conserve encore aujourd'hui. (D. J.)

TROPAEA AUGUSTI (Page 16:698)

TROPAEA AUGUSTI, (Géogr. anc.) ville de la Ligurie. Ptolomée, l. III. c. j. la donne aux Marseillois, & la met entre le port d'Hercule & celui de Monaechus. Quelques - uns veulent que ce soit aujourd'hui Torbia ou Turbia, & d'autres Villa - Franca. (D. J.)

TROPAEA DRUSI (Page 16:698)

TROPAEA DRUSI, (Géog. anc.) ville de la Germanie, selon Ptolomée, l. II. c. ij. Elle étoit à moitié chemin entre la Sala & le Rhin, dans l'endroit où Drusus, selon Ortelius, qui a cru mal - à - propos que cette ville étoit l'endroit dont Dion Cassius, l. XV. a voulu parler sous le nom de Trophées de Drusus. Il n'étoit point question alors de ville dans ce lieu - là. Les Romains après leur victoire y firent un retranchement où ils éleverent un trophée des armes des vaincus, & mirent au - bas les noms de toutes les nations qui avoient eu part à la défaite. Dans la suite il put s'y former une ville, puisque Ptolomée y en marque une. (D. J.)

TROPAIRE (Page 16:698)

TROPAIRE, s. m. (terme de Rubriq.) le tropaire, dans l'église greque, étoit un verset qui se chantoit après les heures, & qui pour l'ordinaire étoit à l'honneur du saint dont on faisoit la fête ce jour - là. On chantoit en certains jours des canons, c'est - à - dire, des hymnes composés de trente tropaires, & quelquefois plus. Les tropaires se chantoient sur le ton des hymnes qui en faisoient la premiere partie, & leur servoient d'antienne. Antimus & Tymoclès avoient composé la plûpart des tropaires. Voyez, si vous voulez, le glossaire de Meursius & le trésor ecclésiastique de Suicer. (D. J.)

TROPATAINE (Page 16:698)

TROPATAINE, (Géog. anc.) contrée d'Asie, dans le Moësie. Ptolomée, l. VI. c. ij. l'étend depuis le pays des Geli - Margasi jusqu'à celui des Amariaci. Ce mot Tropatène est corrompu d'Atropatene. (D. J.)

TROPE (Page 16:698)

TROPE, s. m. (Gram.) « Les tropes, dit M. du Marsais (Trop. part. I. art. iv.), sont des figures par lesquelles on fait prendre à un mot une signification qui n'est pas précisément la signification propre de ce mot ... Ces figures sont appellées tropes, du grec TROPOS2, conversio, dont la racine est TREPW, verto. Elles sont ainsi appellées, parce que, quand on prend un mot dans le sens figuré, on le tourne, pour ainsi dire, afin de lui faire signifier ce qu'il ne signifie point dans le sens propre. Voyez Sens. Voiles, dans le sens propre, ne signifie point vaisseaux, les voiles ne sont qu'une partie du vaisseau: cependant voiles se dit quelquefois pour vaisseaux. Par exemple, lorsque, parlant d'une armée navale, je dis qu'elle étoit composée de cent voiles; c'est un trope, voiles est là pour vaisseaux: que si je substitue le mot de vaisseaux à celui de voiles, j'exprime également ma pensée, mais il n'y a plus de figure.

Les tropes sont des figures, puisque ce sont des manieres de parler qui, outre la propriété de faire connoître ce qu'on pense, sont encore distinguées par quelque différence particuliere, qui fait qu'on les rapporte chacune à une espece à part. Voyez Figure.

Il y a dans les tropes une modification ou diffé<pb-> [p. 699] rence générale qui les rend tropes, & qui les distingue des autres figures: elle consiste en ce qu'un mot est pris dans une signification qui n'est pas précisément sa signification propre... Par exemple, il n'y a plus de Pyrénées, dit Louis XIV .... lorsque son petit - fils le duc d'Anjou, depuis Philippe V. fut appellé à la couronne d'Espagne. Louis XIV. vouloit - il dire que les Pyrénées avoient été abîmées ou anéanties? nullement: personne n'entendit cette expression à la lettre & dans le sens propre; elle avoit un sens figuré... Mais quelle espece particuliere de trope? Cela dépend de la maniere dont un mot s'écarte de sa signification propre pour en prendre une autre ».

I. De la subordination des tropes & de leurs caracteres particuliers. (Ibid. part. II. art. xxj.) « Quintilien dit que les Grammairiens, aussi - bien que les Philosophes, disputent beaucoup entre eux pour savoir combien il y a de différentes classes de tropes, combien chaque classe renferme d'especes particulieres, & enfin quel est l'ordre qu'on doit garder entre ces classes & ces especes. Circa quem (tropum) inexplicabilis, & graminaticis inter ipsos & philosophis, pugna est; quoe sint genera, quoe species, quis numerus, quis cui subjiciatur. Inst. orat. lib. VIII. cap. vj.... Mais toutes ces discussions sont assez inutiles dans la pratique, & il ne faut point s'amuser à des recherches qui souvent n'ont aucun objet certain ».

[Il me semble que cette derniere observation de M. du Marsais n'est pas assez réfléchie. Rien de plus utile dans la pratique, que d'avoir des notions bien précises de chacune des branches de l'objet qu'on embrasse; & ces notions portent sur la connoissance des idées propres & distinctives qui les caractérisent: or cette connoissance, à l'égard des tropes, consiste à savoir ce que Quintilien disoit n'être encore déterminé ni par les Grammairiens, ni par les Philosophes, quoe sint genera, quoe species, quis numerus, quis cui sujiciatur; & loin d'insinuer la remarque que fait à ce sujet M. du Marsais, Quintilien auroit dû répandre la lumiere sur le système des tropes, & ne pas le traiter de bagatelles inutiles pour l'institution de l'orateur, omissis quoe mihi ad instituendum oratorem pertinent cavillationibus. Une chose singuliere & digne de remarque, c'est que ces deux grands hommes, après avoir en quelque sorte condamné les recherches sur l'assortiment des parties du système des tropes, ne se sont pourtant pas contentés de les faire connoître en détail; ils ont cherché à les grouper sous des idées communes, & à rapprocher ces groupes en les liant par des idées plus générales: témoignage involontaire, mais certain, que l'esprit de système a pour les bonnes têtes un attrait presque irrésistible, & conséquemment qu'il n'est pas sans utilité. Voici donc comment continue le grammairien philosophe. Ibid.]

« Toutes les fois qu'il y a de la différence dans le rapport naturel qui donne lieu à la signification empruntée, on peut dire que l'expression qui est fondée sur ce rapport appartient à un trope particulier.

C'est le rapport de ressemblance qui est le fondement de la catachrese & de la métaphore; on dit au propre une feuille d'arbre, & par catachrèse une feuille de papier, parce qu'une feuille de papier est à - peu - près aussi mince qu'une feuille d'arbre. La catachrèse est la premiere espece de métaphore ». [Cependant M. du Marsais, en traitant de la catachrèse, part. I. art. j. dit que la langue, qui est le principal organe de la parole, a donné son nom par métonymie au mot générique dont on se sert pour marquer les idiomes, le langage des différentes nations, langue latine, langue françoise; & il donne cet usage du mot langue, comme un exemple de la catachrèse. Voilà donc une cata chrèse qui n'est point une espece de métaphore, mais une métonymie. Cette confusion des termes prouve mieux que toute autre chose la nécessité de bien établir le système des tropes.] « On a recours à la catachrèse par nécessiré, quand on ne trouve point de mot propre pour exprimer ce qu'on veut dire ». [Voilà, si je ne me trompe, le véritable caractere distinctif de la catachrèse: une métaphore, une métonymie, une synecdoque, &c. devient catachrèse, quand elle est employée par nécessité pour tenir lieu d'un mot propre qui manque dans la langue. D'où je conclus que la catachrèse est moins un trope particulier, qu'un aspect sous lequel tout autre trope peut être envisagé. « Les autres especes de métaphores se font par d'autres mouvemens de l'imagination, qui ont toujours la ressemblance pour fondement.

L'ironie au contraire est fondée sur un rapport d'opposition, de contrariété, de différence, &, pour ainsi dire, sur le contraste qu'il y a ou que nous imaginons entre un objet & un autre; c'est ainsi que Boileau a dit (sat. ix.) Quinault est un Virgile». [Il me semble avoir prouvé, article Ironie, que cette figure n'est point un trope, mais une figure de pensée.]

« La métonymie & la synecdoque, aussi bien que les figures qui ne sont que des especes de l'une ou de l'autre, sont fondées sur quelqu'autre sorte de rapport, qui n'est ni un rapport de ressemblance, ni un rapport du contraire. Tel est, par exemple, le rapport de la cause à l'effet; ainsi dans la métonymie & dans la synecdoque, les objets ne sont considérés ni comme semblables ni comme contraires; on les regarde seulement comme ayant entr'eux quelque relation, quelque liaison, quelque sorte d'union: mais il y a cette différence, que, dans la métonymie, l'union n'empêche pas qu'une chose ne subsiste indépendamment d'une autre; au sieu que, dans la synecdoque, les objets dont l'un est dit pour l'autre ont une liaison plus dépendante; l'un est compris sous le nom de l'autre; ils forment un ensemble, un tout....»

[Je crois que voilà les principaux caracteres généraux auxquels on peut rapporter les tropes. Les uns sont fondés sur une sorte de similitude: c'est la métaphore, quand la figure ne tombe que sur un mot ou deux; & l'allégorie, quand elle regne dans toute l'étendue du discours. Les autres sont fondés sur un rapport de correspondance: c'est la métonymie, à laquelle il faut encore rapporter ce que l'on désigne par la dénomination superflue de métalepse. Les autres enfin sont fondés sur un rapport de connexion: c'est la synecdoque avec ses dépendances; & l'antonomase n'en est qu'une espece, désignée en pure perte par une dénomination différente.

Qu'on y prenne garde; tout ce qui est véritablement trope est compris sous l'une de ces trois idées générales; ce qui ne peut pas y entrer n'est point trope, comme la périphrase, l'euphémisme, l'allusion, la litote, l'hyperbole, l'hypotypose, &c. J'ai dit ailleurs à quoi se réduisoit l'hypallage, & ce qu'il faut penser de la syllepse.

La métaphore, la métonymie, la synecdoque, gardent ces noms généraux, quand elles ne sont dans le discours que par ornement ou par énergie; elles sont toutes les trois du domaine de la catachrèse, quand la disette de la langue s'en fait une ressource inévitable: mais, sous cet aspect, la catachrèse doit être placée à côté de l'onomatopée; & ce sont deux principes d'étymologie, peut - être les deux sources qui ont fourni le plus de mots aux langues: ni l'un ni l'autre ne sont des tropes.]

II. De l'utilité des tropes. C'est M. du Marsais qui va parler. Part. I. art. vij. §. 2.

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