ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"374"> les maîtres & gardes & jurés quî sont chargés de la perception de ces deniers, dont ils rendent compte au sortir de leur charge.

Bourse se dit encore de l'argent ou bien de quelqu'un. Avoir la bourse, manier la bourse; c'est faire la dépense. Mettre la main à la bourse, c'est dépenser. Faire une affaire sans bourse délier, c'est faire un troc de marchandises, un accommodement but à but, & fans être obligé de donner de l'argent de part ni d'autre. (G)

Bourse (Page 2:374)

Bourse, (Hist. mod.) maniere de compter, ou espece de monnoie de compte fort usitée dans le Levant, singulierement à Constantinople. Voyez Monnoie de compte.

La bourse est une somme de cent vingt livres sterlins, ou de cinq cents écus. Ce terme vient de ce que le thresor du grand - seigneur est gardé dans le serrail dans des bourses de cuir, qui contiennent chacune cette somme.

Cette maniere de compter des Turcs leur vient des Grecs, qui l'avoient prise des Romains, dont les empereurs la firent passer à Constantinople; comme il paroît par la lettre de Constantin à Cécilien, évêque de Carthage, citée par Eusebe & Nicéphore, où on lit ce qui suit: « Ayant résolu de donner quelques secours en argent aux ministres de la religion Catholique en Afrique, dans les provinces de Numidie & de Mauritanie; j'ai écrit à Vesus, notre thresorier général en Afrique, & lui ai donné ordre de vous délivrer trois mille folles», c'est - à - dire bourses: car, comme le remarque M. de Fleury, ce que nous appellons bourse, les Latins l'appellent follis, par où ils entendent une somme de deux cents cinquante deniers d'argent, ce qui revient à cinq cents livres de notre monnoie.

La bourse d'or chez les Turcs est de quinze mille sequins, ou de trois mille écus; & ce sont celles que les sultans généreux distribuent à leurs favoris & aux sultanes.

BOURSETTES (Page 2:374)

BOURSETTES, s. f. (Orgue.) ce sont de petites parties du sommier fort ingénieusement imaginées, pour pouvoir faire entrer un fil de fer dans la laye, sans que le vent dont elle est remplie, puisse sortir par le trou par où le fil de fer passe. Voyez la fig. 5.

Le n°. 1. représente les différentes parties dont une boursette est composée. A est un petit morceau d'osier d'une ligne ou deux, plus long que la planche de la laye n'a d'épaisseur. de est un fil de fer enfilé dans l'osier. A l'extrémité d, on fait un anneau avec les pincettes rondes. B est un morceau de peau d'agneau fort délié. C est un autre petit morceau d'osier d'une ligne & demie ou deux de long, que l'on enfile par - dessus la peau d'agneau. On met de la colle aux bouts des morceaux d'osier qui touchent la peau. On coupe ensuite le fil de fer e, ensorte qu'il n'en reste que pour faire un anneau e. N°. 2. & n°. 3. lorsque la boursette est ainsi préparée, on perce des trous dans la planche de dessous de la laye: ces trous doivent être seulement un peu plus grands que les morceaux d'osier n'ont de grosseur, afin qu'ils puissent y passer librement. Du côté de l'intérieur de la laye, on élargit les trous en les brûlant avec un fer chaud: ce fer doit avoir une tête hémisphérique, pour former comme un bassin concave. Lorsque les trous sont ainsi préparés, on passe le grand morceau d'ofier dedans, & on colle les bords de la peau sur les bords évasés du trou, comme on voit au n°. 3. La colle dont on se sert est la colle - forte ordinaire, avec laquelle on colle le bois. Pour faire prêter la peau à la même forme que les trous des boursettes, on se sert d'un morceau de bois arrondi par le bout, comme le fer à brûler dont on a parlé ci - devant, avec lequel en appuyant sur la peau que l'on vient de coller, on lui fait prendre la forme des trous. La peau prête facllement, sur - tout lorsqu'elle n'a pas été étirée, c'est - à - dire autant étendue qu'elle le peut être avant de l'employer à cet usage.

Cette opération faite, la boursette est entierement achevée. On l'assemble ensuite avec la soûpaper, fig. 6. par le moyen d'une S e f qui prend d'un côté dans l'anneau de la soûpape, & de l'autre dans l'anneau supérieur de la boursette, dont l'anneau inférieur reçoit la targette, appellée targette du sommier.

BOURSIER (Page 2:374)

BOURSIER, s. m. ouvrier & marchand tout à la fois, qui fait & vend des bourses à cheveux, toutes sortes d'ouvrages à l'usage des chasseurs & des guerriers, pour mettre leurs munitions; tels que sont gibeciere, cartouche, giberne, &c. toutes sortes de sacs ou étuis à livre, à flacon, calote, parapluie, parasol, &c.

La communauté des Boursiers est gouvernée par trois jurés, dont le plus ancien sort de charge tous les ans, pour faire place à un autre qui est élû le ii d'Août, ensorte que chaque juré exerce sa charge deux ans de suite.

Ce sont ces jurés qui expédient les lettres d'apprentissage & de maîtrise, qui donnent le chef - d'oeuvre, & font leurs visites tous les trois mois, comme il est porté par les statuts.

L'apprenti ne peut être obligé pour moins de quatre ans, & chaque maître n'en peut avoir qu'un à la fois: il peut cependant en prendre un second après trois ans & demi d'apprentissage du premier.

L'apprenti sorti d'apprentissage, doit faire encore trois ans de compagnonage chez les maîtres. Tout aspirant à la maîtrise est tenu au chef - d'oeuvre, à moins qu'il ne soit fils de maître.

L'apprenti étranger doit, pour parvenir à la maîtrise, servir pendant cinq ans, trois chez le même maître, & les deux autres où il lui plaît.

Le chef - d'oeuvre consiste en cinq pieces; savoir, une bourse ronde à quarre de cuir; une autre de velours, brodée en or & en argent, avec les crépines & boutons de même; une gibeciere de maroquin à fer, garnie de son ressort, avec des courans & boutons de cuir; une autre aussi de maroquin à fer cambré, pareillement garnie de son ressort; enfin un maroquin à l'usage des hommes, c'est - à - dire un sac de maroquin dont les hommes se servent pour mettre sous les genoux.

Les veuves peuvent tenir boutique, & joüir des autres priviléges de maîtrise, excepté du droit de faire des apprentis qu'elles n'ont point, pouvant toutefois continuer celui qui auroit commencé son tems du vivant de leur mari.

Les maîtres ne peuvent aller au - devant des marchandises qu'au - delà de vingt lieues de Paris.

Les patrons de la communauté sont S. Brice & Notre - Dame de la Fontaine.

BOUSARDS (Page 2:374)

BOUSARDS, s. m. (Vénerie.) ce sont des fientes de cerf qui sont molles comme bouse de vache, dont elles ont pris ce nom, & qu'on nomme autrement fumées.

BOUSE (Page 2:374)

BOUSE, en terme de Blason, se dit d'une espece de chanteplure avec laquelle on puise l'eau en Angleterre. C'est une piece dont quelques seigneurs ont chargé l'écu de leurs armoiries. (V)

BOUSIN (Page 2:374)

BOUSIN, s. m. terme de riviere; c'est le tendre du lit d'une pierre, qu'on ne doit point employer en maçonnerie.

BOUSONVILLE (Page 2:374)

BOUSONVILLE, (Géog.) petite ville avec une abbaye considérable sur la Nied, à huit lieues de Metz.

BOUSSAC (Page 2:374)

BOUSSAC, (Géog.) petite ville de France dans le Berry.

BOUSSEVILLER ou BOUXVILLER (Page 2:374)

BOUSSEVILLER ou BOUXVILLER, (Géog.) petite ville de France en Alsace, avec un château, aux confins de la Lorraine.

BOUSSOLE (Page 2:374)

BOUSSOLE, s. f. instrument de Marine, qu'on [p. 375] appelle aussi compas de mer, nécessaire aux pilotes pour diriger la route de leur vaisseau. Sa propriété de se tourner toûjours vers les poles du monde, en fait le mérite, & la rend précieuse aux navigateurs. On en attribue l'invention à Flavio de Gioia, Napolitain, qui vivoit dans le xiii. siécle: néanmoins on voit par les ouvrages de Guyot de Provins, vieux poëte François du douziéme siecle, qu'on connoissoit déjà la boussole. Ce poëte parle expressément de l'usage de l'aimant pour la navigation.

* Les anciens qui ne connoissoient point la boussole, étoient obligés de naviger le long des côtes; & leur navigation étoit par là très - imparfaite. On prétend pourtant que des Phéniciens, envoyés par Néchao roi d'Egypte, firent autrefois le tour de l'Afrique, en partant de la mer Rouge; & qu'ils furent trois ans à ce voyage: mais ce fait est - il bien vrai? Les anciens, dit l'illustre auteur de l'esprit des Lois, pourroient avoir fait des voyages de met assez longs, sans le secours de la boussole: par exemple, si un pilote dans quelque voyage particulier avoit vû toutes les nuits l'étoile polaire, ou le lever & le coucher du soleil, cela auroit suppléé à la boussole: mais c'est - là un cas particulier & fortuit.

* Les François prétendent que si l'on met par tout une fleur - de - lis pour marquer le nord, soit dans le carton mobile dont les mariniers chargent l'aiguille, soit dans la rose des vents qu'on attache sous le pivot de l'aiguille, au fond des boussoles sédentaires, c'est parce que toutes les nations ont copié les premieres boussoles, qui sont sorties des mains d'un ouvrier François. Les Anglois s'attribuent, sinon la découverte même, au moins la gloire de l'avoir perfectionnée par la façon de suspendre la boîte où est l'aigaille aimantée. Ils disent, en leur faveur, que tous les peuples ont reçû d'eux les noms que porte la boussole, en recevant d'eux la boussole même amenée à une forme commode; qu'on la nomme compas de mer, des deux mots Anglois mariners compass; & que de leur mot boxel, petite boîte, les Italiens ont fait leur bossola, comme d'Alexandre ils font Alessandro. (Les Italiens disent bossolo au masculin, suivant le dicüonnaire de Trevoux.) Mais la vérité est que le mot boussole vient du Latin buxus, d'où l'on a sait buxolus, buxola, bussola, & enfin boussole. Les Espagnols & les Portugais disent bruxula, qui semble venir de bruxa, sorciere. Il y a apparence que c'est une corruption de bussola. Quant au nom de mariners compass, les François pourroient également prétendre que les Anglois l'ont pris d'eux, en traduisant le nom François, compas de mer.

* Il ne tient pas à d'autres qu'on n'en fasse honneur aux Chinois. Mais comme encore aujourd'hui l'on n'employe l'aiguille aimantée à la Chine qu'en la faisant nager sur un support de liége, comme on saisoit autrefois en Europe, on peut croire que Marco Paolo, ou d'autres Vénitiens, qui alloient aux Indes & à la Chine par la mer Rouge, ont fait connoître cette expérience importante, dont différens pilotes ont ensuite perfectionné l'usage parmi nous.

* La véritable cause de cette dispute, c'est qu'il en est de l'invention de la boussole, comme de celle des Moulins, de l'Horloge, & de l'Imprimerie. Plusieurs personnes y ont eu part. Ces choses n'ont été découvertes que par parties, & amenées peu - à - peu à une plus grande perfection. De tout tems on a connu la propriété qu'a l'aimant d'attirer le fer. Mais aucun ancien, ni même aucun auteur antérieur au commencement du douzieme siecle, n'a sçû que l'aimant suspendu, ou nageant sur l'eau par le moyen d'un liége, tourne toûjours un de ses côtés, & toûjours le même côté vers le nord. Celui qui fit le premier cette remarque, en demeura là: il ne comprit ni l'importance, ni l'usage de son admirable décou<cb-> verte. Les curieux, en réitérant l'expérience, en vinrent jusqu'à coucher une aiguille aimantée sur deux brins de paille posés sur l'eau, & à remarquer que cette aiguille tournoit invariablement la pointe vers le nord. Ils prenoient la route de la grande découverte: mais ce n'etoit pas encore là la boussole. Le premier usage que l'on sit de cette découverte, fut d'en imposer aux simples par des apparences de magie, en exécutant divers petits jeux physiques, étonnans pour ceux qui n'avoient pas la clé. Des esprits plus sérieux appliquerent enfin cette découverte aux besoins de la navigation; & Guyot de Provins, dont nous avons parlé, qui se trouva à la cour de l'empereur Frédéric à Mayence en 1181, nous apprend, dans le roman de la Rose, que nos pilotes François faisoient usage d'une aiguille aimantée ou fiottée à une pierre d'aimant, qu'ils nommoient la marinette, & qui régloit les mariniers dans les tems nébuleux.

Icelle étoile ne se muet, Un art sont qui menir ne puet, l'ar vertu de la marinette, Une pierre laide, noirette, Ou li fer volentiers se joint, &c.

* Bientôtaprès, au lieu d'étendre les aiguilles comme on faisoit, sur de la paille ou sur du liége, à la surface de l'eau, que le mouvement du vaisseau tourmentoit trop, un ouvrier intelligent s'avisa de suspendre sur un pivot ou sur une pointe inunobile, le milieu d'une aiguille aimantée, afin que se balançant en liberté, elle suivît la tendance qui la ramene vers le pole. Un autre enfin, dans le xiv. siecle, conçut le dessein de charger cette aiguille d'une petit cercle de carton fort léger, où il avoit tracé les quatre points cardinaux, accompagnés des traits des principaux vents; le tout divisé par les 360 degrés de l'horison. Cette petite machine légerement suspendue dans une boîte, qui étoit suspendue elle - même, à - peu - près comme la lampe des mariniers, répondit parfaitement aux espérances de l'inventeur. M. Formey.

La boussole, Pl. de navigation, fig. 12. est composée d'une aiguille ou losange, ordinairement saite avec une lame d'acier trempée & aimantée sur l'aimant le plus vigoureux: cette aiguille est fixée à une rose de carton ou de tale, sur laquelle on a tracé un cercle divisé en trente - deux parties égales; savoir d'abord en quatre par deux diametres qui se coupent à angles droits, & qui marquent les quatre points cardinaux de l'horison, le nord, le sud, l'est, & l'ouest; chacun de ces quarts de cercle est divisé en deux, ce qui constitue avec les précédens les huit rumbs de vent de la boussole: chaque partie est encore divisée & subdivisée en deux, pour avoir les huit demi - rumbs & les seize quarts. On peut voir sur la figure ces trente - deux airs, avec leurs noms usités dans les mers du Levant & du Ponent.

On désigne ordinaitement le rumb du nord par une fleur de lis, & quelquefois celui de l'est par une croix; les autres par les premieres lettres de leurs noms: chacun de ces airs de vent ou rumbs est indiqué par une des pointes de l'étoile tracée au centre de la rose. Voyez la figure.

Il y a un autre cercle concentrique à celui de la rose, & qui est fixé à la boîte: il est divisé en 360 degrés, & sert à mesurer les angles & les écarts de la boussole: le centre de la rose qui est évidé; est recouvert d'un petit cône creux de cuivre ou de quelqu'autre matiere dure qui sert de chape, au moyen de laquelle l'aiguille peut être posée sur un pivot bien pointu & bien poli, & s'y mouvoir avec liberté. On suspend le tout à la maniere de la lampe de Cardan, par le moyen de deux anneaux ou cercles concentriques, chacun mobiles sur deux pivois aux

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