ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"926"> de Russie jusqu'à celle de la Chine, fit une dévastation.

Si nous songeons que Tamerlan qui subjugua depuis une si grande partie de l'Asie, étoit un tartare, & même de la race de Genghis; si nous nous rappellons qu'Usson - Cassam qui régna en Perse, étoit aussi né dans la Tartarie; si nous nous souvenons qu'Attila descendoit des mêmes peuples; enfin, si nous considérons que les Ottomans sont partis du bord oriental de la mer Caspienne, pour mettre sous le joug l'Asie mineure, l'Arabie, l'Egypte, Constantinople, & la Grece: tout cela nous prouvera, que les Tartares ont conquis presque toute la terre.

Les courses continuelles de ces peuples barbares, qui regardoient les villes comme les prisons des esclaves des rois; leur vie nécessairement frugale; peu de repos goûté en passant sous une tente, ou sur un chariot, ou sur la terre, en firent des générations d'hommes robustes, endurcis à la fatigue, qui n'ayant rien à perdre, & tout à gagner, se porterent loin de leurs cabanes, tantôt vers le Palus Méotide, lorsqu'ils chasserent au cinquieme siecle les habitans de ces contrées, qui se précipiterent sur l'empire romain; tantôt à l'orient & au midi, vers l'Arménie & la Perse; tantôt enfin, du côté de la Chine, & jusqu'aux Indes. Ainsi ce vaste réservoir d'hommes ignorans, forts, & belliqueux, a vomi ses inondations dans presque tout notre hémisphere: & les peuples qui habitent aujourd'hui leurs déserts, privés de toutes connoissances, savent seulement que leurs peres ont conquis le monde.

Mais depuis que les Tartares de l'orient, ayant subjugué une seconde fois la Chine dans le dernier siecle, n'ont fait qu'un état de la Chine, & de la Tartarie orientale: depuis que l'empire ottoman s'est abâtardi dans la mollesse & l'oisiveté; depuis que l'empire de Russie s'est étendu, fortifié, & civilisé; depuis enfin que la terre est hérissée de remparts bordés d'artillerie, les grandes émigrations de tels peuples ne sont plus à craindre; les nations polies sont à couvert des irruptions de ces nations barbares. Toute la Tartarie, excepté la Chine, ne renferme plus que des hordes misérables, qui seroient trop heureuses d'être conquises à leur tour, s'il ne valoit pas encore mieux être libre que civilisé. Toutes ces réfléxions par lesquelles je finis, sont de M. de Voltaire.

J'ai parlé des Tartares avec un peu d'étendue & de recherches, parce que c'est le peuple le plus singulier de l'univers. J'ai mis du choix dans mon extrait, parce que cet ouvrage le requiert nécessairement, & parce que les curieux trouveront tous les détails qu'ils peuvent desirer dans l'histoire des Tartares, imprimée à Paris en 1758, en 5 vol. in - 4°. Ce livre de M. de Guignes est excellent, & mérite d'orner toutes les bibliotheques, où l'on rassemble l'histoire des nations. (Le chevalier de Jaucourt.)

TARTARIE (Page 15:926)

TARTARIE, (Géog. mod.) vaste pays qui comprend une partie de l'Asie, en allant vers le nord, depuis les états du turc, la Perse, & la Chine, jusqu'à la mer Glaciale. On divise la Tartarie en trois grandes parties; savoir en Tartarie chinoise, qui appartient à l'empereur de la Chine; en Tartarie indépendante, qui est gouvernée par divers chans; & en Tartarie russienne, qui occupe un terrein immense.

La Tartarie Crimée, est l'ancienne Chersonnèse taurique célebre autrefois par le commerce des Grecs, & plus encore par leurs fables; contrée toujours fertile & barbare; elle est nommée Crimée, du titre des premiers chans, qui s'appelloient Crim, avant les conquêtes des enfans de Genghis.

La petite Tartarie, est une province tributaire de la Turquie, & qui est située au nord du Pont - Euxin; elle est habitée par divers tartares. On l'a nommée petite Tartarie, pour la distinguer de la grande Tartarie en Asie, sur laquelle on peut lire le livre intitulé, Relation de la grande Tartarie, Amst. 1737. 2 volumes in - 12.

On doit à M. Witsen (Nicolas), un des plus habiles & des plus illustres magistrats de la Hollande dans le dernier siecle, une excellente carte de la Tartarie septentrionale & orientale.

Pour ce qui est des peuples tartares qui habitent l'une & l'autre Tartarie, & qui sont ou payens, ou mahométans, nous avons fait une énumération détaillée de leurs diverses branches & nations, au mot Tartares. (D. J.)

TARTARIN (Page 15:926)

TARTARIN, voyez Martin - pêcheur.

TARTARISER (Page 15:926)

TARTARISER, v. act. (Chim.) c'est rectifier par le tartre. Voyez Rectifier & Tartre. On dit de l'esprit - de - vin tartarisé.

TARTARO, le (Page 15:926)

TARTARO, le, (Géog. mod.) riviere d'Italie dans l'état de Venise; elle a sa source dans le Veronese, & au - dessous de la ville Adria; elle se partage en deux bras, dont l'un se jette dans l'Adige, & l'autre se perd dans le Pô. (D. J.)

TARTAS (Page 15:926)

TARTAS, (Geogr. mod.) petite ville de France dans la Gascogne, sur la Midouze, à vingt lieues de Bourdeaux, à six d'Acqs, & dans son diocèse. Elle doit son origine aux Gascons qui la bâtirent, & elle a eu ses vicomtes sous les comtes de Gascogne, dès l'an 960. Elle n'a que deux petites paroisses; mais elle étoit fort peuplée, lorsque les Protestans en étoient les maîtres sous la protection du roi de Navarre; ils la tenoient alors pour une de leurs places de sureté. Long. 16. 45. latit. 43. 50. (D. J.)

TARTE (Page 15:926)

TARTE, s. f. terme de Pâtissier, piece de pâtisserie de fruits, de confitures, de crême, &c. composée d'une abaisse & d'un couvercle découpé, ou par petites bandes proprement arrangées, à quelque distance les unes des autres. (D. J.)

TARTELETTE (Page 15:926)

TARTELETTE, s. f. en Pâtisserie, c'est une espece de petits pâtés qu'on garnit de confitures ou de crêmes.

TARTESIORUM, saltus (Page 15:926)

TARTESIORUM, saltus, (Géog. mod.) forêts d'Espagne. Justin en parle, l. XLIV. c. iv. & dit qu'on prétendoit que ces forêts avoient été habitées par les Curètes. (D. J.)

TARTESSE (Page 15:926)

TARTESSE, (Géog. anc.) Tartessus, ville de la Bétique. Strabon, l. III. p. 148. dit que le fleuve Boetis se jettoit dans la mer par deux embouchures, & qu'entre ces deux embouchures il y avoit eu autrefois une ville appellée Tartessus, & il ajoute que le pays des environs s'appelloit Tartessida. Mais si nous nous en rapportons à Pomponius Méla, l. II. c. vj. dont le témoignage est préférable, puisqu'il étoit né dans ce quartier - là, nous trouverons que Tartessus étoit la même chose que Cartéja; qu'elle étoit voisine de Calpe & sur la baie que formoit ce promontoire, appellée aujourd'hui la baie de Gibraltar. (D. J.)

TARTESSIDE (Page 15:926)

TARTESSIDE, (Géog. anc.) Tartessis, contrée d'Espagne dans la Bétique, vers l'embouchure du fleuve Boetis. C'étoit, selon Strabon, l. III. p. 148. le pays qu'habitoient de son tems les Turdales, & il avoit été ainsi nommé de la ville Tartessus qui ne subsistoit plus du tems de Strabon. Eratosthène donnoit aussi le nom de Tartessis au pays voisin de Calpe & à l'île Erythéa: & Scaliger remarque que cette Tartesside est appellée par Autone campi argauthonii, du nom d'un certain Argauthonius qui, selon les anciennes histoires, régna dans ce pays - là. (D. J.)

TARTI, lapis (Page 15:926)

TARTI, lapis, (Hist. nat. Lythol.) pierre dont parlent quelques auteurs qui lui attribuent de grandes vertus & ne nous apprennent rien à son sujet, sinon qu'elle ressembloit à des plumes de paon, & qu'elle étoit très - belle.

TARTONRAIRE (Page 15:926)

TARTONRAIRE, s. f. (Hist. nat. Bot.) espece [p. 927] de thymelée qui croît en arbrisseau aux environs de Marseille, dans les sables près le bord de la mer. Elle differe de la lauréole & du mézéréon par ses feuilles très - courtes, un peu arrondies, soyeuses & blanchâtres. Ses fleurs naissent des aisselles des feuilles, & sont très - petites. C. Bauhin & Tournefort appellent cette plante, thymeloea foliis candicantibus, serici instar mollibus. Lobel la nomme, tartonraria, gallo - provincioe Massiliensium. Les feuilles de cet arbrisseau sont mises au nombre des purgatifs violens. (D. J.)

TARTRE (Page 15:927)

TARTRE, s. m. (Chim.) On appelle tartre un des produits de la fermentation vineuse qui s'attache au parois des tonneaux dans lesquels s'exécute cette fermentation, sous la forme d'une croûte saline.

Le nom de tartre a été donné par Paracelse; ce mot est barbare; le tartre étoit auparavant connu sous le nom de pierre de vin & de sel essentiel de vin.

On donne encore le nom de tartre à cette matiere qui s'attache aux dents, & à cette croûte que dépose l'urine dans les pots - de - chambre; mais ce n'est pas de ces matieres dont il est ici question: elles appartiennent l'une & l'autre à la classe des concrétions pierreuses qui se forment dans les animaux. Voyez Pierre ou Calcul humain.

Le tartre de vin dont nous traitons seulement dans cet article, fait des couches plus ou moins épaisses, 1°. suivant que le vin a reste long - tems dans le tonneau; 2°. selon que le vin est plus ou moins coloré, plus ou moins spiritueux. Les vins acidules, disent certains chimistes, sont ceux qui donnent le plus de tartre: tels sont, par exemple, les vins du Rhin: cette loi n'est pas générale. Les vins des environs de Montpellier comme ceux de Saint - Georges, qui ne sont point acides, donnent beaucoup de tartre, sans compter la lie qui est fort abondante & qui est très - chargée de tartre. Voyez Lie.

Nos vins rouges de Languedoc, tirés du tonneau, & que l'on met dans du verre, se décolorent entierement au bout de dix ou quinze ans, & forment sur les parois du verre une croûte fort épaisse qui est un excellent tartre. Le vin décoloré qu'on verse dans une autre bouteille, dépose encore du tartre qui est meilleur que le premier.

On distingue le tartre en blanc & en rouge: le premier est fourni par les vins blancs. & le second par les vins rouges. Nous n'avons à Montpellier & aux environs que du tartre rouge. Quoique tous les auteurs, & principalement les Pharmacologistes, dans toutes leurs formules, recommandent de prendre le tartre blanc de Montpellier: ils ont confondu avec le tartre blanc la crême ou crystal de tartre qu'on prépare dans le bas Languedoc, & qui est en effet très - blanc.

On tire le vrai tartre blanc de plusieurs pays.

Certains cantons de l'Allemagne en fournissent beaucoup à Montpellier. On en retire du Vivarais; & les teinturiers qui en emploient beaucoup, le font venir de Florence.

Le blanc est toujours préferé au rouge, à cause qu'il contient moins des parties étrangeres; car le tartre rouge ne differe du blanc que parce qu'il contient beaucoup de parties colorantes du vin rouge, qui est une substance absolument étrangere à la composition propre du tartre.

Le tartre rouge est celui que nos vins nous fournissent en abondance & le seul qu'on emploie dans le bas Languedoc, dans nos fabriques de crystal de tartre, ce qui n'empêche point que ce crystal ne soit très - parfait; puisque la purification dont il sera question plus bas, & par laquelle on convertit le tartre en crystal de tartre, lui enleve entierement toute cette partie colorante & étrangere. Il faut choisir l'un & l'autre en grosses croûtes, épaisses, dures, pesantes, & dont les surfaces qui touchent au vin, soient hérissées de plusieurs petits points brillans, car ces points sont des crystaux, & dès - lors on est assuré qu'un tel tartre donnera dans la purification beaucoup de crystal.

Les vins blancs donnent beaucoup moins de tartre que le rouge; on le retire l'un & l'autre des parois du tonneau auxquels il est fort adhérent, par le moyen d'un instrument de fer tranchant qu'on appelle racloire.

Le tartre non purifié, tel qu'on le retire du tonneau, s'appelle tartre crud; & celui qui est purifié par la manoeuvre que nous exposerons plus bas, s'appelle crême ou crystal.

Le tartre crud paroît formé par un sel acide d'une nature fort singuliere, & principalement remarquable par son état naturel de concrétion, & par sa difficile solubilité dans l'eau, propriétés que les Chimistes déduisent de l'union de cet acide à une matiere huileuse, & à une quantité considérable de terre, le tout chargé d'une terre surabondante & d'une matiere colorante, qui sont précisément les matieres qu'on en sépare par la purification.

On retire par la distillation du tartre crud à feu nud & graduellement élevé, dans une cornue les produits suivans; 1°. une eau insipide; 2°. une eau légerement acide; 3°. quelque gouttes d'huile claire, un peu jaunâtre, pénétrante; il passe en même tems un esprit que le sentiment dominant donne pour un acide, mais qui est un alkali volatil foible; c'est dans le tems que commencent à passer ces produits, que l'air se dégage de la composition du tartre, & qu'il sort avec violence; 4°. de l'huile plus épaisse & de l'air; 5°. de l'alkali volatil qui est quelquefois concret & qui s'attache au col de la cornue, ou dans le balon; 6°. le résidu ou produit fixe n'est pas un charbon pur, il contient un alkali fixe tout formé. C'est un fait unique en Chimie, il n'est pas du tout semblable aux charbons qui restent après la distillation des végétaux, qu'il faut brûler pour détruire la partie phlogistique, afin de pouvoir en rerirer le sel lixiviel. Le résidu du tartre donne au contraire, par la simple lixiviation & évaporation, & sans avoir fait précéder la calcination, le sel alkali pur & bien blanc; c'est ce sel qu'on appelle improprement sel de tartre. Voyez Alkali fixe sous le mot générique Sel.

L'alkali fixe de tartre peut se préparer aussi en brûlant le tartre à l'air libre. Ce sel est la base du nitre, ce sont les alkalis fixes de cette espece les plus purs, & les plus employés dans les travaux chimiques; c'est ce sel tombé en deliquium, qui est connu dans le langage vulgaire de l'art sous le nom d'huile de tartre, par défaillance. Voyez Deliquium & Alkali fixe sous le mot Sel.

Le tartre crud est d'un grand usage dans les arts, mais principalement dans les teintures; un célebre teinturier de cette ville m'a dit, qu'il l'employoit avec succès dans la teinture en noir, pour les étoffes de laine; il sert encore pour les débouillis. Nous parlerons plus amplement de son emploi par rapport aux teintures, en parlant de la crême de tartre à la fin de cet article.

En Médecine, on se sert peu du tartre crud, on le fait entrer dans quelques opiates officinales apéritives dans les dentifrices, voyez Dentifrice, mais on préfere ordinairement celui qui est purifié: quant aux propriétés de l'alkali fixe du tartre, voyez Alkali fixe sous le mot Sel.

L'esprit de tartre, c'est - à - dire son alkali volatil sous forme liquide, est mis par les auteurs au rang des remedes destinés à l'usage intérieur, & sur - tout lorsqu'il est rectifié. Il passe pour diurétique, diaphorétique, hystérique, bon contre l'asthme, la paralysie,

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.