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L'huile distillée de tartre est rarement employée,
même dans l'usage extérieur, & cela à cause de sa
puanteur, qu'on peut lui enlever, il est vrai, en très grande
partie en la rectifiant à l'eau; mais comme
cette huile n'a que les vertus communes des huiles
empireumatiques traitées de la même maniere; il est
très - peu important de préparer celle - ci par préférence
pour l'usage médicinal. Voyez
Les Chimistes employent le tartre crud, rouge &
blanc, comme fondant simple, & comme fondant réductif,
dans la métallurgie; mêlé à parties égales de
nitre & brûlé, fait l'alkali fixe extemporaneum, il s'appelle
encore flux blanc, avec demi - partie de nitre
flux noir, voyez
Voici la maniere dont on prépare, l'on dépure & on blanchit la crême ou le crystal de tartre. La description de cette opération est tirée d'un mémoire de M. Fizes, qui est imprimé dans le volume de l'académie royale des Sciences pour l'année 1725.
Je ferai observer auparavant, que les fabriques de crystal de tartre se sont fort multipliées depuis la publication du mémoire de M. Fizes; nous en avons à Montpellier, il y en a du côté d'Uzès, à Bedarieux, &c. On m'assure qu'il y en a en Italie, dans le duché de Florence. M. Fizes a composé son mémoire d'après celles qui étoient établies, à Aniane & à Calvisson.
2°. Une cuve de pierre plus grande que la chaudiere,
& placée à son côté à deux piés de distance.
3°. Vingt - sept terrines vernissées, qui toutes
ensemble tiennent un peu plus que la chaudiere;
ces terrines sont rangées en trois lignes paralleles,
neuf sur chaque ligne; la premiere rangée est à 3
ou 4 piés de la chaudiere & de la cuve, les deux
autres sont entr'elles à une petite distance, comme
d'un pié.
4°. Neuf manches ou chausses d'un drap grossier
appellé cordelat; ces manches aussi larges par le
bas que par le haut, ont environ 2 piés de longueur
sur neuf pouces de largeur.
5°. Quatre chauderons de cuivre qui tous ensemble
tiennent autant que la chaudiere, ils sont
à - peu - près égaux, & d'environ cent pots chacun;
ils sont placés sur des appuis de maçonnerie éloignés du fourneau.
6°. Un moulin à meule verticale pour mettre le
tartre crud en poudre. Il y a encore quelques autres
instrumens de moindre conséquence, dont il
sera fait mention dans la suite de ce mémoire.
L'on commence à travailler vers les deux à trois
heures du matin, en faisant du feu sous la chaudiere
que l'on a remplie la veille de deux tiers de
l'eau qui a servi aux cuites du tartre de ce même
jour, & d'un tiers d'eau de fontaine. Lorsque
l'eau commence à bouillir, on y jette trente livres
de tartre en poudre; & un quart - d'heure
après, on verse avec un vaisseau de terre la liqueur
bouillante dans les neuf manches, qui sont suspendues
à une perche placée horisontalement sur trois
Dans l'espace de moins d'une demi - heure; &
l'eau filtrée étant encore fumante dans ces terrines,
on voit des crystaux se former sur la surface,
il s'en forme aussi dans le même tems contre les
parois & aux sonds des terrines.
Pendant que les crystaux se forment ainsi, les
ouvriers, sans perdre de tems, versent dans la
chaudiere l'eau qui a été retirée des quatre chauderons,
où s'est achevé le jour précédent le crystal
de tartre; & quand elle commence à bouillir, on y
jette trente livres de tartre crud en poudre: cependant
l'on verse par inclination l'eau des vingt - sept
terrines dans la cuve de pierre, ayant eu soin
avant de la verser de remuer avec la main la surface
de cette eau, afin d'en faire précipiter sur le
champ les crystaux au fond de la terrine. Après
que ces terrines ont été vuidées, on y voit les
crystaux attachés au fond & aux côtés; pour - lors
le tartre se trouvant avoir bouilli un quart - d'heure,
on filtre comme auparavant la liqueur bouillante
dans les mêmes vingt - sept terrines chargées des
crystaux précédens; & pendant que cette liqueur
se refroidit & qu'il se forme de nouveaux crystaux,
on fait, sans perdre de tems, passer l'eau de la
cuve dans la chaudiere, en la versant avec un vaisseau
de terre; & lorsqu'elle commence à bouillir,
on y jette la même quantité de tartre crud en poudre
qu'aux deux autres cuites. On filtre ensuite
dans les mêmes terrines dont on vient de vuider
l'eau dans la cuve, & qui sont chargées de plus en
plus de crystaux: en un mot, on fait dans la journée
successivement cinq cuites & cinq filtrations
semblables, en se servant pour les trois dernieres
cuites, de l'eau qu'on a versée des terrines dans
la cuve.
Il s'employe environ deux heures & demie à
chaque cuite, y comprenant la filtration qui la suit
& qui se fait en peu de tems, ensorte que la cinquieme
cuite finit vers les trois heures du soir. On
laisse alors refroidir les terrines pendant deux heures;
& après en avoir versé l'eau dans la cuve, on
les trouve fort chargées de crystaux, que les ouvriers
appellent pâtes. Quand ils ont versé l'eau
des terrines dans la cuve, ils ont laissé ces pâtes
avec assez d'humidité pour pouvoir les détacher
plus commodément avec une racloire de fer; &
les ayant ainsi ramassées, ils en remplissent quatre
terrines, où ils les laissent rasseoir un quart - d'heure
pour que l'eau qui surnage s'en sépare, afin de
pouvoir la verser dans la cuve. Ces pâtes paroissent
pour - lors grasses, rousses, & pleines de crystaux
blanchâtres: on lave par trois fois avec de l'eau
de fontaine dans ces mêmes terrines ces pâtes, les
y agitant avec les mains, & les retournant plusieurs
fois les unes sur les autres, l'eau qui a servi à
la premiere de ces lotions que l'on verse après est
très - foncée, celle de la deuxieme est roussâtre, &
celle de la troisieme un peu trouble; enfin les pâtes
deviennent d'un blanc tirant sur le roux.
L'on remarquera ici, 1°. qu'après chaque filtration
qui suit la cuite, on nettoie les manches;
2°. que les eaux que l'on verse par inclination des
terrines dans la cuve après la formation des crystaux,
sont d'un roux foncé & d'un goût aigrelet;
3°. qu'après la derniere cuite l'on retire de la cuve
l'eau du dessus, dont on emplit les deux tiers de
la chaudiere pour servir avec un tiers d'eau de
fontaine à la premiere cuite qui doit se faire le lendemain
matin, comme on l'a dit au commence<pb->
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Toutes ces pâtes ayant été formées par le travail
de toute la journée, elles sont mises en réserve
dans un baquet pour être employées le lendemain,
comme nous l'allons dire.
A dix heures du matin, on remplit d'eau de fontaine
les quatre chauderons de cuivre, qui sont
placés sur une même ligne au fond de l'attelier
sur des petits murs de la hauteur de deux piés,
afin de pouvoir aisément faire du feu dessous, &
le retirer ensuite quand il le faut. Cependant on a
détrempé un peu auparavant dans une terrine avec
quatre ou cinq pots d'eau, quatre ou cinq livres
d'une terre qui se trouve à deux lieues de Montpellier auprès d'un village appellé Merviel. Cette
terre est une sorte de craie blanche (a), composée
d'une substance grasse, qui blanchit l'eau & la
rend comme du lait épais, & d'une substance sablonneuse,
dure, qui ne peut se dissoudre & qui
reste au fond de la terrine. On verse doucement
cette eau blanchie dans deux chauderons, on fait
sur le champ une nouvelle détrempe de pareille
quantité de cette terre blanche, & on l'emploie
comme la premiere pour blanchir l'eau des deux
autres chauderons, prenant garde en versant qu'il
ne tombe rien de la partie sablonneuse qui doit
rester toute entiere au fond de la terrine en petits
morceaux ».
J'ai remarqué moi - même que ces petits morceaux indissolubles méchaniquement dans l'eau, & qui restent au fond du vaisseau, étant bien lavés faisoient le plus souvent effervescence avec les acides minéraux. Ce qui démontre ce que j'ai avancé dans la note précédente.
Voici la maniere dont on retire toutes ces concrétions
salines. On creve en différens endroits la
croute de la surface, on jette par - dessus de l'eau
avec la main; & quoiqu'elle ne soit secouée qu'assez
foiblement, on la voit précipiter sur le champ.
On vuide ensuite l'eau des baquets, en faisant pancher
le chauderon, elle sort rousse & assez claire
jusque vers le fond où elle devient alors épaisse,
trouble & plus foncée. Quand on est parvenu à la
voir de cette couleur, on jette dans le chauderon
cinq ou six pots d'eau de fontaine que l'on renverse
d'abord; & en frappant les bords de ce
chauderon avec une piece de fer, on fait par cet
ébranlement séparer & tomber par morceaux le
crystal de tartre dans le fond du chauderon où il
se mêle avec la crême de tartre qui y a déja été
précipitée. On jette encore de l'eau de fontaine,
& on remue le tout ensuite avec la main, ensorte
que cette eau qui a servi à cette lotion, n'en sort
que trouble, blanchâtre, & chargée de cette terre
que l'on avoit employée; on continue ces lotions
jusqu'à ce que l'eau sorte claire. On ramasse ensuite
le crystal de tartre mêlé avec la crême; on
l'étend sur des toiles pour le faire sécher, ou au
soleil, ou à l'étuve, & on a pour - lors le crystal de
tartre très - dépuré & bien blanc.
Il faut être attentif à séparer dans les tems marqués
le crystal de tartre, parce que si on le laissoit
quelques heures de plus dans le chauderon, les
crystaux roussiroient.
Lorsqu'on fait cette séparation, l'eau est encore
un peu tiede & a un goût aigrelet; si on la laissoit
entierement refroidir, la crême de tartre ne se soutiendroit
plus sur la surface, mais se précipiteroit
d'elle - même.
L'on retire de chaque chauderon vingt - deux à
vingt - trois livres de crystal & de crême de tartre
prises ensemble; en sorte que cent cinquante li<->
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French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et
Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the
Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division
of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic
Text Services (ETS) of the University of Chicago.
(a) Cette terre n'est pas une craie; si elle l'étoit, elle feroit
union avec l'acide du tartre, avec laquelle elle a plus de
rapport qu'avec la partie grasse & colorante, & formeroit un
sel neutre, & ne convertiroit point le tartre en crême. C'est
une terre argilleuse d'un blanc sale, qui contient quelquefois
un peu de sable ou de terre calcaire, mais en si petite quantité,
que les trois acides primitifs versés sur cette glaise ne
sont point d'effervescence. J'ai cependant apperçu quelquefois
sur certains morceaux de cette terre que l'acide nitreux
donnoit quelques légeres marques d'esservescence. Ce qui
prouve seulement que cette terre étoit mélangée de quelque
peu de terre calcaire, mais le fond de la terre employée est
une argille. Dans certaines fabriques nouvellement établies &
qui sont éloignées de Merviel, on a trouvé d'autres mines de
cette argille pour s'en servir aux mêmes usages que de la terre
de Merviel, & toutes ces découvertes ont été faites par des
simples ouvriers qui ignorent la Chimie.
(b) Voici ce que j'ai observé, tant sur la crystallisation du
tartre crud, que du crystal de tartre. Le tartre, tel qu'on le
retire des tonneaux de vin, a de très - petits crystaux, dont la
plûpart sont terminés par des saces inclinées entr'elles sous un
angle droit; mais dès que ce sel est blanchi & purifié par la
terre de Merviel, sa crystallisation est assez changée, & on
n'y voit guere plus de parallellipipedes rectangles. Ce sel qui,
à cause de son peu de dissolubilité, exige une grande quantité
d'eau & même bouillante, se crystallise toujours avec précipitation
lorsque la dissolution se refroidit; aussi ne donne - t il
que de très - petits crystaux, même dans le travail en grand,
ces crystaux sont composés de grouppes, d'une grande quantité
de prismes assez irréguliers, dont les faces brillantes sont
toutes paralleles & rangées dans trois plans. On dislingue très bien
que ce ne sont ni des lames ni des aiguilles. Pour observer
la forme la plus réguliere du crystal de tartre, il faut le
faire dissoudre dans de l'eau bouillante: quand cette eau en
est bien chargée, on en verse sept ou huit gouttes sur une
glace de miroir non - étamée; dès qu'on s'appercevoit qu'après
le refroidissement il s'est formé sur la glace un nombre
suffisant de crystaux pour l'observation, on incline la glace
doucement pour faire écouler l'eau, qui autrement auroit continué
de donner des crystaux, & le grand nombre de ces
crystaux qui sont disposés à se groupper, auroit empêché
qu'ils eussent été isolés; ce qui est nécestaire pour l'observation.
On a, par ce moyen, des crystaux assez régulierement
terminés, mais fort petits, on se sert d'un microscope ou
d'une lentille d'environ une demi - ligne de foyer pour les bien
observer. Ce sont des prismes un peu applatis, dont la plus
grande face est le plus souvent exagone, quelquefois octogone,
& qui paroissent avoir six faces. Si l'eau est moins chargée
& la cryslallisation plus prompte, leur applatissement est
un peu plus considérable.