ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"319"> membres la proportion qui s'ajuste le mieux avec les fonctions auxquelles l'a destiné la providence. La bonté animale sera d'autant plus partaite, que les membres bien proportionnés conspireront d'une façon plus avantageuse à l'accomplissement des fonctions animales. Par une suite des lois que Dieu a établies, il doit s'exciter dans l'ame telles ou telles sensations à l'occasion de telles ou telles impressions qui auront été faites sur les organes de nos sens. Si donc elles ne s'y excitoient pas, il y auroit alors un défaut d'oeconomie animale. On en peut voir un exemple bien sensible dans les personnes paralytiques. Le défaut d'oeconomie animale se trouve aussi dans ceux qui ont des mouvemens convulsifs, qu'ils ne peuvent arrêter ni suspendre. On peut dire la même chose de ceux qui sont fous & stupides. Les uns ont trop d'idées, & les autres n'en ont pas assez, par un défaut de conformation dans le cerveau. Il est des personnes qui sont nées sans aucun goût pour la Musique, & d'autres pour qui les vers les mieux faits ne sont qu'un vain bruit. Ce défaut d'organes dans ces sortes de personnes est, comme l'on voit, un défaut d'oeconomie animale. On peut dire en général, que c'est là le grand défaut de ces esprits stupides & grossiers, dont la portée ne sauroit atteindre au raisonnement le plus simple. Les organes du corps, qui les voile & les enveloppe, sont si épais & si massifs, qu'il ne leur est presque pas possible de déployer leurs facultes ni de faire leurs opérations. Plus les organes sont delicats, plus les sensations qu'ils occasionnent sont vives. Il y a des animaux qui nous surpassent par la délicatesse de leurs organes: le lynx a la vûe plus perçante que nous; l'aigle fixe le soleil qui nous ébloüit; le chien a plus de sagacité que nous dans l'odorat; le toucher de l'araignée est plus subtil que le nôtre, & le sentiment de l'abeille plus exquis & plus sûr que celui que nous éprouvons: mais n'envions point aux animaux l'avantage qu'ils ont sur nous en cette partie. Si nous avions l'oeil microscopique du lynx, nous verrions le ciron: mais notre vûe ne pourroit s'etendre jusqu'aux cieux. Si le toucher étoit plus sensible & plus de licat, nous serions blessés par tous les corps enviro nans; les douleurs & les maladies s'introduiroient par chaque pore. Si nous avions l'oorat plus vif, nous serions incommodés des parties volatiles d'une rose, & leur action sur le cerveau en ébranleroit trop violemment les fibres. Avec une oreille plus fine, la nature se feroit toûjours entendre à nous avec un bruit de tonnerre, & nous nous trouverions étourdis par le plus leger souffle de vent. Croyons que les organes, dont la nature nous a doüés, sont proportionnés au rang que nous tenons dans l'univers. S'ils étoient plus grossiers ou plus délicats, nous ne nous trouverions plus si propres aux fonctions animales, qui sont une suite de notre constitution. Après qu'on a pesé toutes les choses dans la balance de la raison, on est forcé de reconnoitre la bonté & la sagesse de la providence également & dans ce qu'elle donne & dans ce qu'elle refuse, & de convenir avec Pope, en dépit de l'orgueil & de la raison qui s'égare, de cette vérité évidente, que tout ce qui est, est bien. Nous nous regardons comme dégradés, parce qu'il a plû à l'auteur de notre être de nous assujettir aux organes d'un corps: mais il pourroit se trouver, en approfondissant la matiere, que cette influence de l'union de l'ame avec le corps, s'exerce peut - être plus au profit qu'aux dépens de nos facultés intellectuelles. Voyez les articles Esprit & Résurrection, où cette question est agitée.

La bonté raisonnée, qualité propre à l'être pensant, consiste dans les rapports des moeurs avec l'ordre essentiel, éternel, immuable, regle & modele de toutes les actions réfléchies: elle est la même que la vertu. Voyez cet article.

Jusqu'ici nous h'avons considéré le bon, que par les rapports qu'il a avec notre esprit. Pris en ce sens, il rentre dans l'idée du beau, qui n'est autre chose que la perception des rapports; voyez cet article: mais il y a un autre bon, dont les rapports sont plus immédiats avec nous, parce qu'ils touchent notre coeur de plus près. La bonté qui résulte de ces rapports, est plus intimement liée avec notre être, plus proportionnée à nos intérêts: il n'y a qu'elle qui ait de l'ascendant sur notre coeur, & qui l'ouvre au sentiment. L'autre bonté nous est, pour ainsi dire, étrangere; elle ne nous touche presque pas: si elle a des charmes, ce n'est que pour notre esprit. Nous admirons les êtres en qui paroît cette premiere bonté: mais nous aimons que ceux qui participent à cette autre bonté; & l'amour que nous leur portons se mesure sur les différens degrés de cette bonté relative. Le bon, pris dans ce secord sens, se confond avec l'utile; de sorte que tous les étres qui nous sont utiles, renferment cette bonté qui intéresse le coeur, ainsi que cette autre bonté qui plaît à l'esprit, est l'apanage de tous les êtres qui sont beaux.

Le bon a donc deux branches, dont l'une est le bon qui est beau, & l'autre le bon qui est utile. Le premier ne plaît qu'à l'esprit, & le second intéresse le coeur: l'un n'obtient de nous que des sentimens d'estime & d'admiration, tandis que nous éservons pour l'autre toutenotre tendresse. Un être qui ne seroit que beau pour nous, se feroit seulement estimer & admirer de nous. Dieu, tout Dieu qu'il est, auroit beau déployer à notre esprit toutes les perfections qui le rendent infini, il ne trouveroit jamais le chemin de notre coeur, s'il ne se montroit à nous comme bienfaisant. Sa bonté pour nous est le seul attribut qui puisse nous arracher l'hommage de notre coeur. Et que nous serviroit le spectacle de sa divinité, s'il ne nous rendoit heureux?

On voit par - là combien s'abusent de pieux visionnaires, qui follement amoureux d'une perfection chimérique, s'imaginent qu'ils peuvent aimer dans Dieu autre chose que sa bonté bienfaisante. Quel désintéressement! ils veulent que leur amour pour Dieu soit si pur, si généreux, si gratuit, si indépendant de toures vûes intéressées. que même à l'égard de Dieu on se contente du plaisir de l'aimer, sans rien attendre & sans rien espérer de lui. Ce n'est pas ici le lieu de combattre ces excès impies, qui sont contraires à la loi naturelle, & qui deshonorent la Religion, sous la vaine apparence d'une perfection chimérique qui en détruit les fondemens. Voyez les articles Charité & Quiétisme, où sont refutées ces absurdités, aussi impies qu'insensées; mais qui sont les suites nécessaires d'un desintéressement absolu.

Un être peut nous être utile de deux manieres; ou par lui - même, ou par quelque chose qui soit distingué de lui. Ce qui ne nous est utile que comme moyen, nous ne l'aimons pas pour lui - même, mais seulement pour la chose à laquelle il nous fait parvenir: ainsi nous n'aimons pas les richesses pour elles - mêmes, mais bien pour les plaisirs que nous achetons à leurs dépens; j'excepte pourtant les avares, pour qui la possessien des richesses est un véritable bien: ceux - ci sont heureux par la vùe de l'or, & les autres ne le sont que par l'usage qu'ils en sont. Mais un être nous est - il utile par lui - même? c'est alors que nous l'aimons pour lui - même & que notre coeur s'v attache: ou cet être nous satisfait du côté de la conscience & de la raison, ce qui est un bien durable, solide, & qui n'est point sujet à de fâcheux revers; & alors on lui donne le nom de bien honnéte: ou bien cet être ne nous satisfait que du côté de la cupidité, & se trouve par conséquent exposé äü dégoût & à l'inquiétude; & alors on lui donne simplement le nom de bien agréable entant qu'opposé à l'honnêteté. [p. 320]

Après avoir considéré le bon dans les êtres naturels, il est naturel de l'examiner dans ceux qu'on appelle artificiels: ils ont été inventés sur le modele de la nature; d'où je conclus que leur perfection dépend plus ou moins de leur imitation de la nature. Mais de même que dans les ouvrages de la nature il y a un bon & un beau, qui ne dépendent ni du hasard ni du caprice, ainsi dans les productions des arts il y a des lois immuables qui nous guident dans nos connoissances & dans nos goûts; & on ne peut en aucune façon violer ces lois tracées avec tant d'éclat dans les ouvrages de la nature, que l'esprit & le goût n'en soient révoltés.

Il se trouve, avons - nous dit, dans les ouvrages de la nature deux sortes de bontés, l'une, qui rentre dans la même signification que la beauté, & qui pour cette raison ne flatte que l'esprit; & l'autre, qui retient le nom de bonté, & qui intéresse notre coeur. Quand un objet réunit en soi ces deux genres de bonté, c'est - à - dire qu'il étend & perfectionne nos idées d'une part, & que de l'autre il nous présente des intérèts qui nous sont chers, qui tiennent à la conservation ou à la perfection de notre être, qui nous font sentir agréablement notre propre existence, nous prononçons que cet objet est bon; & il l'est d'autant plus, qu'il possede ces avantages dans un plus haut degré. Pareillement une production de l'art, où le bon se réunissant avec le beau, renfermera toutes les qualités dont elle a besoin pour exercer & perfectionner à la fois notre esprit & notre coeur, sera d'autant plus parfaite, qu'elle attachera plus agréablement notre esprit, & qu'elle intéressera plus vivement notre coeur.

Parmi les ouvrages de la nature, il y en a qui ne sont que beaux, & qui ne plaisent qu'à l'esprit. La même chose se trouve dans les productions des arts: ainsi un théoreme de Géométrie, difficile, mais sans usage, n'est qu'un beau théoreme. Voyez Beau. Mais de même qu'il y a des ouvrages de la nature qui sont bons & beaux en même tems, parce qu'ils contiennent en soi de quoi réveiller des idées qui nous attachent & nous intéressent, il y en a aussi parmi les productions des arts qui produisent en nous le même effet, mais toûjours d'une maniere subordonnée à la nature, parce que la nature en tout surpasse l'art: in omni re procul dubio vincit imitationem veritas. Le coeur n'est touché des objets que selon le rapport qu'ils ont avec son avantage propre; c'est ce qui regle son amour ou sa haine: or le coeur a plus d'avantage à attendre des objets naturels que des objets artificiels. Ce que l'art présente au coeur n'est qu'un phantôme, qu'une apparence; & ainsi il ne peut lui apporter fien de réel. Ce qu'il y a de plus touchant pour nous, c'est l'image des passions & des actions des hommes, parce qu'elles sont comme des miroirs où nous voyons les autres, avec des rapports de différence ou de conformité. Il y auroit ici un beau problème à résoudre, savoir qui de Corneille ou de Racine a mieux peint les passions; le premier, en nous élevant au - dessus de l'homme; le second, en nous rendant à nos foiblesses naturelles. Voyez Tragédie. (X)

Bon (Page 2:320)

Bon, (en terme de Pratique.) est un terme par lequel on ratifie une promesse, une cellule; faire bon, c'est promettre de payer pour soi ou pour autrui. (H)

Bon (Page 2:320)

* Bon, (Hist. mod.) c'est le nom d'une fête que les Japonois célebrent tous les ans en l'honneur des morts; on allume ce jour - là à chaque porte grand nombre de lumieres, & chacun s'empresse de courir aux tombeaux de ceux qui leur ont autrefois appartenu, avec des mets bien choisis qui sont destinés à la nourriture des morts.

Bon (Page 2:320)

Bon, terme d'honneur dont on se sert dans le commerce pour désigner un marchand riche & solvable. Vous pouvez confier votre marchandise à M. N. je vous garantis qu'il est bon.

Bon d'aunage (Page 2:320)

Bon d'aunage. Voyez Aunage, & Bénéfice d'aunage.

BONS (Page 2:320)

BONS, adj. (Hist. anc.) nom que les anciens Romains donnoient à plusieurs de leurs dieux, pour signifier des divinités favorables: ainsi ils disoient bona dea, bona sortuna, bona spes, bono genio, boni sati.

BONA (Page 2:320)

BONA, (Géog.) ville maritime d'Afrique, dans le royaume d'Alger, & peu loin de la frontiere de Tunis. Les vestiges de l'ancien Hyppo - regius en sont peu éloignés. Lat. 37 degrés, long. 27 & demi.

BONACE (Page 2:320)

BONACE, s. f. (Marine) calme dans lequel le vent cesse, & les houles ou les lames de la mer s'applanissent. Quelquefois la bonace précede les plus grands orages, & les pilotes s'en méfient. V. Calme. (Z)

BONAIRE (Page 2:320)

BONAIRE, (Géog. mod.) île vis - à vis du continent de l'Amérique méridionale, & de la province de Caracai, au levant de l'île de Curaçao, & occupée par les Hollandois. Lat. 12. long. 309.

BONAROTE (Page 2:320)

BONAROTE, s. f. (Hist. nat. bot.) en Latin Bonarota, genre de plante à fleur monopétale irréguliere, faite en masque & tubulée; elle est divisée en deux levres, dont la supérieure est entiere, ou un peu échancrée, & l'inférieure fendue en trois ou en quatre parties. Il s'éleve du fond du calice un pistil qui est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, & qui devient dans la suite un fruit oblong, fourchu, un peu applati, composé de deux loges formées par une cloison qui s'étend depuis le fond jusqu'au milieu. Ce fruit s'ouvre jusqu'au centre en quatre parties torses; il est rempli de semences qui ressemblent à des grains de froment, & qui sont attachées à un placenta. Voyez Micheli, Nova plantarum genera. Voyez Plante. (I)

BONASIENS (Page 2:320)

BONASIENS, s. m. pl. (Hist. ecclés.) hérétiques qui parurent dans le iv. siecle, & qui soûtenoient que Jesus - Christ n'étoit fils de Dieu que par adoption. Baronius. Voyez Adoptns . (G)

BONASUS (Page 2:320)

* BONASUS, (Hist. nat. Zoolog.) animal de la figure d'un boeuf, dont il ne differe que parce qu'il est plus grand & plus fort; d'ailleurs il a des crins pendans au cou comme le cheval, & d'autres qui lui tombent du sommet de la tête jusque sur les yeux: ses cornes vont en se recourbant, & renferment ses oreilles dans un arc à peu près circulaire. La convolution de ses cornes les lui rend inutiles pour le combat. On dit que sa chair est douce, & bonne à manger. Il semble différent de ce qu'on appelle la vache des Indes. Bonasus n'est pas le seul nom qu'il ait dans les auteurs; Aristote l'appelle monapos; AElien, monopse; & les Grecs, tantôt bolinthos, tantôt bonasos ou bonassos. On trouve la raison qui le faisoit appeller bolinthos, dans ce que les anciens Naturalistes rapportent de la maniere dont cet animal se défend quand il est chassé: ne pouvant écarter les chiens avec ses cornes recourbées, qui ne les blesseroient point, il lâche contr'eux ses excrémens, & es en couvre à la distance de quatre orgyes ou vingt - quatre piés. Ces excrémens sont une espece de caustique, assez corrosif pour enlever tout d'un coup le poil de l'endroit où ils tombent sur le corps des chiens. Le bonasus habitoit autrefois une montagne qui couvroit la Paeonie, & qui la séparoit d'un pays voisin appellé Moedica, qui Poeoniam moedicamque regionem terminat.

BONAVOGLIO (Page 2:320)

* BONAVOGLIO, (Hist. mod.) on désigne par ce nom en Italie, ceux qui pour de l'argent & à certaines conditions s'engagent à servir sur les galeres, & qu'il faut distinguer des esclaves & des forçats qui sont condamnés à ramer.

BONBANC (Page 2:320)

* BONBANC, s. m. (Architecture.) c'est une espece de pierre fort blanche qui se tire des carrieres qui sont aux environs de la ville de Paris. Le bonbanc

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