ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"321"> sè moline, & ne résiste pas beaucoup; il ne laisse pas néanmoins de durer assez long - tems, lorsqu'il n'est pas exposé aux injures de l'air ni à l'humidité. Il a depuis quinze pouces jusqu'à vingt - quatre de hauteur; on s'en sert aux façades intérieures des bâtimens, & pour faire des rampes & des appuis; on en tire aussi des colonnes: celui qui a un lit coquilleux & des molieres, est le meilleur.

BON - CHRÉTIEN (Page 2:321)

* BON - CHRÉTIEN, s. m. (Jardinage.) espece de poire fort grosse & fort vantée pour la bonté de son goût. Il y en a de plusieurs especes; les principales sont le bon - chrétien d'été, & le bon chrétien d'hyver: celui d'été est beurré, long, pyramidal & assez gros; ce - fruit porte jusqu'à quatre pouces de diametre par son milieu sur cinq à six de hauteur; sa couleur naturelle est jaune: il demeure sur l'arbre depuis le mois de Mai jusqu'à la fin d'Octobre, & se conserve quatre à cinq mois dans la serre. Celui d'hyver a la même forme que celui d'été: sa chair est cassante, sa saveur agréable, & son cau douce & sucrée. Son défaut est d'être un peu coriasse & pierreux. Les curieux distinguent plusieurs sortes de bonchrétiens, tant d'hyver que d'été: mais toutes ces distinctions sont de fantaisie.

La Quintinie fait encore mention du bon - chrétien d'été musqué, & du bon chrétien d'Espagne: le premier de ces fruits est une poire de la grosseur d'u<-> e belle bergamotte, blanche d'un côté, rouge de l'autre, d'une chair entre le tendre & le cassant, & pleine d'eau & de parfum. Le second a tout - à - fait la forme du bon - chrétien d'hyver: mais il est rouge d'un côté, & piqueté de points noirs, d'un blanc jaunâtre de l'autre; sa chair est très - cass. nte, son cau douce, sucrée, & assez agréable, quand il est mûr; ce qui arrive assez communément depuis la mi - Novembre jusqu'à la mi - Décembre, & quelquefois en Janvier.

Au reste on ne peut guere avoir aucun de ces bonchrétiens d'une certaine beauté, qu'on n'en mette les arbres en espalier; on n'en obtient autrement que dans des jardins d'une exposition très - favorable.

BOND (Page 2:321)

BOND, s. m. se dit en général de l'action d'un corps en mouvement qui rejaillit à la rencontre de la terre, cu d'un autre corps sur lequel il tombe.

Bond (Page 2:321)

Bond, terme de Paumier, c'est l'action d'une balle qui apres avoir frappé par terre rejaillit & se releve. Une balle prise au premier bond est aussi bonne que celle qu'on renvoye de volée: mais le second bond ne vaut rien.

Bond faux. Le faux bond est celui qui ne se faisant point selon la regle ordinaire de l'incidence des corps mûs en ligne droite, trompe le joüeur, & lui fait manquer la balle. Voyez Reflexion.

Bond (Page 2:321)

Bond, (Manege.) est un saut que le cheval fait en s'élevant subitement en l'air, & retombant à sa même place. Aller par sauts & par bonds. Voyez Aller. )V)

BONDE (Page 2:321)

BONDE, s. f. est une longue piece de charpente équarrie par un bout, & faite en forme de cone tronqué, que l'on pose dans un trou de la rigole pratiquée à l'endroit le plus creux d'un étang, pour le pouvoir vuider à fond quand on le veut pêcher. Cette bonde est soûtenue par un chassis de charpente avec un chapeau. (K)

Bonde (Page 2:321)

* Bonde, (Hist. nat.) arbre d'une grandeur & grosseur prodigieuse qui se trouve au royaume de Quoya; il a plus de six ou sept brasses d'épaisseur; son écorce est toute hérissée d'épines; son bois est huileux: on en fait plusieurs ustenciles de ménage, aussi bien que des canots: ses cendres lessivées sont propres à faire de fort bon savon, en les mêlant avec de la vieille huile de dattes.

BONDEN (Page 2:321)

BONDEN, (Hist. mod.) c'est un écueil fameux qui se trouve dans le golfe de Bothnie, qui se présente de loin comme un grand château bien bâti, & qui de près n'est qu'un assemblage de rochers.

BONDENO (Page 2:321)

BONDENO, (Géog.) bourg du Ferrarois dans l'état du saint Siége, sur le Panaro, près de son embouchure dans le Pô.

BONDON (Page 2:321)

BONDON, terme de Tonnelier, est une cheville de bois grosse & courte dont on bouche le trou qu'on laisse au - dessus des tonneaux, pour pouvoir les remplir & leur donner de l'air quand on le veut.

Bondon se prend aussi quelquefois pour le trou qu'on ferme avec la cheville appellée bondon.

BONDONNER (Page 2:321)

BONDONNER un tonneau, façon de parler qui signifie quelquefois y percer avec la bondonniere un trou pour mettre le bondon, & quelquefois boucher ce trou avec la cheville appellée bondon.

BONDONNIERE (Page 2:321)

BONDONNIERE, instrument de Tonnelier fait en forme de tarriere de figure conique, & dont le bout qui se termine en pointe est amorcé & tourné en vis: les Tonneliers s'en servent pour percer dans une des douves des futailles le trou où se met le bondon. V. Tonnelier.

La bondonniere est emmanchée dans le milieu, d'un cylindre de bois long d'un pié, rond, de deux pouces ou environ de diametre par le milieu, & plus petit par les extrémités. Voyez les Pl. du Tonnelier, & celles du Taillandier. Ce sont les Taillandiers qui font les bondonnieres.

BONDORFF (Page 2:321)

BONDORFF, (Géog.) bourg de la Souabe dans la foiêt Noire.

BONDRÉE (Page 2:321)

* BONDRÉE, (Hist. nat.) oiseau de rapine qui a le bec court, la tête plate & grosse, le cou fort court, garni de beaucoup de plumes. Il est en - dessus d'une couleur brune & obscure: mais il a le ventre blanc, marqueté de plusieurs taches brunes, oblongues; il a la queue large. Aldrovandus lui donne trois testicules; c'est ce qui l'a fait appeller en Latin buteo triorchis, ce qui est dérivé du mot Grec TRIO/RXHS2. Voyez Buse.

BONDUC (Page 2:321)

BONDUC, s. m. (Hist. nat. bot.) genre de plante dont la fleur est polypétale ou monopétale, profondément découpée en plusieurs parties, mais cependant d'une figure approchante de celle des fleurs irrégulieres. Il s'éleve du fond du calice un pistil qui devient dans la suite un fruit en silique pointu, le plus souvent hérissé de pointes: ce fruit renferme une ou deux semences rondes, dures, & lisses. Plumier, nova plant. Amer. gener. Voy. Plante. (I)

La plante nommée Bonduc est d'usage en Medecine. Ses baies sont rondes & de couleur cendrée, blanches en - dedans, ameres & insipides.

On s'en sert dans les hernies; elles dissipent les vents, soulagent dans la colique, fortifient l'estomac, provoquent les regles & chassent la pierre. Dale. (N)

BONELLES (Page 2:321)

BONELLES, (Géog.) petite ville de l'île de France à neuf lieues de Paris.

BON - HENRI (Page 2:321)

BON - HENRI, Bonus Henricus, s. m. (Hist. nat. bot.) plante qui doit se rapporter au genre appellé patte - d'oie. Voyez Patte - d'oie.

* Le bonus - henricus, ou la tota - bona, a la racine épaisse, jaunâtre, garnie de quelques fibres, acre, & amere; les tiges nombreuses, cannelées, creuses, en partie droites, en partie couchées sur la terre, légerement velues, longues d'un pié ou d'une coudée; les feuilles triangulaires, comme celles de l'arroche ou du pié - de - veau, & quelquefois assez semblables, lisses en - dessus, couvertes d'une fine farine en - dessous, portées sur de longues queues, & posées alternativement sur des tiges, d'une saveur un peu nitreuse: les fleurs au sommet des tiges, ramassées en épi, petites, sans pétales, composées de plusieurs étamines jaunes qui s'élevent d'un calice découpé en plusieurs parties; le pistil dégénérant en une petite graine arrondie, applatie, approchant de la forme de rein, noire dans sa maturité, renfer<pb-> [p. 322] mée dans une capsule qui a la figure d'une étoile, & qui étoit le calice de la fleur.

La plante entiere est d'usage: on la trouve dans les lieux incultes & les masures, le long des chemins, des vieilles murailles & des haies des champs, ou même on la cultive dans les potagers.

La plante entier, graine & racine, distillée à la cornue, donne une liqueur limpide, d'une couleur & d'une saveur d'herbe; une autre liqueur limpide, de la même odeur & saveur, mais plus manifeste & fort acide; une liqueur roussâtre, empyreumatique, fort acide, un peu salée & un peu austere; une liqueur rousse, empyreumatique, imprégnée de beaucoup de sel volatil urineux, une huile épaisse comme du sirop.

La masse noire de la cornue calcinée, a donné des cendres dont on a tiré par lixiviation un sel fixe purement alkali.

Ainsi cette plante contient un sel essentiel, nitreux, ammoniacal, mêlé de beaucoup d'huile, & délayé dans beaucoup de phlegme; d'où il résulte que c'est un composé visqueux, & un peu mucilagineux.

Cette plante relâche le ventre, & est émolliente; sa feuille pelée & hachée réunit les plaies récentes, déterge les ulceres sordides & vieux, & tue les vers qui y surviennent. Elle est encore digestive, résolutive, & calmante. Le cataplasme de la plante entiere soulage dans la goutte.

BONHEUR (Page 2:322)

BONHEUR, s. m. (Morale.) se prend ici pour un état, une situation telle qu'on en desireroit la durée sans changement; & en cela le bonheur est différent du plaisir, qui n'est qu'un sentiment agréable, mais court & passager, & qui ne peut jamais être un état. La douleur auroit bien plûtôt le privilége d'en pouvoir être un.

Tous les hommes se réunissent dans le desir d'être heureux. La nature nous a fait à tous une loi de notre propre bonheur. Tout ce qui n'est point bonheur nous est étranger: lui seul a un pouvoir marqué sur notre coeur; nous y sommes tous entraînés par une pente rapide, par un charme puissant, par un attrait vainqueur; c'est une impression ineffaçable de la nature qui l'a gravé dans nos coeurs, il en est le charme & la perfection.

Les hommes se réunissent encore sur la nature du bonheur. Ils conviennent tous qu'il est le même que le plaisir, ou du moins qu'il doit au plaisir ce qu'il a de plus piquant & de plus délicieux. Un bonheur que le plaisir n'anime point par intervalles, & sur lequel il ne verse pas ses faveurs, est moins un vrai bonheur qu'un état & une situation tranquille: c'est un triste bonheur que celui - là. Si l'on nous laisse dans une indolence paresseuse, où notre activité n'ait rien à saisir, nous ne pouvons être heureux. Pour remplir nos desirs, il faut nous tirer de cet assoupissement où nous languissons; il faut faire couler la joie jusqu'au plus intime de notre coeur, l'animer par des sentimens agréables, l'agiter par de douces secousses, lui imprimer des mouvemens délicieux, l'enivrer des transports d'une volupté pure, que rien ne puisse altérer. Mais la condition humaine ne comporte point un tel état: tous les momens de notre vie ne peuvent être file par les plaisirs. L'état le plus délicieux a beaucoup d'intervalles languissans. Après que la premiere vivacité du sentiment s'est éteinte, le mieux qui puisse lui arriver, c'est de devenir un état tranquille. Notre bonheur le plus parfait dans cette vie, n'est donc, comme nous l'avons dit au commencement de cèt article, qu'un état tranquille, semé çà & là de quelques plaisirs qui en égayent le fond.

Ainsi la diversité des sentimens des philosophes sur le bonheur, regarde non sa nature, mais sa cause efficiente. Leur opinion se réduit à celle d'Epicure, qui faisoit consister essentiellement la félicité dans le plai<cb-> sir. Voyez cet article. La possession des biens est le fondement de notre bonheur, mais ce n'est pas le bonheur même; car que seroit - ce si les ayant en notre puissance, nous n'en avions pas le sentiment? Ce fou d'Athenes qui croyoit que tous les vaisseaux qui arrivoient au Pirée lui appartenoient, goûtoit le bonheur des richesses sans les posséder; & peut - être que ceux à qui ces vaisseaux appartenoient véritablement, les possédoient sans en avoir de plaisir. Ainsi, lorsqu'Aristote fait consister la félicité dans la connoissance & dans l'amour du souverain bien, il a apparemment entendu définir le bonheur par ses fondemens: autrement il se seroit grossierement trompé; puisque, si vous sépariez le plaisir de cette connoissance & de cet amour, vous verriez qu'il vous faut encore quelque chose pour re heureux. Les Stoïciens, qui ont enseigné que le bonheur consistoit dans la possession de la sagesse, n'ont pas été si insensés que de s'imaginer qu'il fallût séparer de l'idée du bonheur la satisfaction intérieure que cette sagesse leur inspiroit. Leur joie venoit de l'ivresse de leur ame, qui s'applaudissoit d'une fermeté qu'elle n'avoit point. Tous les hommes en général conviennent nécessairement de ce principe; & je ne sai pourquoi il a plu à quelques auteurs de les mettre en opposition les uns avec les autres, tandis qu'il est constant qu'il n'y a jamais eu parmi eux une plus grande uniformité de sentimens que sur cet article. L'avare ne se repaît que de l'espérance de joüir de ses richesses, c'est - à - dire, de sentir le plaisir qu'il trouve à les posséder. Il est vrai qu'il n'en use point: mais c'est que son plaisir est de les conserver. Il se réduit au sentiment de leur possession, il se trouve heureux de cette façon; & puisqu'il l'est, pourquoi lui contester son bonheur? chacun n'a t - il pas droit d'être heureux, selon que son caprice en décidera? L'ambitieux ne cherche les dignités que par le plaisir de se voir élevé au - dessus des autres. Le vindicatif ne se vengeroit point, s'il n'espéroit de trouver sa satisfaction dans la vengeance.

Il ne faut point opposer à cette maxime qui est certaine, la morale & la religion de J. C. notre Législateur & en même tems notre Dieu, lequel n'est point venu pour anéantir la nature, mais pour la perfectionner. Il ne nous fait point renoncer à l'amour du plaisir, & ne condamne point la vertu à être malheureuse ici - bas. Sa loi est pleine de charmes & d'attraits; elle est toute comprise dans l'amour de Dieu & du prochain. La source des plaisirs légitimes ne coule pas moins pour le Chrétien que pour l'homme profane: mais dans l'ordre de la grace il est infiniment plus heureux par ce qu'il espere, que par ce qu'il possede. Le bonheur qu'il goute ici - bas devient pour lui le germe d'un bonheur éternel. Ses plaisirs sont ceux de la modération, de la bienfaisance, de la tempérance, de la conscience; plaisirs purs, nobles, spirituels, & fort supérieurs aux plaisis des sens. Voyez Plaisir.

Un homme qui prétendroit tellement subtiliser la vertu qu'il ne lui laissât aucun sentiment de joie & de plaisir, ne feroit assùrément que rebuter notre coeur. Telle est sa nature qu'il ne s'ouvre qu'au plaisir; lui seul en sait manier tous les replis & en faire joüer les ressorts les plus secrets. Une vertu que n'accompagneroit pas le plaisir, pourroit bien avon notre estime, mais non notre attachement. J'avoue qu'un même plaisir n'en est pas un pour tous: les uns sont pour le plaisir grossier, & les autres pour le plaisir délicat; les uns pour le plaisir vif, & les autres pour le plaisir durable; les uns pour le plaisir des sens, & les autres pour le plaisir de l'esprit; les uns enfin pour le plaisir du sentiment, & les autres pour le plaisir de la réflexion: mais tous sans exception sont pour le plaisir. Consultez cet article.

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