ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"317"> Or suivant ce qui est rapporté dans le Traité des armes & machines en usage à la guerre depuis l'invention de la poudre, M. Belidor a trouvé que trois livres de poudre étoit tout ce qu'il falloit pour faire crever les bombes de 12 pouces, & 1 livre pour celle de 8; ce qui doit faire présumer que 8 ou 10 livres suffiroient pour charger les bombes de 18 pouces, au lieu des 48 liv. dont on les charge ordinairement.

La fig. 7. de la Pl. VII. de l'art milit. fait connoître comment l'on coule une bombe de 11 pouces 8 lignes, & ainsi des autres.

E, noyau de terre.

F, place qu'occupe le métal, formant l'épaisseur de la bombe, & d'où l'on a tiré la terre douce qui etoit entre le noyau & la chappe.

Il faut observer que la terre se tire aisément, parce que la chappe est de deux pieces.

G chappe qui est de terre sort dure & recuite.

H est la lance qui passe au - travers du noyau, & qui le suspend en l'air pour laisser couler le métal entre le noyau & la chappe.

I, I, ouvertures où sont placées les anses, & par lesquelles on coule la bombe.

Pour qu'une bombe soit bien conditionnée, il faut qu'elle soit de bonne fonte, & d'une matiere douce & liante, pour éviter les souflures, les chambres & les évents, en sorte qu'elle soit à toute sorte d'épreuve. Elle doit être bien nette en - dedans, & il faut que le morceau de fer qui tient toûjours au culot apres la fonte, & que l'on appelle lance, soit rompu.

La bombe doit être encore bien coupee, bien ébarbée par le dehors, & bien ronde; avoir sa lumiere bien saine & les anses entieres, afin de la placer plus aisément dans le mortier.

Mniere de charger les bombes. Pour charger les bombes, il faut les emplir de poudre avec un entonnoir, y mettre ensuite la fusée C D, fig. 6. Pl. VII. de l'art milit. qu'on frappe ou enfonce dans la lumiere de la bombe avec un maillet de bois, & jamais de fer, crainte d'accident. A l'égard de la maniere de l'exécuter avec le mortier, voyez Mortier & Batterie de Mortiers . (Q)

La theorie du jet des bombes est l'objet principal de la Balistique. Voy. Balistique. On trouvera cette théorie expliquée à l'article Projectile.

Bombé (Page 2:317)

Bombé, adj. (Coupe des pierres.) se dit d'un are peu élevé au - dessus de sa corde, ou d'un petit are d'un très - grand cercle.

Lorsqu'au lieu de s'élever au - dessus, l'are s'abaisse au - dessous de sa corde, on l'appelle bombé en contrebas, comme il arrive aux plates - bandes mal faites. (D)

BOMBEMENT (Page 2:317)

BOMBEMENT, s. m. en Architecture, se dit pour cavité, convexité & renflement. V. Bombé. (P)

BOMBER (Page 2:317)

BOMBER, v. act. & n. en Architecture, c'est faire un trait plus ou moins renflé. (P)

Bomber (Page 2:317)

Bomber, en terme de Bijoutier, c'est proprement emboutir ou creuser les fonds d'un bijou, tel qu'une tabatiere, plus ou moins. Pour cet effet l'on a une plaque de fer de la forme que l'on veut donner à son fond; dans cette plaque on met un mandrin de plomb, le fond dessus, & le frappe - plaque sur l'or, puis on frappe sur ce frappe - plaque avec une masse, jusqu'à ce que le fond soit bombé. Voyez Frappe - plaque.

BOMERIE (Page 2:317)

BOMERIE, s. f. terme de commerce de mer, c'est une espece de contrat, ou de prêt à la grosse aventure, assigné sur la quille du vaisseau, différent de l'assûrance, en ce qu'il n'est rien dû en vertu de ce contrat, en cas de naufrage, mais seulement quand le navire arrive à bon port. On a donné ce nom à l'intérêt des sommes prêtées entre marchands sur la quille du vaisseau, ou sur les marchandises qui y sont chargées, moyennant quoi le prêteur se soûmet aux risques de la mer & de la guerre; & comme la quille d'un vaisseau s'appelle bodem en Hollandois, on a nommé ce prêt bodemerie ou bodmerie, dont nous avons fait celui de bomerie.

BOMBON (Page 2:317)

BOMBON, (Géog.) province de l'Amérique méridionale, dans le Pérou, de l'audience de Lima, où la riviere des Amazones prend sa source. (Z)

BOMMEL (Page 2:317)

BOMMEL, (Géog.) ville fortifiée de la Gueldre Hollandoise, dans une ile formée par le Waal, qu'on appelle Bommeler Weert.

BOMMEN (Page 2:317)

BOMMEN, (Géog.) petite ville des Provinces - Unies, dans l'île de Schouwen.

BOMONIQUES (Page 2:317)

BOMONIQUES, adj. (Hist. anc.) nom que les Lacédemoniens donnoient aux jeunes gens de leur nation, qui faisoient gloire à l'envi, de souffrir constamment les coups de foüet qu'on leur donnoit dans les sacrifices de Diane. Ils se défioient les uns les autres à qui supporteroit plus long - tems cette espece de supplice: quelques - uns le soûtenoient une journée toute entiere, & l'on en voyoit souvent expirer avec joie sous les verges; leurs meres présentes à cette cérémonie, les encourageoient par des exhortations & par des chants d'allegresse. On prétend que par - là les Lacédemoniens avoient en vûe de rendre la jeunesse de bonne heure insensible aux douleurs, & de l'endurcir aux fatigues de la guerre. Les étymologistes tirent ce nom de BW=MOS2, autel, & de NIXH, victoire; comme si l'on disoit victorieux à l'autel, parce que cette flagellation se faisoit devant l'autel de Diane. (G)

BON (Page 2:317)

BON, adj. (Métaph.) S'il est difficile de fixer l'origine du beau, il ne l'est pas moins de rechercher celle du bon. Il se fait aimer, ainsi que le beau se fait admirer, dans les ouvrages de la nature & dans les productions des arts. Mais quelle est son origine, & quelle est sa nature? en a - t - on une notion précise, une véritable idée, une exacte définition? Ce qui embarrasse le plus, ce sont les diverses acceptions qu'il reçoit, selon les diverses circonstances où on l'applique. Il signifie tantôt une bonté d'être, tantôt une bonté animale, tantôt une bonté raisonnée propre à l'être pensant. Essayons de developper ces divers sens.

La bonté d'être consiste dans une certaine convenance d'attributs qui constitue une chose ce qu'elle est. Tous les êtres en ce sens sont nécessairement bons, parce qu'ils ont ce qui les constitue tels qu'ils sont; & il est même impossible qu'ils ne l'ayent pas. J'ajoûte que tous les êtres sont également bons de ce genre de bonté. Mais outre les rapports intérieurs, qui constituent leur bonté absolue, ils en ont encore d'extérieurs, d'où résulte leur bonté relative. La bonté relative consiste dans l'ordre, l'arrangement, les rapports, les proportions, & la symmétrie que les êtres ont les uns avec les autres. Ici commence cette variété infinie de bonté qui différencie si fort tous les êtres. Ils ne sont pas tous également nobles & parfaits: un corps organisé est sans doute préférable à une masse brute & grossiere. Par la même raison, un corps organisé & en même tems animé, l'emportera sur un corps organisé qui ne l'est pas; & parmi les êtres animés, qui doute qu'il n'y en ait de plus parfaits les uns que les autres? On diroit que la nature a ménagé, pour la perfection de cet univers, une espece de gradation qui nous fait monter à des êtres toûjours plus parfaits, à mesure qu'on s'avance dans la sphere qui les comprend tous. Ces nuances, il est vrai, ces passages imperceptibles n'ont plus lieu, quand il est question de passer du monde matériel au monde spirituel. De l'un à l'autre le trajet est immense: mais quand nous sommes une fois parvenus au monde spirituel, qui pourroit exprimer la distance qui sépare l'ame des bêtes, des sublimes intelligences celestes? Les nuances qui distinguent les différentes especes d'esprits sont imperceptibles, & [p. 318] cependant très - réelles. Rien n'est plus mince que la barriere qui sépare l'instinct d'avec la raison, & cependant ils ne se confondent jamais. Voyez l'article Esprit, où nous avons eu soin d'en caractériser les différentes especes, & d'assigner, autant qu'il est possible, les limites qui séparent les unes des autres.

Tous les êtres qui entrent dans la composition de ce grand tout qu'on appelle l'univers, ne sont donc pas egalement bons, il est même nécessaire qu'ils ne le soient pas. C'est de l'imperfection plus ou moins grande des differens êtres, que résulte la perfection de cet univers. On conçoit qu'il seroit beaucoup moins parfait, s'il ne comprenoit dans sa totalité que des êtres de la même espece, ces êtres fussent - ils les plus nobles de tous ceux qui le composent. La trop grande uniformité déplait à la longue; du moins elle ne tient pas lieu de la variété, qui compense ce qui manque aux êtres finis. Croit - on qu'un monde, qui ne seroit formé que de purs esprits, fût plus parfait qu'il ne l'est aujourd'hui? qui ne voit que le monde matériel laisseroit par son absence un grand vuide dans cet univers? On pourroit étendre cette reflexion jusqu'au mêlange de vertus & de vices, dont nous sommes ici bas le spectacle & les spectateurs tout à la fois. Un monde d'où ser oient bannis tous les vices, ne seroit certainement pas si parfait qu'un monde qui les admet. La vertu prise en elle - même, est sans doute préférable au vice, de même que l'esprit est par sa nature plusnoble que le corps: mais quand on considere les choses par rapport au grand tout, dont ils sont partie, on s'apperçoit aisement que pour une plus grande perfection, il étoit nécessaire qu'il y eût des imperfections dans le monde physique & dans le monde moral.

Si mala susiulerat, non erat ille bonus.
Voyez l'article Manichéisme, où ce raisonnement est développé dans toute sa force.

Rien n'est sans doute plus admirable que tous ces rapports, que la main du Créateur a ménagés entre les différens êtres. Ils sont plus ou moins immédiats, suivant le plus ou moins de variété de ces êtres. Il en est d'eux comme des verités, qui tiennent toutes les unes aux autres, moyennant les vérités intermédiaires qui servent à les réunir. La bonté de cet univers consiste dans la gradation des différens êtres qui le composent. Ils ne sont séparés que par des nuances, comme nous l'avons déjà remarqué; il ne se trouve aucun vuide dans le passage du regne minéral au regne végétal, ni dans le passage de celui - ci au regne animal; autrement, pour me servir de la pensée de l'illustre Pope, il y auroit un vuide dans la création, où, un degré etant ôté, la grande échelle seroit détruite. Qu'un chaînon soit rompu, la chaine de la nature l'est, & l'est également, soit au dixieme, soit au dix - millieme chaînon. C'est alors qu'on verroit, pour continuer la pensée du poete Anglois, la terre perdre son équilibre & s'écarter de son orbite, les planetes & le soleil courir sans regle au - travers des cieux, un être s'abysmer sur un autre être, un monde sur un autre monde, toute la masse des cieux s'ébranler jusques dans son centre, la nature frémir jusqu'au throne de Dieu, en un mot tout l'ordre de cet univers se détruire & se confondre.

Il faudroit être stupide & insensible, pour ne pas appercevoir la dépendance & la subordination de tous les êtres qui entrent dans la composition de ce tout admirable: mais il faudroit être encore pis que tout cela pour l'attribuer à un hazard aveugle. Voyez Hasard & Épicuréisme. L'esprit ne peut être frappé sans admiration de cette multiplicité de rapports, de ces combinaisons infinies, de cet ordre, de cet arrangement qui lie toutes les parties de l'univers; & l'on peut dire que plus il saisira de rap<cb-> ports, plus la bonté des êtres se manifestera à lui d'une maniere sensible & frappante. Dieu seul connoît toute la bonté qu'il a mise dans ses ouvrages, parce qu'il est lui seul capable de connoître partaitement la justesse qui brille dans ses ouvrages, le rapport mutuel qui se trouve entr'eux, l'harmonie qui fait d'eux un tout régulier & sagement ordonné, en un met l'ordre établi pour les conserver. La chaine qui attire & réunit toutes les parties est entre les mains de Dieu, & non entre celles de l'homme. Petites parties de ce tout, comment pourrions - nous le comprendre? « Tout ce que nous voyons du monde, dit dans son style énergique le sublime Paschal, n'est qu'un trait imperceptible dans l'ample sein de la nature: nulle idée n'approche de l'étendue de ses espaces: nous avons beau enfler nos conceptions, nous n'enfantons que des atomes au prix de la réalité des choses: c'est un cercle infini, dont le centre est par - tout, la circonférence nulle part: enfin, c'est un des plus grands caracteres sensibles de la toute - puissance de Dieu, que notre imagination se perde dans cette pensée. . . . . L'intelligence de l'homme tient, dans l'ordre des choses intelligibles, le même rang que son corps dans l'étendue de la nature: & tout ce qu'elle peut faire, est d'appercevoir quelqu'apparence du milieu des choses, dans un desespoir éternel d'en connoître ni le principe ni la fin. Toutes choses sont sorties du néant, & portées jusqu'à l'infini: qui peut suivre ces étonnantes démarches? l'auteur de ces merveilles les comprend, nul autre ne le peut faire ». Pensées de Pasch. ch. xxij.

Nous sommes forcés de joindre le témoignage de notre raison, au témoignage aveugle des créatures inanimées & matérielles, dont la beauté, la disposition & l'économie annoncent si hautement la grandeur de celui qui les a faites. Un spectacle digne de Dieu, peut bien être digne de nous. Moyse rapporte que lorsque Dieu eut achévé l'ouvrage des six jours, il considera tous les êtres d'une seule vûe, & que les ayant comparés entr'eux & avec le modele eternel dont ils étoient l'expression, il en trouva la beauté & la perfection excellente. L'univers parut à ses yeux comme un tableau qu'il venoit de finir, & auquel il avoit donné la derniere main. Il trouva que chaque partie avoit son usage, chaque trait sa grace & sa beauté: que chaque figure étoit bien située & faisoit un bel effet: que chaque couleur étoit appliquee à propos, mais sur - tout que l'ensemble en étoit merveilleux: que les ombres mêmes donnoient du relief au reste: que le lointain en s'attendrissant faisoit paroître ce qui étoit plus proche avec une force nouvelle; & que les objets les plus remarquables, recevoient une nouvelle beauté par le lointain, dont ils n'étoient séparés que par une diminution imperceptible de teintes & de couleurs. Qui considéreroit ce tableau de plus près, pourroit appercevoir dans le plan de la création celui de la rédemption. Si quelques défauts nous frappent dans cerimmense tableau, souvenons-nous que ce sont des ombres que la main de l'éternel y a jettées exprès pour en faire sortir les figures; que leur ordre & leur situation contribuent à lui donner une beauté qu'il n'auroit pas; & que prendre occasion de ces defauts pour critiquer l'univers & son auteur, ce seroit ressembler à un ciron, dont les yeux seroient fixés sur les ombres d'un tableau, & qui prononceroit que ce tableau est défectueux, qu'il n'y reconnoît aucune ordonnance, ni le vrai ton des couleurs.

La bonté animale est une économie dans les passions, que toute créature sensible & bien constituée reçoit de la nature. C'est en ce sens qu'on dit d'un chien de chasse, qu'il est bon, lorsqu'il n'est ni lâche ni opiniâtre: c'est aussi en ce sens qu'on dit d'un homme, qu'il est bien constitué, lorsqu'il regne dans ses

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