RECHERCHE | Accueil | Mises en garde | Documentation | ATILF | ARTFL | Courriel |
"292">
On a remarqué que ceux qui mangent lentement, & qui ont été élevés sur les montagnes, sont de meilleur service. Si on les prend au loin, ils seront sujets à tomber malades; & l'on ne les accoûtumera au climat qu'en les ménageant beaucoup la premiere année, surtout dans les chaleurs, & qu'en leur donnant de bon foin. On recommande au laboureur de ne point prêter ses boeufs, & de ne les point excéder de travail.
Maniere de dompter les boeufs. Pour les accoûtumer au joug, il faut d'abord les caresser de la main qu'on leur passe sur tout le corps, leur donner un peu de sel dans du vin, & les apprivoiser; puis on leur lie les cornes; quelques jours après leur mettre le joug; une autre fois leur faire traîner des roues; & finir par la charrue.
On les accouple dans le commencement avec un boeuf tout formé; on ne les aiguillonne point: si malgré les ménagemens dont on use on les trouve fougueux, on les attele entre deux boeufs faits & vigoureux; ce travail les soûmet en moins de trois ou quatre jours.
On les dispose encore au joug en les accouplant à la mangeoire entre des boeufs formés, & les menant ainsi accouplés aux champs; leur montrant d'autres boeufs au travail, & les faisant au bruit en les conduisant dans des endroits où il y a beaucoup de monde.
Il ne faut pas laisser passer trois ans sans les dompter: quand ils sont accoûtumés au joug, on y joint le timon, dont on laisse traîner la chaîne afin que le son ne les épouvante pas: au bout de trois ou quatre jours on attache une piece de bois à la chaîne, & on les attele devant deux boeufs formés; on leur allége la peine par les caresses, le peu de travail, & la bonne nourriture; on ne leur laisse pas manquer de litiere; on a soin au retour de l'exercice de les frotter & de les couvrir; on les fortifie quand ils ont trop chaud, par de l'avoine ou du son.
Quand on accouple un boeuf, il faut lui donner son égal en force & en taille, sans quoi le plus fort portera toute la fatigue, & périra en peu de tems.
Défauts des boeufs. Le boeuf est sujet à des défauts; il faut s'appliquer à les connoître & à les corriger: les jeûnes & les caresses valent mieux que les coups & l'aiguillon; cependant s'il est rétif, on lui battra les fesses avec un bâton tiré chaud hors du feu; s'il est ombrageux, on lui fera souvent - du bruit, & l'on continuera jusqu'à ce qu'il ne s'épouvante plus; s'il est violent, ce qui ne vient guere que de repos & d'embonpoint, on le liera par les quatre jambes, on le terrassera, & on lui épargnera la nourriture; si on l'aime mieux, on le fatiguera de travail & de coups d'aiguillon. Les anciens mettoient du foin à la corne des boeufs qui l'avoient dangereuse. S'il est paresseux, il faut user de l'aiguillon.
Nourriture du boeuf. Le boeuf ne mange jamais trop; quand il a pris son repas, il se couche & rumine. On le nourrit en hyver de paille & de foin; quand il travail il lui faut de bon foin: son repas dure ordinairement une heure. Avant que de l'atteler, il faut
La vesce verte ou seche lui est bonne, ainsi que le sainfoin, la luserne, la paille d'orge, &c. celle d'épautre ne lui convient guere qu'en litiere.
Il y en a qui nourrissent le boeuf avec le lupin trempé dans l'eau, les pois chiches, la rave, le navet, le jonc marin, l'écosse de pois, l'orge bouilli, &c.
Il ne faut le mettre au pâturage qu'à la mi Mai, & aux fourrages en Octobre: mais observez de ne le faire passer du verd au sec, & du sec au verd, que peu à peu. Le boeuf ne mange pas autant qu'on le croiroit sur sa grosseur.
Soin du boeuf. Dans les tems de labour, si l'on a deux paires de boeufs, l'une travaillera depuis le matin jusqu'à onze heures, l'autre depuis midi jusqu'au soir. Il faut extremement menager les jeunes boeufs.
On aura soin au retour du travail de frotter les
boeufs avec des bouchons, sur - tout s'ils sont en sueur;
de les étriller le matin avant que de les mettre au
joug; de rembourer de paille ce qui peut les incommoder;
de leur laver souvent la queue avec de l'eau
tiede; de les mener rarement aux champs & au labour
dans les grandes chaleurs, les froids & les pluies;
de leur rafraîchir la bouche en été avec du vinaigre
ou du vin imprégné d'un peu de sel; de ne les attacher
dans l'étable que quand leur sueur sera passée;
de leur laver les piés au retour des champs; de leur
donner à manger aux heures réglées; de les faire
boire deux fois le jour en été, & une fois en hyver;
enfin de prévenir leurs maladies & de panser leurs
maux. Quant à l'étable, voyez
S'il y a plusieurs jours de fête de suite, il faudra leur graisser la corne & le dessous du paturon avec du surpoint, ou leur appliquer sur un morceau de linge un oignon bien cuit dans la braise; les tenir en tout tems un peu éloignés les uns des autres; veiller à ce que l'étable soit propre, pour les garantir de vermine; & leur donner toûjours de la belle eau claire.
Au reste tout ce qui précede n'est que pour le boeuf de charrue ou de harnois; celui qui ne travaille pas ne demande pas tant de soin; il suffit de l'envoyer aux champs en été, & de lui donner du fourrage en hyver, à moins qu'il ne faille l'engraisser.
Engrais du boeuf. L'engrais des boeufs se fait de la maniere suivante. On ne se détermine guere à les engraisser que quand ils sont hors de service: c'est ordinairement à l'âge de dix ans; alors on ne leur fait faire ni voitures ni labour. Si c'est en été qu'on en veut faire l'engrais, on s'y prend sur la fin de Mai: aussi - tôt que le jour paroît on les mene paître; on les laisse au pâturage jusqu'au grand jour, alors on les ramene reposer dans l'étable; quand la chaleur est passée, on les reconduit aux champs jusqu'à la nuit, on leur distribue des herbages, & on les parque par cantons: s'ils manquent d'appétit, on les fera boire trois ou quatre fois par jour, on leur lavera de tems en tems la langue avec du sel & du vinaigre, & on leur jettera dans la gorge une petite poignée de sel.
Pendant les huit premiers jours de l'engrais, en été on fait tiédir au soleil, en hyver sur le feu, de l'eau où l'on met de la farine d'oige; on laisse reposer ce mèlange jusqu'à ce que le gres soit précipité, apres quoi il reste une eau blanche qu'on fait boire aux boeufs pendant huit ou d x jours; quant au gros ou sédiment, on le réserve pour le retour du pâturage.
Le soir on leur donne une bonne litiere, & on jette devant eux une botte d'herbe fraîche; on con<pb-> [p. 293]
En hyver on n'engraisse guere que dans les pays sans pâturage. On commence l'engrais par l'eau blanchie, qu'on donne aux boeufs soir & matin pendant huit jours; on les tient chaudement dans l'étable; on leur fait ample litiere; on leur donne sans épargne du soin & des herbes seches; le soir leur repas est de pelottes de farine de seigle, d'orge, d'avoine, mêlées ou séparées, pétries avec de l'eau tiede & un peu de sel; on supprime la paille à laquelle on substitue soir & matin un picotin & demi de son sec, & à midi une écuellée de seigle; c'est le moyen d'avoir des boeufs gras en trois mois: dans le tems des raves, on leur en hache de crues dans leur auge; quelques - uns ne négligent pas le marc de raisin cuit dans l'eau avec le son; les lupins en farine, ou en pâte, entiers; l'avoine en grain, la luserne & le gland. Il y en a qui commencent l'engrais par une once de poudre d'antimoine, dans une mesure d'avoine ou de son. Pour les empêcher de se lêcher (car on prétend que cela leur nuit), on leur frotte avec leur fiente tous les endroits du corps où ils peuvent atteindre.
Il y a encore d'autres manieres d'engraisser les boeufs: mais voilà la plus ordinaire.
Maladies des boeufs. Elles viennent presque toutes d'excès de travail. Les principales sont le dégoût, la langueur, le mal de coeur, la colique & les tranchées, l'enflure, le flux de ventre, l'avant - coeur, la paresse de ventre, l'indigestion, le pissement de sang, les barbillons, l'enflure du palet, la fievre, l'enflure du cou, les écorchures, les duretés au chignon, la maigreur, l'entorse, l'encloüure, les étranguillons, la galle, & une infinité d'autres dont on trouvera les principales à leurs articles.
Boeuf, (aliment.) On employe presque toutes les parties du boeuf en nourriture: on mange le boeuf bouilli, rôti, en ragoût, & fumé.
Le boeuf fumé se prépare de la maniere suivante. On commence par le dépecer en gros morceaux qu'on saupoudre de sel blanc; on le laisse dans le sel pendant deux ou trois jours, puis on le met en presse entre deux planches; on le suspend ensuite dans une cheminée, assez éloigné de la flamme pour que la graisse n'en soit pas fondue, & l'on fait dessous un feu qui donne beaucoup de fumée: pour cet esset on préfere le bois verd de genevrier, qui donne au boeuf fumé un goût aromatique. Le meilleur se fait à Hambourg & dans le duché de Gueldres. Quand il est fumé, on le coupe en tranches fort minces, & on le mange crud ou cuit sur des beurrées.
Le boeuf à la mode se fait avec des roüelles de boeuf, qu'on bat, qu'on larde, qu'on passe au roux, & qu'on met ensuite entre deux terrines sur un feu modéré, avec du sel, du poivre, du laurier, un verre de vin blanc, & deux verres d'eau.
Il y a une insin>té d'autres manieres de préparer le boeuf en aliment.
Boeuf (Page 2:293)
On attribue, avec raison, au boeuf salé & aux alimens
de cette espece, le scorbut auquel sont sujets
les marins lorsqu'ils font des voyages de long cours.
Voyez
L'usage ordinaire de la chair du boeuf est de le faire bouillir dans une suffisante quantité d'eau, avec un peu de sel marin, & de l'écumer afin d'en ôter cer<cb->
L'odeur de la peau du boeuf brûlee est recommandée
dans la passion hystérique: le poil a le même effet.
Le suif en est bon, lorsqu'il est question d'amollir. La
graisse fondue avec le sabot est plus péné>rante &
plus émolliente, parce que ces parties sont plus déliées.
La moelle est un excellent anodyn & calmant
dans les douleurs de goutte & de rhûmatisme. Les os
calcinés arrêtent les dévoiemens, tuent les vers, surtout
s'il y a trop d'acide & d'humide dans le corps,
& qu'il soit besoin d'employer des dessiccatifs & des
absorbans. La rapure de la corne est bonne, selon
quelques - uns, dans l'épilepsie; le sabot a la même
propriété. Le membre génital ou le nerf du boeuf pulvérisé
ou pris en décoction, passe pour exciter dans
les hommes le desir du cou, & dans les femmes l'aversion
de cet acte. Le bézoard de la vesicule du boeuf
est alexipharmaque & anti - épileptique. Le bulithe ou
boule qu'on trouve dans les intestins & l'estomac du
boeuf, est composé de poils que cet animal détache
de son corps en se lêchant, qu'il avale, & qui se ramassant
peu à peu forment une boule qui est de la
couleur du poil de l'animal; cette boule est quelquefois
enduite d'une croute luisante: des medecins l'ordonnent
à la dose d'un demi - gros en poudre en qualité
d'astringent. Le siel a les mêmes vertus que la
bile en général, c'est - à - dire qu'il est détersif, savoneux,
résolutif, & fondant. La flente est discussive;
on l'employe récente en cataplasme comme un anodyn
propre à calmer les inflammations & la goutte:
on l'applique sur le bas - ventre avec les vers de terre
pour dissiper les vents, les douleurs & duretés du basventre.
Elle doit son énergie à l'extrait des plantes
dont l'animal se nourrit: on la recommande dans la
rétention d'urine, appliquée sur le périnée & sur les
os pubis. Le suc exprimé est employé par le petit
peuple dans la colique; Etmuller prétend que ce remede
est bon dans ce cas & dans la pleurésie. Le zibetum occidentale se tire de cette siente par la sublimation.
Voyez
Toutes ces parties du boeuf ont la vertu des alkalis volatils tirés du regne animal, & n'ont d'efficacité qu'à raison de cette volatilité; la différence est que ceux du boeuf ont plus d'énergie, parce que les sels & les huiles sont plus exaltés par l'exercice & l'action continuels de ces animaux, de même que par l'usage des différentes herbes dont ils se nourrissent. (N)
Entre beaucoup de sortes de marchandises qu'on
tire du boeuf, sa peau est très - utile pour le commerce.
Les peaux de boeuf se vendent en poil, vertes, ou salées,
ou seches, & sans poil lorsqu'elles ont été préparées
par les tanneurs ou par les hongrieurs, qui en
font du cuir fort & du cuir de Hongrie, qui s'employe
ensuite à différens üsages. Voy.
Les rognures de sa peau servent à faire de la colle - forte. Voyez
Le poil de leur queue, après avoir été cordé &
bouilli, fournit une partie du crin que les tapissiers
& autres artisans employent. Le poil du reste de la
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.