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A la vérité nous ne pouvons avoir de ces concepts à moins que quelque chose de réel ne nous donne lieu de nous les former: mais le mot qui exprime le concept, n'a pas hors de nous un exemplaire propre. Nous avons vû de l'or, & nous avons observé des montagnes; si ces deux représentations nous donnent lieu de nous former l'idée d'une montagne d'or, il ne s'ensuit nullement de cette image qu'il y ait une pareille montagne. Un vaisseau se trouve arrêté en pleine mer par quelque banc de sable inconnu aux Matelots, ils imaginent que c'est un petit poisson qui les arrête. Cette imagination ne donne aucune réalité au prétendu petit poisson, & n'empêche pas que tout ce que les Anciens ont cru du remora ne soit une fable, comme ce qu'ils se sont imaginés du phénix, & ce qu'ils ont pensé du sphinx, de la chimere, & du cheval Pégase. Les personnes sensées ont de la peine à croire qu'il y ait eu des hommes assez déra sonnables pour réaliser leurs propres abstractions: >nais entre autres exemples, on peut les renvoyer à l'histoire de Valentin hérésiarque du second siecle de l'Eglise: c'étoit un Philosophe Platonicien qui s'écarta de la simplicité de la foi, & qui imagina des aons, c'est - à - dire des êtres abstraits, qu'il réalisoit; le silence, la vérité, l'intelligence, le propator, ou principe. Il commença à enseigner ses erreurs en Egypte, & passa ensuite à Rome où il se fit des disciples appellés Valentiniens. Tertullien écrivit contre ces hérétiques. Voyez l'Histoire de l'Eglise. Ainsi dès les premiers tems les abstractions ont donné lieu à des disputes, qui pour être frivoles n'en ont point été moins vives.
Au reste si l'on vouloit éviter les termes abstraits, on seroit obligé d'avoir recours à des circonlocutions & à des périphrases qui énerveroient le discours. D'ailleurs ces termes fixent l'esprit; ils nous servent à mettre de l'ordre & de la précision dans nos pensées; ils donnent plus de grace & de force au discours; ils le rendent plus vif, plus serré, & plus énergique: mais on doit en connoître la juste valeur. Les abstractions sont dans le discours ce que certains signes sont en Arithmétique, en Algebre & en Astronomie: mais quand on n'a pas l'attention de les apprécier, de ne les donner & de ne les prendre que pour ce qu'elles valent, elles écartent l'esprit de la réalité des choses, & deviennent ainsi la source de bien des erreurs.
Je voudrois donc que dans le style didactique, c'est - à - dire lorsqu'il s'agit d'enseigner, on usât avec beaucoup de circonspection des termes abstraits & des expressions figurées: par exemple, je ne voudrois pas que l'on dît en Logique l'idée renferme, ni
ABSTRAIRE (Page 1:47)
ABSTRAIRE, v. act. c'est faire une abstraction; c'est ne considérer qu'un attribut ou une propriété de quelque être, sans faire attention aux autres attributs ou qualités; par exemple quand on ne considere dans le corps que l'étendue, ou qu'on ne fait attention qu'à la quantité ou au nombre.
Ce verbe n'est pas usité en tous les tems, ni même en toutes les personnes du présent; on dit seule<-> j'abstrais, tu abstrais, il abstrait: mais au lieu de dire nous abstraïons, &c. on dit nous faisons abstraction.
Le parfait & le prétérit simple ne sont pas usités, mais on dit j'ai abstrait, tu as abstrait, &c. j'avois abstrait, &c. j'eus abstrait, &c.
Le présent du subjonctif n'est point en usage; on dit j'abstrairois, &c. on dit aussi que j'aie abstrait. &c. (F)
Abstrait (Page 1:47)
On dit d'une pensée qu'elle est abstraite, quand elle est trop recherchée, & qu'elle demande trop d'attention pour être entendue. On dit aussi des raisonnemens abstraits, trop subtils. Les Sciences abstraites, ce sont celles qui ont pour objet des êtres abstraits; tels sont la Métaphysique & les Mathématiques. (F)
Abstraits (Page 1:47)
Abstrait (Page 1:47)
Les Mathématiques abstraites ou pures sont celles
qui traitent de la grandeur ou de la quantité considérée
absolument & en général, sans se borner à aucune
espece de grandeur particuliere. Voyez
Telles sont la Géométrie & l'Arithmétique. Voyez
En ce sens les Mathématiques abstraites sont opposées aux Mathématiques mixtes, dans lesquelles on applique aux objets sensibles les propriétés simples & abstraites, & les rapports des quantités dont on [p. 48]
ABSUS (Page 1:48)
* ABSUS: c'est, dit - on, une herbe d'Egypte dont la fleur est blanche & tire sur le jaune pâle, la hauteur environ de quatre doigts, & la feuille semblable à celle du triolet. Il ne paroît pas à la de>iption de cette plante, qu'elle soit fort connue des Naturalistes, & nous n'en faisons mention que pour n'omettre que le moins de choses qu'il est possible.
ABSYRTIDES (Page 1:48)
* ABSYRTIDES, s. f. isles de la Dalmatie ou de l'ancienne Liburnie, situées à l'entrée du golfe de Venise, & qu'on prétend ainsi nommées d'Absyrte, frere de Médée qu'elle y tua, & dont elle sema les membres sur la route pour rallentir la poursuitc de son pere.
ABUCCO ou ABOCCO ou ABOCCHI (Page 1:48)
* ABUCCO ou ABOCCO ou ABOCCHI, s. m. poids dont on se sert dans le Royaume de Pegu; il équivaut à une livre & demie & quatre onces & demie, poids leger de Venise.
ABUYO ou ABUYA (Page 1:48)
* ABUYO ou ABUYA, s. une des isles Philippines aux Indes Orientales. Long. 138. lat. 10.
ABUS (Page 1:48)
ABUS, s. m. se dit de l'usage irrégulier de quelque chose; ou bien c'est l'introduction d'une chose contraire à l'intention que l'on avoit eue en l'admettant.
Ce mot est composé des mots ab, de, & usus, usage.
Les réformes & les visites sont faites pour corriger les abus qui se glissent insensiblement dans la discipline ou dans les moeurs. Constantin le Grand, en introduisant dans l'Eglise l'abondance des biens, y jetta les fondemens de cette multitude d'abus, sous lesquels ont gémi les siecles suivans.
Abus desoi - même. C'est une expression dont se servent
quelques Auteurs modernes, pour dénoter le
crime de la pollution volontaire. V.
En Grammaire, appliquer un mot abusivement,
ou dans un sens abusif, c'est en faire une mauvaise
application, ou en pervertir le vrai sens. Voyez
Abus (Page 1:48)
Il résulte principalement de l'entreprise de la Jurisdiction ecclésiastique sur la laïque; de la contravention à la police générale de l'Eglise ou du Royaume, réglée par les Canons, les Ordonnances ou les Arrêts.
La maniere de se pourvoir contre les jugemens & autres actes de supériorité des Ecclésiastiques, même de la Cour de Rome, où l'on prétend qu'il y a abus, est de recourir à l'autorité séculiere des Parlemens par appel, qu'on nomme pour le distinguer de l'appel simple, appel comme d'abus.
Le terme d'abus a été employé presque dans tous les tems dans le sens du présent article: mais l'appel comme d'abus n'a pas été d'usage dans tous les tems. On employ a plusieurs moyens contre les entreprises des Ecclésiastiques & de la Cour de Rome avant de venir à ce dernier remede.
D'abord on imagina d'appeller du saint - Siége au saint - Siége Apostolique, comme fit le Roi Philippe - Auguste lors de l'interdit fulminé contre son Royaume par Innocent III.
Dans la suite on appella au futur Concile, ou au Pape mieux avisé, ad Papam melius consultum, comme sit Philippe - le - Bel qui appella ad Concilium de proximo congregandum, & ad futurum verum, & legitimum Pontificem, & ad illum seu ad illos ad quem vel ad quos de jure fuerit provocandum.
On joignit ensuite aux appels au futur Concile
les protestations de poursuivre au Conseil du Roi,
ou dans son Parlement, la cassation des actes prétendus
abusifs, pour raison d'infraction des Canons &
de la Pragmatique - Sanction. Voyez
Cette derniere voie acheminoit de bien près aux appels comme d'abus.
Enfin l'appel comme d'abus commença d'être en usage sous Philippe de Valois, & fut interjetté solemnellement par Pierre de Cugnieres, Avocat Général, & a toujours été pratiqué depuis au grand avantage de la Jurisdiction royale & des Sujets du Roi.
Le Ministere public est la véritable partie dans l'appel comme d'abus; de sorte que les parties privées, l'appel une fois interjetté, ne peuvent plus transiger sur leurs intérêts au préjudice de l'appel, si ce n'est de l'avis & du consentement du Ministere public, lequel peut rejetter l'expédient proposé s'il y reconnoît quelque collusion préjudiciable au bien public.
Les Parlemens prononcent sur l'appel comme d'abus par ces mots il y a, ou il n'y a abus.
Quelquefois les Parlemens convertissent l'appel comme d'abus en appel simple; c'est - à - dire, renvoient les parties pour se pourvoir pardevant le Juge ecclésiastique, supérieur à celui d'où étoit émané le jugement prétendu abusif: quelquefois ils le convertissent aussi en simple opposition.
L'exception tirée du laps des tems n'est point admissible en matiere d'abus, ni celle tirée de la désertion d'appel en l'appel d'icelui.
L'appel comme d'abus est suspensif, si ce n'est en matiere de discipline ecclésiastique & de correction réguliere où il n'est que dévolutif.
Il se plaide en la Grand'Chambre & se doit juger à l'audience, si ce n'est que le tiers des Juges soit d'avis d'appointer.
Les appels comme d'abus ne se relevent qu'au Parlement, & les lettres de relief se prennent au petit scea>, l'appellant y annexant la consultation de trois Avocats: mais ce n'est pas par forme de gradation de l'inférieur au supérieur que les appels comme d'abus sont portés aux Parlemens, mais comme aux dépositaires de la puissance & de la protection royale.
L'appellant qui succombe à l'appel comme d'abus est condamné, outre les dépens, à une amende de 75 livres. (H)
Abus (Page 1:48)
ABUSIF (Page 1:48)
ABUSIF, adject. terme de Droit, qui se dit singulierement
des entreprises, procédures & jugemens
des Ecclésiastiques, où il y a eu abus, c'est - à - dire
infraction des Canons ou des Ordonnances. Voyez
plus haut le mot
ABUSIVEMENT (Page 1:48)
ABUSIVEMENT, adv. terme de Droit. Voyez
ci - devant
La Cour en prononçant sur l'appel comme d'abus interjetté du jugement d'une Cour ecclésiastique dit, s'il y a lieu à l'infirmer, qu'il a été mal, nullement & abusivement jugé. (H)
ABUKESB (Page 1:48)
ABUKESB, s. m. monoie; c'est le nom que les
Arabes donnent au daller d'Hollande qui a cours chez
eux. Le lion qu'elle porte est si mal représenté, qu'il
est facile de le prendre pour un chien, & c'est ce qui
l'a fait nommer par les Arabes abukesb, qui signifie
chien dans leur langue. Voyez
ABUTER (Page 1:48)
* ABUTER, v. a. Aux quilles, avant que de commencer
le jeu, chaque joüeur en prend une & la
jette vers la boule placée à une distance convenue
entre les joüeurs; voilà ce qu'on appelle abuter. Celui qui abute le mieux, c'est - à - dire dont la quille est
la plus proche de la boule, gagne l'avantage de joüer
le premier.
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