ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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ABUTILON (Page 1:49)

ABUTILON, s. m. herbe à fleur d'une seule feuille semblable en quelque maniere à une cloche fort ouverte & découpée; il sort du fond un tuyau pyramidal chargé le plus souvent d'étamines. Le pistil tient au calice, & est fiché comme un clou dans la partie inférieure de la fleur & dans le tuyau. Ce pistil devient un fruit en forme de chapiteau; il est composé de plusieurs petites gaînes assemblées autour d'un axe. Chaque gaîne ou capsule est reçûe dans une strie de l'axe: ces capsules s'ouvrent en deux parties, & renferment des semences qui ont ordinairement la forme d'un rein. Tournefort Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

* On se sert de ses feuilles & de ses semences. Ses feuilles appliquées sur les ulceres les nettoient. Ses semences provoquent les urines & chassent le gravier. Elle est diurétique & vulnéraire.

ABYDE ou ABYDOS (Page 1:49)

* ABYDE ou ABYDOS, sub. Ville maritime de Phrygie vis - à - vis de Sestos. Xercès joignit ces deux endroits éloignés l'un de l'autre de sept stades, par le pont qu'il jetta sur l'Hellespont.

Abyde (Page 1:49)

* Abyde, (Géog. anc.) ville d'Egypte.

ABYLA (Page 1:49)

* ABYLA, s. nom de montagne & de ville dans le détroit de Gibraltar sur la côte de Mauritanie. C'étoit une des Colonnes d'Hercule, & Calpé sur la côte d'Espagne etoit l'autre. On croit que la ville d'Abyla des anciens est le Septa des modernes; & la montagne, celle que nous appellons montagne des Singes.

Abyla (Page 1:49)

* Abyla ou Abylene, s. ville de la Colaesynie au Midi de la Chalcide, entre l'Antiliban & le fleuve Abana, & capitale d'une petite contrée qui portoit son nom.

A C A

ACACALIS (Page 1:49)

* ACACALIS, s. m. arbrisseau qui porte une fleur en papillon, & un fruit couvert d'une cosse. Voyez Ray. Hist. Plant. On lit dans Dioscoride que l'acacalis est le fruit d'un arbrisseau qui croît en Egypte; que sa graine est semblable à celle du tamarin, & que son infusion mêlée avec le collyre ordinaire éclaircit la vûe. Ray ajoûte que c'est à Constantinople un remede populaire pour les maladies des yeux. Malgré toutes ces autorités, je ne regarde pas le sort de l'acacalis comme bien décidé; sa description est trop vague, & il faut attendre ce que les progrès de l'Histoire Naturelle nous apprendront là - dessus.

ACACIA (Page 1:49)

* ACACIA, s. m. c'est une sorte de petit sac ou de rouleau long & étroit. Les Consuls & les Empereurs depuis Anastase l'ont à la main dans les médailles. Les uns veulent que ce soit un mouchoir plié qui servoit à l'Empereur pour donner le signal de faire commencer les jeux: les autres, que ce soit des mémoires qui lui ont été présentés; c'est l'avis de M. du Cange: plusieurs, que ce soit un petit sac de terre que les Empereurs tenoient d'une main, & la croix de l'autre, ce qui les avertissoit que tout grands qu'ils étoient, ils seroient un jour réduits en poussiere. Le sac ou acacia fut substitué à la nappe, mappa, que l'Empereur, le Consul, ou tout autre Magistrat avoit à la main, & dont il se servoit pour donner le signal dans les jeux.

Acacia (Page 1:49)

Acacia, s. m. en latin pseudo - acacia, arbre à fleurs légumineuses & à feuilles rangées ordinairement par paires sur une côte. Le pistil sort du calice & est enveloppé par une membrane frangée: il devient dans la suite une gousse applatie qui s'ouvre en deux partiès, & qui renferme des semences en forme de rein. Les feuilles de l'acacia sont rangées par paires sur une côte qui est terminée par une seule feuille. Tournefort Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Acacia (Page 1:49)

Acacia, atacia nostras, s. m. est celui que l'on appelle l'acacia commun de l'Amérique; il ne s'éleve pas bien haut; son bois est dur & raboteux, son feuillage long & petit donnant peu d'ombrage; ses branches sont pleines de piquans. Il est propre à planter des berceaux, croît fort vite, & produit dans le printems d'agréables fleurs à bouquets. Cet arbre est sujet à verser; & l'usage où l'on est de l'étêter, le difforme beaucoup: il donne de la graine. (K)

Acacia (Page 1:49)

* Acacia, suc épaissi, gommeux, de couleur brune à l'extérieur, & noiràtre ou roussâtre, ou jaunâtre en - dedans; d'une consistance ferme, dure, s'amollissant dans la bouche; d'un goût austere astringent, non desagréable, formé en petites masses arrondies du poids de quatre, six, huit onces, & enveloppé de vessies minces. On nous l'apporte d'Egypte par Marseille; on estime le meilleur celui qui est récent, pur, net, & qui se dissout facilement dans l'eau. On tire ce suc des gousses non mûres d'un arbre - appellé acacia folio scorpioidis leguminosoe, C. B. P. C'est un grand arbre & fort branchu, dont les racines se partagent en plusieurs rameaux, & se répandent de tous côtes, & dont le tronc a souvent un pié d'épaisseur, & égale ou même surpasse en hauteur les autres especes d'acacia. Il est ferme, garni de branches & armé d'épines; ses feuilles sont menues, conjuguées, & rangées par paires sur une côte de deux pouces de longueur: elles sont d'un verd obscur, longues de trois lignes, & larges à peine d'une ligne. Les fleurs viennent aux aisselles des côtes qui portent les feuilles, & sont ramassées en un bouton sphérique porté sur un pédicule d'un pouce de longueur; elles sont d'une couleur d'or & sans odeur, d'une seule piece en maniere de tuyau grêle, renflé à son extrémité supérieure, & découpé en 5 quartiers. Elles sont garnies d'une grande quantité d'étamines & d'un pistil qui devient une gousse semblable en quelque façon à celle du lupin, longue de cinq pouces plus ou moins, brune ou roussatre, applatie, épaisse d'une ligne dans son milieu, plus mince sur les bords, large inégalement, & si fort retrécie par intervalle, qu'elle représente 4. 5. 6. 8. 10. & même un plus grand nombre de pastilles applaties liées ensemble par un fil. Elles ont un demi - pouce dans leur pius grande largeur, & la partie intermédiaire a à peine une ligne: l'intérieur de chacune est rempli par une semence ovalaire, applatie, dure, mais moins que celle du cormier; de couleur de chataigne, marquée d'une ligne tout autour comme les graines de tamarins, & enveloppéé d'un mucilage gommeux, & un peu astringent ou acide, & roussâtre. Cet arbre est commun au grand Caire; on arrose d'eau les gousses qui ne sont pas encore mûres; on les broie: on en exprime le suc qu'on fait bouillir pour l'épaissir, puis on le met en petites masses. Ce suc analysé donne une portion médiocre de sel acide, très - peu de sel alkali, beaucoup de terre astringente, & beaucoup d'huile ou subtile ou grossiere. On le place entre les astringens incrassans & repercussifs: il affermit l'estomac, fait cesser le vomissement, arrête les hémorrhagies & les flux de ventre: on le donne depuis 3 jusqu'à 3 j. sous la forme de poudre ou de bol, ou dans une liqueur convenable. Les Egyptiens en ordonnent tous les matins à ceux qui crachent le sang la quantité d'un gros dissoûte dans une liqueur, &c.

Le suc d'acacia entre dàns la thériaque, le mithridat, les trochisques de Karabé, & l'onguent styptique de Charas.

Il sert aux Corroyeurs du grand Caire pour noircir leurs peaux. A cet acacia vrai on substitue souvent l'acacia nostras. Voyez Acacia nostras. Le suc de l'acacia nostras est plus acide que l'autre; on le tire des cerises de cette plante récentes & non mûres: il a à peu près les mêmes propriétés que l'acacia vrai.

ACACIENS (Page 1:49)

* ACACIENS, adj. pris subst. Ariens ainsi nommés d'Acace de Caesarée leur chef.

ACADEMICIEN, ACADEMISTE (Page 1:49)

* ACADEMICIEN, ACADEMISTE, sub. m. Ils sont l'un & l'autre membres d'une société qui porte [p. 50] le nom d'Académie, & qui a pour objet des matieres qui demandent de l'étude & de l'application. Mais les Sciences & le bel esprit font le partage de l'Académicien, & les exercices du corps occupent l'Académiste. L'un travaille & compose des ouvrages pour l'avancement & la perfection de la littérature: l'autre acquiert des talens purement personnels.

Académiciens (Page 1:50)

Académiciens, s. m. pl. secte de Philosophes qui suivoient la doctrine de Socrate & de Platon, quant à l'incertitude de nos connoissances & à l'incompréhensibilité du vrai. Académicien pris en ce sens revient à peu près à ce que l'on appelle Platonicien, n'y ayant d'autre différence entr'eux que le tems où ils ont commencé. Ceux des anciens qui embraient le système de Platon étoient appellés Academici, Académiciens; au lieu que ceux qui ont suivi les mêmes opinions depuis le rétablissement des Lettres, ont pris le nom de Platoniciens.

On peut dire que Socrate & Platon qui ont jetté les premiers fondemens de l'Académie, n'ont pas été à beaucoup près si loin que ceux qui leur ont succédé, je veux dire Arcésilas, Carnéade, Clitomaque, & Philon. Socrate, il est vrai, fit profession de ne rien savoir: mais son doute ne tomboit que sur la Physique, qu'il avoit d'abord cultivée diligemment, & qu'il reconnut enfin surpasser la portée de l'esprit humain. Si quelquefois il parloit le langage des Sceptiques, c'étoit par ironie ou par modestie, pour rabattre la vanité des Sophistes qui se vantoient sottement de ne rien ignorer, & d'être toûjours prêts à discourir sur toutes sortes de matieres.

Platon, pere & instituteur de l'Académie, instruit par Socrate dans l'art de douter, & s'avoüant son sectateur, s'en tint à sa maniere de traiter les matieres, & entreprit de combattre tous les Philosophes qui l'avoient précédé. Mais en recommandant à ses disciples de se défier & de douter de tout, il avoit moins en vûe de les laisser flotans & suspendus entre la vérité & l'erreur, que de les mettre en garde contre ces décisions téméraires & précipitées, pour lesquelles on a tant de penchant dans la jeunesse, & de les faire parvenir à une disposition d'esprit qui leur fît prendre des mesures contre ces surprises de l'erreur, en examinant tout, libres de tout préjugé.

Arcésilas entreprit de réformer l'ancienne Académie, & de former la nouvelle. On dit qu'il imita Pyrrhon, & qu'il conversa avec Timon; desorte que ayant enrichi l'époque, c'est - à - dire, l'art de douter de Pyrrhon, de l'élégante érudition de Platon; & l'ayant armée de la dialectique de Diodore, Ariston le comparoit à la chimere, & lui appliquoit plaisamment les vers où Homere dit qu'elle étoit lion pardevant, dragon par - derriere, & chevre par le milieu. Ainsi Arcésilas étoit, selon lui, Platon par - devant, Pyrrhon parderriere, & Diodore par le milieu. C'est pourquoi quelques - uns le rangent au nombre des Sceptiques, & Sextus Empiricus soutient qu'il y a fort peu de différence entre sa secte, qui est la Sceptique, & celle d'Arcésilas, qui est celle de la nouvelle Académie. Voyez les Scepticiens.

En effet il enseignoit que nous ne savons pas même si nous ne savons rien; que la nature ne nous a donné aucune regle de vérité; que les sens & l'entendement humain ne peuvent rien comprendre de vrai; que dans toutes les choses il se trouve des raisons opposées d'une force égale: en un mot que tout est enveloppé de ténebres, & que par conséquent il faut toûjours suspendre son consentement. Sa doctrine ne fut pas fort goûtée, parce qu'il sembloit vouloir éteindre toute la lumiere de la Science, jetter des ténebres dans l'esprit, & renverser les fondemens de la Philosophie. Lacyde fut le seul qui défendit la doctrine d'Arcésilas: il la transmit à Evandre, qui fut son disciple avec beaucoup d'autres. Evandre la fit passer à Hégesime, & Hégesime à Carnéade.

Carnéade ne suivoit pas pourtant en toutes choses la doctrine d'Arcésilas, quoiqu'il en retînt le gros & le sommaire. Cela le fit passer pour auteur d'une nouvelle Académie, qui fut nommée la troisieme. Sans jamais découvrir son sentiment, il combattoit avec beaucoup d'esprit & d'éloquence toutes les opinions qu'on lui proposoit; car il avoit apporté à l'étude de la Philosophie une force d'esprit admirable, une mémoire fidele, une grande facilité de parler, & un long usage de la Dialectique. Ce fut lui qui fit le premier connoître à Rome le pouvoir de l'éloquence & le mérite de la Philosophie; & cette florissante jeunesse qui méditoit dès lors l'Empire de l'Univers, attirée par la nouveauté & l'excellence de cette noble science, dont Carnéade faisoit profession, le suivoit avec tant d'empressement, que Caton, homme d'ailleurs d'un excellent jugement, mais rude, un peu sauvage, & manquant de cette politesse que donnent les Lettres, eut pour suspect ce nouveau genre d'érudition, avec lequel on persuadoit tout ce qu'on vouloit. Caton fut d'avis dans le Senat qu'on accordât à Carnéade, & aux Députés qui l'accompagnoient, ce qu'ils demandoient, & qu'on les renvoyât promptement & avec honneur.

Avec une éloquence aussi séduisante il renversoit tout ce qu'il avoit entrepris de combattre, confondoit la raison par la raison même, & demeuroit invincible dans les opinions qu'il soûtenoit. Les Stoïciens, gens contentieux & subtils dans la dispute, avec qui Carnéade & Arcésilas avoient de fréquentes contestations, avoient peine à se débarrasser des piéges qu'il leur tendoit. Aussi disoient - ils, pour diminuer sa réputation, qu'il n'apportoit rien contre eux dont il fût l'inventeur, & qu'il avoit pris ses objections dans les Livres du Stoïcien Chrysippe. Carnéade, cet homme à qui Ciceron accorde l'art de tout réfuter, n'en usoit point dans cette occasion qui sembloit si fort intéresser son amour propre: il convenoit modestement que, sans le secours de Chrysippe, il n'auroit rien fait, & qu'il combattoit Chrysippe par les propres armes de Chrysippe.

Les correctifs que Carnéade apporta à la doctrine d'Arcésilas sont très - légers. Il est aisé de concilier ce que disoit Arcésilas, qu'il ne se trouve aucune vérité dans les choses, avec ce que disoit Carnéade, qu'il ne nioit point qu'il n'y eût quelque vérité dans les choses, mais que nous n'avons aucune regle pour les discerner. Car il y a deux sortes de vérité; l'une que l'on appelle vérité d'existenc: l'autre que l'on appelle vérité de jugement. Or il est clair que ces deux propositions d'Arcésilas & de Carnéade regardent la vérité de jugement: mais la vérité de jugement est du nombre des choses relatives qui doivent être considérées comme ayant rapport à notre esprit; done quand Arcésilas a dit qu'il n'y a rien de vrai dans les choses, il a voulu dire qu'il n'y a rien dans les choses que l'esprit humain puisse connoître avec certitude; & c'est cela même que Carnéade soûtenoit.

Arcésilas disoit que rien ne pouvoit être compris, & que toutes choses étoient obscures. Carnéade convenoit que rien ne pouvoit être compris: mais il ne convenoit pas pour cela que toutes choses fussent obscures, parce que les choses probables auxquelles il vouloit que l'homme s'attachât, n'étoient pas obscures, selon lui. Mais encore qu'il se trouve en cela quelque différence d'expression, il ne s'y trouve aucune différence en effet; car Arcésilas ne oûtenoit que les choses sont obscures, qu'autant qu'elles ne peuvent être comprises: mais il ne les dépouilloit pas de toute vraissemblance ou de toute probabilité: c'étoit - là le sentiment de Carnéade; car quand il disoit que les choses n'étoient pas assez obscures pour qu'on ne pût pas discerner celles qui doivent être préfé<pb->

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