LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798

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Page 758

joli enfant. Une jolie fille. Une jolie personne. Elle n'est pas belle, mais elle est jolie. Elle est plus jolie que belle. Il est d'une jolie taille. Faire de jolis vers, un joli madrigal, une jolie épigramme. Un joli chien. Un joli cheval. Un joli cabinet. Un joli habit. Une jolie coiffure. Dire de jolies choses.

On dit figurément d'Un jeune homme qui commence à entrer dans le monde, et qui s'y fait estimer, que C'est un joli sujet.

On dit figurément d'Un jeune garçon, qu'Il est joli garçon, qu'il est devenu joli garçon, pour dire, qu'Il a acquis du mérite.

On le dit aussi populairement et ironiquement d'Un homme qui s'est enivré, qui a été battu, qui est en mauvais état. Vous venez du cabaret, vous voilà joli garçon. Vous vous êtes fait joli garçon.

En ce sens il se dit aussi De ceux qui ont mis leurs affaires en désordre par la débauche, par leur mauvaise conduite. Il a dissipé son bien, il s'est fait joli garçon.

On dit aussi d'Un jeune homme qui s'est fait remarquer à la guerre dans quelque occasion, Il fit une jolie action à un tel siége, à une telle bataille. Un joli soldat. Un joli Officier. Un joli cavalier.

On dit ironiquement à un homme qui fait ou dit quelque chose qui déplaît, qu'Il est joli. Je vous trouve bien joli. Vraiment vous êtes joli de me parler de la sorte. Cela est joli de se faire attendre. Vous avez fait--là une jolie action. Vous tenez--là un joli discours.

Joli

Joli, se met quelquefois au substantif. Le beau est au--dessus du joli. On n'aime pas toujours le beau, on aime quelquefois mieux le joli. Cela passe le joli.

JOLIET, ETTE

JOLIET, ETTE. adj. Diminutif de joli. Il n'est guère d'usage qu'au féminin, et dans le discours familier. Elle est joliette.

JOLIMENT

JOLIMENT. adv. D'une manière jolie. Il danse joliment. Il est joliment vêtu. Cet enfant répond joliment. Il écrit joliment.

JOLIVETÉ

JOLIVETÉ. s. fém. Il n'est guère d'usage qu'au pluriel; et il se dit familièrement Des babioles, des bijoux, et de certains petits ouvrages qui ne sont pas de grand service. Il sait faire mille petites jolivetés. Il a apporté mille petites jolivetés d'Italie.

Il se dit aussi Des gentillesses que font les enfans. C'est un joli enfant, il fait, il dit cent petites jolivetés. Il est vieux en ce sens.

JOM

JOMBARDE

JOMBARDE. Voyez Joubarbe.

JON

JONC

JONC. s. m. Plante qui croît le long des eaux et même dedans, comme dans tous les endroits marécageux. Il y en a un grand nombre d'espèces, dont quelques--unes ne portent point de semences. De ces espèces, les unes ont des fleurs à étamines, et les autres des fleurs en rose. Les semences du jonc sont astringentes et bonnes pour arrêter le cours--de--ventre et les pertes de sang des femmes. Jonc de marais. Une touffe de joncs. C'est un méchant fonds, il n'y croît, il n'y vient que du jonc, que des joncs. Des paniers de jonc. Balai de jonc. Nattes de jonc. Canne de jonc.

Une canne de jonc, s'appelle quelquefois simplement, Un jonc.

Jonc marin. C'est une sorte de jonc qui a la tige boiseuse et les fleurs jaunes.

On dit familièrement d'Un homme, d'une femme, qui ont la taille bien droite, qu'Il est droit, qu'elle est droite comme un jonc.

Jonc

Jonc, se dit aussi d'Une espèce de bague dont le cercle est égal partout. Un jonc d'argent. Un jonc de diamans. Un jonc de rubis. Un jonc tout entouré de rubis ou de diamans.

JONCAIRE

JONCAIRE, ou JUNCARIA. s. f. Petite plante rameuse, dont les tiges ressemblent à celles du jonc, d'où elle a tiré le nom de Joncaire. C'est une espèce de garance. Elle croît dans les lieux sablonneux et dans les vignobles. On la dit vulnéraire, détersive et apéritive.

JONCHÉE

JONCHÉE. subs. f. Toutes sortes d'herbes, de fleurs et de branchages dont on jonche les rues, les Églises, un jour de cérémonie. Jeter de la jonchée. Faire une jonchée d'herbes et de fleurs.

On appelle aussi Jonchée, Un petit fromage de crème ou de lait caillé, fait dans une espèce de panier ou de clisse de jonc. Une jonchée de crème. Vendre, acheter de la jonchée.

JONCHER

JONCHER. v. a. Parsemer de jonc, de feuillages, de fleurs, de branchages verts, pour une cérémonie. Les habitans jonchèrent les rues d'herbes odoriférantes. Toutes les Églises étoient jonchées de fleurs.

On dit figurém. La campagne étoit jonchée de morts, pour dire, La campagne étoit couverte de morts.

Jonché, ée

Jonché, ée. participe.

JONCHETS

JONCHETS. s. m. pl. Certains petits bâtons fort menus en forme de joncs, avec lesquels on joue. Jouer aux jonchets.

JONCTION

JONCTION. sub. f. Union, assemblage. La jonction de deux armées. La jonction des deux mers. La jonction de deux rivières. Depuis la jonction de ces deux Princes. La jonction d'un incident au principal.

JONGLERIE

JONGLERIE. s. f. Charlatanerie, tour de passe--passe.

JONGLEUR

JONGLEUR. s. m. Ce mot signifioit autrefois Une espèce de Ménétrier qui alloit dans les cours des Princes et dans les Maisons des grands Seigneurs, chantant des chansons. Présentement il signifie, Joueur de tours de passepasse, bateleur, charlatan. C'est un jongleur, un vendeur de mithridate. Plusieurs peuples sauvages ont des jongleurs qui exercent la Médecine et la Magie.

JONQUE

JONQUE. sub. f. Sorte de vaisseau fort en usage dans les Indes et à la Chine.

JONQUILLE

JONQUILLE. s. f. Sorte de fleur jaune printanière et odoriférante. Jonquille simple, Jonquille double. Des gants parfumés de jonquille. Essence de jonquille.

JON--THLASPI

JON--THLASPI. s. m. Plante crucifère ainsi nommée, parce qu'elle ressemble beaucoup à la violette par ses fleurs, et au thlaspi par ses fruits. Elle est vulnéraire, detersive et apéritive.

JOU

JOUAILLER

JOUAILLER. v. n. Jouer à petit jeu, et seulement pour s'amuser. Il ne fait que jouailler. Il est du style fam.

JOUBARBE

JOUBARBE, ou JOMBARDE. s. f. Plante qui croît ordinairement sur les toits et sur les murs. Ses feuilles sont grasses, charnues et toujours vertes. Le suc en est rafraîchissant, propre à calmer les douleurs de la brûlure, de la goutte et des cancers.

JOUE

JOUE. s. f. La partie du visage de l'homme qui est au--dessous des tempes et des yeux, et qui s'étend jusqu'au menton. Joue droite. Joue gauche. Avoir les joues rouges, les joues vermeilles, les joues enflées, les joues creuses. Avoir une fluxion sur la joue. Baiser à la joue.

On dit d'Un homme extrêmement maigre et atténué, qu'Il a les joues cousues.

On dit, Donner sur la joue, couvrir la joue, pour dire, Donner un soufflet; et, Tendre la joue, pour dire, Présenter la joue.

On dit, Coucher en joue, pour dire, Ajuster son fusil pour tirer sur quelqu'un, sur quelque chose. Il l'a couché en joue pour le tuer.

On le dit au figuré, mais dans le style familier, pour dire, Viser à quelque chose pour l'obtenir. Il a couché en joue cette charge, cette héritière.

On dit aussi Les joues d'un cheval. Ce cheval a trop de joue.

JOUÉE

JOUÉE. s. f. Épaisseur du mur dans l'ouverture d'une fenêtre. Cette fenêtre a beaucoup de jouée.

JOUER

JOUER. v. n. Se récréer, se divertir. Ces enfans jouent ensemble. Menezles jouer. Ils jouent l'un avec l'autre. Vous jouez un peu rudement, vous m'avez blessé. Ne sauriez--vous jouer sans vous fâcher?

En ce sens il se met souvent avec le pronom personnel. Cet enfant se joue avec tout ce qu'on lui donne. Les petits chats se jouent avec des balles, avec des boules de papier.

On dit, Se jouer de quelque chose, et faire quelque chose en se jouant, pour dire, Faire quelque chose en s'amusant, en badinant, sans application et sans peine. Cet ouvrage auroit paru difficile à tout autre, il l'a fait en se jouant.

On dit aussi figurément, Se jouer de quelque chose, pour dire, L'employer en un mauvais sens, à un mauvais usage; le profaner. C'est un impie, il se joue de l'Écriture--Sainte, il se joue de la Religion. Il ne faut pas se jouer ainsi des Lois et des Ordonnances.

On dit aussi figurément, Se jouer de quelqu'un, pour dire, Se moquer de lui, le railler adroitement, lui donner de belles paroles. Ne voyez--vous pas qu'on se joue de vous? Penseroit--il se jouer de moi?

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