ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
Previous page
Page 12:156
toient, & ce qui pouvoit être de vicieux dans leur pratique.
Il est plus facile d'imiter les défauts des hommes
que leurs perfections. Par exemple, on reproche au
Guide d'avoir fait ses têtes trop plates: eiles manquent
souvent de rondeur, parce que leurs parties
ne se détachent point & ne s'élevent pas assez l'une
de l'autre. Il suffit donc, pour lui ressembler en cela,
de se négliger & de ne point se donner la peine de
pratiquer ce que l'art enseigne à faire pour donner de
la rondeur à ses têtes.
Jordane le Napolitain, que ses compatriotes appelloient
ilfapresto ou dépêche - besogne, étoit, après
Teniers, un des grands saiseurs de pastiches, qui jamais
ait tendu des pieges aux curieux. Fier d'avoir
contrefait avec succès quelques têtes du Guide, il
entreprit de faire de grandes compositions dans le
goût de cet aimable artiste, & dans le goût des autres
éleves de Carache. Tous ses tableaux qui représentent
différens événemens de l'histoire de Persée
sont peut - être encore à Gènes. Le marquis Grillo,
pour lequel il travailla, le paya mieux que les grands
maîtres dont il se faisoit le singe, n'avoient été payés
dans leur tems. On est surpris en voyant ces tableaux,
mais c'est qu'un peintre qui ne manquoit pas de talens
ait si mal employé ses veilles, & qu'un seigneur
génois ait fait un si mauvais usage de son argent.
Il est bien plus aisé d'imiter les portraits & les paysages
que l'ordonnance, parce qu'il ne s'agit que de
contrefaire la main. La copie qu'André del Sarto fit
du portrait de Léon X. peint par Raphaël, trompa
Jules - Romain lui - même, quoique ce peintre en eût
fait les habits.
Le Loir (Nicolas) copioit si bien à force d'étude
les paysages du Poussin, qu'il est difficile de distinguer
la copie d'avec l'original.
On rapporte que Bon Boullogne saisissoit à merveille
la maniere du Guide. Il fit un excellent tableau
dans le goût de ce maître, que monsieur, frere de
Louis XIV, acheta sur la décision de Mignard pour
un ouvrage du peintre italien; cependant le véritable
auteur ayant été découvert, Mignard déconcerté
dit plaisamment pour s'excuser,
« qu'il fasse toujours
des Guides, & non pas des Boullognes ».
Pour découvrir l'artifice des pastiches, on n'a guere
de meilleur moyen que de les comparer attentivement
avec l'expression & l'ordonnance du peintre
original, examiner le goût du dessein, celui du coloris
& le caractere du pinceau. Il est rare qu'un artiste
qui sort de son genre ne laisse échapper quelques
traits qui le décelent. (D. J.)
PASTILLE
PASTILLE, s. f. (Parfumeur.) est une pâte que les
Parfumeurs font de gomme adragant, de clous de gérofle,
de bejoin, brouillés avec l'eau de senteur ou
commune. On en fait de bonnes à manger, d'autres
qui ne sont propres qu'à brûler pour répandre une
odeur agréable.
Les anciens aimoient les pastilles; ils avoient des
personnes qui en trafiquoient. Martial, l. II. p. 88,
fait mention d'un Cosmus fameux par ses pastilles.
Ne gravis Hesterno fragres, fescenia, vino,
Pastillos Cosmi luxioriosa voras.
Il ajoute qu'on a beau avoir dans la bouche des
pastilles pour corriger la mauvaise odeur de son haleine,
& qu'il se fait un mélange qui la rend encore
plus insupportable.
Quid quod olet gravius mixtum diapasmate virus?
Atque duplex animo longius exit odor.
Cette apostille n'est pas vraie, parce qu'il y a des
pastilles de bouche qu'on mange, qui adoucissent la
mauvaise haleine, & qui servent à la santé. Telles
sont les pastilles de cachou. (D. J.)
Pastille
Pastille, en terme de Confiseur; c'est une espece
de pâte de sucre, dont on dresse des porcelaines
pour les desserts; il y a plusieurs sortes de pastilles qui prennent leur dénomination de la matiere
principale qui entre dans leur composition, comme
pastilles de canelle, de violette, &c.
PASTO
PASTO, S. Juan de (Géog. mod.) ville de l'Amérique méridionale dans Popayan. Long. 303. lat. l.
30. (D. J.)
PASTOPHORE
PASTOPHORE, s. m. (Antiq. Greq.) les pastophores étoient des especes de prêtres, ainsi nommes
par les Grecs, à cause de leurs longs manteaux, ou
parce qu'ils étoient employés à porter le lit de Venus, PASO\S2, dans certaines cérémonies; mais ils pratiquoient
la médecine en Egypte. Clément d'Alevandrie dit, en parlant des quarante - deux livres sacres
de Mercure egyptien, qu'on gardoit avec tant de
soin dans les temples d'Egypte, qu'il y en avoit six
appartenant à la Médecine, & que l'on les faisoit
étudier aux pastophores, pour l'exetcice de cet art.
Le premier traitoit de la structure du corps; le second,
des maladies en général; le troisieme, des
instrumens nécessaires; le quatrieme, des medicamens;
le cinquieme, des maladies des yeux; & le
sixieme, des maladies des femmes. Les pastophores,
selon Diodore de Sicile, promettoient de se conformer
aux préceptes de cet ouvrage sacré; alors si
le malade périssoit, on ne leur en attribuoit point
la faute; mais quand ils s'étoient écartés des ordonnances,
& que le malade venoit à mourir, on les
condamnoit comme des meurtriers. Les autres trente - six livres de Mercure ne regardoient point la Medecine, ils ne concernoient que la philosophie égyptienne; les sacrificateurs & les prophetes en faisoient
leur étude.
PASTOPHORIE
PASTOPHORIE, (Critiq. sacrée.) en grec W=ASTOF><->
RION: on dérive ce mot de PASTAS2, atriùm, thalamus,
porticus, portique, chambre, vestibule; ou de W=KSTOS2,
qui signifie un grand voile que l'on mettoit aux portes
des temples, sur - tout en Egypte. Les prêtres qui
avoient soin de lever ce voile pour faire voir la divinité,
étoient appellés pastophores; & les apparten
ens où ils logeoient attenant le temple, pastophoria.
Isaîe xxij. donne pareillement ce nom aux logemens
des prêtres qui étoient autour des galeries du temple
de Jérusalem. On appella aussi pastophorium la tour
sur le haut de laquelle le sacrificateur en charge sonnoit
de la trompette, & annonçoit au peuple le sabbat
& les jours de fêtes. Ce mot passa depuis aux
Chrétiens, qui appellerent pastophoria les appartemens
joignant les grandes églises, où se tenoient les
prêtres qui les desservoient, & où les fideles leur
portoient des offrandes, soit pour leur entretien,
soit pour d'autres besoins. Quelques auteurs ont imaginé
que chez les chrétiens pastophorium signifioit un
ciboire, parce qu'il est ordonné dans un endroit des
constitutions apostoliques, qu'après la communion
des hommes & des femmes, les diacres portent les
restes dans le pastophorium; mais outre que l'usage
des ciboires étoit inconnu dans ce tems - là, ce terme
veut dire la chambre, l'appartement qui étoit voisin
du temple. (D. J.)
Le nom de pastophorie a encore diverses acceptions.
Cuper prétend que c'étoit une habitation où
demeuroient les prêtres destinés à porter en procession
la châsse, l'image, ou la représentation des
dieux. D'autres ont crû que c'étoit une petite maison,
où demeuroient ceux qui avoient la garde des temples.
M. Lemoine convient que c'etoit chez les
payens, comme chez les chrétiens une cellule à
côté des temples, où l'on portoit les offrandes,
& où l'évêque les distribuoit. (D. J.)
PASTORALE, Poésie
PASTORALE, Poésie (Poésie) on peut définir
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the
French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et
Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the
Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division
of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic
Text Services (ETS) of the University of Chicago.
PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.