ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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la tour, & les autres sont rejettées. Parmi celles - ci,
il y en a qui roulent sur les eaux sans pouvoir s'enfoncer,
d'autres roulent dans le desert, les autres
sont brisées en morceaux & jettées bien loin, quelques - unes enfin sont seulement mises au pié de la
tour, & entre ces dernieres il y en a de belles, blanches
& polies, mais rondes. Hermas, après avoir
tout remarqué, demande à la vieille l'explication de
la tour & de tout ce qu'il voit. Elle lui répond que
ces révélations ont leur fin, & qu'elles sont déja accomplies,
mais qu'il est un homme importun qui ne
cesse de demander des révélations; enfin que la tour
est l'Eglise: que les six hommes qui bâtissent sont les
six principaux anges du Seigneur; que le grand nombre
de ceux qui apportent des pierres sont d'autres
anges employés à l'édification de l'Eglise; que les
premieres pierres quarrées sont les apôtres, les évêques, les docteurs & les ministres qui ont été unis
dans la doctrine de Jesus - Christ, avec la jointure
desquels les autres pierres doivent s'accorder; que
les autres pierres qu'on apporte de la terre sont les
hommes qui doivent entrer dans ce bâtiment; que
celles qui se trouvent propres & bien taillées sont les
véritables fideles; que celles qui roulent sur les eaux
sont celles qui refusent ou qui different de recevoir
le baptême, parce qu'il faut renoncer à ses cupidités;
que celles qui roulent dans le desert sont les
hommes qui, après avoir connu la véritable religion,
doutent encore, & croient trouver quelque chose de
meilleur par leur science, de sorte qu'ils errent dans
les lieux solitaires & peu fréquentés; que les pierres
brisées & jettées bien loin, sont les scélérats & les endureis;
que celles qui sont mises aupres de la tour
sans être employées, sont les pécheurs qui ont besoin
de faire pénitence; que celles qui sont blanches
& rondes sont les riches, qui ont la candeur de la foi,
mais qui ne veulent pas renoncer à leurs richesses,
elles ont besoin d'être taillées pour entrer dans le
bâtiment qui est de pierres quarrees; que la tour enfin
est bâtie sur l'eau, parce que nous sommes sauvés
par l'eau, il veut dire le baptême.
Dans la quatrieme vision, il conte que se promenant
un jour dans la campagne, il vit une grande
poussiere, ce qui lui fit croire que c'étoit un troupeau
de bêtes que l'on conduisoit, mais qu'elle augmenta
si fort, qu'il crut enfin qu'il y avoit quelque chose
d'extraordinaire. En effet il vit une bête d'une grandeur
prodigieuse, & d'une figure épouventable: il
remarqua sur sa tête quatre couleurs, le noir, le
rouge, l'or & le blanc. Ayant passé au - delà de la
bête, non pas sans une extreme peur, il vit la vieille
femme qu'il avoit déja vûe dans les autres visions, à
qui il demanda ce que signifioit cette bête & ces couleurs,
& comment ce monstre ne l'avoit pas dévoré.
Elle lui répondit que le noir signifioit le monde, le
rouge le siecle présent, l'or les élus en ce monde, & le
blanc l'état de gloire; que l'ange qui veille sur les bêtes,
nommé Higrin, l'avoit conservé. Voilà, à - peu - près, ce que contient le premier livre.
Le second livre est intitulé mandata, parce qu'il
contient des commandemens au nombre de douze;
ils sont donnés à hermas par un ange qu'il nomme
Pasteur, & qui se nomme ainsi lui - même, ego sum
pastor cui traditus es. C'est peut - être de - là que le livre
a pris le nom de pasteur. Ces commandemens sont de
croire en Dieu, de faire l'aumône sans distinction,
d'éviter le mensonge, la médisance, l'adultere, la
tristesse, de résister à la cupidité, d'être d'un esprit
égal, de demander avec foi & sans hésiter.
Il y a quelque chose de remarquable dans le quatrieme
commandement touchant la dissolution du
mariage & la pénitence. Il prétend qu'un homme
dont la femme est adultere péche en la gardant avec
lui, à - moins qu'il n'en ignore le crime; dès qu'il en
est instruit, il doit la renvoyer, & ne point se remarier
à une autre; il ajoute qu'il en est de même à l'égard
de la femme envers son mari. Pour ce qui est de
la pénitence, il dit qu'on n'y est reçu qu'une fois. Les
paroles de l'auteur sur ces articles méritent d'être
rapportées tout - au - long: Et dixi illi, Domine, si quis
habuerit uxorem fidelem in Domino, & hanc invenerit
in adulterio, numquid peccat vir, si convivit cum illa?
Et dixit mihi quandiu nescit peccatum ejus, sine crimine
est vir vivens cun illa. Si autem scierit vir uxorem suam
deliquisse, & non egerit poenitentiam mulier, & permaneat
in fornicatione sua, & convivit cum illa vir, reus erit
peccati ejus & particeps moechationis ejus. Et dixi illi:
quid ergo si permanserit mulier in vitio suo? Et dixit,
dimittat illam vir, & vir per se maneat: quod si dimiserit
uxorem suam & aliam duxerit, & ipse ma>hatur. Et
dixi illi, quod si mulier dimissa poenitentiam egerit &
voluerit ad virum suum reverti, nonne recipitur à viro
suo? Et dixit mihi: imò si non receperit eam vir suus,
peccat & magnum peccatum sibi admittit. Sed debet recipere
peccatricem quoe poenitentiam egit, sed non soepè;
servis enim Dei poenitentia una est..... hic actus, similis
est in viro & in muiiere. Le Sr Hermas prétend encore
dans ce même endroit qu'un homme ne peut
pas garder une femme idolâtre, ni une femme chrétienne
demeurer avec un mari idolâtre; ce qui est
contraire à la doctrine de l'apôtre S. Paul. Dans le
sixieme commandement, il semble dire qu'il y a deux
génies qui nécessitent l'homme. Dans le troisieme,
où le mensonge est defendu, il pleure ses péchés en
avouant qu'il n'a fait autre chose que mentir: son livre
en est une belle preuve.
Le troisieme livre, intitulé similitudines, contient
des comparaisons analogiques, des choses spirituelles,
avec des naturelles, qui sont expliquées à Hermas par le pasieur ou l'ange qui lui parle. Par exemple,
que les riches sont appuyés sur les prieres des
pauvres, comme la vigne est soutenue par l'ormeau;
de la même façon qu'on ne peut pas distinguer pendant
l'hiver un arbre verd d'avec un arbre sec, aussi
pendant cette vie on ne peut pas distinguer le juste
d'avec le pécheur. Dans le cinquieme chapitre, il est
parlé du vénitable jeûne, qui consiste à observer les
commandemens de Dieu. Dans le neuvieme, enfin
c'est une vision d'un édifice à - peu - près semblable à
celui de la troisieme vision du premier livre.
PASTICHE
PASTICHE, s. m. (Pein.) tableau peint dans la
maniere d'un grand artiste, & qu'on expose sous son
nom. Les pastîches, en italien pastici, sont certains
tableaux qu'on ne peut appeller ni originaux, ni copies, mais qui sont raits dans le goût, dans la maniere
d'un autre peintre, avec un tel art que les plus habiles
y sont quelquefois trompés. Mais d'abord il est
certain que les faussaires en Peinture contresont plus
aisément les ouvrages qui ne demandent pas beaucoup
d'invention, qu'ils ne peuvent contrefaire les ouvrages
où toute l'imagination de l'artiste a eu lieu de se
déployer. Les faiseurs de pastiches ne sauroient contrefaire
l'ordonnance, ni le coloris, ni l'expression
des grands maîtres. On imite la main d'un autre, mais
on n'imite pas de même, pour parler ainsi, son esprit,
& l'on n'apprend point à penser comme un autre,
ainsi qu'on peut apprendre à prononcer comme lui.
Le peintre médiocre qui voudroit contrefaire une
grande composition du Dominiquain ou de Rubens,
ne sauroit nous en imposer plus que celui qui voudroit
faire un pastiche sous le nom de Georgéon ou
du Titien. Il faudroit avoir un génie presque égal à
celui du peintre qu'on veut contrefaire, pour réussir
à faire prendre notre ouvrage pour être de ce peintre.
On ne sauroit donc contre faire le génie des grands
hommes, mais on réussit quelquefois à contrefaire
leur main, c'est - à - dire leur maniere de coucher la couleur,
& de tirer les traits, les airs de tête qu'ils répé<pb->
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