ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 12:155

la tour, & les autres sont rejettées. Parmi celles - ci, il y en a qui roulent sur les eaux sans pouvoir s'enfoncer, d'autres roulent dans le desert, les autres sont brisées en morceaux & jettées bien loin, quelques - unes enfin sont seulement mises au pié de la tour, & entre ces dernieres il y en a de belles, blanches & polies, mais rondes. Hermas, après avoir tout remarqué, demande à la vieille l'explication de la tour & de tout ce qu'il voit. Elle lui répond que ces révélations ont leur fin, & qu'elles sont déja accomplies, mais qu'il est un homme importun qui ne cesse de demander des révélations; enfin que la tour est l'Eglise: que les six hommes qui bâtissent sont les six principaux anges du Seigneur; que le grand nombre de ceux qui apportent des pierres sont d'autres anges employés à l'édification de l'Eglise; que les premieres pierres quarrées sont les apôtres, les évêques, les docteurs & les ministres qui ont été unis dans la doctrine de Jesus - Christ, avec la jointure desquels les autres pierres doivent s'accorder; que les autres pierres qu'on apporte de la terre sont les hommes qui doivent entrer dans ce bâtiment; que celles qui se trouvent propres & bien taillées sont les véritables fideles; que celles qui roulent sur les eaux sont celles qui refusent ou qui different de recevoir le baptême, parce qu'il faut renoncer à ses cupidités; que celles qui roulent dans le desert sont les hommes qui, après avoir connu la véritable religion, doutent encore, & croient trouver quelque chose de meilleur par leur science, de sorte qu'ils errent dans les lieux solitaires & peu fréquentés; que les pierres brisées & jettées bien loin, sont les scélérats & les endureis; que celles qui sont mises aupres de la tour sans être employées, sont les pécheurs qui ont besoin de faire pénitence; que celles qui sont blanches & rondes sont les riches, qui ont la candeur de la foi, mais qui ne veulent pas renoncer à leurs richesses, elles ont besoin d'être taillées pour entrer dans le bâtiment qui est de pierres quarrees; que la tour enfin est bâtie sur l'eau, parce que nous sommes sauvés par l'eau, il veut dire le baptême.

Dans la quatrieme vision, il conte que se promenant un jour dans la campagne, il vit une grande poussiere, ce qui lui fit croire que c'étoit un troupeau de bêtes que l'on conduisoit, mais qu'elle augmenta si fort, qu'il crut enfin qu'il y avoit quelque chose d'extraordinaire. En effet il vit une bête d'une grandeur prodigieuse, & d'une figure épouventable: il remarqua sur sa tête quatre couleurs, le noir, le rouge, l'or & le blanc. Ayant passé au - delà de la bête, non pas sans une extreme peur, il vit la vieille femme qu'il avoit déja vûe dans les autres visions, à qui il demanda ce que signifioit cette bête & ces couleurs, & comment ce monstre ne l'avoit pas dévoré. Elle lui répondit que le noir signifioit le monde, le rouge le siecle présent, l'or les élus en ce monde, & le blanc l'état de gloire; que l'ange qui veille sur les bêtes, nommé Higrin, l'avoit conservé. Voilà, à - peu - près, ce que contient le premier livre.

Le second livre est intitulé mandata, parce qu'il contient des commandemens au nombre de douze; ils sont donnés à hermas par un ange qu'il nomme Pasteur, & qui se nomme ainsi lui - même, ego sum pastor cui traditus es. C'est peut - être de - là que le livre a pris le nom de pasteur. Ces commandemens sont de croire en Dieu, de faire l'aumône sans distinction, d'éviter le mensonge, la médisance, l'adultere, la tristesse, de résister à la cupidité, d'être d'un esprit égal, de demander avec foi & sans hésiter.

Il y a quelque chose de remarquable dans le quatrieme commandement touchant la dissolution du mariage & la pénitence. Il prétend qu'un homme dont la femme est adultere péche en la gardant avec lui, à - moins qu'il n'en ignore le crime; dès qu'il en est instruit, il doit la renvoyer, & ne point se remarier à une autre; il ajoute qu'il en est de même à l'égard de la femme envers son mari. Pour ce qui est de la pénitence, il dit qu'on n'y est reçu qu'une fois. Les paroles de l'auteur sur ces articles méritent d'être rapportées tout - au - long: Et dixi illi, Domine, si quis habuerit uxorem fidelem in Domino, & hanc invenerit in adulterio, numquid peccat vir, si convivit cum illa? Et dixit mihi quandiu nescit peccatum ejus, sine crimine est vir vivens cun illa. Si autem scierit vir uxorem suam deliquisse, & non egerit poenitentiam mulier, & permaneat in fornicatione sua, & convivit cum illa vir, reus erit peccati ejus & particeps moechationis ejus. Et dixi illi: quid ergo si permanserit mulier in vitio suo? Et dixit, dimittat illam vir, & vir per se maneat: quod si dimiserit uxorem suam & aliam duxerit, & ipse mahatur. Et dixi illi, quod si mulier dimissa poenitentiam egerit & voluerit ad virum suum reverti, nonne recipitur à viro suo? Et dixit mihi: imò si non receperit eam vir suus, peccat & magnum peccatum sibi admittit. Sed debet recipere peccatricem quoe poenitentiam egit, sed non soepè; servis enim Dei poenitentia una est..... hic actus, similis est in viro & in muiiere. Le Sr Hermas prétend encore dans ce même endroit qu'un homme ne peut pas garder une femme idolâtre, ni une femme chrétienne demeurer avec un mari idolâtre; ce qui est contraire à la doctrine de l'apôtre S. Paul. Dans le sixieme commandement, il semble dire qu'il y a deux génies qui nécessitent l'homme. Dans le troisieme, où le mensonge est defendu, il pleure ses péchés en avouant qu'il n'a fait autre chose que mentir: son livre en est une belle preuve.

Le troisieme livre, intitulé similitudines, contient des comparaisons analogiques, des choses spirituelles, avec des naturelles, qui sont expliquées à Hermas par le pasieur ou l'ange qui lui parle. Par exemple, que les riches sont appuyés sur les prieres des pauvres, comme la vigne est soutenue par l'ormeau; de la même façon qu'on ne peut pas distinguer pendant l'hiver un arbre verd d'avec un arbre sec, aussi pendant cette vie on ne peut pas distinguer le juste d'avec le pécheur. Dans le cinquieme chapitre, il est parlé du vénitable jeûne, qui consiste à observer les commandemens de Dieu. Dans le neuvieme, enfin c'est une vision d'un édifice à - peu - près semblable à celui de la troisieme vision du premier livre.

PASTICHE

PASTICHE, s. m. (Pein.) tableau peint dans la maniere d'un grand artiste, & qu'on expose sous son nom. Les pastîches, en italien pastici, sont certains tableaux qu'on ne peut appeller ni originaux, ni copies, mais qui sont raits dans le goût, dans la maniere d'un autre peintre, avec un tel art que les plus habiles y sont quelquefois trompés. Mais d'abord il est certain que les faussaires en Peinture contresont plus aisément les ouvrages qui ne demandent pas beaucoup d'invention, qu'ils ne peuvent contrefaire les ouvrages où toute l'imagination de l'artiste a eu lieu de se déployer. Les faiseurs de pastiches ne sauroient contrefaire l'ordonnance, ni le coloris, ni l'expression des grands maîtres. On imite la main d'un autre, mais on n'imite pas de même, pour parler ainsi, son esprit, & l'on n'apprend point à penser comme un autre, ainsi qu'on peut apprendre à prononcer comme lui.

Le peintre médiocre qui voudroit contrefaire une grande composition du Dominiquain ou de Rubens, ne sauroit nous en imposer plus que celui qui voudroit faire un pastiche sous le nom de Georgéon ou du Titien. Il faudroit avoir un génie presque égal à celui du peintre qu'on veut contrefaire, pour réussir à faire prendre notre ouvrage pour être de ce peintre. On ne sauroit donc contre faire le génie des grands hommes, mais on réussit quelquefois à contrefaire leur main, c'est - à - dire leur maniere de coucher la couleur, & de tirer les traits, les airs de tête qu'ils répé<pb->

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.