ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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est évalué à plus de 25000 liv. de revenu fixe, & le casuel en est très - considérable. On compte dans le diocèse 17 abbayes, & 450 paroisses qui sont partagées en 12 doyennés ruraux.

Noyon est bâti sur une pente douce & en bon air, à un quart - de - lieue de l'Oise, sur la riviere de Vorse, à 9 lieues N. O. de Soissons, 13 S. E. d'Amiens, 24 N. E. de Paris. Long. 20. 40. 43. lat. 49. 34. 37.

Je ne sai par quelle étoile Noyon a produit plus de gens de lettres que les autres villes de Picardie. Je pourrois nommer M. le Cat, mais il vit encore heureusement; ainsi je ne parlerai que des morts, & je nen citerai que quelques - uns, dont cette ville est la patrie. Tels sont:

Conte (Antoine le), en latin Contius, jurisconsulte du xvj. siecle, dont Cujas faisoit beaucoup de cas, mourut en 1586. Ses oeuvres ont été imprimées en un volume in - 4°.

Foureroi (Bonaventure) étoit mauvais poëte; mais avocat célebre, quoique les ouvrages de sa profession soient aujourd'hui peu. recherchés. Il mourut à Paris en 1691, dans un âge décrépit.

Masson (Innocent le), s'acquit pendant sa vie de la répuration par ses livres de piété, qui sont à présent tombés dans le plus profond oubli. Il devint général des Chartreux, & violent ennemi des Jansénistes. Il est mort en 1704, à 76 ans.

Maueroix (François), intime ami de la Fontaine, devint chanoine de Reims, & mourut en 1708, à 89 ans. Il éerivoit très - poliment, & versifioit avec aisance. Nous lui devons de bonnes traductions dans notre langue; les Philippiques de Démosthène, l'Eutyphron, le grand Hippias, quelques Dialogues de Platon, & le Rationarium temporum du P. Petau.

Mais Noyon est bien moins connu par tous les gens de lettres que je viens de nommer, que pour avoir donné en 1509 la naissance à Calvin, cet homme si fameux par ses ouvrages, par ses disciples, & par les peuples éclairés, chez lesquels sa doctrine a été reçue dans tous les points où elle a paru conforme à celle de la primitive eglise.

Calvin possedoit les plus heureux dons de la nature. Il joignoit à beaucoup d'esprit une mèrveilleuse sagacité, une mémoire excellente, une rare érudition, une plume éloquente & facile, l'art de manier la parole, le talent supérieur d'écrire purement en latin comme en françois, un travail infatigable, qu'il ne cessoit pas même dans le tems que des maladies l'attachoient au lit, une vigueur d'esprit toujours active, un courage qui ne s'étonnoit de rien, & plus que tout cela, l'ambition d'étendre la réformation dans toute l'Europe, en France, en Suisse, en Allemagne, & jusqu'aux extrémités du nord.

Plein de ce vaste projet, il s'y dévoua dès sa jeunesse, étudiant profondément la Théologie & la Jurisprudence. Il fit connoître ce qu'il seroit un jour par la harangue qu'il suggéra au recteur de l'université de Paris, & qui excita des grandes rumeurs en Sorbonne & au Parlement. Il n'avoit que 26 ans, quand il publia son Institution chrétienne, avec une épître dédicatoire à François I. qui est une des trois préfaces qu'on admire le plus, car elle va de pair avec celle de M. de Thou & la préface du Polybe de Casaubon.

Cet ouvrage fit voler si haut la réputation de Calvin, qu'il ne tint plus qu'à lui de choisir dans les pays protestans, le lieu où il jugeroit bon de se fixer. Le hazard seul le décida pour Genève, où il acquit plus d'autorité que Luther n'en eut jamais en Saxe. Il devint le législateur spirituel de cette république; il y dressa un formulaire de catéchisme, de confession de foi, & de discipline ecclésiastique, qui fut reçu par tout le peuple en 1541. Il mourut en 1564, à 55 ans. Ses travaux continuels abregerent ses jours, mais ils lui procurerent un nom célebre & un très - grand crédit.

Austere par tempérament, irréprochable dans ses moeurs, dur envers lui - même comme envers les autres, d'une frugalité & d'un desintéressement admirables, il ne laissa pour tout bien en mourant, que la valeur de cent vingt écus d'or. Mais c'étoit un homme entier dans ses sentimens, jaloux du mérite des autres, violent, emporté, dangereux quand il étoit contredit; brûlant d'une seule passion, de l'ardeur de se signaler, & d'obtenir cet empire de la domination sur les esprits, qui flatte tant l'amour propre, & qui d'un théologien fait une espece de conquérant, comme dit M. de Voltaire. Piqué de trouver dans Servet, un adversaire plus fort que lui en raisons, il lui répondit par des injures; passa des injures à la haine, le fit arrêter dans son voyage à Genève, & pour comble d'horreur, le fit brûler vif. Cette action barbare a souillé la mémoire de Calvin d'une tache éternelle dans l'esprit des Réformés tout autant que dans l'esprit des Catholiques.

Ce fut à Noyon que Hugues Capet se fit proclamer roi, en 987. On fait, dit l'auteur moderne de l'Histoire générale, comment ce duc de France, comte de Paris, enleva la couronne au duc Charles oncle du dernier roi, Louis V. Si les suffrages eussent été libres, le sang de Charlemagne respecté, & le droit de succession aussi sacré qu'aujourd'hui, Charles auroit été roi de France. Ce ne fut point un parlement de la nation qui le priva du droit de ses ancêtres; ce fut ce qui fait & défait les rois, la force aidée de la prudence (D. J.)

NOYURE

NOYURE, terme d'Horlogerie. Voyez Creusure.

NOZEROY, ou NOZERET

NOZEROY, ou NOZERET, (Géog.) petite ville de France dans la Franche - Comté, au bailliage de Salins. Elle est située sur une montagne, à six lieues S. N. de Salins, quinze S. de Besançon. Long. 24. 45. lat. 46. 44.

Gilbert Cousin, auteur du xvj. siecle, né à Nozeroy, en a donné une notice assez étendue dans sa description de la Bourgogne. (D. J.)

NSOSSI

NSOSSI, (Hist. nat.) animal quadrupede qui se trouve dans le royaume de Congo, & dans d'autres parties de l'Afrique. Il est de la grandeur d'un chat, & d'un gris de cendre; son front est armé de deux petites cornes. C'est le plus craintif & le plus inquiet des animaux; ce qui le tient toujours en mouvement, & l'empêche de boire ou de paître tranquillement. Sa chair est très - bonne à manger, & les habitans préferent sa peau à toute autre pour faire les cordes de leurs arcs.

NTOUPI

NTOUPI, s. m. (Hist. ecclés.) nom que les Grecs donnent aux excommuniés après leur mort, parce que leurs corps, disent - ils, ne pourrissent point en terre, mais s'enslent & résonnent comme un tambour quand on les roule. On dit que l'on vit une preuve de cette vérité sous le regne de Mahomet II. empereur des Turcs; car ce sultan ayant entendu parler de la force des excommunications dans l'église greque, envoya dire à Maxime, patriarche de Constantinople, qu'il eût à trouver le cadavre d'un homme excommunié & mort depuis long - tems, pour connoître en quel état il seroit. Le patriarche fut d'abord surpris, & communiqua cet ordre à son clergé qui ne fut pas moins embarrassé. A la fin les plus anciens se ressouvinrent que sous le pontificat de Gennadius il y avoit une trés - belle femme veuve

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