LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798
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On dit figurément et populairem.
Tirer ses guêtres, pour dire, S'en
aller. Il a tiré ses guêtres. Tirez vos
guêtres.
On dit aussi familièrement De quelqu'un qui est mort dans quelque occasion,
qu'Il y a laissé ses guêtres.
GUETRER
GUETRER. v. a. Mettre des guêtres
à quelqu'un.
Guêtré, ée
Guêtré, ée. participe.
On appelle par ironie, Juge guétré,
Un Juge de Village qui porte des
guêtres.
GUETTER
GUETTER. v. a. Épier, observer
à dessein de surprendre, de nuire.
Les voleurs guettent les passans. Il y a
des Sergens qui le guettent. On sait tous
les endroits où il va, on le guette. On le
surprit sur le fait, car on le guettoit.
Les assassins le guettoient. Le chat guette
la souris.
Il signifie figurém. Attendre quelqu'un a un endroit où il ne croit pas
qu'on le cherche, ou l'attendre simplement
à un endroit où il doit passer.
Je guette ici un tel Juge pour lui présenter
un Placet. Il guettoit son débiteur
pour lui demander de l'argent.
On ne se sert de ce mot Guetter, que
dans le style familier.
Guetté, ée
Guetté, ée. participe.
GUEULARD
GUEULARD. s. m. Celui qui a l'habitude
de parler beaucoup et fort haut.
C'est un franc gueulard.
GUEULE
GUEULE. s. f. C'est dans la plupart
des animaux à quatre pieds et
dans les poissons, ce qu'en l'homme
on appelle Bouche. La gueule d'un boeuf,
d'un chien, d'un loup, d'un lion, d'un
brochet, d'un crocodile, etc. Grande
gueule. Gueule béante. Le lion emportoit
sa proie dans sa gueule. Il ouvrit une
grande gueule. Il avoit la gueule ouverte
pour l'engloutir.
On dit figurément et proverbialement,
Mettre, laisser quelqu'un à la
gueule du loup, pour dire, Exposer,
abandonner quelqu'un à un péril certain.
Gueule
Gueule, se dit aussi quelquefois
De l'homme, populairem. et par mépris.
Il a une vilaine gueule. Il a la
gueule fendue jusqu'aux oreilles.
On dit proverbialem. qu'Un homme
est venu la gueule enfarinée, pour dire,
qu'Il est venu inconsidérément, et
avec un air de confiance.
On dit, Donner sur la gueule à une
personne, lui paumer la gueule, pour
dire, Lui donner un soufflet, un coup
de poing dans le visage. Il est populaire.
On dit populairement d'Un homme
qui est grand crieur, qu'Il a toujours
la gueule ouverte.
On dit aussi proverbialement, Il en
a menti par la gueule, par sa gueule. Il
est bas.
On dit d'Un homme qui ne sait plus
que dire, qu'Il a la gueule morte. Il est
du style familier.
On dit populairement, que La gueule
du Juge en petera, pour dire, qu'On en
viendra au procès.
On dit, qu'Un homme n'a que de la
gueule, pour dire, qu'Il est grand hableur.
Il est bas.
On dit d'Un homme, qu'Il est fort
en gueule, pour dire, qu'Il est braillard,
qu'il parle beaucoup, qu'il veut
tout emporter à force de parler et de
crier. On le dit aussi d'Un homme insolent
et sujet à dire des grossièretés.
Il est familier.
On dit populairement d'Un homme
qui est fort en paroles, que C'est une
gueule ferrée.
On dit familièrement, qu'Un homme
a la gueule pavée, pour dire, qu'Il
mange avidement les morceaux les
plus brûlans.
On appelle Mots de gueule, Des paroles
sales, des paroles déshonnêtes.
Il est bas.
On appelle proverbialement et figurément,
Gueule fraîche, Un homme
de bon appétit et toujours prêt à
manger.
Gueule
Gueule, se dit encore De plusieurs
autres choses par analogie. La gueule
d'un four. La gueule d'une cruche. La
gueule d'un sac. Une futaille à gueule
bée, C'est un tonneau vide defoncé
par un des bouts.
Gueule
Gueule, se dit encore en termes de
Botanique, De certaines plantes monopétales
dont la fleur forme comme
deux lèvres; ce qui fait qu'on les appelle
autrement Labiées. La sauge, le
thym, le basilic, ont leurs fleurs en
gueule.
GUEULÉE
GUEULÉE. sub. f. Grosse bouchée
ou goulée; ce qui tient dans la bouche
d'un homme, d'un animal, etc.
Il signifie aussi, Paroles sales,
déshonnêtes. Il a dit beaucoup de gueulées.
GUEULER
GUEULER. v. n. Parler beaucoup
et fort haut. Cet Avocat ne dit rien qui
vaille, il ne fait que gueuler. Après qu'il
eut long--temps gueulé. Il est bas ainsi
que le précédent.
GUEULER
GUEULER. verbe actif. En termes
de Chasse, il se dit d'Un lévrier
qui saisit bien le lièvre avec sa
gueule.
Gueulé, ée
Gueulé, ée. participe.
GUEULES
GUEULES. subst. masc. Terme de
Blason. Couleur rouge. Le gueules est
une des couleurs dont on se sert dans
les armoiries. Il porte de gueules à la
bande d'or.
GUEUSAILLE
GUEUSAILLE. s. fém. Canaille,
multitude de gueux. Voilà bien de la
gueusaille. Chassez cette gueusaille. Ce
n'est que de la gueusaille. Il n'est que du
style familier.
GUEUSAILLER
GUEUSAILLER. v. n. Faire métier
de gueuser. Il pourroit faire quelque
chose, et il s'amuse à gueusailler. Il est
populaire.
GUEUSANT, ANTE
GUEUSANT, ANTE. adjectif. Qui
gueuse actuellement. C'est un gueux
gueusant, c'est une gueuse gueusante. Il
n'est en usage qu'en cette phrase familière.
GUEUSE
GUEUSE. s. f. Pièce de fer fondu,
qui n'est point encore purifiée. On dit,
Couler la gueuse.
Gueuse
Gueuse. Terme de Billard. Il n'est
d'usage qu'en ces phrases, Être en
gueuse, avoir de la gueuse, qui se dit
Lorsque les deux billes sont du même
côté de la passe, et que celle du
joueur est placée de façon que l'une
des branches du fer l'empêche de
pousser sa bille en ligne droite sur
l'autre.
GUEUSER
GUEUSER. v. n. Mendier, faire
métier de demander l'aumône. Il s'est
mis à gueuser. On le trouva qui gueusoit
Il est familier.
Il est quelquefois actif. Gueuser son
pain.
Gueusé, ée
Gueusé, ée. participe.
GUEUSERIE
GUEUSERIE. s. f. Indigence, misère,
pauvreté. Il y a bien de la gueuserie
dans cette Province, dans cette maison.
Il est familier.
On dit figurément d'Une chose vile
et de peu de prix, que Ce n'est que de
la gueuserie. On disoit qu'il y avoit de
beaux meubles dans cet inventaire, mais
ce n'est que de la gueuserie. Il n'a acheté
que de la gueuserie. Il est familier.
On dit aussi en général, Ce n'est
qu'une gueuserie, pour dire, Ce n'est
qu'une bagatelle.
GUEUX, EUSE
GUEUX, EUSE. adject. Indigent,
nécessiteux, qui est réduit à mendier.
Ces gens--la sont si gueux, qu'ils n'ont
point de pain C'est une famille fort
gueuse. Il est familier.
On dit aussi qu'Un avare est toujours
gueux, pour dire, qu'Il se refuse le
nécessaire.
On dit d'Un homme de condition
qui est peu accommodé des biens de la
fortune, qu'Il est gueux pour un homme
comme lui.
On dit aussi dans une pareille occasion,
Avoir un équipage fort gueux.
On dit aussi, en parlant d'Architecture,
qu'Une corniche est gueuse, pour
dire, qu'Elle est trop dénuée d'ornemens.
On dit proverbialem. d'Un homme
très--pauvre, qu'Il est gueux comme un
Peintre, qu'il est gueux comme un rat
d'Église.
Il est aussi substantif, et se dit d'Un
homme ou d'une femme qui demande
l'aumône, qui fait le métier de caimander.
C'est un vrai gueux, un gueux
fieffé, un gueux de profession. Mener une
vie de gueux. Une vieille gueuse.
On dit d'Un homme de néant qui a
fait fortune, et qui est devenu insolent,
que C'est un gueux revêtu.
On dit d'Une femme de mauvaise
vie, que C'est une gueuse.
Gueux
Gueux, pris substantivement, signifie
aussi quelquefois Coquin, fripon.
Ne vous fiez pas à cet homme--là,
c'est un gueux.
GUI
GUI
GUI. subst. mascul. (UI ne font
qu'une syllabe.) Plante parasite qu
naît sur les branches de certains arbres,
comme du poirier, de l'aubépine,
du chêne, etc. La glu se fait de
gui. Les Gaulois faisoient grand cas du
gui de chêne, ils cueilloient le gui de
chéne avec beaucoup de cérémonies. On
croit que le gui de chêne guérit le hautmal.
Un chapelet de gui de chêne.
GUICHET
GUICHET. s. m. Petite porte pratiquée
dans une grande. La porte de la
Ville est fermée, mais le guichet est ouvert.
Le guichet d'une prison. Les Sergens
le prirent et lui firent passer le guichet.
On l'amena entre les deux guichets pour
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