Nicot, Thresor de la langue francoyse
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Page 600
sommeil
Sommeil, Sopor.
Le sommeil me vient, Somnus accedit.
Faire avoir sommeil, Quaerere somnum re aliqua.
Le sommeil me presse, Vrget somnus.
Saisi de grand sommeil, Solutus somno.
Le sommeil l'a assopi, Oppressit eum somnus.
Le sommeil m'a prins, Me somnus complexus est.
sommeiller
Sommeiller, Dormitare.
En sommeillant, Dormitando.
sommeilleux
Sommeilleux.
sommeillard
Sommeillard, Somniculosus.
sommeillier
Un Sommeillier, OEnoptes, A lagenis,
Ab oenophoris, Ab vrnis.
Budaeus.
sommelerie
La sommelerie, Cella vinaria, Apotheca, Apotheca
vini. Pl.
sommet
Le Sommet, ou coupet de quelque
chose, Apex, Cacumen, Summum.
Le sommet ou coupet d'un edifice, et autres choses, Fastigium, Culmen.
Le sommet ou coupet d'une montagne, Supercilium montis.
Le sommet et fin bout de quelque chose, comme d'une montaigne, et de
quelque bastiment, Coronis.
Le sommet de la teste, Vertex capitis, culmen hominis.
Depuis le plus hault et le sommet, A summo.
sommité
Sommité, Cacumen, Culmen, Fastigium.
sommier
Sommier, m. acut. Vient de ce mot Somme, et
signifie ce qui porte
somme, ainsi il se prend aulcunefois pour la poultre sur laquelle sont posées
les solives et le faix de tout le plancher. Trabs perpetua. Vitru.
Quelquefois pour un cheval portant en somme, c'est à dire sur le dos, soit
bahus ou autre charge: Equus onerarius, aut sarcinarius, Bud. lib.
de asse. Selon ce au pays de Languedoc et adjacens, on dit une sommade
de blat, pour la quantité de bled que communement un cheval peult
porter en somme. quelquefois pour le Cerceau double qui suyt le Talu en
la relieure d'une fustaille, qui ainsi est appelée par les tonnelliers, parce
qu'estant droitement sur le jable, il porte tout le fais de ladite relieure,
quelquefois
pour le Canon musical sur lequel se font les conduicts ou postes
qui portent le vent d'un tuyau d'orgues à l'autre. Canon musicus, vitru.
En consequence de ce on appelle sommier, assemblee, corps ou communauté
qui porte sur luy tous les affaires de ladicte communauté, et s'en
charge. Et d'un portefais qui est chargé à oultrance, on dict, il est chargé
en sommier, In iumenti onerarij modum oneratus est. Sommier
aussi est appellée la grosse piece de bois taillee en dos de chameau, à
laquelle
une cloche est attachee à liains et bandes de fer, et pendant d'icelluy
sommier, les deux bouts duquel faicts de tourillons de fer portent
sur le pouaillier faict d'airain, et tournent en icelluy quand la cloche est
sonnee à bransle. Et ce sommier porte tout le fais et pesanteur de la cloche
sur son dos accollé desdicts liains de fer, tout ainsi qu'un cheval la
somme sur son dos, dont luy est donné ce nom. Un sommier en charpenterie,
Trabs perpetua. Vitru.
Sommiers entez les uns dans les autres, Trabes compactiles. Vitru.
somptueulx
Somptueulx banquet, excessif, et de
grande superfluité, Sumptuosa
coena.
Bastiment qui n'est pas sumptueux, Frugi aedificium.
somptuosité
Somptuosité, Luxus, Luxuria, vel Luxuries,
Trop grande somptuosité et superfluité de bastiment de metairies,
Insania
villarum.
somptueusement
Somptueusement, Sumptuose, Ambitiose,
Pollucibiliter.
Estre vestu trop somptueusement, Vestiri nimis delicate.
son
Son, m. Est le tentissement en l'air qui se fait
de l'entretouchement de
deux ou plusieurs choses par heurt, ou compression. Ainsi dit-on le son du
tonnerre du vent, de l'orage, de la cloche, de l'artillerie, de la voix, de
la fonde et d'autres choses, lequel est causé ou par entrechoc de choses
de contraires qualitez, comme celuy du tonnerre, ou d'attouchement et
compression seule sans operation des susdictes qualitez, comme est le
chiflement, l'escri: et par seule fraction de l'air qui est entre deux,
comme le son de l'applaudissement des mains, ou de l'air qui est à l'opposite,
comme celuy du vireton descoché, et du caillou rué à force, Sonus,
Sonitus,
Sonor, Tonus. Son se prend aussi pour le desbris de la cotte du
grain que la meule fait au moulin, lequel par le sas ou bluteau est par
apres escous d'avec la farine quand on veut faire du pain, Furfur.
Qui est comme plein de son, Furfurosus. Son aussi est pronom
possessif
masculin, comme, C'est son logis, Ipsius haec domus est. Il est en son
jardin, Est in horto suo. Lequel neantmoins est employé aux noms
feminins de la chose possedée, s'ils commencent par voyele, comme, Son
espée, son ame, Ensis anima ipsius. Ce qui se fait pour eviter le
béement
de bouche qui seroit lourd si on disoit sa espée, sa ame. Car quand
ledit feminin commence par consonante, on n'use pas dudit masculin
Son,
ains de Sa feminin, comme, Sa conscience, sa maladie, Conscientia
morbus ipsius. Toutesfois on dit S'amie par apocope, ou bien par
aversion. de sa et amie, comme on dit aussi M'amie, et non Son
amie,
Mon amie. Mais on ne dit S'ame, ni M'ame.
Un fort son, Sonor, sonoris.
Le son qu'on rend quand on enfle les jouës Stlopus.
Le son des pieds, Crepitus pedum.
Le son des coups quand on foüete une personne, Crepitus plagarum.
Son qui est un peu plus bas, Grauiusculus sonus.
Un son hautain et cler, Sonus acutus.
Bruire et faire un son hautain, Detonare.
Son haussé et baissé, Sonus inflexo spiritu variatus.
Un son esclattant, Fragor.
Avec son esclattant et bruit violent, Fragose.
Son violent et aspre de quelque chose que ce soit, Crepitus.
Son fait par mesure, Sonus modulatus.
Son tout le plus bas qu'on peut prendre, Sonus grauissimus.
Son rabatu, Sonus flexus.
Danser au son du menestrier, Saltare ad tibicinis modos.
Faire son, Edere sonos, Sonum reddere, vel sonitum, Increpare.
Faire un son en frappant contre quelque chose, Sonum elidere.
Faire divers sons, Discrepare.
Faire grand son, Personare.
Rendre son, Sonum efficere, Resonare.
Qui rend divers sons, Multisonus.
Tempestes qui rendent grand son, et bruient fort, Tempestates sonorae.
Tascher d'ouir le son, Captare sonitum.
Ne pouvoir endurer le son en ses oreilles, Sonitum non posse capere
auribus.
sonnaille
Sonnaille, f. C'est la clochette rustique que les
bestes portent penduë à leur
col, passans ou allans par les champs.
sonnalier
Sonnalier, c'est celuy qui porte une sonnaille, Jean le
maire en ses Illustrations,
Moutons clochemans ou sonnaliers revestus de toisons houssuës,
voyez Clocheman.
sonner
Sonner, Sonare, Recinere.
Sonner diversement, Discrepare.
Faire sonner une corde, Elicere sonum neruorum.
Quand l'or, l'argent, airain, fer, estain, et semblables sonnent,
Tinnire.
¶ Sonner aucun, pour appeler.
Airains sonnans, Tinnula aera.
sonnette
Sonnette, Crepitaculum, Tintinnabulum.
sonoreux
Sonoreux. Ronsard. Sonorus.
sonde
Une Sonde, Bolis, bolidis.
sonder
Sonder la riviere, C'est tenter la profondeur, Canari,
Tentare.
Sonder le gué, qu'autrement nous disons, Tenter le gué, Tentare vadum.
¶ Il faut sonder plus avant, ou plus bas, Altius expiscandum. B.
sone
La riviere de SONE, ou Saonne qui passe
à Lion, Arar vel Araris.
songer
Songer, Somniare, Consomniare. Si de ce
mot Somniare, vous
muez i vocal en j consonant, vous aurez Som"jare. De là vient
songer.
De Somnium. Som"jon Songe, Ainsi faisons nous de Simia. Sim"ja,
Singe.
Songer, penser, et deviner en soymesme, Exputare.
Songer, trouver, et inventer, Comminisci excogitare.
Il n'y faut plus songer, Praecisa est mihi dubitatio. B. ex Cic.
Penser et songer quelque malice que tu faces à autruy, Consulere
aliquid
mali quod facias alteri.
Songer à malfaire, Cogitare male.
Songer choses plaisantes, Vti somniis iucundissimis.
Qui songe souvent, Somniosus.
Apres avoir songé quelque chose et bien appresté, Prestement, Parate.
C'est ce que j'avoy songé, Pertinet somnium ad hoc.
Ce qu'on a songé de nouveau, Commentitium.
En songeant, In somnis.
songe
Songe, Somnium, Visum.
Si quelque songe advient, Si quando aliquod somnium verum euaserit.
Que diray-je? à quoy tend ce songe ci? Quam ad rem dicam attinere
hoc somnium?
Qui devine que signifient les songes, Coniector.
songeart
Songeart, Dormitator.
songemalice
Un songemalice, Cacomechanos. B.
sonnet
Sonnet, m. acut. Semble estre diminutif de
son, c'est à dire un petit
son: si mieux on n'aime dire qu'il est fait de ce mot Latin, Sonitus.
Et qu'il ne soit point de la forme diminutive. Mais le François ne l'a
ni d'une sorte ne d'autre en courant usage, et ce qu'il dit depuis ne sçay
quel temps, Sonnet, pour une façon de Rime comprinse en deux quatrains,
et deux tiercets, qui sont quatorze vers, dont le premier rime
aux quatrieme, cinquiesme et huictieme, et le second aux troisieme,
sixieme et septieme; le neufieme au douzieme; le dixieme au treizieme,
et l'onzieme au quatorzieme, c'est un mot par luy emprunté de l'Italien
Sonetto, qui l'a prins des Provençaux ou Catalans premiers poëtes,
duquel Italien, l'Espagnol aussi a puis n'a gueres prins et le mot et la
tissure de la Rime. Aucuns estiment que laditte rime de quatorze vers
soit appelée Sonnet, parce que les Italiens le chantent en le lisant. Mais
cela n'en est pas la cause: car le chant leur est commun et usité en toutes
sortes de leurs rimes dont le vers est de onze syllabes, soit de fait ou
d'equipolence.
Comme aussi tous vers quelconques en quelque langue
qu'ils soient escrits, deussent estre leus avecques ton de chant, ainsi que
le mot Carmen, que le Latin leur a baillé, le donne assez à
entendre.
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