Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 1:585

garnit la poignée d'une épée ou d'un sabre. Détacher sa dragonne. Dragonne de laine, de cuir, de buffle.

DRAGONNIER. s. m. T. de Botan. Genre de plantes exotiques: l'espèce principale est un grand et gros arbre qui a le port des palmiers, et d'où découle, pendant les fortes chaleurs, une substance résineuse appelée Sang-de-dragon ou Sang-dragon.

DRAGUE. s. f. Instrument fait en pelle recourbée, et emmanché d'une longue perche, qui sert à tirer le sable des rivières, etc., et à curer des puits.

DRAGUE signifie aussi, L'orge ou tout autre grain qui a servi à faire de la bière. On donne la drague à manger aux chevaux.

DRAGUER. v. a. Nettoyer le fond d'une rivière, d'un canal, etc., avec l'instrument appelé Drague, ou avec un bateau dragueur.

DRAGUÉ, ÉE. participe

DRAGUEUR. adj. et s. m. Il se dit D'un bateau d'une construction particulière, qui porte une machine propre à tirer le sable du fond des rivières, des canaux, etc. Bateau dragueur. Établir un dragueur à l'entrée d'un port.

DRAMATIQUE. adj. des deux genres Il se dit Des ouvrages faits pour le théâtre, et qui représentent une action tragique ou comique. Poëme dramatique. Ouvrage dramatique. Composition dramatique.

Il se dit également De ce qui a rapport ou de ce qui est propre aux ouvrages dramatiques. Le genre dramatique. L'art dramatique. Censure dramatique. Style, poésie dramatique. On l'applique, dans un sens analogue, Aux personnes. Poëte, auteur dramatique. Censeur dramatique.

Forme dramatique, Celle d'un ouvrage, autre qu'une pièce de théâtre, dans lequel l'auteur, au lieu de raconter ou de décrire, met en scène et fait parler entre eux les personnages mêmes qu'il introduit. Il donne souvent à ses récits une forme dramatique. Employer les formes dramatiques.

DRAMATIQUE se dit encore, dans un sens particulier, De ce qui intéresse ou émeut vivement le spectateur. Cette scène est fort dramatique. Situation dramatique. Intérêt dramatique. Ce sujet me paraît assez dramatique.

Il se dit, par extension, lorsqu'on parle D'un poëme épique, d'une histoire, d'un discours, etc., et signifie, Qui offre une peinture vive et animée de l'action, des événements, soit que l'auteur ait ou n'ait pas fait usage des formes dramatiques. Ce récit est dramatique. Cet endroit est fort dramatique. Il y a, dans ce discours, des mouvements admirables et très-dramatiques. L'oraison funèbre de Marc-Aurèle, par Thomas, est placée dans un cadre fort dramatique.

Il s'applique dans le même sens Aux poëtes épiques, aux orateurs, aux historiens, etc., dont les ouvrages ont ce genre de mérite. Homère est éminemment dramatique. Tite-Live et Salluste sont souvent dramatiques.

DRAMATIQUE est quelquefois substantif masculin, et signifie alors, Le genre dramatique, la forme dramatique. Il réussit dans le dramatique. Le dramatique donne beaucoup d'intérêt aux ouvrages de Platon.

Il désigne quelquefois, Ce qui excite particulièrement l'émotion dans une pièce de théâtre, dans un récit, etc. Il y a bien du dramatique dans cette scène.

DRAMATISTE. s. des deux genres Celui ou celle qui compose des ouvrages de théâtre. Il est peu usité.

DRAMATURGE. s. des deux genres Auteur de drames, de pièces qui tiennent à la fois de la comédie et de la tragédie. Il ne s'emploie guère que par dénigrement.

DRAME. s. m. Pièce de théâtre représentant une action, soit comique, soit tragique. L'unité d'action, l'unité de temps, et l'unité de lieu, sont les principales règles du drame.

Drame lyrique, Pièce entièrement mise en musique ou mêlée de chant, et que l'on nomme aussi Opéra ou Opéra-comique.

DRAME dans un sens plus restreint, Pièce de théâtre, en vers ou en prose, d'un genre mixte entre la tragédie et la comédie, dont l'action, sérieuse par le fond, souvent familière par la forme, admet toutes sortes de personnages, ainsi que tous les sentiments et tous les tons. Les drames de cet auteur sont froids. Un long drame. Un drame historique.

Il se dit quelquefois figurément, dans le style élevé, d'Une suite d'événements qui agitent une ville, un pays. Le drame de cette révolution.

DRAP. s. m. Sorte d'étoffe de laine. Bon drap. Drap fin. Gros drap. Drap d'Angleterre. Drap de Louviers, d'Elbeuf. Drap pagnon. Une aune de drap. Une pièce de drap. Acheter, vendre du drap. Faire du drap. Habit de drap. Tailler en plein drap.

Drap d'or, drap de soie, Étoffe dont le tissu est d'or ou de soie. Quand le mot Drap est employé seul, il s'entend presque toujours du drap de laine.

Prov. et fig., Il peut tailler en plein drap, il a de quoi tailler en plein drap, Il a amplement et abondamment tout ce qui peut servir à l'exécution de son dessein. Il a taillé en plein drap, Il a été en pouvoir de faire tout ce qu'il a voulu.

Prov. et fig., La lisière est pire que le drap, se dit Pour exprimer que les habitants des frontières d'une province à laquelle on attribue certains défauts, sont encore pires que ceux de l'intérieur du pays.

Prov. et fig., Au bout de l'aune faut le drap, Toutes choses ont leur fin; il ne faut ni s'étonner ni s'affliger de voir qu'elles viennent à manquer, quand on en a usé autant qu'on le pouvait.

Prov. et fig., Il veut avoir le drap et l'argent, se dit D'un homme qui ne paye pas une chose qu'il a achetée, ou qui retient une chose qu'il a vendue.

Drap de pied, Pièce de drap, de velours, etc., qu'on étend sur le prie-Dieu des personnes du premier rang, et qui déborde en avant de manière à leur servir de marchepied.

Drap mortuaire, Pièce de drap ou de velours noir, etc., dont on couvre la bière ou le cénotaphe, au service des morts.

DRAP signifie aussi, Une grande pièce de toile qu'on met dans le lit pour y coucher. Drap de dessus. Drap de dessous. Draps très-fins. Une paire de draps. Draps blancs. Draps blancs de lessive. Chauffer des draps. Drap de deux lés. Draps sans couture.

Fam., Se mettre entre deux draps, Se coucher, se mettre au lit.

Prov., Le plus riche n'emporte qu'un drap en mourant, non plus que le plus pauvre.

Prov. et fig., Mettre quelqu'un en de beaux draps blancs, Dire beaucoup de mal de lui; et, dans un sens plus général, Le mettre dans une situation embarrassante, lui susciter des affaires. On dit de même, Être, se mettre dans de beaux draps blancs, ou simplement, dans de beaux draps. Vous vous êtes mis dans de beaux draps blancs. Le voilà dans de beaux draps.

Fig. et fam., Ce malade, cet enfant ne se soutient non plus qu'un drap mouillé, Il ne peut se soutenir.

DRAPEAU. s. m. Haillon, vieux morceau de linge ou d'étoffe. Le papier se fait avec de vieux drapeaux de linge. Ramasser des drapeaux. Ce sens vieillit: on dit, Chiffon.

DRAPEAUX au pluriel, se dit de Ce qui sert à emmaillotter un enfant. Sécher les drapeaux d'un enfant. On dit plus communément, Les langes.

DRAPEAU signifie en outre, Étendard, bannière, pièce d'étoffe qu'on attache à une espèce de lance, de manière qu'elle puisse se déployer et flotter, et qui sert à donner un signal, à indiquer un point de ralliement, à distinguer la nation qui l'arbore, etc. Le drapeau national. Le drapeau tricolore. Le drapeau américain. Drapeau rouge. Attacher un mouchoir au bout d'une perche en guise de drapeau. Arborer un drapeau blanc, pour annoncer que l'on veut capituler. Dans les villes assiégées, on place un drapeau noir sur les hôpitaux. En termes de Marine, on dit, Pavillon.

Il se dit particulièrement de L'enseigne d'une troupe, d'un régiment d'infanterie. Le drapeau du régiment. Donner un drapeau à un régiment. Bénir un drapeau. La cravate d'un drapeau. Ils se rallièrent autour du drapeau. Saluer un chef en inclinant les drapeaux. Un porte-drapeau. Des drapeaux pris aux ennemis, sur les ennemis.

Il se disait également autrefois de L'enseigne de chaque compagnie, et de L'emploi de celui qui la portait. Ainsi, Les drapeaux d'un régiment, signifiait, Le drapeau de tout le régiment et les enseignes des diverses compagnies dont le régiment était composé. La bénédiction des drapeaux d'un régiment. Il obtint, on lui donna un drapeau, c'est-à-dire, Un emploi d'enseigne dans l'infanterie.

Être sous les drapeaux, Être en activité de service, être à son régiment, à son corps. On dit en des sens analogues: Appeler la réserve sous les drapeaux. Se ranger sous le drapeau. Se rendre au drapeau. Combattre sous le drapeau. Abandonner son drapeau. Etc.

Se ranger, servir, combattre sous les drapeaux d'un prince, Servir dans ses troupes. On dit figurément, Se ranger sous les drapeaux de quelqu'un, Prendre, embrasser son parti.

DRAPER. v. a. Couvrir de drap. Il ne se dit guère qu'en parlant Des voitures, des chaises à porteurs, etc., qu'on couvre de drap noir ou de quelque autre couleur sombre, en signe de deuil. Draper un carrosse de noir, de violet. On l'emploie quelquefois

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.