LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798
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Page 480
Les ennemis se sont emparés d'une Place
par surprise. S'emparer d'un héritage. Il
s'est emparé de tous mes papiers, de tous
mes titres. S'emparer d'une maison. S'emparer
de l'Empire.
Il se dit figurément Des passions.
Quand l'amour s'est une fois emparé d'un
coeur. Quand l'ambition, la jalousie, la
haine, la colère se sont une fois emparées
de quelqu'un, se sont emparées de l'âme.
Ne vous emparez pas de la conversation.
S'emparer de l'esprit de quelqu'un.
EMPATEMENT
EMPATEMENT. subst. m. Terme
d'Architecture. Épaisseur de maçonnerie
qui sert de pied à un mur. Il se
dit aussi Des pièces de bois qui servent
de base à une grue.
EMPÂTEMENT
EMPÂTEMENT. s. m. État de ce
qui est pâteux, ou empâté. L'empâtement
de la langue. L'empâtement des
mains. L'empâtement du foie, des glandes.
L'empâtement des couleurs.
On dit aussi. L'empâtement desdindons.
EMPÂTER
EMPÂTER. v. a. Remplir de pâte.
Il n'est guère d'usage qu'en quelques
rencontres; comme, Cela m'a empâté
les mains, pour dire, Cela m'a rempli
les mains de pâte, ou de quelque autre
chose, qui fait l'effet de la pâte.
Il signifie aussi, Rendre pâteux; et
alors il ne se dit guère qu'en ces phrases: Cela empâte la langue. Cela m'a
tout empâté la bouche.
Il signifie aussi, Engraisser la volaille
avec une certaine pâtée.
On dit en termes de Peinture, Empâter
un tableau de couleurs, pour dire,
Coucher les couleurs avec l'abondance
et la consistance nécessaires pour être
maniées d'une façon moelleuse.
On dit pareillement en Gravure,
que Des chairs sont bien empâtées, Lorsque
le travail des tailles et des points
rend le moelleux de la Peinture.
Empâté, ée
Empâté, ée. participe.
EMPAUMER
EMPAUMER. v. act. Recevoir une
balle, un éteuf à plein dans le milieu
de la paume de la main, de la raquette,
ou du battoir, et la pousser fortement.
Empaumer la balle. Quand il empaume
un éteuf, il le pousse à perte de vue.
Il signifie figurément, Se rendre
maître de l'esprit d'une personne pour
lui faire faire tout ce qu'on veut. C'est
un homme dangereux, s'il empaume une
fois ce jeune homme, il le ruinera. Ils
l'ont empaumé, ils lui font croire et faire
tout ce qu'ils veulent. Il s'est laissé empaumer
comme un sot. Il est du style
familier.
On dit encore figurément et familièrement,
Empaumer une affaire, pour
dire, La bien prendre, la bien manier.
On dit aussi figurément et familièrement,
Empaumer la parole, pour
dire, S'emparer de la parole.
Empaumer la voie
Empaumer la voie, en termes de
Chasse, se dit Des chiens, qui rencontrant
la piste, la suivent et l'annoncent
par leurs abois.
Empaumé, ée
Empaumé, ée. participe.
EMPAUMURE
EMPAUMURE. s. fém. Terme de
Vénerie. Le haut de la tête du cerf
ou du chevreuil, où il y a trois ou
quatre andouillers.
Empaumure
Empaumure, se dit aussi De la
partie du gant qui couvre la paume de
la main. Une empaumure bien faite.
EMPÊCHEMENT
EMPÊCHEMENT. s. m. Obstacle,
opposition. Apporter de l'empêchement
à quelque chose. Je n'y mets point d'empêchement.
Mettre empêchement à un mariage.
Empêchement légitime. Empêchement
dirimant. Empéchement canonique.
EMPECHER
EMPECHER. v. actif. Apporter de
l'opposition, faire obstacle. Empécher
le jugement d'un procès, un mariage. Empêcher
la délivrance d'une somme. Cette
muraille empêche la vue. Cette digue empêche
les inondations. Je n'empêche pas
qu'il ne fasse, ou qu'il fasse ce qu'il voudra.
Je l'empêcherai bien de faire ce qu'il
dit. La pluie empêcha qu'on ne s'allât
promener.
On dit, S'empêcher de . ... pour, Se
défendre de, s'abstenir de. Je ne puis
m'empêcher de vous donner cet avis. Il
ne sauroit s'empêcher de jouer, de médire.
Empêché, ée
Empêché, ée. participe.
Il signifie aussi familièrement, Embarrassé,
occupé. Voilà un homme bien
empêché à rendre ses comptes. Il a les
mains empêchées.
On dit proverbialement, Un homme
empêché de sa personne, de sa contenance,
pour dire, Un homme qui est dans un
grand embarras d'esprit, ou simplement,
qui ne sait comment se tenir.
EMPEIGNE
EMPEIGNE. s. f. La partie de dessus
d'un soulier. L'empeigne de ce soulier
est trop dure.
EMPENNER
EMPENNER. v. a. (Les lettres EN
se pron. comme dans Amen.) Il se dit
Des flèches. et signifie, Les garnir
de plumes. Empenner une flèche.
Empenné, ée
Empenné, ée. participe. Flècheempennée.
EMPEREUR
EMPEREUR. s. masc. Monarque,
Chef, Souverain d'un Empire. Les Empereurs
Romains. Empereur d'Orient.
Empereur d'Occident. L'Empereur de la
Chine. L'Empereur du Japon. Et quand
on dit, L'Empereur, sans addition,
cela s'entend de l'Empereur d'Allemagne;
et c'est toujours ainsi qu'on le
nomme au Parlement.
Quelques--uns se servent mal--à--propos du terme d'Empereur, en parlant
Du titre d'honneur que les Soldats Romains
déféroient par acclamation à
leur Général après une expédition heureuse;
mais en ce cas il faut conserver
le mot latin Imperator. Cicéron fut salué
Imperator, après l'expédition de la Cilicie.
L'Empereur Domitien fut salué
plusieurs fois Imperator.
Au Coliége, on appelle Empereurs,
Les deux écoliers qui sont les premiers
de leur classe. Il est toujours Empereur.
EMPESAGE
EMPESAGE. subst. masc. L'action
d'empeser. L'empesage lui a gâté les
mains.
Il signifie aussi La façon dont une
chose est empesée. Voilà un bel empesage,
un vilain empesage. Payerl'empesage.
EMPESER
EMPESER. v. act. Accommoder le
linge avec de l'empois. Empeser un rabat.
Empeser un mouchoir. Empeser de la
dentelle. Cela n'est pas bien empesé. Cela
est empesé trop ferme.
Empeser
Empeser une voile. Terme de Marine.
La mouiller parce qu'elle est trop
claire, et que le vent passe au travers,
On empèse la voile pour que son tissu se
resserre.
Empesé, ée
Empesé, ée. participe.
On dit figurément et familièrement
qu'Un homme est empesé, qu'une femme
est empesée, Lorsqu'ils ont un air trop
composé, et des manières affectées.
On dit, qu'Un style est empesé, Lorsqu'on y remarque une trop grande affectation
d'arrangement, d'exactitude
et de purisme qui y donne de la pesanteur
et de la roideur.
EMPESEUR, EUSE
EMPESEUR, EUSE. sub. Celui ou
celle qui empèse.
EMPESTER
EMPESTER. verbe. a. Infecter de
peste, de mal contagieux. On ouvrit des
ballots qui venoient d'un lieu pestisérê,
et qui empestèrent toute la Ville. Les
corps morts qui étoient demeurés sur le
champ de bataille, avoient empesté l'air.
Il signifie figurément, Empuantir,
infecter de mauvaise odeur. Il empeste
tout le monde de son haleine.
Empesté, ée
Empesté, ée. participe.
EMPÊTRER
EMPÊTRER. v. a. Embarrasser,
engager. Il se dit proprement Des
pieds. Ce cheval s'est empêtré dans ses
traits. Il s'est empêtré les pieds. Il s'est
empêtré.
Il s'emploie aussi dans le figuré. Empêtrer
quelqu'un dans une méchante affaire
Pourquoi m'avez--vous empêtré de cette
femme--là? Il s'est empêtré sottement. Il
est familier.
Empêtré, ée
Empêtré, ée. participe.
On dit De quelqu'un, qu'Il a l'air
empêtré, tout empêtré, pour dire, qu'Il
a le maintien embarrassé.
EMPETRUM
EMPETRUM. s. m. Plante dont on
connoît deux espèces principales. L'une
porte des baies noires, et l'autre des
baies blanches. Elles sont d'un goût
aigrelet et assez agréable, infusées
dans de l'eau. Elles désaltèrent les fébricitans,
et fortifient la vue, lorsqu'on s'en bassine les yeux.
EMPHASE
EMPHASE. s. fém. Pompe affectée
dans le discours ou dans la prononciation.
Cet homme parle avec emphase.
Déclamer, parler avec emphase.
EMPHATIQUE
EMPHATIQUE. adj. des 2 g. Qui
a de l'emphase. Discours emphatique.
Prononciation emphatique. Ton emphatique.
Il a parlé d'un air emphatique.
EMPHATIQUEMENT
EMPHATIQUEMENT. adv. D'une
manière emphatique. Cet homme parle
emphatiquement.
EMPHYSÈME
EMPHYSÈME. s. masc. Terme de
Médecine. Maladie qui fait enfler le
corps. Tumeur formée d'air.
EMPHYTÉOSE
EMPHYTÉOSE. s. f. Bail à longues
années, pour dix, vingt, trente années,
et qui peut durer jusqu'à quatrevingt--dix--neuf ans. Les emphytéoses
sont des espèces d'aliénations, à cause de
leur longue durée.
EMPHYTÉOTE
EMPHYTÉOTE. s. des 2 g. Celui,
celle qui jouit d'un fonds par bail emphytéotique.
EMPHYTÉOTIQUE
EMPHYTÉOTIQUE. adj. des 2 g.
Qui appartient à l'Emphytéose. Bail
emphytéotique. Red>vance emphytéotique.
EMPIÉTER
EMPIÉTER. v. a. (Les lettres I E
font ici une diphthongue.) Usurper
dans l'héritage d'autrui. Il a empiété
sur moi plus d'un arpent. Ce Labourour
empiète tous les ans quelques sillons sur
l'héritage de son voisin.
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