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Je me ressouviens ici que Raoul de Presles, qui
florissoit en 1360, dans son commentaire sur la cité
de Dieu de saint Augustin, y parle ch. xxiij. liv. XV.
des espéris qui apperent ès estables, & des dyables épicaltes, que l'on nomme, ajoute - t - il, l'appésart; on
reconnoît sous le mot épicalte, les épicaltes des Grecs;
quant au mot appésart, il répond clairement au terme
italien il pesarvolo, qui signifie le cauchemar, ou pour
parler en medecin, l'incube; cette espece d'oppression
accompagnée de pesanteur & de resserrement
qu'on éprouve quelquefois pendant le sommeil,
comme si quelqu'un étoit sauté sur nous & nous empêchoit
de respirer. Voyez
La fable dit que les centaures s'étant mêlés avec
des cavales, engendrerent les hippocentaures, monstres
qui tenoient en même tems de la nature de
l'homme & de celle du cheval; mais comme de pareils
monstres n'ont jamais existé, il est vraissemblable
que lorsqu'on parloit d'un Thessalien, on le
nommoit hippios ou cavalier; ces cavaliers dans
la suite, pour montrer leur force & leur adresse,
s'exercerent à se battre contre des taureaux qu'ils
perçoient de leurs javelots, ou les renversoient en
les prenant par les cornes. Pline nous apprend que
non - seulement cet exercice étoit ordinaire aux Thessaliens qui en étoient les inventeurs, mais que Jules
Cesar en donna le premier spectacle aux Romains;
il y a donc bien de l'apparence, qu'on ajouta en
parlant de ces Thessaliens au nom d'hippios celui de
centaures; & que de ces trois mots
Enfin ces cavaliers s'étant rendus redoutables par leurs brigandages, on n'en parla que comme de monstres, & à l'aide de l'équivoque on les nomma des hippocentaures, confondant ainsi le cavalier avec le cheval qui les portoit. Les poëtes saisirent cette idée; on sait qu'ils profitoient de tout, pour donner du merveilleux aux sujets dont ils parloient; & rien certainement ne ressembloit mieux au monstre, tel qu'ils le dépeignoient, qu'un homme à cheval. Des gens qui faisoient passer les oranges pour des pommes d'or, les bergers déguisés pour des satyres, & les vaisseaux à voile pour des dragons aîlés, ne devoient pas faire difficulté dans le tems que l'usage de monter à cheval étoit nouveau, de travestir des cavaliers en hippocentaures.
Ce mot est composé de
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