LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇOISE
1ère Edition, 1694

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 405

Il sign. aussi, La bote, le coup que l'on porte, que l'on allonge avec cette espée. Rude estocade. porter une estocade. il luy allongea deux ou trois estocades coup sur coup. parez cette estocade.

Estocade, fig. Se dit de l'emprunt d'argent que fait un escroc ou un homme qui ne peut rendre. Il est venu ce matin me porter, m'allonger une estocade. il m'a demandé vingt pistoles à emprunter, j'ay bien eu de la peine à parer cette estocade.

Estocader

Estocader. v. n. Porter des estocades. Il estocade rudement. ils ont estocadé. ils se sont estocadez longtemps avant que de se toucher.

Il signifie fig. Disputer, se presser l'un l'autre par de vives raisons, par des arguments. Il y a plaisir de voir ces deux Docteurs estocader ensemble, s'estocader comme ils font.

ESTOEUF

ESTOEUF. s. m. (L'F ne se prononce pas.) Petite balle dont on joüe à la longue paume. Prendre l'estoeuf à la volée. renvoyer l'estoeuf.

On dit prov. & fig. Courir aprés son estoeuf, pour dire, Prendre bien de la peine pour recouvrer un bien, un avantage qu'on a laissé eschapper. J'ay retenu cet argent là par mes mains, parce que je ne veux point courir aprés mon estoeuf.

On dit encore prov. Renvoyer l'estoeuf, pour dire, Repousser avec vigueur, soit par paroles, soit par les effets, une injure qu'on nous veut faire.

On dit prov. d'Un homme qui fait des coups qu'il ne devroit pas faire. Il joüe de ces estoeufs là.

ESTOFFE

ESTOFFE. s. f. Ouvrage de soye, de laine, de fil d'or, d'argent &c. pour faire des habits, des ameublements &c. Estoffe de laine. estoffe de soye. ce Marchand a de belles estoffes. c'est une bonne estoffe que le drap d'Angleterre, que le velours de Genes. des estoffes d'or & d'argent. acheter, lever des estoffes.

Ce mot s'estend aussi à la matiere de quelques autres ouvrages de Manufacture. Il n'y a pas assez d'estoffe à ce chapeau. cette cuirasse est d'une bonne estoffe.

Estoffe, signifie aussi fig. Condition. Un homme de petite estoffe. il ne doit pas faire comparaison avec vous, il n'est pas de mesme estoffe.

Estoffer

Estoffer. v. a. Mettre de l'estoffe, de la matiere en la quantité & de la qualité qu'il faut à quelque ouvrage de manufacture. Ce Chapelier n'a pas bien estoffé ce chapeau. on a mal estoffé cette cuirasse.

Estoffer, signifie aussi, Garnir de tout ce qui est necessaire, soit pour l'utilité, soit pour l'ornement. Il se dit principalement d'un carrosse, d'un lit & de quelques autres meubles.

Estoffé, [estoff]ée

Estoffé, [estoff]ée. part. Il a les significations de son verbe. Chapeau bien estoffé. carrosse bien estoffé.

ESTOILE

ESTOILE. s. f. Astre, globe lumineux qui est au ciel. Estoile errante, autrement appellée Planete, estoile fixe, qui paroist comme attachée au firmament. Estoile de la premiere, de la seconde, de la troisiesme grandeur. le lever, le coucher d'une estoile. il parut cette année là une nouvelle estoile. l'eclipse fut si grande qu'on vit les estoiles en plein jour, jeusner jusqu'aux estoiles, C'est a dire jusqu'à ce que les estoiles paroissent au ciel. L'estoile que virent les Mages & qui les obligea de venir adorer nostre Seigneur.

On dit prov. Loger, coucher à la belle estoile, pour dire, Coucher dehors.

On appelle, Estoile, Ce qui est comme influant sur le temperament & sur la fortune des hommes. Estoile maligne, mortifere. estoile favorable, bienfaisante, heureuse. ce n'est pas son merite qui fait cela, c'est son estoile. son estoile est d'estre aimé des femmes.

On appelle abusivement, Estoiles, Ces meteores que l'on voit courir dans l'air & s'esteindre incontinent. J'ay veu tomber une estoile.

Quand on donne un grand coup sur la teste de quelqu'un, on dit, qu'On luy fait voir des estoiles en plein midy.

Estoilé, [estoil]ée

Estoilé, [estoil]ée. adj. Semé d'estoiles. Le ciel estoilé.

Constellation

Constellation. s. f. Amas de plusieurs estoiles fixes qu'on s'imagine representer quelque figure. Les Astronomes comptent quarante-huit constellations dans le ciel.

ESTOLE

ESTOLE. s. f. Longue bande de velours, de damas, ou d'autre estoffe large de trois à quatre pouces que les Prelats, les Prestres & Diacres se mettent au cou quand ils font certaines fonctions Ecclesiastiques. Il n'y a que le Curé qui ait droit de porter l'estole dans son Eglise. on luy a fait quitter l'estole. oster l'estole du cou.

ESTOMAC

ESTOMAC. s. m. (L's se prononce.) La partie interieure du corps de l'animal. Il se dit plus ordinairement de l'homme qui reçoit les viandes pour les digerer. Bon estomac. estomac debile, meschant estomac. l'orifice superieur de l'estomac. le fond de l'estomac. estomac plein. estomac vuide. se remplir l'estomac. ces viandes sont pesantes sur l'estomac, chargent l'estomac. les medecines luy ont ruiné, gasté, devoyé l'estomac. il a mal à l'estomac. son estomac ne digere point.

On dit prov. d'Un homme qui a un bon estomac, & qui digere bien, qu'Il a un estomac d'austruche, qu'il digereroit le fer.

Il se prend aussi, Pour la partie exterieure du corps qui respond à la poitrine & à l'estomac. Le creux de l'estomac. se battre l'estomac. il luy donna un coup de poing dans l'estomac.

On appelle, Estomac, dans les volailles, Les chairs qu'on tire de dessus leur partie eminente aprés que les cuisses & les ailes ont esté levées.

Stomachal, [stomach]ale

Stomachal, [stomach]ale. Qui fortifie l'estomac. Le bon vin est fort stomachal. une poudre stomachale.

Estomaquer, s'Estomaquer

Estomaquer, s'Estomaquer. v. n. pass. Se tenir offensé contre quelqu'un de ce qu'il a dit ou fait, le trouver mauvais. Il s'est estomaqué de ce que je ne luy ay pas rendu sa visite assez tost. il n'a pas sujet de s'estomaquer, de s'en estomaquer. Ce verbe n'a point de participe, & est du style familier.

ESTONNER

ESTONNER. v. a. Surprendre par quelque chose d'inopiné. Cet accident impreveu, cette nouvelle, cette marche des ennemis l'a fort estonné, furieusement, extremement, terriblement estonné. je croy que cela l'estonnera. cela ne m'a pas beaucoup estonné.

Il signifie fig. Esbranler, faire trembler par quelque grande, par quelque violente commotion. Le bransle des cloches a estonné cette tour. le bruit du canon. la force de la mine a si fort estonné ces maisons là qu'il est à craindre qu'elles ne tombent. ce coup ne luy a point fait de playe, mais il luy a estonné le cerveau.

s'Estonner

s'Estonner. v. n. p. Estre estonné. Il ne s'estonne de rien. il ne s'estonne pas pour le bruit.

Il signifie aussi, S'esmerveiller, trouver estrange. Je m'estonne qu'il souffre cela. je m'estonne qu'il ne voye pas le danger où il est. j'en sçay la raison, je ne m'en estonne plus. ne vous estonnez pas s'il en use de la sorte, c'est que ... je m'estonne de vostre amy qui vous abandonne. je m'estonne de vos manieres, de vostre procedé.

Estonné, [estonn]ée

Estonné, [estonn]ée. part. pass.

On dit prov. qu'Un homme est estonné comme un Fondeur de cloches, qu'il est estonné comme s'il tomboit des nuës, comme si les cornes luy venoient à la teste, pour dire, qu'Il est surpris, estonné jusqu'au dernier point.

Estonnant, [estonn]ante

Estonnant, [estonn]ante. adj. v. Qui estonne, qui surprend. Cela est fort estonnant. voilà une nouvelle estonnante.

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.