Nicot, Thresor de la langue francoyse

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Page 386

c'est à dire, de seigneur et possesseur d'iceluy, par vendition, donation, eschange, mort et autres manieres, Dominum commutare. Cela est prins ainsi, parce que ce mot Main se prent aussi pour pouvoir, possession et tenuë, car on dit je l'ay en main, c'est à dire, en ma puissance, tenuë et possession, tout ainsi que Manus en Latin, dont est fait manumittere, mettre hors de sa puissance, domaine, et possession, un esclave.

Avoir la main seure, tantost se prend pour ruer droict où est visé, comme, Cet arbalestrier a la main seure, Huic certa manus est, neque a scopo aberrans. B. ex Quintil. Et tantost pour estre loyal, comme, Ce serviteur a la main seure, ou est seur de la main, Fur non est, Is est cui tuto rem credas. Et au contraire, Il n'est pas seur de la main, Fur est. La raison de cette seconde signification est que les larrons estoient appelez en Latin, Manuarij, disans aussi Manuare, pour desrober, combien que A. Gell. livr. xvi. chap. vii. blasme ces dictions de nouveauté és Mimes de Laberius ancien Poëte Latin. A ce fait cette autre maniere de parler, avoir les mains crochues, c. estre larron.

Se mettre és mains ou entre les mains de quelqu'un, Sese illi permittere. Liu. lib. 23. Sese illi committere, et illius mandare fidei. Terent. Andr.

Prendre ses procez et affaires en main, Eius causas suscipere. Liu. lib. 23.

Venir aux mains, Conserere manus cum hoste. Liu. lib. 23. cominus pugnare. Venir alle mani. Ital.

A pleine main, Plena manu.

Estre prest et en main, Ad manum esse alicui.

De main en main, Tradere per manus, traditione accipere.

Faict de la main, Manufactus.

Fait de main de maistre, Opus artificiosum, Fabrefactum. Dont l'opposite est qui n'est fait de main de maistre, Opus rude, haud affabre factum, Impolitum, Infabrefactum.

Qui est fait de main, et non de nature, Factitius.

Esprouver aucun de longue main, Lente probare aliquem, multo vsu explorare.

Autant qu'on peut empoigner en la main, Manualis.

Toutes les choses sont remises en la main d'un qui a toute puissance, Omnia ad vnius arbitrium sunt delata.

Aller à la main gauche, Laeuam petere.

Assembler main à main, Manus manibus componere. Il se peut prendre pour ce qu'on dit militairement venir aux mains, et combatre main à main, qui est apres que tous les coups de traict sont passez. Ce que l'Italien dit, et Venir et essere alle mani, et menar le mani. Conserere manu, et manus conserere. Laquelle maniere de parler a esté familiere aux Grecs. Herodot. liv. 3. horéôn dé min argon épéstéôta ho Gôbruês éiréto, hoti ou khrêtai tê khéiri. Pourquoy il ne frappoit de son espée. Et Appollon. lib. 2. Argonaut, khérsin énantia khéiras émixé. La raison de telle maniere de parler est que les armes dont on combat de pres, et qui ne sont de coup volant, comme harquebouses, arbalestres. arcs, et semblables, sont demenées de la seule dexterité de la main. Aussi le mot Grec égkhéiridion, formé de khéir, qui signifie main, Se prent pour espée, dague, et telle façon de glaives. Herodot. lib. 3. Plutarch. In Numa et Camillo. A quoy semblent se conformer, et le nom de poignard, qui est formé de poing, parce que ceux qui le portent y ont communéement en parlant la main dessus (si on ne vouloit dire qu'il vint de poindre) et le nom de Mandoussiane, qui est une sorte de courte espée et large, et ces manieres de parler, venir l'espée au poing, mettre la main à l'espée, avoir bien les armes en la main, voyez Armes.

Avoir en main et prest, Habere in promptu, Sub manu habere.

Livres que j'ay entre mains, et que j'escri, Libri quos in manibus habeo, prae manibus.

Ayant sa main retirée et reculée en arriere, Retrorsa manu.

Qui n'a qu'une main, Vnimanus, Manchus. Manchot.

Qui a cent mains, Centimanus.

Bailler la main, Dextram tendere. Qui est une maniere de dire dont on use quand une femme mariée preste consentement pardevant notaires pour l'alienation ou hypotheque d'une chose où elle a droict, et se dit ainsi, parce que pour promettre avec ou sans serment, les parties mettoient la main dextre en celle desdits notaires, ainsi que aucuns l'usent encore. Ainsi on dit la femme a baillé la main, Dextra data venditioni assentita est, Dare dexteram in id quod rogatur obligandae fidei. La raison de telle maniere de parler peut estre prinse de ce que ceux qui requeroient instamment aucun de quelque grace, leur empoignoient la main dextre, et que le requis octroyant ce dont il estoit supplié, pour seureté de promesse bailloit sa main dextre au requerant, comme le met Tite Live au livre 30. en la requeste de Sophonisba au Roy Massinissa. Ou bien de ce que les rendus en bataille bailloient leur main dextre au vainqueur, pour signe de la foy de leur captivité, laquelle estant prinse par le vainqueur, de là en avant estoient appelez Mancipes: C'est à dire prins par la main en droict de servage. L'usage est encore en cas de promesses en asseurer la foy et authorité par s'entrebailler les mains dextres. Et les chevaliers en deffis jettent le gantelet, de la main dextre pour gage de leur deffiance.

Bailler entre les mains d'autruy, Sequestra in manu dare, Sequestrare.

Bailler ses mains, confessant estre vaincu, Manus alicui dare. Cela se usoit entre les peuples de jadis, dont les Romains avoient fait ces mots, usitez entre eux, Manucapere, Mancupatio, Mancupium. Mais les François n'usent de telle maniere de faire, ne de dire, combien que l'homme d'armes, singulierement les Princes estans contraincts de se rendre à l'ennemi, aient accoustumé de jetter ou bailler le gantelet de la main dextre, qui est le signe par lequel ils se rendent prisonniers de guerre.

Bailler par ses mains et de sa bourse, De domo vel ex arca numerare. Mais on dit, bailler ou recevoir par les mains d'un quidam, Numerare aut accipere, opera ac interuentu cuiuspiam. Ce qui est usité quand autre que le debiteur paye ce qui est deu.

Cheoir entre les mains d'aucun, Cadere in potestatem alicuius, In manus alicuius incidere.

Ils combatoient main à main, Cominus gladiis rem gerebant. Bud. ex Liuio.

Douleur de mains, Chiragra.

Escrire de sa propre main, Sua manu scribere.

Cedule escrite de la main propre, Chirographus.

Fermer la main, Pugnum facere.

Frapper des mains l'une contre l'autre. Manus collidere.

Frapper les mains l'une contre l'autre en signe que quelque chose nous plaist, et en donnant louange à aucun, Plaudere, Applodere, Complodere.

Le signe de frapper des mains l'une contre l'autre en signe de joye, Plausus, huius plausus.

Qui frappe des mains l'une contre l'autre en signe de joye et donnant louange, Plausor.

Garder ses mains de toucher à quelque chose, Manus comprimere.

Ce qui vient sans mains mettre, Aduentitius.

Jetter les mains sur quelqu'un, Manus alicui intentare, Manus in aliquem iniicere.

Mettre la main à quelque chose, Manum alicui rei admouere.

Mettre la main à l'espée, Distringere gladium.

Mettre la main à la Republique, Capessere Rempublicam.

Mettre la main sur quelque chose, et s'en saisir, Manum iniicere alicui rei.

Mettre la main sur la bouche, Manum ad os referre.

Mettre la main sur quelqu'un, et le battre, Manus alicui afferre.

Mettre tout entre les mains d'aucun, Omnia ad vnum referre.

Mettre les biens d'aucun en la main du Roy, ou de la communauté du peuple, Possessum publice in bona alicuius mittere.

Quand on met la main à la besoigne, Actio.

Je n'y mis jamais la main, Nunquam huic rei manum admoui.

Oster de ses mains, De manibus deponere.

Qui a autresfois passé sous la main du maistre, Politus e schola.

Prendre à la main, Manu tollere.

Prendre entre les mains et lire, In manus sumere.

Prendre par la main, Prehendere dextram.

En peu de temps il avoit reduit en sa main et l'homme et l'estat, Breui tempore totum hominem totamque eius praeturam possederat.

Retenir et arrester la main de celuy qui s'efforce de desgainer, Gladium educere conantis morari manum.

Tendre la main, tantost se prend pour relever ou retirer aucun d'un mauvais passage, Opem alicui manus prehensione ferre. Et tantost pour demander l'aumosne, Assem rogare. Juvenal. Manus extensione eleemosynam rogare.

Tenir la main à quelqu'un en quelque affaire, est l'aider et favoriser.

Toucher en la main d'un autre, Dextras dare.

Ces livres-là ne tomberent jamais entre mes mains, Nunquam libri illi in manus meas inciderunt.

Toucher en la main d'aucun en signe d'accord, Dextram dextrae committere, Dare manum alicui.

Vendre par les mains des officiers, Per praeconem vendere.

Venir és mains de son ennemi, Venire, vel Deuenire in manus inimici.

Venir entre les mains d'aucun, et en sa merci, Poni in potestate alicuius.

Ce qui leur venoit à main, Quod ad manum veniebat.

Mains croches, ou bien prenans, Manus inuolatrices. B.

Avoir en sa main, ou en sa puissance l'issue ou evenement des procez, Causarum fata regere. B.

Main ferme ne se prend pas seulement pour main asseurée, qui ne tremble ni ne varie point, Stata fixaque manus. Mais aussi pour la baillée d'un heritage à un fermier à certain temps et pris d'argent ou moison. Ainsi on dit, Il luy a baillé tels heritages à main ferme, parce que le bailleur pendant le temps du bail par luy fait, ne peut sans convention contraire, ou defaut se mouvant du fermier, tirer hors des mains d'iceluy les heritages ainsi baillez que dit est. Qui peut estre la cause que le preneur à main ferme porte le nom de Fermier, Locatio fundi, praediorum rusticorum locatio.

Main se prend par metaphore pour un instrument de fer à croc, avec lequel au combat naval on accroche le navire de l'ennemi pour l'investir, et le happe l'on comme d'une main, Harpago, qui est la cause que les pressuriers

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