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Etain d'antimoine, que les Potiers - d'étain nomment
vulgairement métal; c'est de l'étain neuf qu'on
a allié - de régule d'antimoine, d'étain de glace, & de
cuivre rouge, pour le rendre plus blanc, plus dur,
& plus sonnant. Cet alliage se fait en mettant sur un
cent pesant d'étain huit livres de régule d'antimoine,
une livre d'étain de glace, & quatre à cinq livres de
cuivre rouge plus ou moins, suivant que l'étain est
plus ou moins doux. On ne l'employe guere qu'en
cuilleres & fourchettes, qu'on polit en façon d'argent.
Voyez
Etain plané, c'est de l'étain neuf d'Angleterre,
comme il est dit ci - devant. On le nomme étain plané, parce qu'il est travaillé au marteau sur une platine
de cuivre placée sur une enclume avec un ou
deux cuirs de castor entre l'enclume & la platine.
Cette maniere de planer l'étain le rend très uni tant
dessus que dessous, & empêche qu'il n'y paroisse
aucuns coups de marteau. Il n'y a que la vaisselle
qui se plane. Voyez
Etain sonnant ou étain fin, c'est celui qui est un peu moindre que le plané, où il y a plus de vieux étain, & qui est plus aigre; ce qui le rend inférieur à l'étain plané, & à meilleur marché.
Etain commun; on le fait en mettant quinze livres de plomb sur un cent d'étain neuf; ou vingt livres, si l'étain neuf est bien bon.
Les Potiers - d'étain vendent à différens artisans une sorte de bas - étain, moitié plomb & moitié étain neuf, qu'ils appellent claire soudure ou claire étoffe: cette espece d'étain est la moindre de toutes. Il n'est pas permis aux Potiers - d'étain de l'employer dans aucun ouvrage, si ce n'est en moule pour la fabrique des chandelles, à quoi il est très - propre. On en fait aussi quantité de petits ouvrages, que les Merciers appellent du bimblot.
Etain en rature, ou rature d'étain; c'est de l'étain neuf sans alliage, que les Potiers - d'étain mettent en petites bandes très - minces, larges environ d'une ligne à deux, par le moyen du tour & d'un instrument coupant nommé crochet. Cet étain en rature sert aux Teinturiers pour leurs teintures, étant plus facile à dissoudre dans l'eau - forte quand il est ainsi raturé, que s'il étoit en plus gros morceaux. Ils le mettent au nombre des drogues non - colorantes; ils s'en servent particulierement pour le rouge écarlate. On nomme aussi ratures d'étain, tout ce que les crochets ôtent sur les pieces, que les Potiersd'Etain sont obligés de tourner.
Il entre de l'étain dans l'alliage des métaux qui
servent à fondre les pieces d'artillerie, les cloches,
& les statues, mais suivant diverfes proportions.
L'alliage pour l'artillerie est de six, sept, & huit livres
d'étain, sur cent livres de rosette. L'étain empêche
les chambres dans la fonte des canons; mais
aussi il est cause que la lumiere résiste moins. Quant
à l'alliage pour les cloches, voyez l'article
Il étoit autrefois permis aux François d'enlever de l'étain d'Angleterre, en payant le double des droits de sortie que payoient les Anglois. Ce commerce leur est à - présent interdit, & il n'y a plus qu'une seule compagnie angloise qui, à l'exclusion de toute autre, ait le privilége d'en faire le négoce; ce qui a doublé au moins le prix de l'étain. Voyez les dictioun. du Commerce & de Chambers.
L'étain fin qui se trouve abaissé, se rétablit en y mettant une quantité suffisante de bon étain neuf ou du plané.
Il y en a qui essayent d'une autre maniere: on prend un moule à faire des balles de plomb, & on jette de l'étain dedans; on pese les balles des différens étains qu'on a jettés, & le plus leger est le meilleur.
Enfin une méthode d'essayer plus commune & plus ordinaire, est de toucher avec un fer à souder la piece qu'on veut essayer; & on connoît si elle est bonne ou mauvaise, à l'inspection de la touche.
La touche est un coup de fer chaud en coulant, qui dénote la qualité de l'étain; s'il est fin, l'endroit touché est blanc, & pique un petit point au milieu: au commun l'endroit touché est brun autour, & blanc au milieu; moins il y a de blanc, moins l'étain est bon: cela a assez de rapport à l'essai à la pierre, & les gens du métier s'en servent plûtôt pour essayer quelque piece douteuse, que pour essayer des saumons ou gros lingots; car pour ceux - ci, il faut revenir à l'une ou l'autre des deux manieres ci - dessus.
Il est constant que la matiere d'étain, principalement le commun, peut s'altérer en y mettant plus de plomb qu'il ne faut: mais outre qu'un autre ouvrier s'y connoîtra aisément, l'obligation où se trouve chaque maître de mettre son poinçon sur son ouvrage, ne le fera - t - il pas connoîtré pour ce qu'il est? Si dans les provinces où on n'est point assujetti aux visites des jurés, & où on ne marquera pas sa mauvaise marchandise, on croit faire plus de profit, c'est un mauvais moyen; car 1°. à l'oeuvre on connoît l'ouvrier, & la marchandise se connoît à l'user; 2°. ce qu'on croit gagner d'un côté on le perd de l'autre, parce qu'elle est plus mal - aisée à travailler; 3°. enfin on se trompe souvent soi - même, parce qu'étant renfermé dans un certain canton, cette marchandise revient pour la plus grande partie à l'ouvrier qui l'a faite, ou aux siens après lui: ainsi il est de l'intérêt & de l'honneur du Potier - d'étain d'être fidele dans sa profession. Voyez les dictionnaires du Commerce & de Chambers.
Ce terme vient du mot d'estal, ou, comme on dit
aujourd'hui, estau, qui signifioit autrefois toutes sortes
de boutiques.
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