LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798

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Page 292

les Bibliothèques. À présent que vous parlez une Langue que j'entends, je suis en pays de connoissance.

On dit, qu'Un homme a bien des connoissances, de grandes connoissances, de profondes connoissances, pour dire, qu'Il sait beaucoup, qu'il possède beaucoup de sciences.

Connoissances

Connoissances, se dit aussi en termes de Chasse, pour Certaines marques imprimées par le pied de la bête qu'on chasse, et auxquelles on reconnoît l'âge et la grosseur de cette bête.

CONNOISSEMENT

CONNOISSEMENT. s. m. Terme du Commerce de Mer. Déclaration contenant l'état des marchandises qui sont dans un vaisseau, de ceux à qui elles appartiennent, et des lieux où on les porte, signée du Capitaine et de l'Écrivain. On ne trouva sur ce vaisseau ni connoissement ni passeport.

CONNOISSEUR, EUSE

CONNOISSEUR, EUSE. s. Celui, celle qui se connoît à quelque chose. Si vous dites que ce diamant est d'une belle eau, vous n'êtes pas connoisseur. C'est un grand connoisseur en tableaux. Il est bon connoisseur en chevaux. Faire le connoisseur. Faire la connoisseuse. Je ne me connois point en ces sortes de choseslà, je m'en rapporte aux connoisseurs. Elle est connoisseuse, c'est une bonne connoisseuse en diamans.

Connoisseur

Connoisseur, se dit adjectivement. Il porte un oeil connoisseur sur ce tableau.

CONNOÎTRE

CONNOÎTRE. v. act. Avoir dans l'esprit l'idée, la notion d'une chose, ou d'une personne. Connoître parfaitement, imparfaitement. Connoître à fond. Je ne le connois que de nom, de vue. Je le connois bien. D'où le connoissez--vous? Je le connois pour l'avoir vu en tel endroit. Il me connut à la voix, à la démarche. Je connois sa manière. Son style est aisé à connoître. Je le connois pour ce qu'il est. Je connois bien cet homme. Il a bien trompé du monde, on ne le connoissoit pas. Connois--toi toi--même, est une des belles maximes de l'ancienne Philosophie. Connoître le bien et le mal. Cet enfant ne connoît pas encore ses lettres. Vous ne connoissez pas vos forces. Il connoît son foible. Je ne parle point de ce que je ne connois pas. Faire connoître sa façon de penser. Il fit connoître qui il étoit. On lui refusa l'entrée, il se fit connoître. Ne lui donnez pas à connoître que...

Connoître

Connoître, signifie aussi, Avoir une grande pratique, un grand usage de certaines choses, s'y entendre fort bien. C'est un homme qui connoît bien la guerre. Il est bon Officier de Marine, il connoît fort bien la mer. Un homme qui connoît bien le monde et la Cour. Il connoît bien les bons livres, les pierreries, les tableaux. C'est un grand Physicien, il connoît bien les plantes, les métaux, les minéraux.

Il signifie aussi, Avoir quelques habitudes avec quelqu'un. Connoissezvous quelqu'un de mes Juges? Je n'en connois pas un. Il connoît tout le monde. Je vous le ferai connoître. Je ne connois point cet homme -- là, ni ne le veux con<-> .

À charit en style de l'Écriture--Sainte, À tation À femme, ou la connoître À dire, Avoir habiÀ connut Eve.

Connoître

Connoître, signifie aussi Discerner les objets, les distinguer. Je ne l'ai vu qu'une fois, mais je le connoîtrois entre mille. La nuit étoit si noire, qu'on ne pouvoit connoître personne.

Connoître

Connoître, signifie encore Sentir, éprouver. On ne connoît point l'hiver à la Martinique. Les Anciens ne connoissoient pas la petite vérole.

Connoître

Connoître, signifie aussi, Avoir pouvoir, autorité de juger de quelques matières; en ce sens il se construit toujours avec de, ou un équivalent. Ce Juge connoît des matières civiles et criminelles. Il en connoît en première instance. Il en connoît par appel. Il ne peut pas connoître de cela.

On dit, qu'Un homme ne connoît personne, pour dire, qu'Il n'a nul égard, nulle considération pour personne. Quand il est question d'intérêt, il ne connoît plus personne. Depuis qu'il est en place, il ne connoît plus ses amis.

On dit, Ne connoître point de Supérieur, ne connoître point de Maître, pour dire, N'avoir point de Supérieur, n'avoir point de Maître, ou prétendre n'en point avoir, et ne vouloir pas s'y soumettre. Et on dit familièrement dans le même sens, en parlant d'Un libertin, qu'Il ne connoît ni Dieu ni diable.

En parlant De certaines Lois, de certaines Coutumes qui ne sont point admises, qui ne sont point reçues en certains Pays, on dit, qu'On ne les y connoît point. En ce Pays--là on ne connoît point la Loi Salique, on n'y connoît point le Droit Romain.

On dit, Se connoître en quelque chose, ou à quelque chose, pour dire, Savoir en bien juger. Il se connoît en gens. Il se connoît en mérite, en poésie. Il se connoît en pierreries, en tableaux. Il ne s'y connoît point du tout.

On dit aussi, qu'Un homme ne se connoît point, pour dire, que L'orgueil lui fait oublier ce qu'il est. Et on dit aussi, qu'Il ne se connoît plus, Lorsque quelque passion le met hors de lui.

On dit encore, Se faire connoître. Caton se fit connoître de bonne heure par sa passion pour la liberté.

Connu, ue

Connu, ue. participe. Il est connu de tout le monde. Ce nom m'est connu, nous est connu, leur est connu.

CONOÏDE

CONOÏDE. s. m. Terme de Géométrie. Corps ou solide qui tient de la figure d'un cône, et dont le sommet est en pointe ou arrondi.

CONQUE

CONQUE. sub. f. Grande coquille concave. On voyoit dans ce tableau Vénus portée sur une conque.

On donne aussi le nom de Conque à certaines coquilles en spirale, dont, suivant la Fable, les Tritons se servoient comme de trompettes.

Conques anatifères

Conques anatifères. sub. fém. pl. Espèce de coquilles.

On les appeloit Anatifères, parce qu'on croyoit autrefois qu'il s'y formoit des canards.

CONQUÉRANT

CONQUÉRANT. subs. mas. Qui a conquis beaucoup de Pays, qui a fait de grandes conquêtes. Alexandre a été un grand Conquérant.

On dit figurément et familièrement d'Un homme, d'une femme, qui se présentent avec une parure dont ils semblent tirer avantage, qu'Ils ont l'air conquérant.

CONQUÉRIR

CONQUÉRIR. v. a. (Il se conjugue comme Acquérir, et n'est guère d'usage qu'à l'infinitif, au passé défini et aux temps composés.) Acquérir par les armes. Conquérir une Ville, un Pays, une Province, un Royaume. Alexandre conquit l'Asie. César a conquis les Gaules.

On dit aussi, Conquérir l'amitié, les bonnes grâces de quelqu'un.

Conquis, ise

Conquis, ise. participe. Une Province conquise. Le Pays conquis. Les Villes conquises.

CONQUÊT

CONQUÊT. s. m. Terme de Jurisprudence. Acquêt fait durant la communauté entre le mari et la femme. Il se joint toujours avec acquêt. Elle a sa part dans les acquêts et conquêts.

CONQUÊTE

CONQUÊTE. subs. f. L'action de conquérir, ou la chose conquise. Faire la conquête d'un Pays. Belle, grande, glorieuse conquête. Garder ses conquêtes. Agrandir son État par des conquêtes. Pays de conquête.

On dit, Vivre comme dans un Pays de conquête, pour dire, Vivre à discrétion.

Conquête

Conquête, se dit figurément en termes de galanterie. La conquête d'un amant. Cette beauté fait tous les jours de nouvelles conquêtes.

On dit aussi: Cet homme a des qualités aimables, il a fait ma conquête. Je suis sa conquête. J'en veux faire ma conquête.

CONQUÊTER

CONQUÊTER. v. a. Conquérir. Il est vieux.

CONSACRANT

CONSACRANT. adj. m. Qui sacre un Évêque. L'Évêque consacrant. Il est aussi substantif. Le Consacrant.

CONSACRER

CONSACRER. v. a. Dédier à Dieu avec, certaines cérémonies. Consacrer une Eglise, un Autel, un Calice. Consacrer une personne à Dieu. Se consacrer à Dieu. Se consacrer au service des Autels.

Il signifie aussi, Donner, dévouer à Dieu, sans observer aucune cérémonie particulière. Après tant de temps donné au monde, il a consacré le reste de ses jours à Dieu.

On dit figurément, Consacrer à quelqu'un son temps, ses veilles, ses soins, pour dire, Lui dévouer son temps, ses veilles, etc.

On dit encore dans le même sens: Consacrer sa jeunesse, sa vie, etc. à l'étude, au Barreau, à la guerre, à l'exercice des armes, etc. Se consacrer à l'étude des Langues, des Belles--Lettres, de la Philosophie. Consacrer son argent à se former une bibliothèque.

On dit, que L'Eglise a consacré un mot, pour dire, qu'Elle l'a déterminé à une signification particulière, hors de laquelle il n'est point d'usage. Amsi les mots de Consubstantiel et de Transsubstantiation, sont des mots consacrés, en parlant De la divinité du Verbe et de l'Eucharistie.

On dit aussi, que L'usage a consacré une phrase, une façon de parler, pour dire, que L'usage l'a établie, et qu'il n'y faut rien changer, quoiqu'elle soit quelquefois contre les règles de la Langue, comme: Lettres Royaux. Tout vient à point qui peut attendre.

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